Je suis reparti en Argentine ! Bientôt le nouveau blog ...
__________________ENCORE ET ENCORE DES NOUVELLES VIDEOS ICI !! _______________Tour en moto à Can Pho, Prière des moines bouddhistes ...

samedi 26 septembre 2009

Cuzco, centro touristico ... Machu Picchu, maravilla del mundo

Les étapes se suivent et se ressemblent … meuuuh non elles se ressemblent pas du tout !

Par contre elles commencent et finissent toutes de la même façon : je file vers le terminal terrestre d’Arequipa pour une nouvelle nuit en bus. J’ai choisi le must : les meilleurs fauteuils dans la meilleure compagnie. Je tombe à côté d’un péruvien d’âge mûr qui veut faire copain-copain parce qu’on utilisait tous les deux le wifi dans le salon d’attente. On nous sert un plateau-repas pire que dans un charter, et un bingo est organisé dans les deux étages du bus, avec à la clé le voyage retour à gagner. Rhaaa je le manque d’une case ! Le film se termine, le bus s’endort doucement, et je découvre avec un bonheur non dissimulé que je suis tombé à côté du seul ronfleur du bus. C’était bien la peine de payer cher un voyage top-confort …
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A nouveau seul dans ce voyage, j’arrive donc au petit matin à … Cuzco ! Le temps de faire dégonfler le prix d’un taxi, je me retrouve rapidement sur la Plaza de Armas. Il est 6 heures du matin, il fait beau mais froid, nous sommes à plus de 3000 mètres d’altitude. Une fois de plus la place est magnifique, deux de ses côtés affichent de belles arcades surmontées de balcons en bois sculptés, en face on trouve la belle cathédrale et l’église La Compañia. Tout autour de la place on voit de grandes collines squattées par les maisons couleur terre des quartiers pauvres. L’air frais et les beaux balcons me donnent l’impression d’être dans un village de montagne en France.
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De si bon matin, les rabatteurs sont déjà là pour cibler les voyageurs comme moi qui arrivent à l’arrache, sans réservation, avec deux noms d’hôtel griffonnés sur un bout de papier. Je décline toutes les propositions et en trouve un sympa à deux pas de la place. Un petit somme réparateur et je file chercher un sauveur pour mon appareil photo, qui m’a complètement lâché, la faute au sable de Huacachina une semaine avant.
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Et c’est parti pour un petit tour en ville, après m’être déchargé de 130 soles (plus de 30 €, une fortune ici) pour acheter le boleto touristico, qui donne accès à 16 sites, dont 6 ou 7 remarquables et de grosses daubes pour le reste. Une belle arnaque, mais il ne faudrait peut-être pas oublier qu’on est au Pérou et en plus à Cuzco, donc gringo arrête de tirer cette tête et raque, t’es là pour ça !!
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Il faut dire que Cuzco est l’ancienne capitale de l’empire Inca, le point-phare du Pérou pour sa beauté et sa proximité avec des sites grandioses. J’y viens …
Je commence par le monastère de Santo Domingo, étonnant mélange d’anciens murs incas et de catholicisme espagnol. Je repère de nombreux drapeaux arc-en-ciel dans les rues … non nous ne sommes pas dans le Marais péruvien, il se trouve que l’arc-en-ciel était un symbole Inca. Je monte vers le quartier de San Blas, un endroit enchanteur autour d’une place et d’une église du même nom, avec petites ruelles piétonnes, escaliers, petits restos et bars, boutiques d’artisanat même pas faux, et autres petits détails qui donnent un charme fou et une âme à ce coin. Je repère les lieux en vue d’imminents passages nocturnes …
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Entre San Blas et la Plaza de Armas se trouve une rue magnifique, Hatun Rumiyoc, où l’on trouve le vestige parfaitement conservé d’un mur inca. Les pierres sont arrondies et sont parfaitement assemblées, certaines comportent jusqu’à 12 angles et représentent le puma (un des dieux incas avec le serpent et le condor). Un jeune péruvien, qui me force un peu la main en vue d’un pourboire, m’explique une foule de détails sur ce mur, qui forcent l’admiration sur l’art Inca. Ces murs ont parfaitement résisté aux tremblements de terre alors que les bouts de murs espagnols qui ont été superposés sont clairement partis en couille, me fait remarquer le jeune péruvien-guide-imposé avec une fierté non dissimulée, avant de me demander un pourboire astronomique dont il verra à peine le quart.
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Je continue ce tour de ville, notant au passage les prix ahurissants des innombrables restaurants à Cuzco. Après avoir visité l’hôtel Loki en vue de quitter mon premier hôtel que je trouve un peu mou-du-genou (oui un backpacker c’est compliqué, ça passe son temps à chercher des hôtels propres-paschers-sympas-avecpleindegensàrencontrer-danslecentre-avecwifi), je pars le cœur serré vers le réparateur photo, craignant de retrouver mon appareil en mille morceaux, devant un énergumène se grattant la tête pour retrouver comment le remonter. En fait le réparateur est assis devant un simple bureau, avec un ou deux petits tournevis et un boitier bricolé comme seul équipement. Il me tend mon appareil complet avec un regard affirmatif : « Esta bien, ahora funciona ». Je n’en reviens pas, il a fait un miracle en deux heures de boulot pour 100 soles, je repars heureux avec mon petit bijou dans la main.
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Je remonte à San Blas et pénètre avec flair dans le bar Km0, pour une soirée cerveza et musique live latino. Je n’échappe pas à quelques morceaux de Manu Chao, une vraie star ici. Tiens revoilà un couple d’hollandais que j’ai croisé il y a plus d’un mois en Equateur, et plus récemment à Huaraz. Les mêmes têtes partout tout le temps ...
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Le lendemain, après avoir réglé une embrouille avec l’hôtel qui m’annonce que le prix est en dollars et non en soles (juste 3 fois plus), je file à l’hôtel Loki. C’est un repaire à gringos anglo-saxons, ce que je n’approuve pas beaucoup généralement, mais je suis impressionné par la qualité des dortoirs avec leurs lits à couettes épaisses, et le soin apporté à tout ce que peut attendre un voyageur (jusqu’aux prises dans les casiers pour recharger ses batteries !). Et il y a matière à rencontrer beaucoup de monde ici.
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Je laisse mon sac au deposito, et pars visiter les sites incas aux alentours, à commencer par Saqsayhuaman, temple inca impressionnant avec une vue grandiose de Cuzco. Je poursuis à pied vers Q’enqo, autre temple inca sculpté dans un rocher monolithe, puis vers Tambomachay où se trouve le « bain de l’Inca ». J’attrape de justesse un bus au bord de la route pour terminer la journée en beauté à Pisaq, réputé pour son marché et ses ruines. On est dimanche, le marché est énorme et s’étend comme des tentacules au-delà de la place. Les trois quarts sont de l’artisanat, il y a de la pacotille mais aussi du beau, on ne sait plus où donner des yeux tellement les couleurs explosent : pulls, bonnets, tous les classiques péruviens ...
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Mais le plus beau est encore le marché traditionnel des fruits et légumes, restreint à un petit bout de la place. Toutes les vendeuses sont des indiennes à la tenue traditionnelle, aux couleurs extraordinaires. Assises par terre, elles vendent leur production de graines, pommes de terre, fruits … Stratégiquement, je m’installe au balcon d’un restaurant pour pouvoir photographier ce spectacle sous toutes ses coutures, sans craindre le regard désapprobateur des indigènes qui apprécient peu d’être immortalisées par les gringos.
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Il est 15 heures, il serait peut-être temps de monter aux ruines. J’ai le choix entre les taxis ou une montée belle et raide à travers les terrasses incas, le choix est vite fait.
Au moment de me lancer, qui je croise ? Bronia, de Manchester, qui m’avait assisté dans les leçons de kitesurf à Mancora, 1 mois plus tôt (déjà ?!?). Elle a fini par quitter ce spot et descendre très vite pour voir le sud avec sa môman (laquelle a l’air ravie de rencontrer un ami de sa fille, et en plus un français qui sait parler anglais, 2 en 1 !). Voilà une coïncidence de plus, mais celle-là fait un peu plus plaisir que les autres.
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Je m’élance donc à toute vitesse dans les terrasses incas, faites de marches irrégulières et très hautes, sous le regard étonné de ceux qui descendent, et j'arrive trempé mais satisfait dans les fameuses ruines Incas, en haut de la montagne. C’est un site à couper le souffle, superbement conservé avec ses murs parfaitement assemblés (pas un millimètre d’espace) et ses portes en forme de trapèze.
J’y vois un premier aperçu du chef d’œuvre absolu que je me réserve pour les jours à venir, que pas un seul voyageur au Pérou ne rate, qui fait rêver le monde entier, j’ai nommé … le Machu Picchu, une des 7 merveilles du monde.
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Je rentre à Cuzco par un bus ultra-bondé, comme je n’en ai pas encore vu. Ça se bouscule pour entrer, et je me retrouve debout à l’avant, contorsionné et inquiet pour le contenu de mes poches que je rapatrie progressivement dans mon sac à dos.
Une fois largué par le bus dans un quartier excentré, et reçu une proposition de service par une dame souriante et pas tellement habillée, je rentre au Loki, pour découvrir l’ambiance survoltée de son bar.
Après absorption de la happy hour, je prépare mon sac pour partir 4 jours en trek, l’Inka Jungle Trail, qui s’achèvera par la récompense absolue, la visite du site qui est sur toutes les lèvres, le monumental Machu Picchu. Je me glisse dans l’épaisse et très attendue couette bleue, le cerveau squatté par un rêve à concrétiser imminemment …
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Le lendemain matin, après une nuit courte perturbée par 4 branleurs qui rentrent défoncés à 5 heures du mat’ et hurlent à travers le dortoir, je saute dans le bus plein d’autres trekkeurs réunis par diverses agences, et nous voilà partis pour Ollaytantambo, site important de ruines Incas et étape obligée vers le Machu Picchu.
Alors que revoilà … Bronia ! En route vers le Machu Picchu avec sa môman toujours aussi ravie.
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De là démarre notre trek par une journée de VTT, que j’oublierai bien vite : vélos bridés, descente sur l’asphalte puis sous une pluie battante, puis sur un chemin qui nous a donné un premier aperçu de ce qu’est un Parkinson. A l’arrivée, le temps de fixer les VTT sur le bus, première attaque groupée et sans merci des moustiques, nous sommes près de la jungle …
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Le bus nous amène à Santa Maria, petit village perdu dans la montagne et quasi-jungle. La maison d’hôtes est très correcte, la douche froide mais bienvenue. Le dîner dans l’unique restaurant permet de faire mieux connaissance avec tout le groupe : Craig et Samantha les britanniques, Erick et Anna les suédois, Christoph l’autrichien, et les 3 espagnols Antonio, Ricardo et Daniel le sosie de Jean Reno.
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Le lendemain, départ pour la deuxième partie du trek. J’ai été très mal briefé par mon agence, et me retrouve comme un con avec plus de 10 kgs sur le dos, que je dois porter. Ça m’affûtera encore un peu plus, il vaut mieux le prendre comme ça. On commence à marcher le long de la rivière, dans le bruit aigu, strident et oppressant de cigales péruviennes. Une bande-son parfaite pour un film d’horreur. Nous croisons 2 petites filles en uniforme, cartable sur le dos, qui rigolent et posent un peu sans s’arrêter de marcher, dès que je sors mon appareil. J’aurais donné beaucoup pour aller à l’école tous les matins dans un tel décor, cerné par la végétation luxuriante. Je me demande si elles se rendent compte de ça ? Bien sûr c'est ma vision subjective de riche citadin occidental qui ne manque de rien, mais dans ce monde il y a des beautés objectives, des environnements d'une magie indiscutable ...
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Les arbres rivalisent de fleurs et tous les fruits exotiques sont là à 30 mètres dans la ronde : ananas, papaye, avocat, banane ... j’en oublie. Juan le guide nous impose un premier arrêt pour donner ses explications culturelles, notamment sur les Incas et la magie de leur culture. Difficile d’écouter quand les moustiques attaquent en rangs serrés.
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Le trek se poursuit le long de la rivière, puis sur un flanc de montagne vertigineux, puis sur un chemin pittoresque caché dans les arbres. Arrêt hamacs dans un coin de paradis, la maîtresse de maison nous vend boissons fraîches et chocolats.
Arrêt déjeuner dans un autre coin de paradis sur la route des trekkeurs, petit somme réparateur dans les hamacs, sous les fleurs de bananiers, sur fond de musique rock latino.
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L’après-midi ne nous ménage pas, la marche est encore très longue mais dans un décor superbe et changeant, le long de la rivière. Quelques ponts suspendus et instables mettent à l’épreuve nos genoux déjà éprouvés. Et la surprise arrive en fin d’après-midi : un complexe thermal assez classe au pied de la montagne, plusieurs piscines assez chaudes où se pressent et se délassent tous les groupes de randonneurs.
Les moustiques attaquent à nouveau au coucher de soleil, surtout ne pas sortir de l’eau à ce moment-là (sauf quand un groupe me demande de prendre une photo avec 10 appareils différents … vite, souriez et qu’on en finisse !).
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Le relâchement sans fin dans les eaux chaudes me donne l’occasion de discuter avec Anna la suédoise, installée à San Diego avec son ami Erick. J’apprends qu’elle est une ancienne star de la pop-rock et a tourné dans différents pays du monde. Ana Johnsson, ça te dit quelque chose ?
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Pas question de remarcher après la détente des sources chaudes, un bus nous emmène à Santa Teresa, sorte de ville bordélique et défoncée qui fait un peu Far West au milieu des montagnes péruviennes. Logés dans une hospedaje au confort très minimal, mais rassasiés après un bon resto dans une ambiance de groupe toujours plus sympa, on essaie de se protéger aux moustiques en buvant une bière devant l’hospedaje, en se marrant et spéculant sur ce que peut être l’Inka Massage proposé partout. Un moment simple mais inoubliable.

Fuis le confort et trouve un endroit improbable qui ne ressemble à rien, mets là-dessus une bonne fatigue d’après-rando et une bière fraîche, les souvenirs ineffaçables seront là.
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Réveillés dès 4 heures du matin par un bruit ambiant indescriptible (chats qui se battent sur le toit en tôle de la chambre, chiens qui aboient, coqs qui chantent beaucoup trop tôt, voitures qui klaxonnent, Bob Marley à fond chez le voisin …), on compte chacun ses boutons de moustique. Il me faudrait les mains d’un Tchernobylien pour compter les miens : j’ai beau être abonné à ça, mes jambes, bras et dos sont proprement effrayants. Penser à autre chose, surtout penser à autre chose, surtout ne pas gratter … une anesthésie générale, là tout de suite c’est possible ?

Un petit-déj’ bienvenu, et un bus nous évite une marche pénible jusqu’au chantier d’Hydro-Electric, pour enfin démarrer un trek original sur une voie ferrée. Pas très pratique de remonter le rail, les yeux braqués sur ses pieds pour les poser sur les planches inégalement espacées. Heureusement que le paysage est superbe, et se métamorphose progressivement vers sa forme finale, des montagnes vertigineuses, à la fois rocheuses et maculées d’une jungle verte, comme en Asie.

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Finalement on arrive à Aguas Calientes, enfer touristique mais pas si laid, accessible uniquement à pied ou par le monopole abusif du rail. C’est en fait la petite ville qui se trouve au pied du Machu Picchu. Les rues toutes piétonnes sont uniquement faites d’hôtels et de restaurants, sauf dans la partie péruvienne de l’autre côté de la rivière. Les prix sont encore plus forts qu’à Cuzco, on atteint la limite. La voie ferrée traverse le centre comme dans un Lucky Luke, ça a de l'allure.
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Les magouilles infectes des agences ont pour effet de dispatcher tout le groupe dans des hôtels différents. Heureusement je reste quand même avec Christoph, excellent pote de rando et de chambre depuis le début, et photographe remarquable pendant notre petit tour en ville.
Le soir est pire, nous ne dînons pas tous au même restaurant, les pratiques péruviennes montent à la tête de tout le monde, surtout lorsque certains apprennent dégoûtés qu’il reprendront le train pour Cuzco en milieu d’après-midi, au lieu de profiter longuement du Machu Picchu.
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Nuit très courte, au bruit du restaurant, réellement démarrée à 0h50 et finie à 3h20 ! Christoph et moi avons décidé d’entamer la marche très tôt au Machu Picchu, comme recommandé par le guide.
A 4 heures nous partons, lampe frontale allumée, croisons ceux qui font déjà la queue pour les bus (gringos !), et nous lançons dans la marche exténuante, faite uniquement de marches Incas très hautes. En pleine nuit nous sommes trempés de transpiration. Nous doublons plusieurs groupes, et à 5 heures arrivons à l’entrée du Machu Picchu, assez surpris de voir la cinquantaine de personnes qui font déjà la queue. Enfin ça suffira, il faut être dans les 200 premiers pour obtenir un accès supplémentaire au Huaynapicchu, la montagne célèbre qui surplombe le Machu Picchu.
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La queue s’allonge très vite de nouveaux randonneurs trempés aux joues rouges, la petite pluie achève de nous refroidir. Le décor est impressionnant, malgré le mauvais temps, et enfin, à 6 heures, les portes s’ouvrent. On se dépêche, on marche jusqu’au point où l'on découvre enfin ce qu’on attendait depuis longtemps. La carte postale si célèbre devient réalité, le rêve s’offre sous nos yeux. La magie opère, et nous ramène à notre imaginaire fait de Tintin au Temple du Soleil, de Tao et les Cités d‘Or, et de photos dans les livres de géographie. Un des lieux historiques et culturels les plus réputés au monde est là, palpable, et j’essaie de réaliser que j’y suis enfin. Le mauvais temps et les gros nuages qui balaient le site n’enlèvent rien à sa beauté.
Lieu mythique n°1 atteint.
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Un israélien a revêtu sa tenue juive traditionnelle et s’est mis à prier, sur une terrasse inca, Torah dans les mains et châle blanc sur la tête, pour remercier son dieu d’avoir permis ça.

Le public se répand vite sur le site, il faut se dépêcher de prendre une photo « vierge » malgré les gros nuages qui pèsent et même quelquefois noient le site. Une visite guidée commence, pénible : Juan a été remplacé par un guide qui parle un anglais horrible, et nous sommes accompagnés d'un groupe d’israéliens bruyants et puérils, que l’on croise et recroise depuis le début du trek. Difficile de juger une culture que je ne connais pas, mais les israéliens sont très nombreux au Pérou et assez mal aimés des autres voyageurs par leur comportement, c’est un fait.
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On arpente donc le site en suivant le guide, pour comprendre un peu mieux ce que l’on voit tant les Incas étaient de fins architectes et ne laissaient rien au hasard. Mais la tentation de quitter le « troupeau » est forte, pour apprécier en silence les lieux et prendre des photos vierges de tout touriste bariolé. Finalement la visite se termine, le soleil se montre doucement sans nous avoir laissé apprécier son lever.
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Direction le Huayanapicchu, pic pointu et verdoyant qui domine le site. Il y a un numerus clausus pour son ascension d’1 heure, mais nous avons le petit ticket magique donné aux 200 premiers. Encore une montée crevante faite de marches très hautes, vu la forme de la montagne il ne fallait pas s’attendre à un gentil chemin.
On arrive à nouveau trempés et crevés au sommet, et la vue est impressionnante sur le site et sur les montagnes alentour, toutes des pics vertigineux rocheux et verdoyants qui font penser à certains coins d’Asie. Le sommet non aménagé, juste fait de quelques rochers peu accueillants, devient vite bondé, il faut redescendre et s’user les genoux dans les marches. Le groupe se disperse, chacun pour se trouver une petite terrasse cachée et apprécier le site, maintenant rempli de touristes bedonnants et bariolés, clairement pas les mêmes qu’à 5 heures du matin.
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J’arpente le site sans m’arrêter, pour reprendre les mêmes photos maintenant ensoleillées, et à 14 h les touristes commencent à s’en aller (en bus bien sûr, pourquoi marcher ?!). A 16h le moment est privilégié, même s’il reste des visiteurs, mais je dois commencer à redescendre. Je n’ai plus de jus dans les jambes mais je veux descendre à pied et je n’ai plus un sol en poche pour prendre le bus. Mes genoux prennent cher une fois de plus et j’arrive physiquement éteint à Aguas Calientes. Je récupère mon sac et mon billet de train à l’hôtel, et direction la gare, avec trois bricoles à manger et un peu d’eau. A la gare, je retrouve un autre groupe qui nous a suivi pendant 4 jours, une gentille américaine peut-être un peu intéressée m’offre une bière pour me remettre, tout étonnée que je sois descendu à pied.
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1h30 de train trop inconfortable pour dormir, malgré le prix exhorbitant de 35 €, puis 1h30 dans un bus qu’il a fallu retrouver dans un bordel sans nom à Ollantaytambo, et encore cinq minutes de marche pentue à Cuzco pour finir de m’achever. A l’hôtel Loki je suis trop éteint pour m’intégrer dans l’ambiance, et je me couche vite sans réussir à croiser Craig et Sam, ou encore Jane de Los Angeles croisée au Machu Picchu.
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Le lendemain est très calme, au rythme du wifi dans le lounge tranquille de l’hôtel, avec une vue imprenable sur Cuzco. Petite balade en ville pour dire d’en profiter un peu et de ne pas perdre une journée. Le soir la fatigue du Machu Picchu est oubliée, mais je ne suis pas tenté par l’ambiance caricaturale du bar du Loki : impossible de parler avec la musique, trop de jeunes anglo-saxons qui boivent et braillent et ne sont là que pour faire la fête tous les soirs et dormir la journée, et vivent littéralement dans l’hôtel (et diront après qu’ils ont voyagé au Pérou et que c’était un pays génial …). Le summum de l’inculture occidentale, enfin anglo-saxonne surtout. Ce qui finalement fait de Loki un endroit pas si intéressant pour rencontrer des voyageurs, enfin des vrais.
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Je prolonge mon séjour à Cuzco d’une journée, et cherche quels sites pourraient encore m’intéresser après avoir vu Pisaq et le Machu Picchu. Mon choix tombe sur Maras, petite ville pauvre et oubliée à une heure de Cuzco, encore une impression de Far West. Elle est entourée de deux sites insolites : Moray, site composé de terrasses Incas disposées en amphithéâtre, et Las Salinas, salines à flanc de montagne, d’une beauté indescriptible avec ses terrasses blanches remplies de couleurs bleu clair, marron, orange …
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Je m'offre une dernière petite soirée au Km0, dans le quartier San Blas. Cerveza et musique live latino dans une ambiance authentique et pas du tout gringo. Le lendemain matin je quitte Cuzco, gavé de culture Inca et content de cette petite semaine dans une des plus belles villes péruviennes. Direction un autre lieu mythique d’Amérique du Sud, et ma dernière étape péruvienne …
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Si tu es arrivé au bout de ce texte, je te dis hasta pronto amigo !
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samedi 19 septembre 2009

Stylée, splendide, rebelle ... Arequipa

¡ Buenos dias amigos !

Adieu le désert chaud et envoûtant de Huacachina, mais je ne perds rien puisque j’arrive dans une des plus belles villes du Pérou, j’ai nommé Arequipa.

Avec Ophélie, nous arrivons donc au petit matin au terminal de bus d’Arequipa, avec quelques adresses de petits hotels sympas comme on les aime : pas cher, propre, sympa, avec beaucoup de backpackers à rencontrer … et si possible le wifi. Direct le taxi essaie de nous enfler et annonce la course à 5 soles … à deux mètres du panneau qui affiche le tarif réglementaire à 3,5 soles. Leur culot devient fatigant et vexant.

Il nous dépose à la première adresse, où personne ne répond. OK il est 6 heures du mat’ mais bon, en général dans ce pays ils ne se font pas prier pour avoir de nouveaux clients ! Le taxi insiste lourdement pour nous emmener gratuitement à la troisième adresse de notre liste (ben oui, il veut toucher sa com’ le garçon), mais notre deuxième adresse est à deux pas, nous décidons d’y aller à pied avec nos 20 kgs (mas ó meños) sur le dos et le ventre. On a l’air fins, mais on s’en fout, on aime marcher, on a la santé (depuis peu), et on aime faire la nique aux taxis, hé hé.

Va pour le deuxième, l’Hostal La Reyna. C’est une sorte de labyrinthe d’escaliers et de terrasses qui domine le monastère, un des objectifs dans cette ville. Et près du centre, des bars, restaurants … La petite chambre sur le toit ne manque pas de charme, enfin à mon goût seulement. Si le wifi pouvait être un peu moins lunatique, ce serait le bonheur. Oui je sais je parle beaucoup de wifi, je parais n’être vraiment pas désintoxiqué du web dans ce voyage, mais c’est terriblement utile pour t’alimenter en belles images, toi bloglecteur qui glande au bureau et bascule de tes mails perso à Facebook en passant par mon blog.
Hé attention derrière toi, ton chef ! Naaan j’décooooonne, c’est la technicienne de surface qui vient aspirer les crottes de nez dans ton clavier. Non ne nie pas, je sais, et pour cause …

De quoi parlions-nous, où étions-nous ? Ah oui, à Arequipa, Pérou, Amérique du Sud, en tour du monde. Donc après un petit somme pour récupérer du voyage de nuit, malgré le bus confort que nous avions choisi, je pars faire un tour utilitaire petit-déj’-laverie-internet puis un tour plaisir de la ville.

Belle ville, c’est peu de le dire, même si j’ai une impression de déjà vu. J’ai l’impression d’être à Cuenca en Equateur : Plaza de Armas magnifique avec sa cathédrale et ses arcades, maisons coloniales somptueuses mais souvent squattées par les banques, un vrai art de vivre qui flotte dans l’air. Je sais, je me répète, mais à force de lire ça, tu vas finir par l’acheter ton billet d’avion pour l’Amérique du Sud !
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En marchant, je croise un péruvien bedonnant qui court. J’ai un pressentiment pendant une seconde, mais je vois trop tard sa victime lui courir après et crier qu’on l’arrête, il est déjà passé. Dommage, quelques secondes avant, il payait pour deux, j’ai un compte à rendre …
Pourtant nous sommes encore dans un beau quartier, près du centre. Et à Arequipa, tout un périmètre est quadrillé de ripoux, pardon je veux dire de flics, jusque tard dans la nuit, pour garantir que le tourisme prospère. Ça me refroidit un peu, je vais encore être sur mes gardes pendant quelques jours.

Je tombe sur un splendide ancien cloître, el Claustro de la Compañia, à deux pas de la Plaza, mais qui semble ignoré de tout le monde, un vrai oasis de paix à 10 mètres du chaos urbain. Vieux murs remis en état, boutiques chics mais discrètes, et un petit café bien sympa tenu par un jeune bordelais avec sa copine péruvienne. J’y trouve quelques trentenaires français installés ici, qui travaillent dans la restauration ou comme guides. Rhums et piscos arrangés, vins français et argentins à la carte, et une petite ambiance tranquille, je vais souvent traîner dans le coin ...
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Je sillonne les belles rues, tout en mitraillant les splendides maisons qui ont toutes leurs patios, rouges, jaunes, bleus, oranges, décorés avec le must du bon goût, tout en déclinant les offres des restaurateurs-racoleurs qui proposent tous la happy hour sur le Pisco Sour … c’est marrant ici, c’est happy hour partout et toute la journée, juste pour que le touriste pas-trop-con comprenne que le prix sans happy hour est une arnaque. Ça ne te rappelle rien ? La « fantastique » et récente idée des soldes quasi-permanentes en France.

Donc tout en sillonnant-mitraillant-déclinant, je remonte à l’hôtel, juste à temps pour « admirer » un feu d’artifice à la fois merdique et dangereux puisqu’il se fait devant l’entrée du monastère, dans une rue très étroite, sans protection pour le public. Hallucinant mais ça change des normes hyper sécurisées dans nos sociétés occidentales.

Après trois malheureux pétards qui font prout et retombent aussi vite sur la foule (un accord avec les vendeurs de perruques ?), nous décidons, Ophélie, deux jeunes américains rencontrés dans l’hôtel et moi-même, de nous offrir un petit resto français, la crêperie de l’Alliance Française. La « Trilogie Douce » me laissa un sourire à provenance papillaire jusque tard dans la nuit. Le temps de faire quelques photos nocturnes de la Plaza, rassuré par les flics en nombre qui délogent les souris des arbustes pour rigoler, mais un peu inquiété par un jeune qui paraît là pour guetter et rabattre les proies vers ses copains postés à trois blocs de là, et je rentre. Les regards très bas sur mes poches commencent à me stresser et m'énerver.
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Le lendemain matin Ophélie est partie tôt pour un trek au Canyon de Colca, je décide de le faire plus tard et de profiter de la ville encore un peu plus. Je fais un tour au quartier résidentiel de Yanahura et tombe sur une petite place paradisiaque, palmiers, fleurs, petite musique latino qui sort de hauts-parleurs camouflés dans l’herbe, pas de circulation, et une vue imprenable sur la ville et le majestueux volcan Misti qui la domine.
De retour dans le centre, je m'arrête dans un resto vide pour m’enfiler un menu énorme et délicieux pour un prix misérable, et je file vers le point-phare de la ville : le Monastère de Santa Catalina.

Ce monastère est un chef d’œuvre, même pour ceux que les cathédrales et églises rebutent, et il a toute une histoire : à l’époque il était de bon ton pour les familles de la haute d’y envoyer une de leurs filles comme nonne, laquelle menait en fait la belle vie : cellule de la taille d’un appartement, au moins deux servantes à disposition, possibilité de recevoir du monde extérieur à volonté et d’organiser sa petite vie mondaine. Un jour une sœur plus authentique et sûrement moins rigolote est venue donner trois tours de vis dans tout ça, et les sœurs se sont retrouvées limitées à une servante chacune (les pauvres !), parquées dans le dortoir et privées de leur vie mondaine. Hé hé, si elles auraient su elles auraient pas venu ! Ben quoi c’est normal, elles avaient fait le voeu de ne pas coucher avec des garçons, alors quoi encore, hein ?
Autre point de l’histoire, une sœur a été béatifiée par Jipi-two. Ça c’est tout bonus pour le palmarès de la maison.

Mais le premier intérêt du monastère, c’est sa beauté : une vraie ville dans la ville, avec son labyrinthe de petites ruelles, ses quartiers, ses murs à l’image de d’Arequipa. Une fois oublié (diffcilement) le prix de l’entrée, on oublie où l’on se trouve, c'est un vrai petit monde caché du monde réel par un grand mur (à cause des sœurs qui voulaient encore voir des garçons). On visite les « cellules » des sœurs, qui portent souvent leurs noms au-dessus leurs portes (pour le voeu de simplicité on repassera) : de vraies petites suites, avec un mobilier souvent très valable sauf le lit, une cuisine particulière extérieure, et des passages et portes dans tous les sens. Différents patios aux couleurs variées, des fleurs et arbustes, fontaines, jardins, un décor enchanteresque. Aujourd’hui une petite partie est encore réservée à quelques sœurs, des vraies et consentantes celles-là, que l’on peut voir déambuler. Je passe deux heures dépaysantes et remplit ma carte mémoire.
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Après un petit tour au café du bordelais, la mine réjouie par les piscos arrangés-maison qu’il me sert, je passe une soirée tranquille dans un nouvel hôtel, plus orienté backpackers et avec un wifi coopératif qui comprend mes immenses besoins. J’essaie, mais échoue, de me coucher tôt en vue de me lever à 3 heures pour partir au Canyon de Colca, un des plus grands canyons au monde par sa longueur et sa profondeur. Le bus me prend donc à 3 heures, après que j’aie dûment réveillé tout le dortoir, et fait le tour des hôtels pour ramasser tous les voyageurs qui ont acheté le même trek organisé. 5 heures de bus nous attendent, avec un passage glacial à 6 heures à 4900 mètres d’altitude, les vitres sont gelées et on n’a pas tellement tellement la pêche. Arrêt petit déj’ en route, et c'est reparti vers Cruz del Condor.

Horreur : c’est noir de touristes qui se pressent déjà sur l’observatoire au bord du canyon.
Bonheur :  je trouve quand même ma place pour observer le bal des condors qui planent juste sous nos yeux et quelquefois au-dessus de nos têtes, profitant des courants d’air chaud au bord des parois rocheuses. Ils planent souvent en couple, se chamaillent quelquefois en plein vol, et se posent à 20 mètres de la foule pour le bonheur des objectifs qui mitraillent.


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Ils sont noirs et imposants, leur envergure est énorme, et leur vol majestueux. Ils volent souvent en couple, en se chamaillant en plein vol. Ils sont peu gênés par la foule, qu’ils voient tous les jours de l’année à la même heure. Bizarrement ils se contentent de planer sans effort, mais ne chassent pas. La réalité est que des indiens du coin jettent régulièrement des carcasses plus bas, pour garantir leur présence et assurer le passage des touristes. Bien sûr on ne nous le dit pas mais je l’ai su. Dommage pour le rêve mais le spectacle reste beau.


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De nombreuses femmes indiennes sont là pour vendre leur artisanat. Les pulls, bonnets péruviens, et autres objets, n’ont rien à envier à leurs propres tenues, éblouissantes de motifs et de couleurs. Leurs joues rouges voire violacées attirent mon objectif, quand elles regardent ailleurs parce qu’elles n’aiment pas trop être photographiées, quoique ici elles ne peuvent pas vraiment refuser.

Encore cinq minutes de bus et nous démarrons le trek avec une jeune guide péruvienne, et le groupe est bien varié quoique très ouest-européen : un couple britannique, un couple parisien, un couple allemand, deux jeunes allemandes et moi-même. Pour surprendre nos genoux peu habitués par cet ordre des choses, on démarre par de la descente, hé oui il faut bien y aller dans ce canyon !

Une fois les genoux en feu, arrêt déjeuner sur l’autre face du canyon dans un petit village paradisiaque, au milieu des palmiers et des fleurs, et on repart pour trois heures de marche à travers les villages quechua, le long des canaux d’irrigation, dans la végétation, pour arriver crevés en fin d’après-midi dans une oasis, occupée par les lodges qui accueillent les trekkers dans des conditions rustiques, sans électricité, dans des cabanes au sol en terre, mais avec une piscine froide pour nous dépoussiérer.

Nous avons droit à un petit dîner sympa, dehors, à la bougie et un peu gelés, et il faut se coucher très tôt en vue de la remontée hors du canyon, prévue à 5 heures du mat’ et le ventre vide. Malgré le froid et les conditions rustiques, je passe une de mes meilleures nuits depuis longtemps. A 5 heures il ne fait pas si froid, rapidement jour, et on se lance dans la pente.

La montée est comme je les aime, juste assez pentue et technique. Je ne gâche pas mon plaisir d’être enfin en forme et monte comme un dingue, doublant rapidement les autres groupes et essayant, mais sans succès, de suivre un muletier qui remontait une fausse randonneuse à dos de mule (pas la seule !). Enfin, avoir reçu un compliment de ce muletier qui monte et descend cette pente plusieurs fois par jour et très vite, aura été ma récompense de la matinée, en plus d’arriver en haut très tôt, très mouillé, et très heureux.
En montagne RIEN ne vaut la montée.

Une fois tout le groupe réuni, dont ceux qui ont eu la mauvaise idée de monter en mule, la récompense est le petit-déj’. Une excellente idée de l’avoir placé après la montée !
Puis nous reprenons le bus, et remontons sur le haut du canyon jusqu’à Chivay. Le canyon est de moins en moins escarpé mais c’est ici qu’il est le plus beau : les deux versants sont truffés de terrasses datant des incas, dans un mélange vert, jaune et marron qui me rappelle certains paysages de l’Equateur. Ces terrasses sont magnifiques, et savoir qu’elles datent d’une civilisation si prestigieuse ajoute au plaisir de les admirer.
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On termine par un bain dans les eaux très chaudes de Chivay, un vrai bonheur après un trek, puis je file prendre un déjeuner très péruvien dans un restaurant local du marché de Chivay, avec les deux allemandes de mon groupe Andrea et Kerstin, pour échapper au piège touristo-gastronomique tendu par l’organisation. En gros nous avons mangé la même chose pour presque 10 fois moins cher, et nous avons encore joui du plaisir d’être entouré de purs locaux, des indiens des montagnes. Retour à Arequipa avec quelques arrêts pour admirer les volcans et un troupeau de lamas et d’alpacas. Je vais rapidement me coucher.

Le lendemain se partage entre une longue session de wifi dans un café pour tout mettre à jour et une visite au musée Los Andinos Sanctuarios, consacré à la momie d’une jeune fille sacrifiée par les incas en offrande à leurs dieux. Le musée est magnifique : une vidéo montre les recherches des archéologues à plus de 4000 mètres et reconstitue le scénario du sacrifice, de l’ascension au coup fatal (oui vraiment tout, avec le sang qui gicle et la tête qui explose, ouaiiiiis !!!). Les habits et parures de la jeune fille sont en parfait état, et sa momie surtout, impressionnante. On précise quand même qu’elle était parfaitement consentante, car honorée d’être choisie et persuadée de devenir une déesse après sa mort, et endormie avant de recevoir le fameux coup sur la tête, dont on voit parfaitement la trace sur le crâne.

Comme tout ce sang nous a donné soif, j’emmène deux jeunes françaises qui suivaient la même visite guidée (en français, incroyable !) au fameux café du bordelais, pour se faire un petit Maracuya Sour (Pisco Sour au fruit de la passion, si tu veux goûter il va falloir acheter ton billet d’avion). Puis je file à l’hôtel pour récupérer mon sac et filer au terminal prendre mon bus pour … pour … le point-phare du Pérou !
Nan j’te dis pas tout de suite ce que c’est ! Allez ferme cette page, reviens vite voir les photos, finis ta partie de Freecell, va jeter ton café froid, et profite de ton clavier tout propre sans crotte de nez.

¡ Hasta pronto amigos y amigas !
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vendredi 11 septembre 2009

La capitale, du repos, des animaux, le désert

¡ Hola !


Me voilà à Lima, la capitale du Pérou. Bon c’est presque à regret parce qu’on ne m’en a pas dit grand bien, il n’y a à peu près aucun centre d’intérêt, et comme on peut s’y attendre, c’est une ville assez speed. Mais c’est sur le chemin, ce serait quand même dommage de ne pas la voir du tout, et je dois absolument changer mes billets d’avion, TOUS !

Arrivés très tôt le matin, il nous faut d’abord trouver un taxi digne de confiance. Dans toutes les grandes villes on nous recommande de nous méfier des taxis qui peuvent nous emmener dans une embuscade. Il nous emmène vers une bonne adresse donnée par Greta à Huaraz : l’hôtel España. A six heures, on réveille forcément le gardien un peu grognon, qui nous fait poireauter trois heures dans le hall d’entrée, et nous laisse découvrir le décor surprenant : statues, tableaux, boiseries, lustres. Pour un hôtel de routards, c’est plutôt rare.

Deuxième découverte, au petit déj’ sur la terrasse sur le toit : quelques animaux exotiques ajoutent au charme de la terrasse : un perroquet bleu qui parle beaucoup et parle en permanence avec son « Papé » (la discussion parait presque cohérente, son espagnol peut-être meilleur que le mien), un perroquet rouge énorme qui chute de son fil dans un bruit énorme et se relève sonné, et deux tortues dont l'une course l'autre inlassablement ... pour venir passer un "moment agréable" dans notre chambre.
Troisième découverte : c’est blindé de français, mais au Pérou on commence à s’y habituer.

L’avantage est qu’on se trouve à quelques blocs du centre et de la Plaza de Armas, et là heureuse surprise, cette Plaza est magnifique : le Palais du Gouvernement, la cathédrale bien sûr, et des bâtiments jaunes ornés de boiseries de style espagnol. Dans chaque ville que je visite j’ai l’impression de dire : « c’est la plus belle Plaza de Armas que j’ai vue jusqu’ici ». Je n’ai pas fini de le dire …
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Donc la seule activité à Lima se résumera à visiter la Plaza et les belles rues environnantes, et faire un saut rapide à Miraflores, le quartier très touristique et superficiel, juste pour changer tous mes billets d’avion jusqu’à juin. Sur le chemin, on m’aura quand même abordé trois fois pour me dire (en espagnol) : « Oh tu es Français ! J’ai été à Toulouse, je joue de la musique, et j’aime le camembert ! ». C’est ça, prends moi pour un con. Pourquoi ils disent tous Toulouse ? Ils veulent pas prendre une carte de France et faire preuve d’originalité dans leur baratin à but mercantile (m’emmener dans leur restaurant, me vendre de la marijuana, et j’en passe …).

Donc départ rapide de Lima au bout d’une journée, direction Paracas sur la côte. C’est un petit port de pêche dont l’intérêt se trouve au large : les îles Ballestas, aussi appelées les Galapagos du pauvre. Ça ne te rappelle rien ? La Isla de la Plata, au large de Puerto Lopez en Equateur …

On est en basse saison, le soir la station est désertée, c’est bon de se promener sur la digue et de ne croiser quasiment personne. Juste deux ou trois groupes de personnes au restaurant, qui prépare d’excellents ceviches. Et un vieux péruvien qui donne à manger aux pélicans, pour provoquer leurs sauts, bruits de becs et d’ailes, donc nous inciter à prendre une photo et lui donner une pièce.

Le lendemain matin, on se sent déjà moins seul : les bateaux pour aller sur les îles sont remplis de touristes, qui dormaient sûrement à Pisco, la grande ville du coin. Donc c’est la grosse machinerie à touristes, mais bon, c’est pour voir de belles choses. En fait de belles choses, on commence à voir un candélabre géant tracé dans le sable d’une grande dune, et visible de la mer. Il fait 183 mètres de haut, et fait penser aux lignes mystérieuses de Nazca, non loin de là mais sans aucun rapport.
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Le temps de prendre une photo, le bateau redémarre et fonce vers les Islas Ballestas. Belles îles taillées par la mer, avec des grottes et trous béants dans les falaises. Elles sont surtout envahies par les oiseaux : cormorans, pélicans, fous de bassan, mouettes goélands. Les falaises sont donc recouvertes de guano, 30 mètres d’épaisseur par moments, exploité depuis les incas. Et mieux que les oiseaux, on voit des pingouins, lions de mer, phoques, otaries, loups marins … Toute cette variété dans un décor pareil, c’est un beau spectacle.
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Retour sur la terre ferme, à fond les moteurs. Le temps d’avaler un petit déj’ face à la mer, on repart en bus vers la réserve naturelle toute proche, désertique : magnifiques falaises, fossiles, flamands roses, et falaise sculptée par la mer.

Histoire de ne pas perdre le rythme, on repart vers l’étape suivante (à 1 heure de bus seulement, ça nous change), Huacachina. C’est un petit coin de paradis, une oasis cernée par des dunes gigantesques, et juste derrière ces dunes, le désert, magnifique. Au milieu de l’oasis, un petit lac qui ajoute au charme. C’est très touristique bien sûr, il y a une bonne dizaine d’hôtels dans l’unique rue, mais on s’y sent vraiment bien. Quand on a besoin de recharger les batteries, comme c'est mon cas, c’est l’endroit rêvé.

Comme on n’est quand même pas là que pour glander, l’attraction-reine ici, c’est le tour dans le désert en buggy, avec arrêts réguliers pour dévaler des pentes énormes en sandboard. Coup de chance, on est tombé sur un chauffeur assez taré dans son genre mais qui connaît son affaire : on a droit à des sauts de bosses, des descentes vertigineuses dans les dunes au maximum du moteur, et dans une semi-obscurité qui cache le relief. Petites frayeurs et grosses sensations.

Pour ce qui de faire du sandboard debout sur la planche, vu le matériel qu’on nous donne, il faudra repasser. Mes années de snowboard n’y feront pas grand-chose, je réussis laborieusement deux virages et me résous à faire comme tout le monde, dévaler la pente à plat ventre.
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Ces deux heures de sensations fortes, juste avant et pendant le coucher de soleil qui rend le désert encore plus magique, sont aussi l’occasion de rencontrer cinq ami(e)s péruviens et vénézuéliens, vraiment sympas, et qui ont la bonne idée de se promener en permanence avec leur glacière, remplie trois fois par jour, et pas avec de l’eau. Belle soirée, bons contacts à garder pour un futur retour …

C’est la fin de quatre jours rythmés par les bus, et pourtant assez dépaysants et relaxants pour se remettre de l’étape éprouvante de Huaraz. Direction le sud toujours, vers les plus beaux sites du Pérou.

¡ Hasta pronto !
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samedi 5 septembre 2009

Huaraz, el paradise del trekking

La situation : arrivée à Huaraz au petit matin.
L'état : le regard flou et le visage hagard, comme après chaque nuit en bus.
L'anecdote : Robin, le canadien rencontré chez mon (mauvais) hôte à Trujillo, doit avoir fait une touche dans le bus car il se montre évasif sur ses intentions, et n'est plus aussi curieux que la veille de connaître mes bonnes adresses ... Allez garçon, va jouer, mais pas trop loin quand même !

Je teste une première adresse très renommée, Caroline Lodging, une espèce d'énorme maison familiale courue par tous les backpackers et tous les trekkers. Lesquels se confondent à Huaraz, puisque la ville a été -mal- reconstruite après avoir été rasée par un tremblement de terre en 1970 (70 000 morts), mais est surtout un excellent point de départ pour des treks nombreux et tous plus beaux les uns que les autres dans la Cordillère Blanche. On ne m'avait pas menti, c'est énorme et assez familial, ça fourmille de backpackers qui se réveillent les uns après les autres et font la queue devant les douches. Je retrouve même une ukrainienne déjà croisée deux fois en Equateur, à Latacunga et à Baños, et qui multiplie les hauts sommets. Coïncidences toujours ...

Pas convaincu par les prix et l'isolement de l'hôtel, je repars à pied, chargé de mes 20 kgs, la tignasse rebelle et les globes oculaires chauds, pour chercher El Tambo, qui m'avait déjà été recommandé par Katharina (l'allemande croisée à la frontière) et qui a été choisi la veille par Maria (la slovaque rencontrée à Trujillo, qui a dû voyager seule parce que j'étais retenu au poste de police ... rhââââ, essaie de suivre un peu !).

Et je démarre une longue marche en ville, mal orienté par une gentille dame policière qui m'a envoyé tout droit vers une discothèque portant le même nom que l'hôtel. Coup de chance je croise Benji, jeune péruvien très sympa qui faisait de la retape soft et intelligente au terminal de bus, pas comme les autres. Il est ravi de me récupérer malgré mon premier refus 20 minutes avant et m'emmène à l'hôtel bien caché. Par la suite il s'avérera bien plus qu'un rabatteur.

L'hôtel est charmant, convivial, décousu, caché au fond d'une ruelle, rempli de français et d'israëliens (les deux nationalités très représentées à Huaraz, et au Pérou d'une manière générale), ma chambre chaleureuse et pas chère. La fille qui s'occupe de tenir l'hôtel est de Toulouse et se préoccupe peu de nous expliquer les services de l'hôtel : en gros, débrouillez-vous et faites comme chez vous, c'est pas Hilton ici !
Le temps de dire bonjour à Maria qui émerge de sa première nuit Huarazienne, je m'effondre dans mon lit pour quelques heures. Petite visite de la ville l'après-midi, pour repérer les lieux, les innombrables agences de trekking, et avoir la confirmation que la ville est malheureusement très laide depuis sa reconstruction.

Comme je dois me refaire une forme, j'accepte l'idée de Maria de faire un premier trek d'échauffement le lendemain, à la Laguna 69 (hé oh, qu'est-ce que tu vas t'imaginer là ?). Le départ est prévu à 4h45 avec Benji, qui en plus d'être très sympa et serviable, est aussi guide. A 4h45 (maaaaal têêête !) nous sommes prêts. A 5h15 Benji n'est toujours pas là, nous partons sans lui, en griffonnant quelques explications trouvées sur un mur de l'hôtel.

Malgré l'heure et la nuit froide, il y a foule sur le parking défoncé où se concentrent les vieux mini-bus qui désservent toutes les destinations alentour. Nous prenons un premier mini-bus d'une heure pour Yungay, comme d'habitude nous sommes quinze pour une dizaine de places assises, mais Maria et moi sommes montés les premiers et avons pris les moins mauvaises places, on s'en tire bien.
A Yungay, on fait un petit tour du marché pour remplir le sac de viennoiseries locales, et on passe devant un beau cochon pendu à un croc de boucher. Revenus au carrefour principal, débute une tergiversation stratégique pour choisir entre un autre mini-bus bondé qui part tout de suite, ou un collectivo qui ne partira que si d'autres clients arrivent.

C'est parti pour le mini-bus bondé, et une grosse heure de trajet sur une route de terre, de cailloux et de trous, dans la montagne, assis à contre-sens entre le chauffeur et la première banquette, les genoux compressés entre ceux de Maria et des péruviens qui me font face. L'art d'arriver au début d'un trek en déjà bien mauvais état, le ventre retourné et les jambes courbaturées.

Le trek est magnifique, le long d'une rivière : petites cascades, vaches (un peu aggressives) et chevaux en liberté, hauts sommets et glaciers tout autour. Le souffle devient vite court, on démarre quand même à 3800 mètres d'altitude pour finir à 4800. Une hauteur presque banale ici, trop faible pour être enneigée ! Ma forme n'est pas grandiose, le temps de l'ascension du Cotopaxi est bien loin.
Cela valait le coup de se lever très tôt, nous arrivons les premiers à notre récompense : un magnifique lac aux eaux turquoises, que domine un grand glacier qui culmine à environ 6000 mètres.
PLEIN - LES - YEUX.
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Le bord du lac se remplit vite d'autres marcheurs, il est temps de s'en aller. Nous ne sommes pas peu fiers de voir que les autres ont eu besoin d'un guide. C'est vrai qu'entre les spécificités du transport local, et les rares indications le long des chemins de randonnée, la tentation est forte de se payer un guide, et la tranquillité qui va avec.
Nous descendons rapidement, une pierre à la main pour écarter les vaches au comportement de taureaux. Comme d'habitude on croise des marcheurs-touristes, baskets et jean, qui ont la bonne idée de démarrer le trek vers midi. Toujours surprenant ...

Bien que nous soyons les premiers montés et les premiers redescendus, nous attrapons de justesse notre cher bus archi-bondé qui fonce dans les lacets serrés et caillouteux au-dessus du vide. C'est reparti pour deux heures de souffrances bien supérieures au trek lui-même. Nous sommes de retour en ville en fin d'après-midi, je suis littéralement désintégré par la combinaison manque-de-sommeil/trek/bus. J'arrive juste à temps pour accueillir Ophélie qui arrive d'Argentine via Lima. C'est parti pour quelque temps de co-voyage, avant que nos itinéraires ne divergent.

Une journée de récupération, le temps de tester les eaux thermales et jaune-marron de Monterey, et nous voilà partis pour un deuxième trek d'échauffement, vers la laguna Churrup, toujours avec Maria, et Greta, une écossaise originale rencontrée à l'hôtel, et bien sûr Ophélie.

Pour une fois le mini-bus n'est pas plein, mais crève en pleine montagne. Le chauffeur répare ça en un temps record, mais la vue du pneu usagé, et des trois autres pneus tous différents, nous laisse sourire (c'est encore le mieux ici, sinon on a pas fini d'angoisser). On traverse des petits villages peuplés d'indiens aux habits traditionnels très colorés, et les paysages sont magnifiques, très colorés. Là je sais que je vois le vrai Pérou, la carte postale parfaite qu'on a tous en tête.

Le trek est encore magnifique, la forme est déjà meilleure sauf pour Ophélie qui fait sa première mise en jambe à cette altitude. Quelques pas d'escalade, photos, et gouttes de sueur plus tard, nous voilà à la fameuse lagune Churrup, superbe et également dominée par un énorme glacier qui culmine très haut.
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Le temps de pique-niquer, je me sens subitement faible et frigorifié, et décide de redescendre rapidement. Maux de tête, maux de ventre, de moins en moins de jambes, plus beaucoup d'énergie, ça ressemble au mal d'altitude, malgré l'expérience des dernières semaines. La meilleure stratégie est de descendre vite. Arrivé en bas, un thé aux feuilles de coca ne suffira pas à me rétablir, mais je profite du taxi de deux randonneurs français pour redescendre plus vite et échapper au terrible mini-bus.
Au pieu direct, les douleurs diminuées mais la tête bouillante. Je ne saurai pas si c'était le mal d'altitude, à prendre très au sérieux, ou autre chose.

Alors que ... revoilà la tourista ! Je ne sais pas où elle était passée, mais elle n'est pas partie très loin puisqu'elle est vite revenue. Elle était sûrement partie se faire une bouffe dans un restaurant douteux. Le trek Santa Cruz de quatre jours, prévu le lendemain avec Léo le frère de Benji, est compromis. Il est souple et accepte de reporter d'un jour. Je me rétablie vite et confirme que je serai d'attaque le lendemain, bien qu'un peu faible. Le temps de charrier Léo et de lui faire croire qu'on doit reporter de deux jours ... c'est Ophélie qui tombe face à l'ennemi-bactérie. Ma blague devait être prémonitoire, ce sera donc bien deux jours de report, on finit par partir samedi.

Début du trek donc, à partir de Cashapampa, village peuplé d'indiens traditionnels et entouré de montagnes aux carrés multicolores. Le temps de charger les mules, les enfants nous observent, une petite fille vient se peigner et pose l'air de rien, en feignant de ne pas voir les objectifs de Maria et Ophélie.
Et on quitte Maria qui part dans l'autre direction pour sept jours de trek, avec deux israëliens qui me laissent penser que ses soirées de bivouac vont être bien longues ... heureusement qu'elle part avec Benji et son autre frère Esteban.
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Le démarrage se fait au ralenti, nous sommes pénalisés par les bactéries encore bien présentes qui se plaisent décidément beaucoup dans nos ventres respectifs.

Nous enchaînons les beaux paysages, rivières, petites cascades, sommets encore verts, lacs prisés par les vaches en liberté. Après deux nuits froides, coincés dans notre tente minuscule, nous voilà dans le vif du sujet, cernés par les hauts sommets et les glaciers qui brillent. A commencer par l'Alpamayo, surnommée la montagne-diamant à cause de sa forme, une des plus belles montagnes du monde. Nous ne voyons pas la face la plus connue mais elle est superbe, mise en valeur par les autres immenses glaciers tout autour.
On prend dix fois les mêmes photos, chaque fois que l'on trouve un angle différent ou qu'un nuage vient apporter un contraste différent.
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Coup de chance c'est au troisième jour qu'il fait beau et que je me sens enfin dans une forme normale. On monte au col de Punta Union, à 4750 mètres (pfff, trop banal !), accueillis par la neige qui tombe. Plusieurs groupes de marcheurs arrivent dans l'autre sens, suivis ou précédés de leurs mules qui ne paraissent pas très vaillantes, certaines même très vieilles.



A plus de 180° autour, on ne voit que des glaciers et des crevasses, magnifiques de loin mais tellement dangereux quand on y met les pieds (le souvenir du Cotopaxi ...). Puis on redescend de l'autre côté, il reste encore un grand glacier à gauche mais le paysage change radicalement, les montagnes sont plus noires et l'on voit une multitude de petits lacs plus bas.

On croise quelques groupes qui montent : un tiers de français, un tiers d'israëliens, un tiers du reste du monde. Un groupe avec qui je discute un instant avait parié cinq minutes avant, en me voyant arriver de loin, que j'étais israëlien ... ça c'est le signe que je devrais peut-être me raser, au bout de deux semaines !

Turc, espagnol, israëlien ... comme je disais il y a de ça quelques messages (je ne peux plus compter en temps, il n'a presque plus de valeur pour moi), je dois être un polyvalent facial ethnique. D'ailleurs dans Huaraz les israëliens me disent bonjour avec un sourire appuyé, comme pour dire "yo man, t'es des nôtres" (en hébreu dans le texte, mais j'ai pas le bon clavier, c'est dommage).

Et le dernier soir, au resto, un israëlien me parle directement hébreu sans se poser de questions. Il comprend vite son erreur, avant de se rendre compte qu'on s'était déjà croisés ailleurs ... à Vilcabamba en Equateur ! J'avais pris mon premier petit-déj' avec lui. Coïncidences toujours ...

Euhhhhh, de quoi je parlais déjà ? Ah oui de la descente du col. Belle descente donc, plusieurs heures durant. On perd vite en altitude, mais même plus bas dans une belle vallée, on découvre encore un autre glacier majestueux, accroché à un sommet aussi vertical, fièrement dressé, et pointu que les autres.
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J'aime la sensation que l'on a quand on redescend dans la vallée. On est monté sur un point très haut, isolé, peu accessible, inhospitalier. On a mis du temps à l'atteindre, on a progressé lentement pendant un ou deux jours voire plus. Et en 3 ou 4 heures de descente, on arrive dans une belle vallée, verte et hospitalière, avec une présence humaine et animale. On revient près de la civilisation qui semble tout ignorer de cet endroit magique, minéral et dangereux, pas si lointain mais difficile à atteindre. J'ai cette impression d'une transition brutale entre deux univers radicalement différents.

Bon, à bien y repenser, on n'était peut-être pas encore tout près de la civilisation : le lendemain, les deux ou trois heures de descente supplémentaires, ajoutées aux heures de mini-bus dans les "lacets de la mort", me l'ont prouvé. Enfin voilà, je voulais placer que j'aime cette sensation, donc c'est placé. Héééé je dis qu'est-ce que je veux, m'enfin !

Donc nous retournons à Huaraz après quatre heures d'attente dans un village et quatre heures de mini-bus, par la même route que le trek de la Laguna 69, et tout aussi compressés pour compléter définitivement la fatigue.
Une bonne douche à l'hôtel, on refait entièrement le sac à dos, et sans attendre on rejoint le terminal de bus pour partir vers Lima, par un bus de nuit ultra-sécurisé et confortable. Pas de pitié pour le repos, la tourista d'avant trek nous avait déjà fait perdre deux jours !

Allez, bonne nuit les petits, on se retrouve dans quelques heures dans la capitale péruvienne. Et bonne rentrée aussi, on est bien contents d'être loin de la France en ce moment, hé hé ...


¡ Hasta pronto los gringos !


NDVQECB :
Ce message ne saurait être complet sans une description précise de mes sensations du moment.

Le WIFI bouffe mes nuits
Le Pisco me donne chaud
Trop de gaz me rendent naze
Ceviche m'a tuer
La tourista, j'aime pas
Trop de riz coupe l'envie
Les latinos se gaussent
L'algarrobina, wouah
Le Pérou, rien ou tout
La montagne ça vous gagne
L'Argentine je trépigne



Voilà, j'espère avoir été tout à fait clair.
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