Je suis reparti en Argentine ! Bientôt le nouveau blog ...
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lundi 26 octobre 2009

Iguazu y San Ignacio, la naturaleza impresionante y la historia dramatica

Après deux petites journées à Salta, je décide de m’en aller. Je n’ai pas visité les alentours de Salta, pourtant très réputés pour ses paysages. Les choix d’un backpacker au long cours sont parfois curieux : on s’attarde dans un endroit aux centres d’intérêt moyens, et on zappe d’autres sites vraiment beaux. Là j’ai décidé d’avancer, et de faire un choix : ne pas voir les Quebradas, la montagne aux 7 couleurs, Cafayate. Je suis dans le perpétuel dilemme entre profiter au maximum de chaque endroit, et me tenir à la sage résolution d’avant-voyage : on ne peut pas tout voir. Ça me donnera une raison de revenir …
Je pars donc de bon matin vers l’aéroport. J’ai décidé de me faire un peu de bien, et d’éviter un long et fatigant trajet en bus, même si je sais que les bus argentins sont au top du confort. Je reporte le moment fatidique de mon premier trajet de plus de 20 heures.

La destination : Puerto Iguazu, petite ville à la frontière de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay.
L’intérêt : les chutes d’Iguazu, mondialement connues pour être énormes, magnifiques, parmi les plus belles au monde. C’est une motivation suffisante pour quitter rapidement Salta.

Pendant le vol, le ciel est dégagé, et je peux mitrailler à volonté. Les paysages sont superbes, ponctués de champs énormes aux formes géométriques. Au fil du vol, la végétation se fait plus dense, plus verte, les grands espaces sont traversés par de longs fleuves sinueux et bruns. Nous arrivons en zone tropicale.




Dès l’arrivée à l’aéroport de Puerto Iguazu, le décor est très marqué : la terre est rouge ocre, et la végétation est d’un vert intense, créant un superbe contraste. L’atmosphère tropicale est chaude mais lourde. Je trouve un petit hôtel pour backpackers, choisis le dortoir comme d’habitude, garantie de rencontrer d’autres voyageurs sympas, et passe une après-midi paresseuse.

Le soir je pars pour un autre hôtel pour une soirée parilla et tango. Je prends le bus avec Erin et Cait, deux américaines de Seattle qui sont dans le même dortoir. Peu bavardes au début, elles sont finalement surprises de voir qu’il est possible de discuter en anglais avec moi.

Je perçois souvent la même réaction de la part des anglo-saxons que je rencontre : ils ont une petite réaction de surprise en apprenant que je suis français, comme s’il y avait une touche d’exotisme (« oh, la France, ouh la laaaa »), mais ne poussent pas la discussion très loin, comme persuadés qu’elle n’est pas possible, parce que forcément je ne peux pas parler anglais puisque je suis français. Il faut donc montrer le contraire, et faire le « premier pas ». Ce n’est pas systématique mais fréquent.

Je prends donc le bus avec Erin et Cait, deux américaines de Seattle qui … ah non ça je l’ai déjà écrit. Leurs langues se délient et m’acceptent comme nouveau copain dûment estampillé « sait-parler-anglais » (j’ai échappé de peu au marquage au fer sur la fesse). Elles s’avèrent en plus être de grandes voyageuses, très au-dessus de la moyenne américaine. Nous passons une belle soirée avec une parrilla énorme et une démonstration de tango.

Je rentre plus tôt, un peu assommé par mes trois ou quatre heures de sommeil quotidiennes depuis quelques jours, oublie mon guide dans le taxi (ce qui est toujours un peu pénible vu ce que ça coûte), et vais me coucher après un coup d’œil perplexe à l’allemand grassouillet, en slip rouge et masque sur les yeux, qui dort en bas de mon lit superposé. Un instant j’ai cru voir Superman dormir.

Le lendemain Erin et Cait se lèvent difficilement et douloureusement, et me proposent de les accompagner pour voir les chutes côté argentin. Le côté brésilien attendra, je ne vais pas me priver d’une si bonne compagnie. Trente minutes de bus et nous sommes déjà à l’entrée du parc. Je suis agréablement surpris de ne pas trouver d’hyper-exploitation commerciale, comme aux chutes de Niagara au Canada. Et il y a peu de monde, pour ne rien gâcher.

Pas de chance, on nous annonce que le niveau des eaux est trop haut pour monter en bateau, il faudra se contenter de marcher autour des chutes. Nous démarrons par le circuit supérieur. Encore plus qu’à Puerto Iguazu, on se sent en milieu tropical. Il fait chaud, les moustiques rôdent, mais nous rencontrons surtout des bêtes bien plus grosses : les coatis. Ils ressemblent vaguement à des castors (enfin je n’ai rien trouvé de plus proche), se promènent partout en liberté, et recherchent activement de la nourriture, surtout celle des touristes. Erin en fait l’expérience en posant son sac par terre, immédiatement plusieurs rappliquent et essayent de fourrer leur tête dedans. Encore à peu près calmement, mais les panneaux expliquent partout qu’ils sont agressifs.

Nous voyons les premières « petites » chutes, en fait nous passons juste au-dessus de leur ligne de chute grâce aux passerelles, et voyons d’en haut l’eau qui s’écrase beaucoup plus bas. C’est une mise en appétit, mais le brouhaha grandit, et prévient du grand spectacle qui s’annonce. Et enfin on y arrive, on peut voir les principales chutes, une bonne dizaine au moins, séparées par des mini-îlots de verdure qui résistent, les rendant encore plus belles.

Tout le monde m’avait prévenu que c’est impressionnant, mais même en le sachant, on reste sans mot pour décrire cette merveille, à part l’habituel « wooow !! » (que je prononce à peu près tous les deux ou trois jours depuis que je voyage en Amérique du Sud).
Lieu mythique n°4 atteint.




Le bruit est énorme, l’eau s’écrase plusieurs dizaines de mètres plus bas, en deux « marches » distinctes, avec une violence difficilement descriptible. Le nuage d’eau qui se dégage arrose un large périmètre autour des chutes, permettant même à de grands oiseaux de planer et de jouer avec le courant d’air, loin et très haut face à nous, près du côté brésilien.

Le temps de manger en se protégeant des coatis envahissants et déterminés, nous enchaînons avec le circuit inférieur. La végétation est encore plus dense, des papillons splendides volent autour de nous, un pivert très coloré vole trop vite pour que j’arrive à prendre une photo. Et nous arrivons à nouveau aux chutes, en bas cette fois-ci. Là on peut voir le spectacle de l’eau qui s’écrase, vraiment très près, et il est difficile de protéger l’appareil photo. L’humidité est partout, les chutes sont à plusieurs centaines de mètres mais le nuage d’eau envahit l’air jusqu’ici. La passerelle nous emmène jusqu’au pied des chutes, pour la traditionnelle photo dite du « ouéééé, j'suis trop un fou moi ! Dépêche-toi de la prendre, j’suis trempéééé !!! ».




A gauche de l’île San Martin, au loin, on devine difficilement la Garganta del Diablo, cachée derrière son nuage. Des bateaux surpuissants, remplis de touristes tous en imperméable, s’y aventurent en poussant le moteur à plein régime, et se laissent dériver en arrière, dans un courant infernal. Partout des arc-en-ciel, quelquefois doubles, se détachent des eaux brunes.

Je ne me lasse pas du spectacle, je suis tenté de prendre cent fois la même photo. Le circuit inférieur laisse encore apercevoir quelques cascades cachées en retrait. Et pour profiter au maximum du site, nous abordons une petite randonnée de deux heures à travers l’enfer vert, attaqués par les moustiques, avec pour but une autre belle cascade à l’écart des autres.

Retour à l’entrée du site, dans le noir, et à Puerto Iguazu en bus, après une journée vraiment belle. Toujours avec Erin et Cait, je m’enfile un buffet monstrueux dans le restaurant classe à quelques mètres de l’hotel, et direction nos lits, toujours avec Superman en slip qui dort sous le mien.

Le lendemain matin, malheureusement Erin et Cait s’en vont pour Mendoza, elles font partie des voyageurs de plusieurs semaines, qui doivent enchaîner rapidement les étapes. Matinée glandouille pour moi, j’hésite à partir voir les chutes du côté brésilien mais je m’y prends trop tard. L’atmosphère est lourde, orageuse. Il fait quasi-noir en pleine après-midi et se met à pleuvoir, c’est parfait pour une petite séance photo dans le quartier mignon derrière l’hôtel, fait de larges rues pavées et déglinguées, rougies par la terre argileuse et bordées de grands arbres. Je patauge dans la boue mais me régale de photos à la lumière originale.




Et le véritable orage arrive, déversant des torrents d’eau sur la ville. Apparemment c’est classique ici, à cause du climat tropical, mais c’est impressionnant. Et ça ne s’arrête pas pendant des heures et des heures. L’occasion d’une soirée pâtes + foot avec Iñigo, espagnol de Bilbao, Candido de Tenerife, et quelques argentins de Buenos Aires. Ça parle espagnol, assez vite, donc je ne comprends pas tout, mais je goûte au plaisir de ces hôtels pour backpackers qui fournissent une cuisine en libre service, et des petites soirées simples mais mémorables, ou quelqu’un cuisine pour tout le monde. L’impression d’être à la maison et non simple client anonyme d’un hôtel. Et c’est l’occasion d’organiser le départ du lendemain avec Iñigo.

Quelques heures plus tard, et un peu de sommeil au doux bruit des trombes d’eau, je prends le bus avec Iñigo, qui me fait le plaisir de parler espagnol doucement, me donnant l’impression d’être enfin bon en espagnol puisque je comprends tout. Quatre petites heures de bus (une plaisanterie ici) vers San Ignacio, pour visiter les ruines d’une mission jésuite, la mieux conservée en fait.

Les jésuites étaient venus évangéliser les indiens guaranis et les protéger des colons espagnols et portugais. Immédiatement on repense au film « Mission » sorti en 1986, qui avait été tourné près des chutes d’Iguazu. Pour ce que je m'en souviens, c'était un chef d'oeuvre, il faut que je le revoie.

Le trajet en bus est encore très beau, toujours dans ce contraste permanent entre terre ocre et végétation verte. L’arrivée à San Ignacio est une belle surprise : c’est une petite ville de l’Argentine profonde. Les maisons sont peu soignées, des baraquements pour certains, légèrement sales à cause de la terre argileuse. Mais pour autant je n’ai pas l’impression d’une réelle pauvreté, les gens ont l’air tranquilles et heureux de vivre ici, simplement et avec peu de confort. De nombreuses rues sont de longs chemins de terre, en pente, tracés à travers la forêt tropicale. On y voit de vieilles voitures américaines un peu délabrées, de vieux pick-ups massifs et carrés sortis tout droit de l’Amérique profonde.




Nous visitons les ruines, encore assez bien conservées bien qu'envahies par la nature. Les logements, la place centrale gigantesque, l'église, le cloître. On essaie forcément de s'imaginer ce que pouvait être la vie ici, toujours avec les images du film Mission en tête.



Il règne une atmosphère particulière ici, hors du temps et loin de la modernité. L’authenticité de l’Argentine profonde, qui séduit Iñigo autant que moi. Lui reste ici deux ou trois jours pour visiter les autres missions, moi je reprends le bus en fin d’après-midi pour le cœur bouillonnant de l’Argentine : la mégapole Buenos Aires.

Encore une étape que j’attends depuis un moment, et qui me tend enfin les bras.

¡ Chau amigo !
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vendredi 23 octobre 2009

Argentina, estoy aqua !!!

Par un beau matin ensoleillé, je quitte enfin San Pedro de Atacama, même si cette pause fut loin d’être pénible, mais plus longue que prévu, la faute aux deux compagnies de bus qui ne proposent un voyage vers Salta que trois fois par semaine, et comme par hasard le même jour à la même heure. Se distinguer et offrir un service différent ne viendrait à l’esprit d’aucune des deux compagnies …

Le but est donc Salta, dans le nord-ouest de l’Argentine. Depuis que j’attends d’atteindre ce pays, depuis que j’en entends beaucoup de bien de tous les voyageurs, ça y est le moment est enfin venu.

Par un heureux hasard je retrouve Elise et Damien, croisés à Sucre quelque temps avant. En fait c’est surtout bizarre que l’on ait réussi à ne pas se croiser dans le microcosme touristico-désertique de San Pedro. Les coïncidences continuent et ne s’arrêteront pas. Dans mon hôtel à San Pedro, un couple franco-australien s’était mis à discuter avec un suisse de leurs expériences de voyage, et venant à raconter une anecdote, il se sont finalement reconnus et se sont rappelé qu’ils s’étaient rencontrés deux ans auparavant lors d’un passage de douane au VietNam !

Le trajet en bus démarre, immédiatement interrompu au bout de trois minutes par le passage au poste-frontière chilien à la sortie de San Pedro. Formalité vite remplie sauf pour ceux qui ont perdu le petit fameux papier délivré à l’entrée dans le pays, papier qui ne sert à rien sauf justement à être perdu et à créer des problèmes. La douane, ça vous gagne …

A mon grand bonheur, le bus reprend la fameuse route prise pour quitter la Bolivie, cette immense descente des hauts plateaux jusqu'au désert. Nous passons près du poste frontière bolivien et le longeons, pour suivre une route magique, en bordure du Sud-Lipez, cet endroit magique traversé en 4x4 trois jours avant. Le spectacle reprend de plus belle : le décor est un patchwork de couleurs entre brun foncé, brun clair, orange, rouge, jaune, et blanc. A cette explosion de couleurs se superposent les matières, entre sable, cailloux et rochers. Les longues pentes parfaitement lisses ajoutent une touche de noblesse au décor. Aridité absolue et absence de vie, contraste entre l’effet de magie et d’attraction d'une part, et le danger si l’on est pas dans un véhicule sûr. Nous traversons cet endroit invivable dans le confort d’un bus moderne sur une route asphaltée. Trois jours avant, la précarité était beaucoup plus forte en 4x4, la panne ou la crevaison guettaient.




Comme si l’éblouissement n’était pas encore à son comble, vient s’ajouter au décor une lagune bleue turquoise, puis une bleue pâle, encerclée par un anneau blanc de sel. Puis deux lagunes mitoyennes, une bleue foncée comme la mer, une bleu-vert pâle. Qu’est-ce qui explique qu’elles soient voisines et si contrastées ? De temps en temps une couleur vient s’ajouter au patchwork récurrent, comme ici un vert diffus. Ou à la beauté salée d’une lagune succède une longue plaine caillouteuse et vide, monocolore.

Là des rochers éparpillés au milieu de nulle part, comme des météorites posées en douceur. Ou comme un gros besoin lâché par un énorme mammouth volant extra-terrestre. C’est juste une hypothèse, on ne peut pas savoir en fait.
Quelques minutes après je me rends compte que les montagnes se sont espacées et éloignées. Le bus quitte progressivement et imperceptiblement ce lieu unique, cadeau de la nature qui paraît illustrer la formation de la Terre. Et souvenir inoubliable, impression indélébile sur ma rétine.




Comme le paysage se banalise légèrement, je vais prendre quelques instants pour laisser refroidir mon appareil photo et manger une chip, et je reviens (ça prend longtemps de manger une chip, parce qu’il faut bien la mâcher sinon ça coince dans la gorge et ça fait mal).

Le passage de la frontière est un peu pénible, il faut faire la queue dans un petit bureau perdu au milieu de cette immensité, et les fonctionnaires argentins sont peu nombreux, bien que dotés d’un redoutable coup de tampon. L’arrêt dure plus d’une heure pour faire passer tout le bus. Si au moins ça se justifiait par une fouille au corps, mais non même pas, alors à quoi bon ! Encore heureux que notre bus soit arrivé le premier, les deux autres ne sont pas prêts de repartir.

C’est reparti, et un long moment plus tard, le bus s’engage dans une belle montée en lacets sinueux, qui pose quelques problèmes aux camions. C’est net, nous franchissons la Cordillière, à près de 5000 mètres d’altitude. Ce passage est aussi la promesse de découvrir un nouveau paysage de l’autre côté, de nouvelles formes, de nouvelles couleurs, une nouvelle végétation, et un nouvel environnement humain puisque nous approchons des premières villes argentines.

Arrivés au sommet, je démarre un bad trip d’une heure : sueurs froides, mal de tête, mal au ventre, froid soudain. Ceci pendant toute la descente, aussi sinueuse que la montée, et bien après encore. Mon voisin ne s’en rend pas compte mais je suis tout près de colorer et malodorer son pantalon. J’hésite aussi à demander au chauffeur de s’arrêter, ce qui fait toujours hésiter quand le bus est rempli de plusieurs dizaines de voyageurs. Ben alors quoi, c’est ma chip qui était avariée ? Le mal des hauteurs me parait peu probable, étant donné que je vis entre 3000 et 5000 mètres d’altitude depuis plusieurs semaines, et que les symptômes ne correspondent pas. Et le bad trip finit par s’arrêter, beaucoup plus lentement qu’il n'avait démarré.

Le bus quitte les montagnes sombres et massives et entre dans un environnement plus urbain. Il a beau faire noir, je perçois tout de suite la différence avec les trajets en bus dans les pays précédents : tout est plus aménagé, plus propre. J’ai presque l’impression de faire un banal trajet en bus en France.

Nous arrivons finalement à Salta, je suis presque frais comme un gardon malgré le bad trip subi une heure avant et les 10 à 11 heures de bus. Il faudra s’y faire, les trajets en bus en Argentine avoisinent même plutôt les 20 heures, le plus souvent. Je quitte Elise et Damien, et m’engouffre dans un taxi. Par réflexe je demande avant le prix de la course, en indiquant l’adresse de mon hôtel, le chauffeur me donne un montant « mas o menos », ce que je trouve bizarre. Mais je me rends compte qu’il a un compteur ! Détail matériel stupide mais que je trouve presque incroyable, après trois mois où les taxis étaient souvent cabossés et pratiquaient des prix à la tête du client (ou du gringo).

Le taxi ne me promène pas mais va au plus court et me dépose devant mon hôtel, et me salue très gentiment. Encore là je suis presque surpris de cette politesse (même si la Bolivie avait largement remonté le niveau, mais trop peu longtemps). J’entre dans le petit hôtel pour backpackers et la belle jeune fille me demande en souriant "como estas", en guise de bonjour. En à peine une heure, tout ce que l’on m’avait dit sur la chaleur des argentins se vérifie, je suis en plein paradis.

Bon, il faut payer les nuits d’avance, et j’ai très peu d’argent argentin.
« Tu peux aller en chercher au distributeur avant minuit. » (en espagnol dans le texte)
- C’est pas un peu dangereux de retirer de l’argent à cette heure ?
- Ben non pourquoi ?
- Euh, eh ben, parce que ça fait trois mois que je suis sur mes gardes pour retirer de l’argent, même en plein jour.
- … (regard poli mais incompréhensif de la charmante réceptionniste)
- … (regard perplexe de ma part, ne comprenant pas en quoi ma question est bizarre)
Mon réflexe sécuritaire, comme celui du taxi, s’avère encore être à côté de la plaque, j’ai l’impression d’avoir changé de continent, pour le meilleur.

Je pars donc en ville à pas d’heure, enfin c’est ce que je crois, et j’arrive au bout d’une dizaine de blocs sur la belle place centrale, pleine de monde sur les trottoirs, sur les terrasses. Il est près de minuit et les restaurants sont quasiment pleins. La ville est effervescente, les gens sont élégants, les terrasses largement étalées. Malgré l’heure et bien que je me sois calé avec des cochonneries sucrées, c’est le moment de tester une autre grande réputation de l’Argentine : la viande. Je me commande donc une belle pièce de bœuf et un verre de rouge dans un restaurant à deux pas de la place, et n’en reviens pas de voir à quel point mon serveur est affable, poli, souriant, et s’intéresse à qui je suis, d’où je viens. J’avais beau être prévenu, je dois me pincer pour y croire.

Retour à l’hôtel pour une nuit réparatrice, dans le dortoir je fais connaissance avec Alan un anglais très sympa qui parle un français très correct. Le dortoir est moite, le ventilateur fait un bruit d’enfer, ça promet encore un grand sommeil …




Le lendemain j’entame mon petit tour de ville, une bonne pièce de viande dans le ventre. La place est calme et belle, entourée de plusieurs rues piétonnes. Les rues ne sont pas particulièrement belles mais on trouve quelques vieilles maisons stylées et défraichies. Comme dans la grande majorité des villes, il y a un mirador. Ici il est haut perché sur une colline qui domine la ville. Ma fainéantise du jour me pousse à monter par le téléphérique, et là je vois une jeune argentine qui se balade avec un thermos et une sorte de mug à la forme particulière. Etrange, c’est à creuser, je sens qu’il y a quelquechose à découvrir …

La colline est assez triste sauf son sommet, coiffé de la station du téléphérique et de pelouses vertes, et d’un petit système de cascades artificielles. La vue est magnifique même si Salta est plate et sans grand centre d’intérêt à admirer. Il y a du monde, c’est touristique et familial, il y a même un couple de mariés qui vient prendre ses photos. Et je vois une famille avec son thermos et le fameux mug à la forme particulière, mais un seul pour les cinq. Ils versent une larmichette d’eau chaude toutes les deux minutes dans le mug, et se le passent pour boire à l’aide d’une sorte de paille en métal. Je comprends que je suis là devant un point culturel fort, mais je ne sais pas ce que c’est. A creuser.




Redescente par les centaines de marches, au coucher de soleil. J’arrive dans un parc d’ados-bécoteurs et continue par des quartiers résidentiels. Je continue à sentir cette impression de tranquillité, je ne me demande pas une minute si ce quartier est sûr, alors que je me le suis demandé pendant trois mois dans les pays précédents, et à raison.
Je rentre à l’hôtel par des quartiers sans intérêt, mais là est justement … l’intérêt. Ce soir il y a parilla (barbecue en espagnol dans le texte) et musique live à l’hôtel … à 23h. On est vraiment à l’heure espagnole ici.

Avec Alan nous nous incrustons à une table, et faisons la connaissance de trois australiens et de Angela, espagnole assez énergique. Bien sûr elle ne parle pas anglais (c’est rare chez les espagnols, pires que les français !), mais fait des efforts énormes pour parler à un rythme … tout juste compréhensible pour nous. Je capte un mot sur trois et m’arrange pour reconstituer les phrases entières.

Parilla énorme, le bœuf est à tomber, sur fond de musique argentine et de danse traditionnelle par un petit groupe. On ne va pas rester là-dessus, la moitié des backpackers de l’hôtel veut sortir en boite, ça tombe bien il est 2 heures, l’heure parfaite (enfin un peu tôt quand même …). Répartis dans une escorte de taxis, direction la calle Balcarce. Une rue de la soif comme j’en ai rarement vu : il est plus de 2 heures du matin et la rue est noire de monde, assis aux terrasses ou debout au milieu. Il est même difficile d’avancer sans se perdre les uns et les autres. La boite fut commerciale, mais la nuit fut longue et déshydratante, au son du reggaeton. Tu ne connais pas le reggaeton ? eh bien sois-en heureux ! C’est comment dire, une sorte de techno aux sonorités latino, avec à l’appui une boite à rythme bloquée sur le même programme quelque soit le morceau. Il faut y mettre du sien et se persuader qu’on est content de danser là-dessus …

Sortis vers 6 heures, Angela et moi tombons d’accord pour rentrer à pied malgré la distance. Marcher dans une ville en pleine nuit est un bonheur qui ne se gâche pas, même à cette heure et avec la fatigue (le reggaeton résonne encore dans nos veines, il va être dur à calmer celui-là). Wayne, un australien de mon dortoir, est obligé de nous suivre, il ne sait pas où il est !

J’ai été plus ou moins privé de ce bonheur de marcher en pleine nuit, dans un certain nombre de villes des pays précédents, et je goûte enfin mon plaisir de le faire sans 1 seconde d’appréhension. Je ne me lasse pas de cette impression de posséder les lieux, d’être CHEZ SOI, quand je marche seul dans les rues pendant que la ville dort. A un détail près, c'est qu'ici à Salta, même à 6 heures du mat’ et hors du centre, il y a encore du monde sur les trottoirs.

45 minutes de marche et de conversation tant bien que mal en espagnol avec Angela, avec le pauvre Wayne qui essaie de suivre (entre l’anglais de Wayne et l’espagnol d’Angela, j’ai dû faire un choix très difficile …). Puis entrée dans l’hôtel, ouverture discrète de la porte du dortoir, salutation cordiale à Alan qui se lève quand je me couche, escalade technique et très élégante pour atteindre mon lit superposé, et écrasement facial latéral sur l’oreiller, dans la position d’une otarie amputée de ses petites pattes.

Quelques heures plus tard, je suis de retour sur la Plaza, toujours très tranquille sous le soleil éclatant, je suis devant une énième pièce de viande et Angela qui fait des efforts surhumains pour parler « doucement » pendant que je fais des efforts surhumains pour la comprendre et éviter de répondre « si » alors qu’elle me posait une question ouverte. Je comprends la moitié mais elle est très sympa, ça compense.




L’énorme pièce de viande laisse bizarrement la place pour une glace tout aussi énorme, et je pars à la recherche d’une agence qui vendrait des billets d’avion, pendant qu’Angela part à son tour au sommet du mirador.

C’est un jour férié, et je re-découvre une spécificité des pays riches, que j’avais oubliée depuis longtemps : quand c’est férié, ben c’est férié, tout est fermé ! Sauf la Plaza centrale, la ville est quasi-déserte. D’où l’avantage des pays pauvres traversés auparavant, enfin quand on voyage : un dimanche ça ne veut rien dire, un jour férié ça n’existe pas, on trouve toujours ce qu’on veut partout. Là c’est un retour à la réalité assez direct : on ne peut rien faire.

Retour à l’hôtel et glande prolongée jusqu’à la cena servie à l’hôtel, pas avant 23 heures bien sûr, avec un couple de français, Angela, Alan … Après une nouvelle nuit courte de quatre heures (merci le wifi et le blog, là je touche à mes limites), je fais rapidement mon sac et file prendre un avion (tiens ça faisait longtemps) pour …

… mon lieu mythique n°4. Viva Argentina !!
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lundi 19 octobre 2009

San Pedro de Atacama, caro y desierto

Lu dans l’épisode précédent : je sors de Bolivie et d’un lieu magique, le Sud-Lipez, les yeux remplis de couleurs.

Le passage de frontière est tout bête et tout gentil, j’embarque dans un mini-bus qui m’emmène pour une courte escale au Chili, à San Pedro de Atacama. Surprise, le bus s’engage sur une route asphaltée, régulière, avec ligne au sol, panneaux impeccables. Je viens de passer de la Bolivie, un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud sinon le plus pauvre, au Chili, le plus riche. Le contraste est frappant, dès la première minute.




Le bus descend une pente forte pendant au moins 30 minutes, la sensation de quitter les hauts plateaux pour revenir à une altitude plus normale est très claire. En face, encore un désert, une grande vallée aride cernée par des montagnes. La torpeur crée un voile fin qui rend le spectacle assez flou. Arrivés à San Pedro, au poste frontière (pas fous les douaniers Chiliens, ils se caillent pas les miches à 4800 mètres à côté des Boliviens, ils restent en ville), le chauffeur nous annonce :
« Voilà le bus pour Salta qui part, si vous voulez le prendre, c’est maintenant !
- (ben non, l’est fou l’aut’, on va pas partir maintenant). C’est quand le prochain bus ?
- Dans trois jours.

Nous sommes plusieurs à tirer une drôle de tête. Nous n’avions pas prévu de rester coincés trois jours à San Pedro, mais encore moins de zapper cette étape et de reprendre un bus illico pour l’Argentine. Une minute plus tard le bus part, scellant par défaut notre décision.

Pour l’explication, San Pedro de Atacama est donc une petite ville au milieu d’un beau désert. C’est magnifique, il y a beaucoup de belles choses à voir, mais c’est réputé pour être cher, et finalement peu impressionnant quand on sort du Salar de Uyuni et du Lipez. Et c’est donc, pour la plupart des voyageurs, une charmante mais courte étape vers l’Argentine ou vers Santiago.

L’idée de rester coincé ici pendant trois jours ne réjouit personne, mais c’est fait, il ne reste plus qu’à en tirer le meilleur. Le bus nous dépose dans le « centre », nous cherchons tous ensemble – les 6 passagers du bus, un couple suisse, un couple irlandais, une suisse et moi – un hôtel pas cher et correct. A la sortie de trois jours de 4x4, et s’étant levés transis de froid à 4h30 ce matin, nous rêvons tous d’une douche chaude et d’un peu de confort.

Histoire de mieux négocier, nous entrons à six dans chaque hôtel. Les prix refroidissent un peu par rapport à la Bolivie, il faudra se contenter de dortoirs très basiques pour rester dans les clous. Finalement, nos choix divergent et nous nous séparons dans deux hôtels différents … à 50 mètres d’écart. Ça va, on devrait réussir à se recroiser.

J’utilise l’habituelle méthode Coué pour nier ma fatigue et fais un petit tour de la ville. San Pedro est un petit village atypique, toutes les rues sont étroites, un mélange de terre et de poussière qui rappelle que nous sommes en plein désert. Toutes les maisons sont couleur terre, sans étage, la place est blanche. Le soleil tape fort et ajoute à la petite atmosphère tranquille qui règne (« Il fait trop chaud pour travailler ... Pulco, Pulco, Pulco citroooon »). La sensation de richesse est évidente aussi. Les hôtels sont plus chers, les restaurants raffinés et beaucoup plus chers, et les tours organisés par les agences, malheureusement incontournables, sont assommants. Quasiment tous les chiliens parlent anglais, voire quelques mots de français. Le style vestimentaire est sans rapport avec la Bolivie voisine. J’ai l’impression d’avoir changé de continent en quelques kilomètres.




En discutant de mes plans pour les jours à venir avec Albane, une des quatre français de Bourges dans mon hôtel, je suis opportunément accosté par un chilien parlant un français très correct. Il me propose un transport privé pour Salta en Argentine, dans sa Land Rover, le jour qui me plaira. Intéressant mais je déploie mon radar à arnaques pour le sonder. Après une longue discussion , je me rends compte qu’il ne ment pas, qu’il a étudié en Belgique, que sa femme est lilloise. C’est au moins un bon contact, mais il doit encore calculer le prix et je dois trouver des voyageurs pour remplir la Jeep. Il y a bien les irlandais, mais il faut en trouver d’autres.

Plus tard Albane me demande ce que je pense de David, ce chilien original, s’il est sérieux ou pas. Il l’a abordée aussi, pour lui proposer les mêmes tours que les agences mais moins chers et plus personnalisés. A 17 heures nous sommes à cinq dans sa vieille Land Rover jaune ouverte à tous vents, un vrai monument. Il nous emmène à la Quebrada del Diablo, labyrinthe de sel et de boue formé par l’eau, puis à la Valle de la Luna. Elle porte bien son nom, c’est absolument lunaire, et nous avons une vue imprenable sur le désert, le volcan et la route qui descend de Bolivie. Le soleil se couche, les couleurs sont fantastiques sur les nuages, jaune puis orange puis rose. David débouche le vin chilien et sort tout l’apéro, le moment est juste magique. S’il y avait une bonne rencontre à faire à San Pedro, c’était bien celle-là.




De retour à San Pedro, je décide de zapper pour ce soir au moins l’observation du ciel au téléscope, et accompagne David et les quatre français pour une belle soirée resto + bar autour du feu. J‘oublie vite que je me suis levé à 4h30 au milieu du Lipez, mais la fatigue me le rappelle vite, j’ai quasiment fait deux journées en une. De retour à l’hôtel, je fais la connaissance de Raphaël et Fred dans le dortoir, ils font aussi le tour du monde. Et je m’écrase littéralement dans mon lit.

Le lendemain petit déj’ peinard avec Raph et Fred dans la cour de l’hôtel, entre hamacs, plantes et bruits de douche. Et début d’une journée glande, entre écriture, web, recherche en vain de David pour partir aux eaux thermales, terminée finalement dans le même bar que la veille, avec le couple irlandais et le couple suisse.

Le troisième jour démarre à nouveau en glande, avec un petit skype pour souhaiter un bon anniversaire à ma crevette. Même si tout est cher ici, il faudrait quand même que je profite un peu du lieu, je décide donc de louer un VTT pour explorer les environs. Je repars explorer plus en profondeur la Quebrada del Diablo et la vallée de Catarpe, mi-verte mi-désertique, au milieu des formations de sel et de boue, ravinées par le temps et l’eau. Ces formations naturelles me rappellent les huacas au Pérou, anciennes pyramides des cultures pré-incas qui ressemblent maintenant à des rochers.




J’arrive vite au bout et dégaine ma carte pour chercher une option de prolongement. Je suis attiré par un chemin partant à droite, passant par un tunnel et accédant bien plus loin à la Valle de la Luna. C’est parti pour le détour, je gravis d’abord une belle montée, impressionné par le décor et la vue grandissante sur le désert au loin. J’arrive au fameux tunnel, noir et long de plusieurs centaines de mètres.

De l’autre côté un nouveau paysage s’ouvre, encore plus magique, la belle couleur brune-ocre des montagnes mises en valeur par le soleil. Je redescends donc dans l’autre vallée, et suis pris d’un doute. Ai-je bien fait de descendre ici ? Je suis absolument seul, le soleil se fait assez bas. Je n’ai pas envie de remonter au tunnel en poussant le vélo, ayant déjà eu du mal à descendre à cause de l’épaisseur du sable. Je décide donc de poursuivre dans le canyon labyrinthique, heureusement guidé par d’anciennes traces de vélo. Le soleil descend de plus en plus, le fond du canyon est maintenant dans l’ombre, et j’accélère le rythme, commençant à comprendre mon erreur mais freiné voire stoppé par le sable.

Je suis on ne peut plus seul dans cet endroit magnifique mais inhospitalier. Entre deux coups d’œil sur la carte pour (essayer de) me rassurer, je pédale comme un fou, conforté uniquement par les traces de vélo qui m’évitent de me perdre. J’ai un sentiment contrasté entre le bonheur d’être là seul en VTT dans cet endroit peu commun, et d’inquiétude sur le temps et la difficulté que je vais avoir à sortir d’ici.

Je vois la sortie du canyon, je respire … pas pour longtemps. Je me retrouve dans une vallée immense, en largeur mais surtout en longueur, et surtout d’une aridité absolue. AUCUNE VIE ICI, ni animale ni végétale et encore moins humaine, la désolation parfaite, du sable, des cailloux. Le soleil commence à toucher le sommet d’une barre rocheuse qui borne la vallée, la lumière est rasante et va bientôt faiblir. Pour l’instant il fait encore bon, le vent est tiède, mais je sais qu’il va rapidement faire froid, dès qu’il fera noir. C’est la caractéristique d’un désert, et le coucher de soleil à la Valle de la Luna me l’avait prouvé. Je porte un simple tee-shirt, et j’ai heureusement une lampe frontale, bien dérisoire dans cette immensité.

Je roule frénétiquement, sans prendre le temps de boire, mais je suis régulièrement stoppé net par une épaisseur de sable que je n’avais pas vue, manquant de me faire tomber, et je n’avance donc pas si vite. Le soleil est maintenant caché, je suis moins ébloui mais la lumière tombe vite.




Je suis rassuré en voyant toujours une ou deux traces de vélo, et par moments un petit bâton planté dans le sol, indiquant que je ne suis pas perdu. Mais la distance est beaucoup plus longue qu’elle ne paraît sur la carte fournie par le loueur de VTT (ou devrais-je dire le dessin). Et j’ai beau regarder aussi loin que possible, je ne vois pas la fin. La vallée est gigantesque et parfaitement plate, me privant de tout repère.

Le vent est encore tiède, et à part la fatigue grandissante due à mon rythme frénétique, tout va encore bien. Mais l’anticipation de ce que pourrait être la situation dans une heure, en plein noir et en tee-shirt, fait froid dans le dos. Le stress grandit à mesure que mon imagination galope. Je vois bien de la poussière voler au loin, une voiture peut-être, mais elle doit se trouver à des kilomètres d’ici.

Après une heure de ce pédalage effréné sans voir le paysage évoluer, la gorge sèche, je devine enfin les phares d’une voiture, très faibles. La route annoncée sur la carte s’annonce enfin. Mais elle ne garantit pas la sortie imminente du désert, juste le confort et la sécurité relative de l’asphalte. Il me faut encore de très longues minutes pour atteindre cette toute, sur laquelle passe par moment une voiture ou un camion. J’y arrive enfin, épuisé par l’effort et le stress de la situation, au moment où la lumière vient à disparaître.

J’essaie d’arrêter les premières voitures, aucune ne veut s’arrêter, elles me klaxonnent comme pour dire « Dégage de là et démerde-toi !». Entre deux tentatives je remonte sur le vélo et roule sur le bord, le cerveau trouve toujours des ressources que le corps croit ne plus avoir. Je me retourne pour guetter les phares qui arrivent au loin, et me poste sur le bord, lampe frontale à la main, pour essayer de les arrêter. Un petit pick-up me passe devant mais freine brutalement cent mètres plus loin, il m’a vu au dernier moment. A bord une petite famille qui me prend gentiment. Le vélo à l’arrière du pick-up, je m’assieds enfin et tente une petite conversation pour expliquer ce qu’ils ont déjà très bien compris. Ils m’apprennent qu’il y a encore 12 kilomètres jusqu’à San Pedro, principalement en montée et à travers la Valle de la Muerte. Encore une fois la carte-dessin semblait montrer beaucoup moins, le stress s’évacue doucement mais je réalise à quel point j’étais loin d’arriver, même si l’asphalte était une garantie d’arriver à une heure ou à une autre.

Finalement plus de stress que de mal, mais le risque était réel si je restais plus longtemps dans ce désert, et l'anticipation de ce risque a fait le reste. Ils me déposent à l’entrée de San Pedro, et j’ajoute quelques coups de pédale plus sereins pour rejoindre le centre et rendre le vélo. J’essaie d’expliquer au loueur qu’il devrait revoir sa carte et avertir du danger de mon itinéraire, il n’a pas l’air de bien comprendre ce que je raconte. Allez, chau.

Il n’est que 19 heures, et la ville est remuante. Le contraste avec ma situation vingt minutes avant est amusant. Une douche froide plus tard, je retrouve Nao, une japonaise croisée en Bolivie, pour une soirée tranquille resto et bar, et je recroise David le chilien une dernière fois. RDV est pris pour le retrouver à mon futur passage à Santiago. Je termine par une petite séance de photos de nuit, seul sur la charmante petite Plaza, goûtant au silence et au plaisir d’être dans cet endroit atypique.




C’est une courte étape chilienne qui se termine déjà, demain je rejoins enfin un pays dont j’attends beaucoup : Argentinaaaaa !!!!
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mercredi 14 octobre 2009

Uyuni, una maravilla del mundo, una mas !

Dans le dernier épisode, je t’ai laissé là en plan, un filet de bave au bord des lèvres, te demandant ce que pouvait bien être mon lieu mythique n°3. Allez essuie-toi la bouche et remets tes binocles, c’est maintenant que ça se passe.

Je quitte donc Potosi et ce cher hôtel Koala, et mon taxi m’emmène à un terminal bis dédié à ma destination, terminal que je pourrais plus justement qualifier de bordel dans la rue. Je comprends maintenant pourquoi le gérant de l’hôtel m’avait d’abord proposé le bus de 12h30, pour finalement me donner celui de 10h à ma demande. Je me retrouve dans un pur bus local, c’est-à-dire une vieille tôle qui fait des bruits inquiétants et n’accueille que des boliviens. Je suis le seul visage pâle. C’est à la fois sympa, et inquiétant sur les conditions de confort et de sécurité pour ce trajet de 6 heures, dont on m’a prévenu qu’il est très pénible parce que la route est en construction, et que le bus la prend et la quitte en permanence pour emprunter des chemins de déviation (j’ai bien dit des chemins, pas des routes).

La destination : Uyuni, point de départ principal des tours vers le Salar de Uyuni. C’est le plus grand désert de sel du monde, un des endroits les plus inhospitaliers et les plus magiques sur le globe, une merveille du monde.

Le voyage est comme annoncé : il fait très chaud, on passe devant des ouvriers en combinaison d’extra-terrestres en train de construire la route. Le bus quitte la route, la reprend, s’engage dans des chemins improbables. Lecture déconseillée, on prend son mal en patience et on regarde le paysage de montagnes et de plaines désertiques. Le temps est très long.




Le bus s’arrête pour le déjeuner dans un bled fantômatique, la plupart des voyageurs s’engouffrent dans le seul « restaurant » pour gober en un quart d'heure un almuerzo très consistant. Je n’étais pas prévenu, je mange un sandwich adossé à un vieux mur, sur la route terreuse et poussièreuse qui traverse le village, en cherchant des yeux comment figer ce lieu dans une belle photo, et en jetant un coup d’œil à travers la vitre du bus pour vérifier que personne ne touche à mon sac. Je l’ai laissé au-dessus de mon fauteuil, quel fou ! Violation absolue du premier principe de sécurité dans les bus.

Puis on repart, les montagnes s’éloignent et l'on traverse une plaine désertique s’étendant à perte de vue, toujours sur une piste terreuse bien sûr (pas d’asphalte pendant l’essentiel du trajet). De temps en temps un voyageur demande à descendre, au milieu de nulle part : pas la moindre maison ou baraque à l’horizon, pas même un croisement de chemins pour attendre un autre bus. Je vois ça depuis 3 mois, et je ne comprends toujours pas ces descentes bizarres de voyageurs.




Puis le bus arrive dans une sorte d’oasis. Des arbres ressemblant à des saules pleureurs ou à de grands ormes, d’un vert intense, viennent apporter un peu de gaieté et de fraîcheur dans cet univers minéral et sec, brûlant. Un couple descend avec un bébé, la maman pose une couverture multicolore sur le sol terreux, et grande satisfaction, j’ai enfin l’occasion de découvrir la technique qui leur permet de porter un enfant dans le dos, enrobé d’une manière très traditionnelle dans cette couverture nouée autour du cou. Le bébé est posé au milieu, quelques savants gestes de pliage, et d’un geste aérien, acrobatique, rapide et précis, il est scotché au dos de sa maman sans avoir risqué une seule seconde de tomber par terre. C’est impressionnant d’habileté et d’efficacité, et la couverture constitue un porte-bébé parfaitement fixé, hermétique, et sûrement bouillant.

Le trajet n’en finit pas, nous avançons à 50 km/h de moyenne dans le désert, tout juste rendu vivant par des buissons ardus, des lits de rivières larges et secs.

J’aime le schéma qui se reproduit dans tous les longs voyages en bus ou en train, ici ou ailleurs, même en France : au début du trajet, chacun est sagement assis à sa place, certains solitaires, certains en couple ou en groupe. Et à partir d’un moment, quand le trajet se fait long et fatigant, on commence à bouger, à rester debout au milieu de l’allée, à aménager sa place ou à la surcharger de bricoles à manger, boissons, magazines. Et on se fait son petit chez-soi. Si on s’éloigne de sa place, au retour on la reconnaît au premier coup d’œil au bazar très unique et précis qu’on y a installé, au visage des voisins qu’on a parfaitement cernés, et avec qui on a éventuellement échangé quelques mots. Un ou deux papiers traînent par terre, sans que ce soit vraiment sale. Visuellement on ne perçoit plus le wagon ou le bus de la même façon, parce qu’il est devenu un espace familier pour quelques heures, on se l’est approprié. Et quand l’arrivée se profile, on revient à sa place, on range son bazar, on se tient bien assis. Puis on descend et on perd de vue les visages des voisins qu’on commençait à connaître.
Fin de l’aparté « je-vois-des-choses-un-peu-tirées-par-les-cheveux-dans-une-situation-toute-conne ».

Puis soudain, à une heure avancée, une plaine sans fin s’ouvre à nos yeux, couleur terre sur ses premiers kilomètres et blanche vers l’horizon. Cette bande blanche que je distingue tout juste c’est bien le Salar. Nous arrivons donc à Uyuni, sorte d’Ushuaïa salé comme je l’ai vu écrit quelquepart. Rues parallèles et perpendiculaires, de terre et de poussière, maisons de plain-pied, soleil éblouissant et brûlant jusqu’à ce qu’il tombe et laisse la place au froid glacé.

Je me trouve un hôtel quelconque mais propre et pas cher, en plein « centre ». Malgré ce côté bout du monde, Uyuni n’est pas dépourvu de confort : nombreux hôtels et restaurants, agences, les meilleurs cybercafés que j’aie vus en Bolivie … Je file dans l’agence que l’on m’avait recommandée depuis La Paz, car pour partir dans le Salar, il faut éviter le moins cher : vieux 4x4, chauffeurs fous … les risques de galère ne sont pas négligeables, et potentiellement dangereux. Je signe rapidement, et passe une soirée tranquille, en attendant impatiemment le départ du lendemain. J'achète une petite écharpe en alpaca, en prévision du grand froid que l’on va subir, et zou au pieu !

Le lendemain matin, toujours dans un mélange de soleil brûlant et de vent froid, je m’active pour acheter les provisions d’eau et de petites saloperies au chocolat, passer au bureau d’immigration toujours très cool, et attendre l’agence qui vient me chercher. Je ne reconnais pas la femme qui vient me chercher, et elle sait à peine mon nom et mon hôtel. Les autres voyageurs du groupe ne sont pas non plus les français que j’ai vus écrits sur le listing, et certains ne font le tour que sur une journée, bizarre … Et le « guide » est un jeunot pas très bavard, qui a plus l’air d’un simple chauffeur. Pas sûr de comprendre l’organisation, je ne dis rien pour l’instant, et on commence le tour par le cimetière des locomotives. Gentillet et un peu hors-sujet, mais marrant 5 minutes pour prendre des photos. Puis on repasse dans Uyuni pour raisons logistiques, et on re-démarre vers le Salar. Il y a un couple péruvien, une australienne, un japonais et un espagnol, beau mélange.

Et à force de poser des questions, je comprends ce qui se passe : on m’a « revendu » à une autre agence sans réputation, qui a elle-même réuni différents clients d’autres agences. Technique fréquente au Pérou notamment, mais dont je pensais m’être protégé en choisissant une agence réputée. Ici l’arnaque est toujours possible, il ne faut jamais relâcher la garde. Le 4x4 est plutôt vieux, le chauffeur ne dit pas un mot et ne va apparemment pas nous donner la moindre information. Cela laisse quelques craintes sur le déroulement du tour, sur les autres mensonges que je vais découvrir, mais ça ne veut pas dire que le tour dans l’ensemble sera forcément mauvais. J’essaie bien d’expliquer au « guide » que je n’accepte pas d’être revendu de cette façon, que je veux être emmené par mon agence, je lui impose même de sortir son portable en bordure du désert, perché sur le toit du 4x4, ça n’y change rien, je n’ai plus qu’à accepter et éviter de me gâcher le plaisir avec cette arnaque classique.

Nous démarrons donc sur le Salar, et l’éblouissement attendu est bien là : une étendue infinie, cernée par quelques montagnes qui paraissent flotter sur l’horizon, blanche et réfléchissante, quadrillée de petits carrés.
Elle est parcourue par quelques 4x4 aux trajectoires libres, comme des avions qui se croisent en plein vol.
Lieu mythique n°3 atteint.




Comme tout le monde, on tente des photos marrantes en utilisant les perspectives et l’espace infini derrière nous. On visite un premier hôtel de sel, et on reprend la route pour Incahuasi, îlot sorti de nulle part en plein milieu du Salar, dressé d’une forêt de cactus. Je peux prendre un peu de hauteur et mieux cerner l’immensité du Salar. On est vite tenté de prendre des dizaines de photos à 360°. Un déjeuner vite envoyé, froid mais correct, et c’est reparti mais avec un nouveau groupe. Ceux qui ne faisaient qu’une journée nous quittent, et se joignent maintenant à nous David et Françoise de Lille, et Luis un espagnol. Restent toujours Pablo un autre espagnol, et Yohe, un jeune japonais qui voyage pendant deux ans. On finit par quitter le Salar et entrer dans le Lipez, toujours un immense espace désertique mais sans sel ou pas assez pour que ce soit blanc. Terre, poussière, cailloux, aucune vie … Le 4x4 emprunte des chemins plus ou moins bien tracés et défoncés, le chauffeur toujours autiste essaie d’y voir clair malgré le vent qui soulève la poussière et le soleil rasant pile en face.

Et on arrive finalement à San Juan, lieu quasi-fantômatique perdu dans ce désert. De la poussière, toujours de la poussière, du vent, un sentiment de bout du monde. Nous sommes logés dans un hôtel de sel, circulaire et sans numéro sur les portes ce qui fait qu’on passe sa soirée à faire tout le tour pour trouver sa chambre. Réellement tout est en sel : les murs, les lits, les tables et tabourets, et de la poussière au sol. C’est vraiment très beau.

Pour le confort il faudra être très conciliant : électricité de 19 à 20h (vite mes batteries !!) et la douche chaude promise … est payante et n’arrive que vers 22h quand on ne pense qu’à aller se coucher. M’en fous, au bout d’une journée je suis même pas sale ! Et en voyage prolongé, les standards d’hygiène sont légèrement allégés, la faute au rythme et aux fréquentes douches froides et décourageantes. Seule l’odeur compte vraiment, la saleté n’est qu’une vision de l’esprit …

Lever à 6h pour sauter dans le 4x4 et repartir pour une longue et magique journée, avec des arrêts de temps en temps pour prendre des photos (sans explication du chauffeur autiste) et se dégourdir les jambes. Nous quittons l’immense plaine et prenons un peu de hauteur, toujours sur des chemins chaotiques qui brisent toute envie de dormir, et heureusement car le paysage est fascinant : immenses plaines ondulantes, parsemées de touffes vertes ou champs de cailloux et poussière, cernées de montagnes et de volcans aux pentes régulières et lisses. Leur sommet mêle le brun, le vert, l’ocre, la rouille, avec une traînée blanche. C’est le bout du monde, une terre immense et inhabitée, seulement traversée par les 4x4 qui sont trop peu nombreux pour gâcher le spectacle.




C’est un lieu magique, inhospitalier, pur. Il y a très peu de vie : quelques « begunias » qui ressemblent à des jeunes biches et broutent la poussière, un lapin imposant sur un grand îlot rocheux égayé par des boules vertes à la senteur étrange, et surtout des colonies de flamands roses dans les lagunes salées.

On arrive d’ailleurs à la première lagune, d’une beauté saisissante avec son bleu pâle qui contraste avec le blanc du sel, le rose et rouge des flamands, un peu de verdure et les montagnes brunes autour. Les flamands ont la tête dans l’eau en permanence et volent parfois en rasant l’eau à la recherche d’un coin plus riche. On voudrait les photographier un par un. Y a-t-il animaux plus peinards qu’eux dans le monde ?




Puis une deuxième lagune, encore plus grande, moins bleue mais plus contrastée, toujours peuplée de flamands roses et rouges, le bec planté dans la boue qui scelle leurs pattes. Ils se reflètent de façon très nette dans l’eau.

C’est l’occasion d’un déjeuner préparé tacitement (mais bien, c’est au moins ça) par le chauffeur autiste, que j’appellerai toujours de cette façon faute d’avoir compris son nom (il ne cherche pas une seconde à savoir le nôtre, nous sommes juste des clients anonymes).

Et nous repartons pour des paysages qui évoluent encore : des montagnes toujours très colorées entre le brun, l’orange et le rouge, d’immenses plaines ondulantes de cailloux et de sable, un grand îlot rocheux posé là on ne sait par quelle exception géologique. Voilà d’ailleurs une autre curiosité géologique, el Arbol de Piedra, un rocher ressemblant à un arbre qui a inspiré Dali, entouré d’autres grands rochers aux formes originales, tous posés comme par magie dans un espace plat. Belles photos, on monte périlleusement sur certains rochers pour le souvenir.




La journée se termine en beauté par la Laguna Colorada, encore une lagune salée et immense mais rouge, à cause d’une bactérie présente, et dégustée par les flamands toujours au rendez-vous. Le contraste est encore plus beau que pour les précédents, entre le rouge de l’eau, le bleu par endroits, les bandes blanches de sel, les flamands et l’environnement majestueux et montagneux.




Direction l’hôtel à 4700 mètres d’altitude pour la seconde nuit. Enfin hôtel, il faut le dire vite : pas de douche, même pas froide, et l’électricité toujours limitée à trois heures le soir, ce qui se comprend bien. Ce qui est bien dans les pays pauvres comme la Bolivie, c’est que n’importe où, on trouve toujours une mini-boutique pour nous vendre de la bière, du vin (pas mauvais d’ailleurs en Bolivie, très acceptable quand on a été privé pendant déjà 2 mois et demi) et plein de petites saloperies sucrées.

Le soleil tombe vite et il commence à faire très froid, nous sommes très hauts en altitude. Soirée double polaire-gants-bonnet autour d’un repas excellent qui pèse dans l’estomac. Un poêle nous sauve et permet de s’alléger pour manger.
Et vite au lit, à six dans la chambre, sous quatre couvertures, avec David à côté de moi qui fait des bruits variés et bizarres à cause de son nez bouché. David ne ronfle pas, il gémit et vocalise. Ce serait amusant si ce n'était pas perturbant.

Réveil à 4h30, sans électricité, sans douche, et sans petit déj’, dans le froid saisissant. Le chauffeur autiste a passé une partie de la soirée à réparer je ne sais quoi, et là c’est la batterie qui semble renacler à nous emmener pour cette dernière journée bouche-bée-yeux-éberlués.
Heureusement il y a d’autres 4x4 dans le même hôtel pour nous aider, et au bout de 45 minutes nous partons, transis de froid. Le soleil commence à se lever et apporte une nouvelle teinte aux montagnes environnantes.

Nous arrivons rapidement au premier objectif : les geysers. Une sortie de gaz puissante et assourdissante nous brûle les mains quand nous voulons prendre la photo, et plus loin, ce sont des mini-cratères bouillonnants qui crachent une sorte de boue sulfureuse et furieuse. Un nuage énorme s’échappe et rend les photos encore plus mystérieuses, entre deux dangereuses projections.




C’est reparti en 4x4 dans un paysage complètement lunaire, impression renforcée par la température négative. La lune est d’ailleurs présente, pleine, suspendue au-dessus des montagnes brunes et vierges de toute trace de vie. Le spectacle est tricolore, brun-bleu-blanc, et absolument pur. Le soleil se montre complètement et nous arrivons à notre récompense de la journée : les sources chaudes. Un petit bassin a été aménagé en pleine nature, au bord d’un grand lac salé où les flamands ont déjà la tête plantée dans l’eau. L’eau est à 38°C, et la vapeur s’élève du bassin. Une fois déshabillé il faut filer vite dans l’eau pour éviter d’être transi, mais le bonheur est à la hauteur de l’effort. L’absence de douche et le froid du matin sont vite oubliés, remplacés par le bonheur de se délasser longtemps dans l’eau chaude, en plein air, dans une nature incomparable. A la sortie de l’eau on dégage tellement de chaleur qu’on peut prendre son temps pour se rhabiller malgré la température de l’air toujours basse.




Après un solide et bienvenu petit déjeuner, c’est reparti pour les dernières heures de 4x4.
On passe d’abord devant le désert de Dali, grande plaine de cailloux en pente sur laquelle repose de grands rochers aux formes originales et espacés d’une façon quasi-artistique, d’où le nom du désert. Autour, toujours cette absence de vie et ces montagnes polychromiques, rouge-orange-brun.

Dernière étape, la Laguna Verde, encore un grand lac salé mais vert cette fois-ci, avec des variations bleues et turquoises selon l’angle. Silence absolu autour, magie des couleurs renforcée par le soleil toujours éclatant. Envie de s’asseoir et de contempler sans fin.




Mais il faut partir, le chauffeur autiste me dépose au poste frontière, pour prendre un autre bus qui va me conduire rapidement au Chili. Le reste du groupe a droit à une journée entière de 4x4 pour rentrer à Uyuni. Je sors de Bolivie et d’un endroit magique, les images encore figées dans les yeux. Ai-je déjà vu quelque chose d’aussi beau dans mes précédents voyages ? Je pense bien au Haut-Atlas, à la Cappadoce et au Spitzberg, mais avec le Salar et le Lipez il va être difficile de trouver mieux.

Quinze petits jours en Bolivie, un pays superbe et accueillant. Pas le choix, je dois avancer, une autre destination me fait trépigner d’impatience. Mais je reviendrai, c’est déjà écrit …

¡ Hasta muy pronto Bolivia !
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mercredi 7 octobre 2009

Una loca, dos bonitas

Una loca, dos bonitas ... no hablo de chicas, pero de ciudades ! Une folle, deux belles … je ne parle pas de filles, mais de villes !
Après plusieurs jours magiques passés sur le lac Titicaca, je repasse sur un mode plus urbain, et j’enchaîne les villes pour descendre vers le sud de la Bolivie et mon lieu mythique n°3.

Le sevrage n’est pas trop brutal, je prends un bus de jour qui longe longuement le lac, et même le traverse. Interdiction de rester dans le bus pendant la traversée, nous prenons un petit bateau tandis que le bus est chargé sur une vieille barge. C’est amusant à voir mais on se demande combien ont déjà coulé. Mieux vaut garder l’essentiel sur soi et pas dans le bus ...




Le voyage se poursuit, muy caliente sous ce soleil brûlant, silencieux à côté de ma voisine israélienne cachée derrière ses lunettes de mouche. Je suis perplexe à l’idée de découvrir ce que va être La Paz, la capitale de la Bolivie. On l’imagine bruyante, sale, peu sûre avec des bidonvilles tout autour. Et l’avertissement des guides du Routard ou Lonely Planet sur les mauvais coups classiques, notamment les faux policiers qui « contrôlent-dépouillent » les touristes, donne immédiatement un mauvais préjugé.

Nous traversons une ville bordellique à souhait, avec la circulation, le bruit et une pollution monstre. Mais ça ne peut pas être La Paz, c’est tout plat ! En fait c’est sa banlieue. Quelques minutes après se profile un gouffre énorme, c’est bien La Paz. La capitale bolivienne se trouve dans un canyon encaissé, et c’est une des rares villes au monde où les quartiers riches se trouvent en bas et les quartiers pauvres en haut, ce qui s’explique facilement par la température : le haut du canyon est à environ 3800 mètres, et ça caille sévère ; le bas est à 3200 mètres, ce qui est mieux mais pas top.

Après de nombreux lacets, le bus nous droppe dans une rue censée se trouver dans le centre. Mouais, OK, donc ça c’est le centre ? Non parce que moi d’habitude j’appelle ça un quartier périphérique et peu attirant. Un coup d’œil sur le plan et je confirme, je suis bien dans le centre. Eh bien ça promet … Je décide de partir à pied à mon hôtel, le Loki. Je sais ce que j’ai dit à Cuzco, c’est un hôtel avec plein de gringos anglo-saxons fêtards et pas vraiment voyageurs, je sais, mais ça a des avantages aussi (une grosse couette moelleuse, le wifi, un bar bien pratique quand on a la flemme de sortir le soir, des prises dans les casiers …).

Donc je me lance dans la jungle urbaine, avec mes deux sacs, tel une tortue génétiquement modifiée qui aurait une carapace sur ET sous le corps. Et je traverse un chaos comme j’en ai rarement vu, une rue sale et bruyante où l’on trouve difficilement sa place sur le trottoir (surtout quand on est une tortue OGM), puis une place que je croyais être la principale mais qui est une vraie autoroute, et que je n’arrive pas tout de suite à traverser.




Avec mes 20kgs-qui-valent-de-l’or-pour-un-bolivien, et les mises en garde lues dans différents guides, je ne fais pas le fier mais je croise quand même un gentil monsieur cadre sup’ qui m’aide à me repérer. Je suis passé de l’autre côté du canyon urbain, et je termine par quelques dizaines de mètres de montée raide, une torture à cette altitude et avec 20 kgs, et arrive enfin à l’hôtel. Le programme de la fin de journée va être clair : rester planqué-peinard dans l’hôtel et digérer le chaos que j’ai traversé. Une japonaise dans mon dortoir me raconte qu’elle a été approchée deux fois par des faux flics en une semaine. OK, donc pour une fois les échos négatifs sur la sécurité dans les villes sud-américaines n’étaient pas le fait d’occidentaux frileux et parano, mais une réalité. On verra demain en ville, pour l’instant j’ai à discuter-picoler avec Karel et Amalia, un tchèque et une américaine bien sympas de mon dortoir, dans les décibels infernaux du bar du Loki.

Après une nuit moelleuse sous la couette, je me lance à l’assaut de la ville, avec le minimum de choses en poche mais beaucoup de choses à faire :
- me trouver un pantalon qui ressemble à quelque chose, pas comme l’espèce de pyjama péruvien que j’ai acheté à Copacabana en dépannage ;
- trouver un billet de bus pour partir deux jours après (et oui c’est ça le quotidien d’un backpacker : penser à s’en aller alors qu’on vient d’arriver) ;
ET, ET …
- trouver une agence qui propose le raid VTT sur la Route de la Mort dans de bonnes conditions !

En plus des grands treks dans la Cordillère toute proche, la principale attraction autour de la Paz est la fameuse Ruta de la Muerte, qui porte bien son nom avec ses nombreux accidents mortels. La faute à un tracé sinueux en haute montagne, au bord d’un précipice parfaitement vertical d’environ 1000 mètres.
Juste ça, pas plus. La route est mondialement célèbre pour les frissons qu’elle donne et son triste bilan, même si on doit probablement trouver des routes équivalentes ou pires, en Equateur et au Pérou. Mais une nouvelle route a été construite pour l’éviter, et la Ruta de la Muerte est maintenant livrée aux VTTistes avides de sensations, quasiment vide de circulation. Comme la soif de sensations ne protège pas de la dure loi de la gravité, le bilan de la route continue de s’alourdir, mais plus lentement.

Mais revenons à La Paz, pour cette première journée pleine d’objectifs très concrets, qui me laissent juste un peu de temps pour flâner. Curieusement je ne retrouve pas la sensation de la veille, je vois quelques belles rues bordées de maisons coloniales, des boliviens souriants qui reluquent assez peu les visages pâles, des commerçants polis et affables qui ne dédaignent pas discuter un peu malgré mon mauvais espagnol. Je confirme l’impression dégagée dès la première heure à Copacabana : ce pays donne de très bonnes vibrations, c’est un peuple accueillant dont la mentalité n’est pas gâtée par le tourisme.

Le chaos indescriptible que j’ai traversé la veille est toujours là, mais pas si pénible quand on y regarde à deux fois (et avec deux carapaces de tortue en moins). Et il se limite en fait à un petit périmètre. Par contre je ne tenterai pas l’aventure de prendre le bus pour les quartiers périphériques haut perchés, pour avoir ma photo panoramique de La Paz, faut pas pousser quand même !

Une fois remplis tous les objectifs de la journée, et surtout déniché le pantalon parfait que j’ai toujours cherché en France mais jamais trouvé, je m’accorde enfin une petite balade plus lente, dans la calle Sagarnaga, très touristique mais voisine d’un « marché aux sorcières » : becs de toucan séché contre les mauvais esprits, fœtus de lama à enterrer sous sa maison en offrande à Pachamama, herbes, diverses parties d’animaux, et yatiri (sorcières) au chapeau sombre prédisant l’avenir aux boliviens mais pas aux étrangers. Tout ceci appartenant à l’univers aymara, une culture indigène différente des quechuas.




Puis je m'offre un petit tour dans le quartier colonial, mélange de belles maisons et de buildings pour les banques et grandes entreprises. Au centre de ce quartier, la Plaza Murillo regroupe tout ce qui représente le pouvoir dans ce pays, dont la présidence. La place est très fréquentée, avec un mélange de soldats aux dents serrées, de journalistes et cameramen qui attendent l’info politique du jour, de petits vendeurs de rue, de gens simples qui dénotent presque dans ce quartier riche, et d’innombrables pigeons.

Les jambes usées et le souffle un peu plus affûté, retour à l’hôtel pour une soirée tranquille au rythme de la musique assourdissante, des anglo-saxons braillards et de la happy hour tentatrice, avec Karel et Amalia.

Le lendemain, lever à 5h30, je dois être à 6h30 à l’agence pour essayer l’équipement, prendre le petit-déj ‘, et découvrir mes copains de VTT-taré. Beaucoup de français dans le lot, la moitié du groupe, des autraliens, et deux jeunes allemandes qui font du volontariat avec l’agence (m’enfin, ça veut rien dire !?!). La route n’est pas très longue, le sommet de la Cumbre (4800m) est tout proche de La Paz. Bonne surprise, le sommet est enneigé, « aussi bas » c’est rare . Il y a eu un orage la veille, ceci explique cela. Le bus nous arrête donc en haut, près d’un lac dont le bleu limpide contraste avec la neige. Un élevage de lamas passe tout près, sur le flanc d’une butte. On croirait les rennes du Père Noël.

Le temps de s’habiller et de tester les VTT high-tech, c’est parti pour une descente de plus de quatre heures, 3335 mètres de dénivelé, 64 km. On commence par l’asphalte, c’est un peu mou, les VTT aux ultra-suspensions ne sont pas faits pour aller vite. Mais le paysage est impressionnant, de grands rochers gris que soutiennent des pentes jaunes et marron. Les successions de virages étroits compensent le manque de vitesse.

Passage du point de contrôle de la cocaïne (si si, véridique, c’est marqué en grand, avec des panneaux publicitaires pour expliquer qu’on risque gros), et on remonte dans le bus quelques minutes pour éviter une montée sans intérêt.
Enfin on remonte sur les VTT et là démarre la vraie Ruta de la Muerte : un chemin de terre étroit, sinuant à flanc d’une montagne verte et verticale, suivant ses ondulations, suspendue au-dessus d’un précipice d’environ 1000 mètres. Seule la végétation laisse espérer qu’une chute serait retenue par un arbre, mais statistiquement … euh non en fait, il ne faut pas compter dessus.




Mais le chemin en lui-même n’est pas très pentu, et pas très technique. Il faut juste être très concentré, et connaître chacun ses limites. Je file le train à la guide, qui nous interdit de la doubler sous peine de lui payer une bière. Grosses sensations, virages serrés, paysage incroyable, les yeux attirés par le vide. Quelques pauses pour attendre ceux qui freinent beaucoup, prendre des photos, et lire la plaque commémorative d’une jeune israélienne tombée en prenant une photo. Les multiples croix plantées le long du chemin nous rappellent qu’il faut être concentré chaque seconde, sinon c’est le plongeon immédiat. Finalement la partie la plus intéressante (la partie chaud-les-marrons) se termine, mais il reste encore une longue descente jusqu’à la bonne bière qui nous attend à Coroico. Il faut dire qu’en quatre heures de descente nous sommes passés d’un haut sommet enneigé à un village tropical et avons gagné 25 à 30°C. Après un déjeuner et un plongeon dans la piscine d’un hôtel, le bus nous ramène à La Paz, en remontant tout le chemin inverse, sauf la partie chaud-les-marrons. Trois heures de bus sinueuses qui nous rappellent qu’on a descendu une sacrée distance.

Petit resto entre français le soir, tentative de discussion au bar du Loki le soir, et direct sous la couette ! Et au petit déj’, eh bien pour ne pas changer voilà des français, des amiénois même. La journée passe vite entre un excellent resto argentin (le mois prochain, après la Bolivie, va être un festin …) et une rapide visite dans les petites rues coloniales et l’original musée des instruments de musique. Et je file prendre le bus avec les trois amiénois Fabien, Cindy et Andrew, pour clore rapidement cette escale à La Paz qui m’a positivement surpris.

13 heures de bus de nuit, direction Sucre, la plus belle ville du pays. L’explication du trajet par le chauffeur en début de trajet est un vrai numéro d’acteur : air inspiré et convaincu, longs silences entre deux phrases, intonations marquées sur chaque mot, inspirations profondes... il a dû faire l’Actor’s Studio. Comme il recommence en anglais, ça nous fait un peu de rab’ pour apprécier la performance.
Au réveil, quelques minutes avant d’arriver, je vois une alternance rapide de quartiers riches impeccables et de quasi-bidonvilles, toujours étonnant. Et quelques scènes de vie sur les trottoirs malgré l’heure matinale : la ville se réveille, des gens très modestes ouvrent leur petit commerce, souvent dérisoire. Les premiers jours dans un nouveau pays sont toujours amusants et passionnants : on observe beaucoup, on ne comprend pas tout, on compare avec le pays précédent, on essaie de cerner quelle sauce unique fait marcher le tout.

Et on arrive au petit matin, pas bien frais comme d’habitude. Je retrouve Emilie et Hervé, déjà croisés à Copacabana. Ça commence à faire beaucoup de français tout ça ! Ils font tous le choix d’un bel hôtel confortable, je me tiens à la catégorie « Très bon marché » du Routard, et me retrouve dans une chambre rustique au vieux mobilier et lit qui grince. M’en fous, je l’ai choisi d’abord ! Hein bon alors !!!




Un petit somme réparateur et j’entame un tour de la ville. Je suis ébahi devant sa beauté, tout le centre ville est blanc, uniquement des maisons coloniales. Et une douceur de vivre, un climat parfait, des gens souriants. Le genre de ville où l’on aime traîner plusieurs jours sans plan particulier, juste flâner, s’asseoir sur la Plaza et essayer les petits restos. A ce propos ça creuse et je recroise Emilie et Hervé qui me suggèrent une belle adresse à l’intérieur du marché, las 7 Lunares, réputées pour leur jambon et leur chorizo.
Le temps de les trouver, on découvre un marché beaucoup plus propre que d’habitude, aucune odeur de viande qui prend à la gorge. Et les fameuses 7 Lunares tiennent leur promesse : un bel étal tenu par 7 femmes, très accueillantes et sûrement un peu fières de leur comptoir mais sans le montrer, où l’on peut manger des sandwiches à tomber par terre, et d’une hygiène irréprochable, ce qui est assez inattendu dans un marché d’Amérique du Sud.
C’est l’occasion de rencontrer Félix, un chilien qui rigole tout le temps et traîne sa guitare à droite à gauche pour vivre sa vie. Sa femme est de Lille, ça lui permet de connaître beaucoup d’expressions françaises … surtout autour de la fumette. RDV est pris pour aller boire des coups le soir, ça devrait promettre.




Je recroise les trois amiénois (décidément c’est un vase clos) et les envoie aux 7 Lunares, puis repars pour un tour en ville pour admirer les maisons coloniales, et les photographier sous toutes les coutures, même si je sais qu’après ce sera pénible de regarder vingt photos de maisons à la suite. Alors que revoilà … Emilie et Hervé, accompagnés cette fois de deux autres couples français, Elise et Damien, François-Xavier et Marie-Sophie. Tant qu’à baigner dans le français, allons-y gaiement ! Comme en plus on est dans une ville stylée et raffinée, ça colle bien (oh le chauvin ! j’assume). Un apéro qui se prolonge, on choisit le resto … de l’Alliance Française, tout simplement pour se faire plaisir, et on passe une vraie bonne soirée, réussie aussi pour les papilles. Oups, j’ai oublié Félix, on avait rendez-vous à 21h sur la Plaza pour écumer les bars !

Le lendemain matin est consacré à toi, petit bloglecteur, pour écrire l’article du Lac Titicaca et charger les photos. 4h dans un café juste pour profiter du wifi, si c’est pas de la dévotion ça ! Pffff ...

Je retrouve Félix aux 7 Lunares, qui ne m’en veut pas pour hier soir et me parle des bars à happy hour pour ce soir, et Christina et ses consoeurs derrière leur comptoir préparent toujours aussi aimablement et proprement leurs sandwiches au chorizo. Rassasié, un sourire papillaire persistant aux lèvres, je repars arpenter la ville. Je ne peux pas me passer de photographier les belles maisons coloniales, même si je sais qu’après ce sera pénible d’en regarder vingt à la suite dans les albums … Après un tour rapide en haut du clocher d’une église pour admirer les toits, puis dans un beau jardin public planté d’une sorte de mini Tour Eiffel et fréquenté par des dizaines d’ados-bécoteurs, je suis attiré par le bruit venant d’une cour de collège. Je regarde discrètement au travers de la grille et découvre une sorte de concours des talents : une danseuse sensuelle, un Michael Jackson au ralenti, et d’autres numéros joués par les collégiens, qui me laissent perplexe … On me laisse gentiment entrer dans la cour et je profite de ce petit moment imprévu pour observer l’ambiance d’un collège bolivien ordinaire.

Alors que revoilà … Emilie, Hervé, Elise et Damien, pour une nouvelle soirée française dans un petit resto. Je ne parle plus beaucoup espagnol ou anglais depuis quelques jours mais ça fait du bien. Les discussions sont quand même plus approfondies et subtiles dans sa propre langue …

Une courte nuit plus tard, je pars prendre le bus pour Potosi, une autre belle ville de Bolivie, qui fut autrefois très riche grâce à ses mines d’argent, mais dévalisée par les Espagnols. Les mines restent exploitées par une coopérative de mineurs, qui travaillent dans des conditions dignes de Germinal, et peuvent être visitées, c’est d’ailleurs la première motivation des voyageurs qui s’arrêtent à Potosi. Le trajet est magnifique, dans les montagnes parsemées d’arbres violets, rouges et verts, traversées par des lits de rivières énormes mais secs.




Je pose mon sac dans le Koala Den, parfait hotel pour backpackers : mignon, convivial, confortable, avec plein de petits services, dans une rue pittoresque. Mon dortoir est sur le toit qui domine la ville, que demander de plus.




Pendant deux jours je me contente d’apprécier la ville, très zen sous le soleil brûlant, et au style colonial très affirmé mais différent de Sucre. Je ne vais pas visiter la mine comme tout le monde, mais rencontre des voyageurs sympas comme Antonia et Emily de Toronto, les deux australiens de mon dortoir dont j’ai bien du mal à comprendre l’accent, des belges, une japonaise ... Le premier soir resto sympa avec Antonia, Emily et un suisse, suivi d’un petit bœuf dans le dortoir. Le deuxième soir, grosse scène sur la place pour l’inauguration du Festival International de la Culture qui démarre le lendemain. Pas de chance je ne verrai pas ce festival musical, je décolle le lendemain pour atteindre mon lieu mythique n°3, une sorte de bout du monde, un endroit magique …

Chau amigo !
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