Je suis reparti en Argentine ! Bientôt le nouveau blog ...
__________________ENCORE ET ENCORE DES NOUVELLES VIDEOS ICI !! _______________Tour en moto à Can Pho, Prière des moines bouddhistes ...

dimanche 20 décembre 2009

NZ, juste de l'autre côté ...

Je passe mes dernières heures Sud-américaines (sniff …) dans l’aéroport de Santiago, essayant vainement de changer ma douzaine de fichus billets d’avion en papier contre un billet électronique, et errant près des portes d’embarquement, le portable à la main à la recherche d’un wifi gratuit et d’une prise.

Durée du vol : treize heures
Destination : l’autre côté du Pacifique
Mais encore : en Nouvelle-Zélande.

Le choc culturel s’annonce fort, passant d’une culture latine à une culture anglo-saxonne, d’un continent globalement pauvre à un pays riche, de l’espagnol à l’anglais (dis-moi que l’espagnol c’est comme le vélo, que ça reviendra tout seul ! hein ? dis-le moi !). Histoire de bien réaliser ce gros changement, je m’enfile donc treize heures de vol, juste quatre heures d’attente après le vol de cinq heures depuis Rapa Nui. Les vols LAN sont plutôt sympas, écran personnel avec plein de films, séries, documentaires et musique disponibles (je n’ai pas résisté à Into the Wild, une énième fois), mais les sièges sont quand même étroits et je le paie en ne dormant absolument pas pendant le vol. Et je ne peux même pas contempler l’océan ou les nuages puisque nous avons décollé à 23 heures et volé vers l’ouest, fuyant le lever du soleil.

J’arrive donc parfaitement défait à Auckland à 4h20, obligé de patienter avant de prendre une navette. Et une fois arrivé à l’hôtel pour backpackers dans le centre, je tombe nez à nez avec une autre logique : impossible d’avoir mon lit avant 14h, malgré ma mine défaite et même s’ils ont des lits disponibles. J’ai donc huit heures de plus à patienter sans pouvoir fermer l’œil. Direction donc la grande salle salon-cuisine pour patienter en gérant mon blog. Et je découvre que le wifi est payant, et pas donné en plus ! Ça ne m’est pas arrivé une seule fois en Amérique du Sud, alors que là-bas ils ne roulent pas sur l’or. Je comprends vite que je suis revenu dans un monde plus tourné vers le profit. Plus tard je découvrirai qu’il n’y a pas de casiers dans les chambres mais qu’il y en a des payants à disposition. Des casiers payants dans un hôtel pour backpackers ! Pour moi c’est juste le monde à l’envers, la négation même de ce qu’est une auberge de jeunesse.

Alors que revoilà … Gabriela ! Levée très tôt à cause du décalage horaire, elle me fait vite profiter des infos qu’elle a déjà sur la ville, et me propose une croisière dans la baie. Allez, ça me tiendra éveillé, au lieu de m’écraser le visage contre une table. Première surprise en me baladant dans Auckland : je ne me serais pas trompé de vol par hasard, arrivant directement en Asie ? Au moins une personne sur trois est de type asiatique, c’est assez surprenant quand on n’est pas prévenu avant d’arriver. J’ai entendu ou lu que certains touristes visitant la France ont la même surprise en voyant les visages variés, ayant probablement en tête la vieille carte postale façon Amélie Poulain.

Auckland est une ville moderne, très propre, apparemment assez riche. Malgré les tours qui s’agglutinent dans le centre, et même si les centres d’intérêt ne sont pas bien nombreux, on s’y sent assez bien. Direction donc le port pour un tour en bateau dans la baie, passant devant le patelin cossu de Devonport, l’île volcanique et exotique de Rangitoto, le grand pont, la marina … En chemin nous croisons le voilier Fly Emirates, qui a concouru dans l’America’s Cup.



Déjeuner rapide dans le food-court d’un centre commercial, et tour en ville pour pâlir devant les prix : nourriture, café, vêtements … Mon budget va prendre un coup ici. En fin d’après-midi je retrouve Iñigo à l’hôtel. Je l’avais rencontré à Iguazu au nord de l’Argentine, nous avions poursuivi une journée ensemble aux ruines de la mission jésuite de San Ignacio, et à Buenos Aires avec d’autres français et espagnols. Nous savions que nous serions en NZ en même temps, et avions le même objectif en tête : sillonner la NZ à bord d’un van aménagé. A deux c’est quand même plus facile. Je lui présente donc Gabriela, et ils se rendent vite compte qu’ils s’étaient croisés à Puerto Madryn en Argentine, sans faire connaissance. Une grosse coïncidence de plus au compteur.

Une journée entière s’est passée et je n’ai toujours pas dormi, je finis donc par m’écraser en début de soirée, et me réveille dix heures plus tard en sentant immédiatement que ça ne suffira pas. Mais au moins j’ai déjà « avalé » le décalage horaire. Objectif pour Iñigo et moi : se renseigner sur les locations de van. Direction l’office de tourisme, qui se révèle être une machine implacablement efficace, pour renseigner et aider concrètement le voyageur, mais aussi pour gagner de l’argent en faisant toutes les réservations. En une heure tout est bouclé : la location du van pour 15 jours (encore une douleur imprévue au portefeuille), un tour dans le nord de North Island pour patienter, et des informations en masse. Pour moi qui suis assez paresseux dans la recherche d’informations et l’organisation, un vrai bonheur. Et ici on ne paie pas plus quand on utilise un intermédiaire, différence notable avec l’Amérique du Sud.

Je passe la journée à me rhabiller (encore une douleur au budget) et acheter des petites choses. Grande satisfaction : ici on trouve tout, ce qui n’était pas le cas en Amérique du Sud, décalage de niveau de vie oblige. Tous les jours on croise des centaines d’étudiants avec leur tenue de diplômé, à l’américaine. C’est la fin de l’année universitaire, et les cérémonies se succèdent dans un grand centre de congrès, le trottoir est plein de ces étudiants costumés tous les jours. Je retrouve Iñigo pour un petit tour à Devonport, de l’autre côté de la baie. Quinze minutes de ferry pour arriver dans une petite ville chic au charme très victorien, mais assez endormie à part le pub. L’occasion de confirmer que les bières néo-zélandaises sont excellentes. Le lendemain, dès 7 heures, le bus de Kiwi Experience vient nous prendre pour trois jours autour de Bay of Islands, réputée un des plus beaux coins de North Island. C’est aussi trois jours qui vont nous permettre d’apprécier la redoutable efficacité du tourisme néo-zélandais.

Le chauffeur est une femme, qui n’a pas vraiment le profil de l’emploi, enfin suivant mes critères. Age moyen, souriante, dynamique, elle semble avoir un certain niveau d’éducation et je me demande quel parcours ou quelles motivations l’ont poussée à conduire des bus. C’est qu’elle ne fait pas que ça, oh non. Une fois la tournée des hôtels terminées dans Auckland, elle fixe le casque-micro et commence à nous expliquer le programme. Un seul chauffeur pour quatre heures de trajet, et qui en plus fait office de guide, c’est déjà étonnant. Mais elle est particulièrement dynamique, fait un peu d’humour et lance des questions au bus entier, en guettant nos réactions dans le rétroviseur intérieur (du style « vous êtes en forme »). Donc à ce niveau, on en est à chauffeur-guide-animatrice. Elle fait passer des formulaires à remplir en se retournant vers le premier siège, tout en conduisant bien sûr. Passe deux ou trois coups de fil privés et professionnels. Commente régulièrement le paysage (« Oh regardez là, des moutons peints en rose »). Puis commence à expliquer le choix d’hôtels qui s’offre à nous à Paihia, notre destination dans la Bay of Islands, choix bizarrement limité à deux hôtels en particulier. Puis nous explique la liste d’activités qui s’offre à nous : marche, voile, nage avec les dauphins, plongée, kayak … Elle nous envoie un autre formulaire pour nous inscrire à ce qui nous intéresse, et nous invite fortement à venir lui poser des questions sur ces activités, tout en conduisant bien sûr. Ici la consigne habituelle « Interdiction de parler au chauffeur » n’a pas vraiment cours, ce serait plutôt l’inverse : « Venez vite me parler et me poser des questions pendant que je conduis ! ». Comment peut-elle faire autant de choses en même temps ?

Sa tenue est très relax, à l’américaine : short, basket, polo, casque-micro que la tête. Le dynamisme est de rigueur quelque soit l’âge du chauffeur, c’est sûrement lié à la simplicité anglo-saxonne (par opposition à certains principes français un peu poussiéreux), mais c’est aussi une forme de marketing pour donner une image cool. On décèle vite la stratégie commerciale derrière, mais ça change des vieux chauffeurs ronchons aux cheveux gras … à la française.

Je me demande quel est l’envers du décor : une grosse pression et des conditions de travail exigeantes, ou un environnement de travail détendu et informel pour qu’ils soient eux-mêmes détendus avec les clients ? En tout cas notre conductrice du jour paraît avoir un certain niveau d’éducation.
Arrivés à Paihia, nous choisissons la facilité avec l'hôtel backpacker le plus chaudement recommandé. C’est assez jeune comme on nous avait prévenu, une sorte de « party hotel » pour les jeunots qui veulent surtout sortir le soir plus que découvrir le pays. Après le non-hospitalier YHA d’Auckland, le premier trajet dans le bus KIWI, nous commençons à comprendre que le mot backpackers est un gros outil de marketing ici, servant à attirer tous les jeunes voyageurs, mais en vendant tout ce qui est possible et à des prix pas franchement calés sur le budget de ces mêmes voyageurs. Enorme synergie entre bus, hôtels et activités touristiques, énorme machine à embarquer les backpackers et à les garder dans le système. A les entendre, voyager consisterait surtout à enchaîner les activités divertissantes : bateau, skydiving, saut à l’élastique, vélo, kayak … Tout est packagé, organisé, commercialisé. Tout ça dans une atmosphère qui se veut cool, friendly, jeune, pour faire oublier au jeune backpacker qu’il donne son argent à une entreprise redoutablement efficace.

Première découverte : de nombreux jeunes voyageurs, européens pour la plupart et surtout allemands, ont un petit boulot ici, dans un hôtel ou un tour-opérateur, pour financer leur voyage. Malgré leur long séjour dans un des dortoirs de l’hôtel, celui-ci ne leur fait aucun cadeau sur le prix de chaque nuit. La cool attitude de tous les gens qui travaillent dans le tourisme cache une volonté déterminée de faire du profit, beaucoup de profit. Est-ce pareil dans tous les pays occidentaux ? Je n’en sais rien. Mais je sais que j’ai mis les pieds dans une « chaîne » orientée vers les jeunes voyageurs, je ne peux pas généraliser trop vite à toute la Nouvelle-Zélande, il faudra varier les expériences pour juger.
Deuxième découverte, depuis Auckland en fait : ici on peut mettre le papier toilette dans la cuvette, youhouuu, champagne !!! Après cinq mois de soigneux et répugnant pliage du papier avant de le jeter dans une petite poubelle déjà pleine, je commençais à m’y faire, mais c’est un vrai soulagement. Si tu as peu voyagé, ou en tout cas pas dans les pays concernés, tu te demanderas ce que je raconte, sinon tu me comprendras. Je ne suis pas le seul voyageur à exprimer ma satisfaction sur un sujet aussi particulier …

Une fois installés dans notre dortoir, déjà occupé par deux jeunes allemandes qui travaillent comme femmes de ménage dans un hôtel, un petit tour de Paihia s’impose. Très petit tour en fait, c’est une station balnéaire qui ne ressemble pas à une vraie ville : un quartier pour les hôtels backpackers, une longue rue qui longe la plage, une rue centrale avec magasins, restaurants, et agences de tourisme, un petit port pour les bateaux touristiques, quelques belles villas un peu partout, et c’est à peu près tout. Mais la vue est belle : une grande baie parsemée de quelques îlots rocheux et verts, beaucoup de voiliers qui mouillent, beaucoup de verdure.


Iñigo et moi défrichons le terrain pour trouver la meilleure façon de découvrir la Bay of Islands, et choisissons une petite croisière sur un voilier de 20 mètres, apparemment moins touristique et plus authentique que tout les reste. Notamment le tour dans un bateau hyper rapide et aux couleurs criardes vers le « Hole in the Rock ». Voilà, certains professionnels du tourisme ont découvert qu’à l’extrémité de la baie, il y a un trou dans une falaise. Assez insignifiant si on le compare à Etretat, Bonifacio, et le nombre infini de cavités dans les falaises du monde entier. Mais voilà c’est le marketing touristique qui veut ça : il faut créer des noms, des lieux, des motifs d’attraction, et persuader les touristes qui ont fait le déplacement que c’est vraiment beau et impressionnant. Lesquels, enfin certains d’entre eux, finissent par le croire parce qu’on leur a dit. Ou découvrent la nullité de la chose mais trop tard, ils ont déjà les fesses dans le bateau, le gilet de sauvetage attaché, et le portefeuille délesté. Y a plus qu’à sourire pour la photo. Ça ne marche pas s’il n’y a rien autour de cette non-attraction, mais ça peut aider à renforcer un site qui est déjà beau mais manque de références fortes. J’avais déjà noté cette tendance en Amérique du Sud. Et ce n’est pas toujours évident de déjouer ces tromperies, il faut le nez fin et une bonne masse d’informations, pour éviter de perdre son temps et surtout son argent.

Je trouve le seul wifi gratuit de la ville, sur une table de pique-nique près de la charmante petite bibliothèque, et je mets à jour mon blog quand commence une parade de Noël. J’ai un peu du mal à réaliser que c’est bientôt Noël, parce qu’ici c’est le début de l’été. La parade est longue, tout ce que la ville compte d’associations, clubs sportifs, commerces, est là sur son char. Je vois même le char de l’hôtel Pipi Patch où je suis, avec des jeunes voyageurs à moitié déguisés en Père Noël. Ils paient cher leur dortoir à l’hôtel, et font la pub gratuite de ce même hôtel. Eux sont vraiment tombés dans le système ! Enfin bon, ils sont très jeunes et veulent faire la fête, c’est ce qu’on retiendra. Je les retrouve d’ailleurs à l’hôtel, passablement excités, pour le barbecue et la soirée qui suit. Iñigo et moi passerons notre tour pour la soirée, il y a comme un petit décalage …

Le matin à 9 heures, nous montons sur le Gungha, beau voilier de 20 mètres au moins, avec une dizaine d’autres touristes, couples ou familles de tous pays. Son propriétaire Mike a bourlingué dans tout le Pacifique avec ce voilier, et rentre maintenant dans ses frais en proposant des petites croisières à la journée. Il compte sur nous pour l’aider à skipper et manœuvrer les voiles, avec plaisir. Il n’a pas la langue dans sa poche, et lance dès le début une bonne ambiance tout sauf touristique. Nous savons que nous avons fait le beau choix, à l’inverse de l’énorme catamaran qui quitte le port, façon Club Med.



Six heures de navigation autour des îles, notamment vers Roberton Island, qui fut un temps le théâtre d’affrontements entre les maoris et l’équipage de l’explorateur James Cook. Petite île paradisiaque, que nous abordons en zodiac et kayak, pour une petite marche vers le sommet et une vue à 360° sur toutes les îles alentour. Pendant la navigation, quelques dauphins viennent nager à côté. Mike met immédiatement le moteur en route, parce que d’après lui chaque moteur a sa propre fréquence, et les dauphins peuvent donc reconnaître chaque bateau. Un ou deux sautent, puis ils finissent par s’en aller. Toujours d’après Mike, nous ne leur avons pas assez parlé, et donc peu stimulé à faire le show. Nous rentrons sous la pluie, mais après une bonne journée. J’ai le droit de barrer pendant une demie-heure. Apprendre à skipper un voilier, ça pourrait être un objectif à court-terme …


Le lendemain, nous reprenons le bus KIWI pour un tour à la journée vers le Cape Reinga, l’extrémité nord de l’ïle. C’est un chauffeur masculin cette fois, encore plus actif au volant que la conductrice de l’avant-veille (comme quoi les hommes peuvent aussi faire plusieurs choses en même temps …). Il se montre assez chaud au volant, et très volubile au micro, nous expliquant le programme de la journée, le nom de l’arbre à gauche de la route, un peu d’histoire, et beaucoup d‘autres choses, toujours avec la cool attitude, mais avec une voix et un débit stressants. Au bout de 30 minutes de monologue incessant et fatigant, il finit par dire qu’il ne va pas parler toute la journée et mettre de la musique, que si la musique est trop forte il faut venir lui dire, etc … et finalement parle une bonne demie-heure de plus. Usant.

Nous échappons à sa logorrhée quelques minutes lors de l’arrêt à Manginangina, une forêt tropicale magnifique, humide, dense, avec notamment des baobabs immenses. De retour dans le bus, le chauffeur finit par répéter qu’il va mettre de la musique, et parle 5 minutes de plus pour nous dire le nom et l’origine du groupe, le nom et la date de sortie de l’album, la date du dernier concert ... « Shut up, turn the music on !! » pensait tout le monde dans le bus. Une chanson plus tard, il reprend son monologue. Dur …

Plus tard dans la matinée, nous arrivons à une des curiosités de la région : la Ninety Mile Beach. Comme son nom l’indique, c’est une plage gigantesque, longiligne et bordée par les dunes. Mais c’est aussi une route, de sable donc, officiellement enregistrée comme telle. Après quelques hésitations sur l’accès à la plage, plein de sable mou, il lance le bus à pleine vitesse sur la partie humide, évitant quand même le flux et reflux des vaguelettes. Une heure de conduite à pleine vitesse, avec à gauche la mer de Tasmanie très agitée et à gauche les dunes boisées. Un paysage que ne renierait pas la côte d’Opale, mais ici la taille de la plage bat tous les records. A l’œil nu, elle est absolument infinie. De temps en temps on croise un 4x4 roulant en sens inverse, ou un 4x4 devant des pêcheurs les pieds dans l’eau, mais globalement on ne voit personne pendant une heure.



Un 4x4 sort des dunes en roulant dans un ruisseau à pleine vitesse. Etonnant jusqu’à ce que notre bus fasse pareil, roulant dans l’eau entre les oyats et à bonne vitesse. Pour une fois le chauffeur parle juste autant qu’il faut, nous expliquant les techniques pour ne jamais rester coincé dans le sable mou. Nous roulons quand même avec un gros bus tout à fait urbain, avec des roues très classiques, c’est hallucinant. Le chauffeur s’arrête devant une dune immense, et nous prenons chacun une planche de body-board pour une séance de sandboarding. Si on a le cœur pour gravir la dune plusieurs fois, c’est énorme, on dévale la dune à pleine vitesse pour échouer dans le ruisseau devant le bus.

Nous reprenons la route dans le ruisseau, entre les oyats, puis sortons des dunes pour entrer dans un nouveau décor, alternance de prairies plantées d’arbres majestueux, et de dunes énormes. Bientôt la bande de terre se resserre, et nous voyons à notre droite l’Océan Pacifique, à notre gauche la mer de Tasmanie. Arrêt sur une plage paradisiaque. De gros rouleaux s’écrasent à quelques mètres du bord, les planches de bodyboard sont dans le coffre … banzaï ! Trente minutes harassantes à affronter les vagues, essayer de les surfer, se faire littéralement manger par les gros rouleaux. Le premier rouleau qui m’avale me plaque au fond et je me brûle le genou contre le sable. Le second me plaque encore plus violemment et je manque de me casser un doigt. Une fille appelle à l’aide, elle n’arrive pas à s’en sortir. Bon là je crois qu’on a notre dose.

C’est reparti pour un tour en bus pour l’objectif réel de la journée, le Cape Reinga. C’est la pointe nord de la Nouvelle-Zélande, la fin de la terre. C’est aussi le croisement de la mer de Tasmanie et de l’Océan Pacifique, et c’est visible à l’œil nu : les vagues se croisent à angle droit et s’entrechoquent. Pour les maoris, c’était le symbole de l’homme qui rencontre la femme, et la création de la vie qui s’ensuit. Par gros temps ce doit être impressionnant, c’est ballot il fait super beau ! Le phare et la végétation unique qui pousse à flanc de falaise créent un sacré décor. Devant le bleu infini.



On repart, on s’avale à nouveau une heure à pleine vitesse au bord des vagues sur la Ninety Mile Beach, avec à droite la mer de Tasmanie déchaînée malgré le beau temps. Un arrêt commercial (« Entrez dans ce magasin, vous allez voir, il est étonnant »), un arrêt fish & chips, et retour à Paihia pour une soirée tranquille à l’hôtel.

Le lendemain, matinée wifi, sur un banc sous la pluie devant la bibliothèque, et retour à Auckland dans le bus KIWI. Au volant, encore un homme qui sait faire plusieurs choses en même temps, se retournant vers le premier siège pour passer une liste à remplir, communiquant avec nous par rétro interposé. Je ne m’y ferai jamais, mais lui a moins de choses à raconter et nous laisse tranquilles.

Arrivés à Auckland, Iñigo et moi sommes obligés de retourner dans le fichu YHA qui se prétend convivial. Je file à la Skytower, grande tour futuriste, un poil plus grande que la Tour Eiffel, et très similaire à celle de Toronto au Canada. A l’entrée dans l’ascenseur, l’employé me demande si je ne suis pas déjà venu la veille.
« Ben non, c’est la première fois.
- Alors il y a quelqu’un qui vous ressemble beaucoup et qui était là hier.
- Ah. »
Du haut de la tour, je profite d'une vue magnifique, à 360° sur Auckland, de jour et de nuit.



Je retrouve Iñigo pour un resto avec une allemande qu’il avait rencontrée il y a quelques semaines, et un tour dans un pub sur le port. C’est lundi mais le pub est bien rempli, ça sent les vacances d’été ici. J’occupe encore le lendemain à acheter des bricoles et à flâner dans le centre. Petite pause dans un resto végétarien rapide à midi :
« Mais vous êtes déjà venu hier ?
- Ben non, c’est la première fois.
- Alors il y a quelqu’un qui vous ressemble et qui était là hier.
- On m’a déjà dit ça hier à la Skytower. Il me ressemble vraiment beaucoup ?
- Beaucoup.
- Dingue ça. »
J’ai un sosie à Auckland qui passe dans le mêmes lieux que moi, même ceux tout à fait anecdotiques, un jour avant moi. Je ne resterai pas assez à Auckland pour le croiser.

Je retrouve Iñigo et nous partons à l’aéroport pour récupérer l’objet de notre liberté, notre nouvelle façon de voyager, le campervan aménagé. J’attends ça avec impatience, j’en ai un peu marre des hôtels pour backpackers et du scénario pré-écrit dans chacun : découverte des bons et mauvais points de l’hôtel, connaissance avec les gens du dortoir (« Where are you from, how long are you travelling for, etc … »
Direction le sud, vite. South Island, l’île de tous les paysages, des glaciers, lacs, sommets, parcs nationaux …
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lundi 14 décembre 2009

A Rapa Nui, j'ai trouvé le paradis

Après trois jours de visite rapide de Valparaiso et Santiago, histoire de faire une transition en douceur, je me retrouve à l’aéroport de Santiago.

La destination : ultra-mythique.
Le lieu : au milieu du Pacifique.
Mon attente : très forte.
Le nom : Rapa Nui en maori, Ile de Pâques en français.

Ile qui fait rêver, et qui reste tellement à l’état de rêve qu’on ne sait généralement pas la placer sur une carte. C’était mon cas jusqu’à la préparation du voyage, et maintenant je suis à cinq petites heures de toucher ce rêve. Et qu’est-ce qui fait rêver, à part sa situation d’île dans le Pacifique ? Les statues Moai, imposantes et figées face à l’océan quasi-infini. Ce sera aussi ma transition entre l’Amérique du Sud et le départ vers l’Océanie. Rapa Nui appartient au Chili qui l’a conquise mais ne lui verse pas un sou de subvention, et n’a pas la moindre influence sur elle, sinon de la priver de son indépendance. Pourquoi le monde entier l’appelle Ile de Pâques alors que son nom maori est beaucoup plus beau ? Parce qu’elle a été découverte en 1722 par un hollandais … le jour de Pâques.

Dès la descente d’avion, la sensation est nette : je suis arrivé au paradis. Il fait chaud, les palmiers sont partout et la végétation est luxuriante. Je vois l’océan depuis le tarmac, lui-même en bordure de la seule ville, Hanga Roa. Il va aussi falloir se faire à ces noms maoris, tous très beaux mais un peu compliqués.



Je m’installe au residencial Chez Erika, où se trouve déjà Gabriela, rencontrée à Valparaiso et arrivée un jour avant. De nombreuses maisons d’hôtes s’appellent « Chez … » et apparemment une bonne partie de la population parle un peu de français, en plus du maori et de l’espagnol. Tahiti n’est pas loin …

Gabriela a déjà commencé à visiter l’île avec David, espagnol de Madrid, très sympa et qui fait attention à ne pas parler trop vite. Et nous trois sommes les seuls clients dans le residencial. Tout démarre bien si on veut bien oublier que la patronne a un gros caractère pas toujours bien placé, et la famille est un peu spéciale, affichant une nonchalance désinvolte à tout âge.

Je suis à peine arrivé et installé qu'on part voir le coucher de soleil devant les statues qui se trouvent juste à l’extérieur de la ville. Dix petites minutes de marche et nous y sommes. Un premier ahu (autel en maori) sur lequel se dressent cinq moais, et un peu plus loin un autre ahu qui supporte une statue unique, plus grande, aux yeux de corail éberlués, à la coiffe rouge. Et derrière l’océan Pacifique.

C’est presque trop rapide, j’ai du mal à réaliser que j’y suis. Ce qui n’était qu’un rêve inatteignable est là, devant moi, magnifié par le coucher de soleil sur cet océan Pacifique qui m’est encore peu familier, malgré quelques étapes en Equateur, au Pérou et au Chili.
Lieu ultra-mythique n°7 atteint.



La capacité d’émotion est toujours en-dessous de la magie du lieu. On voudrait être plus excité, mais voilà on contemple en silence, tout en intériorisation. Et rapidement on se demande comment méritent d’être cadrés ces monuments uniques dans le monde, comment on peut les immortaliser par une photo à la hauteur, alors qu’ils sont déjà immortels.

Le coucher de soleil se termine, peut faire mieux. J’aurai encore quatre jours pour profiter des Moais, on passe donc à la deuxième réjouissance : la gastronomie locale. Un plat en particulier : le ceviche. Je l’avais découvert et dévoré à Puerto Lopez en Equateur, redécouvert en plus épicé au Pérou, et je le retrouve ici, cuisiné encore différemment, à base du poisson local le kana-kana.

Manger un ceviche à tomber par terre, avec un jus de mangue, sur une petite terrasse en bois que viennent lécher les vagues du Pacifique, au son de la musique traditionnelle et de la fameuse guitare, avec deux récents mais non moins excellents copains de voyage. Là j’ai réalisé un peu plus que j’étais au paradis, mais je n’ai pas fini de réaliser encore un peu plus …



La soirée se termine dans un bar où un groupe local joue la musique traditionnelle des îles du Pacifique, en plus moderne. Cette musique et les chants sont un peu répétitifs, mais j’adore. Vu les prix prohibitifs sur l’île, valables également pour les cocktails, on évitera d’y passer toute la nuit.

Le lendemain, nous laissons les statues un peu tranquilles et montons au volcan Rano Kau. L’île est pleine de volcans, assez petits et endormis, ce qui donne un paysage particulier au centre de l’île : des collines ou petits sommets, aux pentes très douces, lisses et vertes. Aucune rupture, aucun relief agressif, seulement quelques roches volcaniques, le plus souvent taillées en statues au autres éléments de la culture maori. Mais à part cette herbe verte omniprésente, très peu de végétation de taille : les arbres ont quasiment disparu, éliminés par les incendies et la surexploitation.



Le volcan Rapa Nau, au bord même de l’océan, a un magnifique cratère tout en verdure, et le fond est un vrai petit écosystème, très humide, avec des arbres à café et autres espèces particulières. Autour du volcan, nous sommes accueillis dans le Parque Nacional par un garde prolixe et à l’œil pétillant, qui nous abreuve en anecdotes historiques et linguistiques (maintenant je sais dire « couillon » en espagnol), et parle même le français. Dans le Parque, de nombreuses trouvailles archéologiques, des maisons en pierre très basses et à l’entrée minuscule, à rendre une taupe claustrophobe, pour se protéger des clans ennemis. D’ailleurs vu le gabarit des maoris, on se demande comment ils entraient dans leurs propres maisons.
Petit pique-nique contemplatif devant l’océan, un nuage très localisé se répand en eau, donnant une image étonnante. Et nous redescendons vers Hanga Roa.

Soirée tranquille et petite bouffe dans la grande cuisine vide du residencial, alors qu’une réunion politique essentiellement féminine se tient sur la terrasse. J’avais lu dans l’avion que les femmes ici sont très actives politiquement. Seul un mari est là, apparemment pour s’occuper des enfants qui tournent en rond, mais il les expédie dehors, surtout content de goûter aux pâtes préparées par David, et de nous expliquer le combat politique principal : limiter au maximum l’activité touristique, que quelques politiques peu scrupuleux voudraient voir exploser en agrandissant l’aéroport. Au moins un Airbus déverse de manière quotidienne son flot de touristes (et en emporte autant), mais malgré cela la vie semble préservée, on croise essentiellement les locaux en ville, il n’y a aucun gros hôtel en béton. Ils veulent donc en rester là, bien que la vie coûte très cher et qu’ils pourraient être tentés de tirer plus d’argent du tourisme. Mais non, ils veulent garder leur authenticité.

En plus de cette lutte contre le développement du tourisme, d’une manière permanente ils réclament leur indépendance. Il est vrai qu’ils n’ont rien à voir avec le Chili, ni culturellement ni ethniquement ni géographiquement.

Le lendemain, lever extrêmement tôt, et on prend la route dès 5 heures avec notre 4x4 de location. Je m’installe au volant et évite tant bien que mal les monstrueux nids de poule sur la route, vers le nord de l’île, Tongariki. Coup de chance il fait beau, le lever du soleil sur les statues s’annonce comme un beau spectacle. A défaut de savoir à quelle heure se lève le soleil, et par peur de se lever tôt pour rien en le ratant de peu, nous sommes partis vraiment très tôt, et arrivons en pleine obscurité sur le site. Mais l’attente est d’autant plus agréable, on ausculte les lieux, on marche dans le noir de gauche à droite devant les statues pour chercher l’endroit idéal, le cadrage parfait pour la photo parfaite. On évite de marcher sur ce qui ressemble à un rocher mais est en fait une statue renversée au sol. On profite de ces instants silencieux pour apprécier l’endroit à sa hauteur.



Le ciel s’éclaircit doucement, nous ne sommes plus seuls, quatre ou cinq autres 4x4 sont arrivés mais ça reste très supportable. Tout le monde marche de plus en plus vite sur le site pour chercher le bon angle. Je le trouve enfin en montant sur un muret de pierres loin derrière. Il commence à faire très clair, et des couleurs magiques colorent les nuages et emplissent doucement le ciel, d’abord un léger jaune qui vient contraster avec le bleu, puis le jaune devient orange vif et inonde le ciel. La longue rangée de quinze statues est déjà impressionnante par elle-même, mais sur ce fond orange vif elle irradie littéralement.



Et le soleil se lève, pour moi entre deux statues. Finalement c’est toujours pareil avec le lever du soleil, c’est quand il se lève que tout est fini, puisqu’il monte très vite dans le ciel et que les couleurs s’effacent. On se dit « ben ça y est, c’est fini, j’ai attendu longtemps pour un instant qui a duré cinq secondes. » Mais en fait c’était l’attente le meilleur. Cela me rappelle d’autres levers du soleil assez magiques, comme celui au sommet du Toubkal au Maroc, avec les lueurs de Marrakech au loin.

Le spectacle est fini, mais on ne s’en va pas pour autant, difficile de quitter ces statues. On continue à les ausculter sous toutes leurs coutures, notamment pour apprécier les différences : elles ne font pas toutes la même taille et n’ont pas toutes la même expression faciale. C’est parce que ces statues étaient liées au culte des Maoris, selon lequel il fallait vénérer les anciens, et les représenter comme ils étaient, pour se protéger des invasions extérieures et des autres clans. Derrière nous une petite montagne rocheuse dans laquelle étaient taillées les statues, puis transportées jusqu’au ahu en bordure de l’océan. Ce transport pouvait durer un an, à l’aide de troncs d’arbre.

On reprend la route jusqu’au site archéologique de Te Pito Te Kura, où l’on trouve de nombreux dessins gravés dans la roche, représentant notamment des poissons et requins. La plage déserte d’Ovahe, juste sous la falaise instable, est l’endroit parfait pour prendre le petit-déj’ et s’endormir au bruit des vagues, histoire (d’essayer) de récupérer de ce lever à 4h30.

Nous profitons de la voiture pour écumer les différents sites archéologiques, en incluant une randonnée sur le volcan qui domine toute l’île, Terevaka. De là la vue est à 360° sur toute l’île, je peux me rendre compte qu’elle n’est pas grande mais magnifique, toute en courbes douces et vertes. Au sommet nous sommes alpagués par un anglais bavard et collant, qui de fil en aiguille demande s’il peut profiter de notre voiture pour aller à la plage. Il n’inspire de sympathie à aucun de nous trois mais nous sommes trop gentils pour refuser. Début d’une incruste un peu pénible …

Un dernier tour par la plage d'Anakena, la plus belle et la seule vraiment fréquentée, bordée par les palmiers et quelques statues Moai. Pas de chance il se met à pleuvoir, il nous reste les petites bicoques pour s’envoyer un ceviche de kana-kana, toujours à tomber. Finalement la journée passe vite, il faut rendre le 4x4 au loueur (et l’anglais à son hostel, oufffff).



Soirée tranquille au residencial, où nous sommes toujours seuls. Le lendemain David repart sur le continent. Là où je m’en vais bientôt, aucune chance de le recroiser malheureusement. Les innombrables retrouvailles de voyageurs en Amérique du Sud vont s’arrêter là, mais un nouveau cycle reprendra probablement.

Je passe une journée tranquille, à visiter la ville et contempler les moais pendant plusieurs heures, assis dans l’herbe. Autour de moi, un maori essaie d’attraper un cheval en liberté. C’est ça le mode de vie ici : on se promène en cheval, parfois sans selle, on surfe, on jour de la musique maori, on pêche …

Je retrouve Gabriela pour dîner dans notre restaurant préféré, au bord de l’eau, à la meilleure table soigneusement réservée, pour manger un ceviche sans même regarder la carte. Devant nous des surfeurs chevauchent les gros rouleaux qui déferlent, en se moquant des rochers volcaniques coupants qui affleurent à la surface. Ou pêchent sur un rocher, tenant juste une ligne à la main, sur fond de coucher de soleil multicolore. Là Gabriela et moi avons conscience d’être au paradis, nous avons même besoin de le dire pour le formaliser.



Le temps d’avaler un cocktail divin pour lui raconter dans les détails que je n’ai pas toujours voyagé seul (malheureusement), nous retournons au residencial pour une grosse nuit. Le lendemain c’est au tour de Gabriela de s’en aller, mais nous ne nous quittons pas pour très longtemps. Je m’offre encore une journée tranquille, pour contempler pensivement les statues et ressentir la magie à sa hauteur. Trois heures à écrire à ma table préférée de mon restaurant préféré, face à l’océan, devant les rouleaux et les surfeurs. Et j’y retourne moins de deux heures après, pour avaler goulûment un énième et dernier ceviche devant le coucher de soleil, squattant la meilleure table au grand malheur d’un sympathique cinquantenaire américain qui en avait profité la veille.

Alors que je vais me coucher après avoir enfin intériorisé ce paradis, le residencial s’est finalement rempli de touristes. Je leur dis qu’ils paient deux fois et demi plus que moi ? (OK ils ont le petit-déj’ inclus et pas moi, mais j’ai quand même réussi à chiper du gâteau à la papaye quand personne regardait, alors bon !). Le lendemain je vais rapidement jeter un dernier coup d’œil à la plage avant de marcher lourdement chargé vers l’aéroport (jusque là j’étais content quand je pouvais marcher du terminal de bus à mon hostel, ou inversement, mais ici on peut marcher jusqu’à l’aéroport !). Cinq heures de vol jusqu’à Santiago où j’ai décidé d’enchaîner sans pause sur le vol suivant vers l’ouest, l’autre côté du Pacifique, un monde complètement différent, la Nouvelle-Zélande.

C’en est donc fini de l’Amérique du Sud : cinq mois de voyage, cinq pays visités, l’espagnol à peu près maîtrisé, une culture qui prend aux tripes, des habitudes de vie bien ancrées, des milliers de kilomètres parcourus surtout en bus, des rencontres innombrables dont certaines ne s’arrêteront pas là. Je repense à mes premiers jours à Quito, et même à mes premières semaines en Equateur, et cela paraît loin, très loin. Difficile de dire si j’ai changé mais ces premières semaines de voyage paraîssent être dans une autre vie.

Je pense à ce départ d’Amérique du Sud depuis déjà un moment, depuis Ushuaïa au moins, et cela me rend triste. Un peu paradoxal puisque j’ai envie d’un peu de changement, d’un nouveau souffle dans ce voyage, mais l’Amérique du Sud est un continent qui prend aux tripes, dans lequel on n’a pas fini d’être surpris par la façon d’être de ses habitants, tout en s’y habituant et en l’adoptant. Et cette langue presque unique, l’espagnol, qui lui donne une unité réelle malgré les énormes disparités d’un pays à l’autre.
J’en parlais avec Gabriela et elle avait la même sensation, la même difficulté de réaliser qu’elle allait quitter ce continent qui lui est devenu si familier.

Je laisse aussi des voyageurs que je ne pourrai pas recroiser dans ce voyage. Les opportunités de retrouvailles avec eux sont grillées par mon mouvement vers l’ouest. Profitez encore de l’Amérique du Sud pour moi, Josh, Anaïs, Bronia, Maria, Cyril, Emilie et Hervé, Antonia, Valentine, Gilles-Yann et Clara, Candido, Stefen, Yonantan, Tim et Sadie, Hap, Jenny et Eli, Norine pour ne citer qu’eux. Beaucoup d’autres sont déjà rentrés chez eux et doivent se repasser les images en tête. Disfrutad, disfrutad, y que vayais bien !!!

J’éviterai de faire un bilan chiffré de ces cinq mois, mes mots et photos parlent pour moi. Je n’ai malheureusement pas le temps de me relire, mais ce serait le moment de le faire. Et quand il m’arrive de le faire, c’est presque la larme à l’œil. Toujours cette émotion du souvenir plus forte que l’émotion du moment présent. C’est peut-être aussi un signe de « carpe diem sans trop se poser de question », c’est peut-être bien aussi.

Le temps qui passe si vite fait un peu mal, même lorsqu'on l’a bien rempli. Et je voudrais presque refaire le même itinéraire tellement les souvenirs que je laisse dans chaque endroit sont énormes. Allez on se retrouve en bonne compagnie, dans treize heures de vol et quinze heures de décalage horaire, dans un autre monde qui sera moins exotique mais aussi magique, le bout du monde vu de la France … la Nouvelle-Zélande !

Adios America del Sur, hasta muy pronto ! Regresaré, claro que si !!
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mardi 8 décembre 2009

Valparaiso ... lindisimo !

Lever à 4 heures du mat' pour attraper mon bus. C’est dur parce que c’est tôt, mais c’est dur aussi parce que Ushuaïa était ma dernière étape argentine, pays que j’ai a-do-ré. J’y suis depuis sept semaines, et je l’ai parcourue du nord au sud, en zigzaguant de l’ouest à l’est. Mais là c’est bien la fin de l’Argentine dans ce voyage. Heureusement j’y laisse beaucoup de lieux manqués ou trop vite visités, autant de raisons de revenir …

Le bus démarre à 5 heures, pour le même trajet pénible que j’avais déjà effectué quelques jours avant : changement de bus à Rio Grande, passage du poste-frontière argentin avec contrôle surprise de tous les sacs, passage du poste-frontière chilien avec contrôle habituel de tous les sacs, traversée du Détroit de Magellan, toujours aussi gris et dépourvu de vie (sauf deux petits dauphins qui font surface à côté du bateau !), et enfin arrivée à Punta Arenas, au Chili donc.

Il fait beau et je suis surpris par la ville, bien plus belle que je ne l’aurai imaginée : une belle place centrale, quelques belles maisons. Pour une ville aussi australe, en Patagonie, je suis agréablement étonné. J’y passe seulement une nuit, dans un petit hostel un peu bricolé mais sympa. C’est une étape obligée pour prendre l’avion le lendemain pour Santiago. Il m’était impossible de remonter en bus d’Ushuaïa à Santiago, j’y aurais passé plusieurs jours. Et les vols depuis Ushuaïa coûtent trop cher. Voilà l’inconvénient de voyager sans rien préparer : il arrive qu’on se retrouve très loin de l’étape suivante, sans avoir le temps de prendre le bus ni le budget de prendre l’avion. Ou alors on se rend compte qu’il y a peu de bus et qu’ils sont déjà complets.



Donc j’ai tranché : une journée de bus, une nuit à Punta Arenas, et un vol au prix acceptable vers Santiago. Le lendemain le chauffeur de taxi est un rigolard très loquace qui me fait un cours d’histoire, comme quoi les Français auraient été mis dehors de Patagonie par les anglais. Enfin je n’ai pas tout compris, bien que j’aie insisté pour qu’il parle lentement.

Je réserve un siège contre le hublot, salivant à l’avance de la vue que j’aurai sur la Cordillère des Andes pendant tout le vol. Pas de chance les nuages sont nombreux et épais, et nous volons trop au-dessus de la Cordillère, et donc sans recul pour voir certains sommets. Mais quand même la vue est impressionnante, partout des sommets escarpés et enneigés, séparés de leur voisin par un glacier immense qui serpente. Je crois même voir Torres del Paine.

J’arrive à Santiago, il fait chaud ici ! Le contraste avec la Patagonie est un peu fort. Prenant au mot les conseils de nombreux voyageurs, je ne vais pas visiter Santiago et saute dans un bus pour Valparaiso, sur la côte. Sur la route, des vignes, des collines ou petites montagnes brûlées par le soleil. Et une sensation indéniable de richesse.

A Valparaiso, dès la sortie du terminal, je suis séduit par la ville : partout de magnifiques demeures au style colonial, mais peu entretenues et défraîchies, avec une couche de saleté, ce qui donne presque plus de charme. J’imagine que Cuba est dans le même style, voilà un autre pays à ajouter à ma liste.

Je trouve un petit hostel charmant dans le quartier historique Concepcion. Chaude et paisible après-midi, par un dimanche ensoleillé, la Patagonie est bien loin. Je pars rapidement faire un tour dans le centre, assez déserté et moyennement beau. Le port est un peu plus agité, toutes les familles montent tour à tour dans un bateau pour visiter le port. Pas de chance, un officier interdit de partir au bateau dans lequel je suis monté, il y a trop de vent et on risque de se retourner. Les bateaux ne sont pas de toute première jeunesse …

Je repars donc marcher dans les rues, tout en ayant des doutes et une drôle d’impression. Les rues sont vides, certaines sont particulièrement sales et douteuses. J’arrive sur une place, immédiatement l’odeur me prend au nez, et je suis l’objet de plusieurs regards. Bon on ne va pas traîner ici. Merci le Lonely Planet qui l’incluait dans un parcours « type ».

Je décide de monter dans les quartiers qui surplombent le centre. Valparaiso est classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité pour ses maisons pittoresques, pour son architecture. Et c’est une ville toute en dénivelé, il faut de bonnes jambes pour s’y promener. Rapidement je découvre des escaliers escarpés et pittoresques, débouchant sur une belle maison ou un café charmant et bien caché, qui encourage à s’arrêter et s’asseoir pendant des heures, pour apprécier la vue plongeante sur la baie et l’âme du quartier.



J’arrive au Musée des Beaux-Arts, logé dans une maison énorme et splendide, comme on pourrait en trouver à Wissant, sur la Côte d’Ôpale. Et suivant un plan affiché dans un des vieux ascenseurs, je me dirige vers le Cerro Alegre, en principe un des quartiers pittoresques de Valparaiso. Il y a une ambiance bizarre. OK c’est dimanche mais tout de même il n’y a personne. Apparemment c’est un quartier sûr, mais ce vide est surprenant. Le vent qui souffle puissamment renforce ce sentiment de ville abandonnée. Il y a bien quelques petits hôtels de charme, complets même, ou restaurants et cafés stylés pour confirmer que ce quartier a une âme, mais je croise une personne toutes les cinq minutes, pas plus. Les gens se cantonnent-ils chez eux ou ont-ils quitté la ville pour le week-end ?

Par coïncidence cinq portes se claquent sur mon passage, sur 100 mètres de distance. J’ai presque envie d’en rire, elle est cachée où la caméra ? Un volet claque violemment et perd une latte, enfin une de plus parce que la maison, malgré sa belle architecture, frôle le délabrement. Je descends vers le Cerro Concepcion, et tombe sur quelques points de vue fascinants. Les quartiers historiques sont un entrelacement de ruelles, escaliers, et maisons colorées sur différents niveaux. Ces maisons sont souvent en triste état, mais néanmoins splendides. Comme à mon habitude, je mitraille. L’album va encore être indigeste, des maisons par centaines …



Le quartier est beau, mais je cherche le cœur vivant, là où se trouve l’âme profonde. Et finalement là est le plaisir, essayer de cerner une ville ou un quartier, ne pas voir tout de suite comment il s’articule et ce qui le fait vivre. A Valparaiso, le centre n’a quasiment pas d’intérêt, et la quête de l’âme de la ville est donc plus longue, moins évidente.

Je pense toucher au but, j’arrive dans un petit bout de quartier charmant, autour d’une petite église. Façades élégantes, petits restaurants, boutiques d’artisans. Je m’engage dans un escalier escarpé, sinueux, assez sale et peu engageant mais apparemment sûr, et je me retrouve … devant la porte de mon hostel. J’ai tourné pendant des heures à chercher le point névralgique, et je me rends compte que mon hostel est en plein coeur. Ce n’était pas forcément évident, parce que le quartier est très calme, surtout un dimanche, on ne croise pas beaucoup de gens. Cela tient à des petites choses, c’est subtil.



Qu’est-ce qui fait la beauté des maisons ? Une architecture noble, une façade défraîchie voire délabrée (trop de propreté et de richesse sont lassantes), dans le jardin un palmier dont les feuilles les plus hautes sont touchées par le soleil de cette fin d’après-midi.

Plus tard dans la soirée, par hasard dans un petit restaurant, je croise Eran, israélien, Gabriela, suisse, tous deux dans mon dortoir, et Heidi, suisse aussi. Après une discussion animée sur les U.S entre autres, nous continuons dans un bar. Belle soirée, arrosée, qui a le mérite de fixer mon opinion sur les israéliens, avec l’aide d’Eran qui donne son avis objectif : lorsqu’ils viennent de quitter l’armée, ils voyagent en groupe, sont bruyants et puérils, très fermés aux autres (en majorité, avec des exceptions bien sûr). Lorsqu’ils sont plus âgés, ils voyagent seuls et sont très ouverts. Yonanthan à Cordoba, et Ariel à Ushuaïa, avaient commencé à m’éclairer sur le sujet.
C'est un coup de chance aussi de rencontrer Gabriela, qui a le même itinéraire que moi dans les jours à venir, je devrais la retrouver.

Le lendemain je pars pour Viña del Mar, la station balnéaire huppée toute proche et assez réputée. Je commence par parcourir les plages, avec la vague intention d’y lézarder quelques heures. Mais je suis très déçu, on ne voit que des grands buildings, c’est riche et complètement impersonnel. Comme en plus le vent souffle fort, je ne m’arrête pas sur la plage et marche longuement vers le centre ville, un peu plus beau mais bondé de monde. Le temps d’avaler un menu dans un restaurant local, je pars vers le superbe jardin Quinta Vergara, où se cache un grand amphithéâtre contemporain. Malheureusement on nous fait rapidement sortir , un incendie s’est déclaré dans la colline qui le surplombe, à moins de cent mètres, et la fumée envahit tout le quartier.



Globalement peu convaincu par Viña del Mar, je rentre à Valparaiso par le métro côtier, et entame trois nouvelles heures de marche inlassable dans les quartiers historiques, un vrai labyrinthe où il faut chercher les escaliers qui ne figurent pas forcément sur le plan, pour passer entre les maisons, d’un Cerro à un autre, en évitant de redescendre dans le centre pour remonter. Il y a toujours peu de monde dans les rues, mais l’ambiance est différente, par ce lundi ensoleillé. Peut-être aussi que ma perception est différente, parce que j’ai « cerné » les lieux hier. Le ressenti de l’âme d’une ville est ô combien subjectif.

C’est un régal pour les yeux, je mitraille autant que je peux. Je crois que les photos urbaines m’ont toujours plu davantage que les beaux paysages, trop évidents et pas si faciles à cadrer pour avoir une photo vraiment belle. Dans les villes, surtout à Valparaiso, on peut voir ce que tout le monde ne voit pas, faire un cadrage original, assister à une petite scène de vie. Et il faut chercher, chercher …



Je trouve une petite galerie d’art tenue par un français, qui discute avec un artiste français, puis un autre peintre. Des peintures et gravures magnifiques qui dépeignent toute l’âme de Valparaiso, ses ruelles, ses ascenseurs, ses maisons, ses escaliers. C’est très beau mais hors de mon budget.

Petite soirée tranquille à l’hostel où je discute avec quelques voyageurs, et dîner tardif dans un resto dont la terrasse domine la baie. Le lendemain je quitte déjà Valparaiso, pour Santiago où je ne passerai qu’une nuit. Ça s’accélère avant la fin de l’Amérique du Sud. Dans le petit bus local vers le terminal de Valparaiso, je croise par hasard l’artiste français rencontré la veille. Cinq minutes pour m’expliquer un peu ce qu’il pense de la société chilienne, c’est toujours intéressant.

A Santiago, je tombe malheureusement dans un repaire à gringos, la Casa Roja, peu intéressante malgré sa débauche de confort (je parle de confort pour un backpacker, tout est relatif) et la superbe demeure qui l’abrite. Deux ou trois heures de marche pour voir rapidement à quoi Santiago ressemble, effectivement au premier coup d’œil ça paraît aussi peu intéressant que d’autres voyageurs me l’ont dit, sans être laid non plus.



Une soirée sage et une courte nuit plus tard, je file à l’aéroport pour mon étape suivante, qui me donne chaud au cœur à sa simple évocation, un lieu ultra-mythique, qui me fait rêver encore plus que tous les lieux mythiques déjà vus, un cotillon au milieu du Pacifique …

On se retrouve à l’atterrissage, dans cinq heures !
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samedi 5 décembre 2009

Ushuaïa, séquence frisson … ou non

Je quitte Puerto Natales au petit matin, pour une longue journée de bus, douze heures. C’est beaucoup moins que certains des précédents trajets, mais ici on ne trouve plus les bus hyper-confortables du nord, avec les fameux camas inclinables. Après cinq petits jours au Chili, la tête pleine d’images grandioses, je repars en Argentine pour ma dernière étape dans ce pays fantastique. Et pas la moindre étape, la fin du monde, la cité la plus australe du monde, un nom qui fait en rêver beaucoup, Ushuaïa.

Le bus traverse la pampa presque plate pendant plusieurs heures. Ce paysage de steppe est seulement égayé par les grosses touffes d’herbe, quelques vaches, moutons, et deux jeunes autruches. Tout autour de la route, un vaste espace désolé, vide. De temps en temps une ferme, dans un état misérable.

Premier changement de bus au bout d’une heure et demie, pour en prendre un autre déjà bien rempli. Puis plus tard nous traversons le détroit de Magellan sur un ferry, pour rejoindre la Terre de Feu. L’eau est grise, les deux rives offrent un paysage désolé, juste un phare pour égayer tout cela. Au moins la sensation d’arriver dans un lieu à part, au bout du monde, est réelle.




Le trajet s’étale en longueur, mais difficile de s'endormir puisque les arrêts se multiplient : passage du poste-frontière chilien, puis argentin, puis à nouveau changement de bus à Rio Grande pour entamer la plus belle partie du trajet. Le paysage commence à onduler un peu, puis apparaît une immense forêt, un peu morbide avec des troncs morts par milliers, ou vivants mais tordus à cause d’un parasite sous forme de cheveux verts. Je me demande comment sont entretenues les forêts en Patagonie, mais partout où j’ai randonné, j’ai vu le sol jonché de ces arbres morts.

Puis les montagnes enneigées réapparaissent derrière un lac immense, et une forêt continue de conifères, bien vivaces eux. Le passage d’un col est l’occasion de dominer un lac magnifique, doublé par un autre lac beaucoup plus loin. Puis le bus redescend dans la vallée, cernée de sommets en neige, et qui alterne les espaces boisés et les espaces rasés par l’exploitation forestière, découvrant un sol rouge ou orange.




Et enfin apparaît la ce qui semble être beaucoup plus qu’un lac, c’est le canal de Beagle. Ce qui signifie que nous arrivons à Ushuaïa, et effectivement un panneau l’annonce, précisant que c’est la cité la plus australe au monde. Forcément je pense : « Ça y est j’y suis ». Un des noms mythiques qui m’a le plus fait saliver lors de la préparation du voyage, qui me faisait déjà rêver tout petit lorsque je regardais l’émission de Nicolas Hulot. Comme d’habitude, l’excitation n’est pas aussi forte qu’on le voudrait, mais quand même il y a la sensation d’avoir achevé quelquechose, à la fois un vieux rêve et la traversée de l’Amérique du Sud, de Quito en Equateur à Ushuaïa.
Lieu ultra-mythique n°6 atteint.

Pour la partie Rêve, c’est fait. Mais comme je l’avais entendu d’autres voyageurs, la réalité est plus terre-à-terre. Ushuaïa est une ville assez ordinaire, tout à fait moderne, ni laide ni belle. Et à la sortie du bus, étonnament il fait bon, il y a peu de vent. Des conditions plus radicales m’auraient plu, et auraient été à la hauteur de ce lieu mythique. Et même si l’été approche, je suis quand même étonné par la température. Donc difficile de se sentir vraiment au bout du monde, malgré le marketing touristique qui le rappelle  partout.
Lieu ultra-mythique n°6 démystifié.



Je m’installe à l’Antarctica, un hôtel à backpackers assez sympa, au nom prédestiné. Et dans mon dortoir je fais la connaissance avec Hap, un néo-zélandais qui est là depuis un moment et a un but clairement affiché : travailler en Antarctique ou sur un bateau de croisière vers l’Antarctique, « even if I have to clean the toilets ». Les croisières de dix jours vers l’Antarctique coûtent les yeux de la tête, minimum 7000 $ et potentiellement beaucoup plus. Je ne suis pas prêt à mettre ce prix-là, même si l’expérience est inoubliable.
Deux jours plus tard je vois en ville des offres de dernière minute à 4000 $, et un voyageur m’annonce même avoir payé 3000 $ ! Pas de chance, à ce moment-là j’ai déjà organisé mon départ d’Ushuaïa, et la semaine suivante est réglée comme du papier à musique, jusqu’à mon départ d’Amérique du Sud. Donc je ne partirai pas en Antarctique, pas cette fois-ci en tout cas …

Dès le premier jour je prends un tour dans un petit bateau, pour quatre heures de navigation dans le canal de Beagle : une courte marche sur une petite île inhabitée en face d’Ushuaïa, passage devant le rocher des cormorans, celui les lions de mer, et un demi-tour devant le phare Les éclaireurs (ainsi nommé parce que construit par des français) pour repartir pendant le coucher de soleil et voir Ushuaïa illuminé. Un petit tour bien sympa, qui en plus m’avait été vendu par un jeune français venant de Lille et du Pas-de-Calais, installé ici.




Les agences proposent des tours intéressants, pour aller voir les pingouins, l’estancia Haberton qui vit la fondation d’Ushuaïa, des tours en kayak … mais très chers comme on pouvait s’y attendre. Il faut donc se concentrer sur tout ce qui peut être fait par soi-même, ce qui est toujours mieux de toute façon, sauf à trouver une activité originale avec un bon guide et un groupe sympa. Le lendemain, je pars donc marcher au Glaciar Martial, qui se trouve juste au-dessus d’Ushuaïa. Plein de bonnes intentions, la marche est plutôt courte, dans la neige, la vue est magnifique sur Ushuaïa et le canal, jusqu’à ce que le temps se couvre. Je prends la photo de justesse en voyant un nuage arriver.




Il commence à neiger vraiment fort là-haut, je redescends rapidement et décide de rentrer en ville à pied, par la route et sous la pluie. Il y a plus séduisant comme programme mais je n’ai pas ma dose de marche et je ne vois pas de bus, et rentrer en taxi me donnerait mauvaise conscience. Après une heure de descente, c’est aussi l’occasion de traverser les quartiers excentrés pour me faire une autre idée de la ville. Rien de différent en fait, beaucoup de petites baraques en bois, ni laides ni belles.

Les soirées se passent tranquillement avec des britanniques, israéliens, allemands, entre l’hôtel confortable et le Dublin Pub. Grande cuisine équipée, fauteuils confortables, et une tireuse de la bière d’Ushuaïa, toutes les conditions qu’il faut pour avoir un hôtel convivial.

Bien que je ne sois toujours pas dans une forme physique exemplaire, et que le Glaciar Martial m’ait un peu entamé, je pars pour le Parque Nacional Fin Del Mundo, à quelques kilomètres de la ville. Il est énorme mais seule une partie, petite en proportion, est ouverte aux marcheurs. Je démarre par le sentier de la côte, au bord du canal. Un chemin de randonnée splendide qui passe en revue les criques bordées de roches vertes, m’amène de lac en lac, et fait des grands tours dans la forêt. Toujours des arbres morts à terre ou tordus, c’est étrange mais beau. Je croise des chevaux en liberté, des aigles qui planent, une sorte de canard dont le mâle a une couleur totalement différente de la femelle




Deux bonnes heures de marche, sous une petite pluie et dans le vent, et je fais une pause devant le restaurant du Lago Roca, buvant juste un café et mangeant mon tupperware comme un voleur mais au chaud. Je repars pour une boucle supplémentaire vers la Laguna Negra. Le vent s’est calmé, il ne pleut plus. C’est encore un sentier magnifique que je parcours, au bord de petits lacs. Je ne croise quasiment personne, c’est paisible et magique. Là aussi j'observe différentes espèces d’oiseaux que je n’ai jamais vus ailleurs. J’atteins la Laguna Negra, dont le fond donne effectivement une couleur noire à la surface, et est bordée d’un écosystème particulier, rouge-orange. A cela on ajoute une forêt autour, et un sommet enneigé qui surplombe le tout, et on obtient un paysage unique de plus.




Je poursuis vers le lac suivant et rencontre un israélien très sympa, Ariel. Décidément, un de plus qui ne voyage pas en groupe et me fait changer d’avis sur les israéliens en voyage … Un lac énorme apparaît devant nous, la Bahia Lapataia, c’est en fait la fin du Parque. Un panneau annonce la fin de la Ruta Nacional N°3, et la distance avec l’Alaska, presque 18000 km et quelques. Quasiment la plus grande diagonale en Amérique.




Le temps d’attendre le bus, un aigle trottine dans l’herbe juste derrière moi. Comme le hasard fait bien les choses, Ariel a décidé de quitter son hôtel et de rejoindre l’Antarctica.

Le lendemain est un « lazy day » de plus, entre petit déj´ à rallonge avec les britanniques et israéliens, et petite balade en ville (entre autres pour avoir le fameux tampon Fin del Mundo sur mon passeport, là j’ai fait mon touriste de base). Quelques heures de calme pour apprécier pleinement ce vieux rêve maintenant accompli … atteindre USHUAÏA !
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mardi 1 décembre 2009

Torres del Paine ... gigante !

Après une courte « nuit-étape » à El Calafate, je file attraper mon bus tôt le matin. Je vais faire une infidélité de quelques jours à l’Argentine, pour rejoindre le Chili et un autre site phare de la Patagonie : le Parque Nacional Torres del Paine, une mecque du trek (une de plus), et une garantie de paysages fous fous fous. C’est un massif montagneux indépendant de la Cordillère des Andes, et parfaitement organisé pour permettre à tout le monde de marcher en toute autonomie.

Le bus s’éloigne du Lago Argentino, et à nouveau trace sa route à travers une plaine immense, à peine ondulée, colorée d’un brun clair homogène. Malgré l’absence de relief et de contraste, malgré le sol pelé, je m’évade en contemplant ces grands espaces. Au fond, très loin, les montagnes viennent donner une limite à l’espace (et un peu de structure à mes photos). Une autruche se balade seule sur le bord de la route, je n’avais donc pas rêvé cinq jours plus tôt, en arrivant à El Calafate.



Nous passons la frontière chilienne, toujours assez pénible parce qu’il faut sortir le sac du bus, et ici faute de scanner, ils l’ouvrent et plongent la main dedans à la recherche de produits frais. Déjà deux fois que j’entre au Chili, et une troisième fois à venir bientôt, ce contrôle va devenir plus que lassant.

Après cinq minuscules heures de bus, nous arrivons à Puerto Natales, la ville qui sert de point de départ et de préparation au trek à Torres del Paine. Plus que d’habitude, je dois trouver l’auberge de jeunesse parfaite, conviviale, qui me permettra de rencontrer d’autres voyageurs sympas, pour éviter d’aller marcher seul. J’ai la sensation que ce sera dur, et me fais à l’idée que trekker seul ne sera pas si mal.

En lisant mon Lonely Planet, pas toujours de bon conseil, je dois me fier à mon flair et à mon expérience en la matière. Là rien ne m’inspire. Quelques gérants d’hostels sont là à la descente du bus pour nous racoler, gentiment. L’un d’eux mesure 1m90 au moins, se balade en short et godasses de marche alors qu’il ne fait pas très chaud, et a les cheveux qui tombent au milieu du dos. Suffisant pour moi, je me dis « lui c’est un bon, son hostel est sûrement bien » et je réponds positivement à sa proposition. Ça ne paie pas de mine à l’extérieur, mais l’intérieur est cosy, et Omar est vraiment très cool comme son look me laissait penser. C’est en fait un vrai montagnard dans l’âme, qui ne connaît de la France que la Corse, le GR20 en fait. L’hôtel est malheureusement quasi-vide.

Je lance une course de vitesse pour prendre les infos à l’Erratic Rock, hostel qui propose un « séminaire » gratuit, faire laver mes fringues, faire les courses de nourriture pour le trek, réserver les nuits en refuge, acheter le billet de bus pour partir quatre jours après, et régler divers détails, tout ça en quatre heures top chrono. J’y parviens, et décide donc de partir marcher dès le lendemain pour trois jours, seul donc. J’ai un vague espoir de trouver un partenaire le soir, quand l’hostel se remplit, notamment avec un couple de parisiens très sympas, mais non. Pas grave, et pas question de traîner un jour de plus dans le vague espoir de trouver quelqu’un. Paradoxalement, lorsqu’on voyage seul, on est rarement seul, et lorsqu’on l’est, il faut en voir les bons côtés et savoir se ressourcer. Ce sera peut-être un peu long pendant trois jours de trek en montagne, mais je dormirai en refuge et non sous tente, par simplicité et pour justement pouvoir discuter le soir avec d’autres marcheurs.

Le bus passe donc me prendre dès 7h30 le lendemain, déjà bien rempli d’autres marcheurs, et après d’incessants tours en ville pour prendre les derniers, nous prenons enfin la route du Parque Nacional. Deux petites heures qui offrent un léger complément de sommeil à ma courte nuit, et nous arrivons à l’entrée du parc, payante comme toujours ici. La première chose que nous voyons au loin, c’est le clou du spectacle : les fameuses « Torres », trois pics de granit gigantesques, l’un des Graals recherchés par les voyageurs en Patagonie.



Comme ma première journée s’annonce courte, je décide de marcher dès le début, sur la route de terre qui rejoint le début du sentier. Mon sac est bien lourd, je ne porte pourtant pas de tente. Il souffle un vent très fort, ici c’est le lot quotidien ... avec la pluie.

Je croise les doigts pour que mes nouvelles chaussures ne me fassent pas souffrir, je les ai achetées à El Calafate parce que ma fantastique première paire Lowa, achetée en France et portée quasiment sans relâche pendant quatre mois, montre de gros signes de faiblesse. Un vrai déchirement que la perte imminente de ces chaussures. Je leur offrirai une cérémonie d’enterrement à la hauteur du confort qu’elles m’ont apporté.

Au bout d’une heure et demie de marche dans les bourrasques de vent, croisant les 4x4 qui me saluent gentiment, j’arrive à l’Hosteria Las Torres, départ des vrais chemins de marche. On ne voit déjà plus Las Torres, masquées par un autre sommet, mais ce qui s’annonce pour les heures prochaines et les deux jours à venir est au moins aussi beau. Et c’est ce qui fait tout le succès du Parque Nacional Torres del Paine : en plus de ces pics grandioses, il y a une diversité de paysage que l’on trouve rarement ailleurs : sommets rocheux, glaciers, forêt, lacs …

Je démarre donc sur les vrais chemins, au milieu d’arbustes aux fleurs rouges. Je ne croise pas beaucoup de monde, j’accuse un peu le coup sous le poids de mon sac. A ma droite une barre rocheuse, et une mini-avalanche qui se déclenche toutes les cinq minutes, dans un grondement lointain. Puis j’arrive au Lago Nordenskjöld, aux eaux bleues-vertes et légèrement laiteuses, avec derrière des montagnes enneigées de moyenne altitude. Un arrêt s’impose pour l’admirer … je me réveille trente minutes plus tard ! S’endormir sans l’avoir voulu, au bord d’un chemin de randonnée, devant un tel spectacle, ce fut le petit plaisir de la journée, en plus du paysage.



Je poursuis le chemin, dans un relief plus marqué et plus fatigant. Curieusement il ne fait pas froid, je marche même en tee-shirt pendant deux heures (bon OK, j’étais quasiment le seul, je ne suis pas une référence en matière de sensations thermiques). A gauche toujours le lac, à droite le massif évolue doucement. Tout autour, toujours une végétation aux couleurs variées.

Et le deuxième clou du spectacle apparaît : los Cuernos. Là aussi c’est une masse incroyable de granit, mais sous une forme différente, comme un cirque avec un pic en son centre, et bicolore, grise et noire. Peu de mots à la hauteur du spectacle.



Un grand rapace noir, sûrement un condor, plane dans les airs à la recherche de sa proie. J’arrive au refuge qui se trouve au bord du lac et au pied de los Cuernos. Le prix d’un lit en dortoir n’est pas donné, mais pour moi qui marche seul, c’est plus simple, plus sympa, et je m’épargne des kilos supplémentaires dans le sac. Mais au moins pour ce prix, les lits sont bons et les douches chaudes et propres. Il manque juste la garantie anti-ronfleurs, on verra ça dans quelques heures …

La plupart des randonneurs plantent la tente à côté du refuge, et profitent de tout son confort. Le dîner est donc animé, la salle principale est pleine. Je rencontre quatre français qui marchent ensemble, mais dans le sens inverse du mien, dont deux qui terminent bientôt leur tour du monde d’un an, dans le sens inverse aussi. Je profite donc de nombreux conseils, mais je les enregistre assez peu, j’ai encore du mal à me projeter en Asie.

L’avantage d’être en trek, c’est qu’on se couche tôt, par fatigue et faute de distraction. Et paradoxalement c’est donc une bonne cure de sommeil, en comparaison des nuits urbaines rognées par les sorties et l’intoxication au wifi. Je m’offre donc une bonne nuit et décolle à peu près tôt le lendemain, dans une atmosphère mystérieuse faite de brume, d’humidité ambiante, de végétation envahissante. J’ai une grosse journée, dix à onze heures en comptant de petites pauses. Mais peut-être une des plus belles, à ce que disent tous les marcheurs en sens inverse.

J’arrive plus vite que prévu au Campamiento Italiano, où je me soulage en laissant mon sac au Guardaparques (penser à m’acheter un petit sac de rando ; marcher avec un sac plastique à la main, c’est pas très pratique et ça fait très touriste …). Le plafond nuageux se fait très bas et très chargé quand je m’engage dans la Valle del Frances. Face à moi, le Glaciar del Frances, partiellement caché par les nuages mais imposant et tellement proche. Une mini-avalanche se déclenche régulièrement, une coulée continue de plusieurs minutes qui provoque ce fameux bruit de tonnerre maintenant très familier. Devant moi le glacier et les nuages mélangés, derrière moi un vaste paysage mêlant végétation et lacs, à droite une petite cascade. C’est ça Torres del Paine, tout en un coup d’œil.



Je dépasse le glacier, sur un beau sentier au milieu des arbres. Il neige abondamment et l’air se rafraîchit à grande vitesse. Environ deux heures de marche magnifique, où je ne croise quasiment personne, et j’arrive au Campamiento Britannico. Frances, Italiano, Britannico, l’influence de l’Europe est à peine perceptible ici …

Quelques courageux ont dormi ici et replient la tente sous la neige, tout leur matériel est trempé et eux-mêmes ne paraissent pas bien fiers. Un marcheur m’informe que le mirador, une heure plus haut, est pris dans les nuages et qu’il n’y a rien à voir. Dommage, il paraît que le panorama y est superbe, mais je trouve une occasion de ramener ma journée à une durée plus supportable, d’autant que mes chaussures neuves commencent à confirmer mes craintes et torturer mes pieds. Une rapide pause déjeuner et je redescends, traversant un champ de pierre sous l’averse de neige, une forêt pittoresque avec ses arbres morts et ses arbres tordus, un chemin de pierres devenu ultra-glissant.



J’arrive au Campamiento Italiano, mon sac est toujours là et pas trop trempé. Ici il ne neige pas, il pleut, et de nombreux campeurs se sont réfugiés sous une cabane, la mine peu enthousiaste devant leur petite bombonne de gaz et leurs sachets de soupe. Je suis bien content d’avoir choisi l’option chère mais pratique des refuges !

Après avoir partagé pendant quelques minutes le quotidien humide des campeurs sous la cabane, je reprends le chemin, direction le refuge Paine Grande au bord du Lago Pehoe. Au-dessus de moi, une grande barre rocheuse enneigée, territoire de deux condors planant ensemble. En-dessous de moi un sentier boueux, parsemé de pierres pour jouer les funambules, et sinuant sous les petits arbres. A ma gauche le vaste panorama que je contemple depuis deux jours déjà. La pluie se calme mais c’est le vent qui prend son tour.



J’arrive enfin au refuge, énorme et très confortable mais peu convivial, pas un vrai refuge à mes yeux. Les vêtements trempés traînent un peu partout dans les couloirs. L’ambiance est plus anonyme, je me couche tôt et me lève extrêmement tôt, quand tout le refuge dort encore, pour partir à l’assaut du Glaciar Grey sans mon sac (c’est dommage, il est léger maintenant (penser encore à m’acheter un petit sac de rando ; marcher avec un sac plastique à la main, c’est toujours pas très pratique et ça fait toujours très touriste …)).

La motivation diminue en ce troisième jour, à mesure que mes pieds me font souffrir. Je compte donc expédier cette marche rapidement, pour attraper le catamaran de 12h30 et profiter de l’après-midi à Puerto Natales. Mais qu’il est bon de marcher complètement seul à 6 heures du mat’ ! Sous un ciel gris mais un temps potable, sous les arbres, devant un lac où flottent quelques icebergs … J’essaie d’oublier mes ampoules et le charmant sac plastique qui pend alternativement à ma main gauche et droite, et je profite de cette marche matinale sur le chemin boueux.

J’arrive rapidement au Glaciar Grey, énorme comme tous, et comme bloqué par un énorme rocher en son milieu. Il reste une bonne heure de marche tout sauf plate pour arriver au refuge au bord du glacier. Il est magnifique mais je commence à avoir ma dose de glaciers, et je ne veux surtout pas rater le premier catamaran. Je rebrousse chemin, content d’avoir vu l’essentiel après seulement 1h30 de montée.



En descendant je croise des têtes que je vois partout depuis trois jours, ils sont un peu étonnés de me voir descendre à cette heure-là. Deux heures de repos mérité dans la chaleur du refuge et j’attrape le catamaran qui relie l’autre bout du lac et le départ des bus. Un dernier coup d’œil aux Cuernos et aux Torres, encore plus majestueuses avec un peu de recul, et deux heures de face-écrasée-contre-la-vitre-la-bouche-ouverte plus tard, j’arrive enfin à Puerto Natales et retrouve l’intérieur cosy du Kaweskar Hostel, Omar toujours aussi actif pour tenir les lieux impeccables, la douche chaude, le lit moelleux, les fauteuils pousse-à-la-paresse, le couple de parisiens toujours en train de dessiner la vieille cuisinière, et d’autres voyageurs s’activant pour partir en trek le lendemain. Y a-t-il des moments plus appréciables qu’un retour de trek, dans un endroit chaud et confortable ? Si l’on oublie la corvée de devoir refaire complètement son sac ...

J’ai choisi de rester encore le dimanche, pour me reposer et voir un peu à quoi ressemble Puerto Natales. C’est une ville un peu étrange, les rues sont tracées au carré à l’américaine, et bordées de petites maisons à un étage, faites de matériaux médiocres (souvent de la tôle), certaines ressemblant à des baraquements de fortune. Mais l’intérieur est souvent cosy, comme le Kaweskar Hostel. Il y a un contraste étonnant entre cette précarité apparente et un niveau de vie très correct ; nous sommes quand même au Chili, un pays qui n’est pas à plaindre. Cela me fait penser au Canada, la Nouvelle-Ecosse tout au moins, c’est exactement le même style de maisons.



J'enchaîne vers le port, il n’y a quasiment pas un chat. Je descends un petit Pisco Sour face au fjord Última Esperanza pour remonter dans le temps, et je rentre à l’hôtel en passant par le centre. Bien qu’on soit dimanche, il y a de l’animation : c’est bientôt les élections au Chili, et les jeunes sont recrutés pour faire de la retape, en agitant des drapeaux sur les trottoirs, distribuant des tracts, mettant de la musique à fond. La méthode me laisse sceptique, mais eux s’en foutent, ils sont payés pour.

Dernière nuit tranquille dans l’hôtel surchauffé par la vieille cuisinière, les parisiens sont toujours là et d’autres français ont remplacé ceux qui sont partis. Le lendemain, tôt, je file prendre mon bus, pour un voyage qui s’annonce un peu pénible mais va me ramener en Argentine, dans un lieu mythique … LE lieu ultra-mythique de l’Amérique du Sud … la fin du monde …
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