Je suis reparti en Argentine ! Bientôt le nouveau blog ...
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lundi 14 juin 2010

Koh Tao et Railay pour un final en beauté

Je quitte Koh Lanta pour une journée très utilitaire et pas très agréable, avec pour seul but d’atteindre la frontière avec la Malaisie, sortir de Thaïlande et entrer à nouveau pour gagner 15 jours supplémentaires sur mon visa. La veille, j’ai passé une bonne partie de la journée à étudier les options, confrontant les infos du Lonely Planet avec celles que me donne un jeune employé de l’hôtel, très sympa et serviable mais pas très bien renseigné. Mais là ça y est, je connais mon itinéraire, mais je ne sais pas à quelle heure je m’arrêterai ce soir ni où je serai. Un peu d’incertitude et d’improvisation pour se sentir vraiment voyager …

Je prends un premier mini-van de 2h30 jusqu’à Trang, où j’ai juste le temps de me balader au marché. J’ai le plaisir de constater que les locaux me regardent, pas les yeux écarquillés mais quand même peu habitués à voir des touristes et se demandant ce que je peux bien faire ici. Le plaisir d’être hors des sentiers battus … Trois quarts d’heure plus tard je prends un autre minivan vers Hat Yai, plus au sud, où je descends au terminal de bus, attends une heure et prends un autre minivan vers Padang Besar, où l’on me dépose devant le poste frontière. Un tampon de sortie du pays, je contourne le bâtiment, un tampon d’entrée, et en cinq minutes c’est réglé, je peux rester 15 jours de plus en Thaïlande. Je me poste sur le trottoir d’en face, un peu dans l’incertitude sur les bus ou minivans qui vont passer là, j'attends 30 minutes en répondant aux écoliers hilares qui rentrent de l’école et me lancent des Hello. Un vieux bus public arrive, j’arrive tout juste à lire la direction sur le pare-brise et je monte à bord. Bien délabré, bien bruyant et polluant, comme il faut. J’arrive à Hat Yai en fin d’après-midi et décide de remonter un peu plus haut jusqu’à Trang, histoire d‘utiliser à fond cette journée bien pourrie mais sans vraiment savoir où je veux aller demain. J’arrive donc à Trang vers 20h après 12 heures passées dans les bus et terminaux. Je trouve un des rares hôtels un peu adaptés aux étrangers, et file au marché de nuit. Dans la rue, un mahout se balade sur son éléphant, tranquille, normal. Ce marché de nuit est un vrai plaisir, on trouve tous les délices de la Thaïlande et même plus, je suis le seul étranger et les gens me regardent, surpris ou amusés de voir un farang. Rassasié de brochettes et chargé de fruits que j’adore (mangostine, jackfruit, litchi …), je rentre à l’hôtel et essaie d’effacer cette longue journée de bus par une bonne nuit.

Au réveil je suis à nouveau d’attaque pour un nouveau trajet en bus. La destination : retour à la case départ, ou presque. Je repars à Krabi, près de Koh Phi Phi et Koh Lanta, pour rallier Railay. J’attrape de justesse mon bus, et deux heures plus tard je suis à Krabi. Le temps d’un petit trajet en pirogue, je débarque sur la plage, jette mes sacs sur le sable, et contemple le paradis où je viens d’arriver. Railay n’est pas une île, mais c'est tout comme puisqu’on ne peut y aller qu’en bateau, à cause des immense rochers qui clôturent le lieu. Et ces immenses parois rocheuses font de Railay un paradis de l’escalade. Mais pas besoin d’être un fan de grimpette pour profiter des lieux, c’est un vrai paradis. Une plage à l’ouest, une bande de terre de 300 mètres, une plage à l’est. De toutes parts, des parois rocheuses verticales et une végétation luxuriante.




Je m’installe à Railay Est, la plage accessible aux budgets modestes. Bordée par la mangrove, un peu boueuse, pas vraiment faite pour la baignade, mais bordée de petits bars, restaurants, commerces. Et Railay Ouest, la plage somptueuse mais aux hôtels très chers, n’est qu’à 5 minutes. Je passe quatre jours délicieux, bien qu’assez pluvieux à cause de la mousson qui commence, entre plage à Railay Ouest, plage à Pha Nang, photos, des couchers de soleil, piscine, grimpette dangereuse vers un point de vue, soirées avec tout un groupe d’expatriés irlandais-américains-québécois et thaïs qui vivent à Koh Lanta. Railay est mon petit paradis, mieux que Phi Phi et Lanta.




Le dernier soir, j’assiste enfin à un combat de boxe thaï, expérience à ne pas manquer ici. Sur un vieux ring pourri, dans un bar à 10 mètres de l’eau, un boxeur local affronte un vietnamien. Ça commence doucement mais ça monte rapidement en intensité. Ils se frappent violemment et se projettent dans les cordes, au son du commentateur qui lance des « Oh my Buddha, what happens ? Oh My Buddha !! ». Quand l’un se retrouve sur le dos de l’autre, « Oooh they are like a ladyboy ! ». Quand l’un jette l’autre dans les cordes, « Oooh they look like a monkey, oh my Buddha !». Une grand blonde qui n’a pas froid aux yeux, anglaise ou américaine, annonce le début de chaque round d’une manière, hummm ... très libérée.

Je dois quand même m’en aller, parce que les jours sont comptés. Je voulais m’enfiler le trio Koh Samui – Koh Pha Ngan – Koh Tao, mais il est clairement trop tard. Je voulais m’arrêter sur la côte est à Chumphon, face à Koh Tao, pour refaire du kitesurf, mais ce n’est pas la saison. Je choisis donc Koh Tao, qui sera l’ultime étape de ce voyage. Vingt minutes de pirogue, un débarquement hasardeux et périlleux dans la boue, et un minivan vient me chercher … il est vide ! Je me dis qu’on va prendre d’autres passagers plus tard, sur la route, mais non je me retrouve comme dans un taxi privé pendant quatre heures de route jusqu’à Chumphon. Dommage que le chauffeur ne parle pas un mot d’anglais. Sur la route, je verrai une des rares images exotiques de vie locale : des singes accrochés à l’arrière d’un pick-up chargé à ras bord de noix de cocos. Le pick-up roule vite, et les singes tiennent sur une minuscule barre de fer, accrochés à une chaînette, et apparemment pas stressés.




Après une pause dans le resto de l’agence, je suis emmené avec deux hollandais vers l’embarcadère du bateau, pour une nuit sur les eaux vers Koh Tao. C’est un vieux rafiot, il y a juste une grande pièce avec des matelas entassés pour dormir. Je trouve par chance un lit suspendu au plafond, qui m’évite d’être collé à quelqu’un et d’avoir le nez sous son aisselle.

Le bateau accoste à 5 heures du matin, je ne sais pas trop bien où je veux aller. Je pense bien à Tanote Bay, sur la côte est qui regroupe les plus belles plages, mais c’est apparemment isolé de tout et les taxis coûtent très cher à cause des routes défoncées, lesquelles dissuadent fortement l’utilisation d’un scooter. Donc je comate un moment sur les marches du 7 Eleven, en attendant que le jour se lève, et finis par me décider à prendre une chambre pas chère ici même près du port, pour une nuit en attendant d’avoir les idées plus claires. Je prends un bungalow chez Mr J, apparemment un homme haut en couleurs et connu pour sa foi inébranlable en la réincarnation. La réception de l’hôtel est pleine d’A4 plastifiés développant ses thèses, et on en trouve même en ville, sur des poteaux. Même le Lonely Planet en parle et recommande de le lancer sur le sujet, malheureusement il est en vacances.




Je me lance dans un petit tour de la ville et je tombe sur le shop de plongée Blue Diamond que l’on m’avait recommandé. Koh Tao est réputée pour la plongée (à juste titre ?), et depuis le temps que je contente du gentil snorkeling, je suis très tenté. Le gérant ne parle pas un mot d’anglais, mais appelle tout de suite un instructeur français, qui rapplique tout de suite et m’explique tout sur le cursus Open Water, me dit tout le mal qu’il pense des gros shops de plongée à Koh Tao, et me donne plein d’infos diverses sur la vie locale. Je suis convaincu et signe, d’autant que je vais profiter d’un cours privé pour le prix normal. Et le bungalow m’est offert pendant quatre nuits, pratique assez classique ici.

Je déménage donc à Blue Diamond, et entame un cours particulier de quatre jours de plongée. La salle de cours est à 10 mètres de mon bungalow, la mer est transparente, le ciel est bleu … Quelques heures de cours et de quizz, quatre plongées entre 12 et 18 mètres. Je n’ai pas vu les plus beaux sites, les couleurs étaient là sans être impressionnantes, mais quelle sensation magique de plonger avec la bouteille !

Entre deux cours je vais marcher le long de la côte, sur un petit sentier entre végétation et rochers, et je tombe sur une plage splendide, déserte si j’oublie deux filles qui bronzent. Il y a des bungalows mais ils sont tous vides. Je m’offre 30 minutes de snorkeling dans l’eau transparente, et reste un moment sur la plage pour contempler cette vision du paradis.




Je passe une soirée sympa devant une sorte de kiosque qui fait office de bar, au bord du trottoir, avec deux jeunes français et un suisse. Une fois la certification de plongée en poche, je profite du dernier jour pour louer un scooter et explorer le peu qui peut l’être. La plupart des routes sont très pentues et pleines de terre, les accidents sont nombreux, et les loueurs se font un plaisir de facturer des sommes monstrueuses pour la moindre rayure. Et comme mes deux légers accidents au Cambodge m’ont causé pas mal d’ennuis directs et indirects, je ne veux pas prendre le risque et je reste sur les routes faciles qui ne permettent de voir que le sud, la côte ouest (la moins belle), et l’ïle Nan Yuang au nord. Les rares pentes raides que j’ai descendues, en tentant un tour vers les belles plages de l’est, m’ont donné des frissons. J’arrive quand même à découvrir des plages somptueuses et désertes, des bungalows donnant sur l’eau, des sites de snorkeling. Même si j’ai dédié mon passage à Koh Tao à l’apprentissage de la plongée, je suis un peu déçu d’être passé à côté de ça. Les îles voisines Koh Samui et Koh Pha Ngan sont réputées plus belles, mais à Koh Tao aussi on peut trouver des petites criques paradisiaques.




Le lendemain je profite encore un peu du scooter pour retourner sur la magnifique plage de Ao Chalok au sud, et je vais prendre le bateau rapide vers la côte vers Chumphon pour ensuite prendre un train de nuit. A partir de là, une ligne droite se trace :
- Bangkok le 14 matin
- Londres le 15 matin
- Home sweet home le 15 dans la journée.

Je ne quitte pas la Thaïlande avec d’énormes regrets. Malgré la beauté des îles, ce n’était vraiment pas le pays le plus marquant pour moi. Mais en quittant la Thaïlande je termine ce voyage. J’ai eu beau y penser sans arrêt dans les derniers jours, j’ai quand même eu du mal à réaliser que la fin approchait. De Quito à Koh Tao, presque un an s’est passé. Je savais que le voyage passerait vite, et ce fut le cas, mais quand je regarde en arrière, cette année a duré comme deux années. Les aventures des premières semaines, des premiers mois, paraissent s’être passées dans une vie antérieure.

Pas de bilan tout de suite, c’est encore trop chaud. Le voyage s’arrête, le blog continue encore un peu, histoire de livrer une petite vidéo inédite et de mettre noir sur blanc ma digestion de tout ça … alors ne décroche pas tout de suite et reviens ici !
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samedi 5 juin 2010

Un petit tour du côté du paradis

Après une après-midi suffocante dans Bangkok apaisée (de force), je monte dans un bus de nuit, direction le sud, direction les îles. Il me reste presque trois semaines, j’ai décidé de les passer intégralement dans ces endroits de rêve, histoire de me reposer et de prendre le temps de repenser aux onze mois qui se sont écoulés. Exit la Malaisie et l’Indonésie, qui auraient fait de cette fin de voyage une vraie course contre la montre, l’antithèse du voyage pour moi. Toute la difficulté est maintenant de choisir sur quelles îles paresser, sachant que je devrai descendre jusqu’à la frontière malaisienne pour gagner 15 jours sur mon visa.

Une nuit plus tard, après un voyage pénible à cause d’un type pénible qui a soûlé le bus toute la nuit en parlant, et moi le premier puisque j’étais à côté, j’arrive à Krabi, sur la côte ouest appelée côte Andamane. J’avais entendu dire que c’était un beau coin, mais ma première vision n’est pas très réjouissante, et le Lonely Planet, consulté un peu tardivement, me confirme qu’il n’y a pas grand-chose à y faire. Par contre, à proximité immédiate se trouvent quelques-uns des plus beaux joyaux de la Thaïlande, à commencer par Koh Phi Phi. Donc je prends tout de suite mon ticket pour la traversée en bateau, et deux heures plus tard le bateau accoste au port. En route j’ai rencontré Steffi, une allemande qui voyage quelques mois en Asie.

Koh Phi Phi est une légende, autant pour sa beauté façon « carte postale », que pour avoir été ravagée par le tsunami en 2004. Au premier abord je ne suis pas impressionné, même si le temps couvert explique que la couleur turquoise des eaux ne soit pas au rendez-vous. La concentration touristique du village Hat Tonsai, concentration en agences de tourisme, restaurants, hôtels, bars … est là aussi pour casser le charme. En s’égarant dans des petites ruelles, on trouve tout juste une vraie vie locale. Après s’être sorti du labyrinthe de ruelles piétonnes, au rythme des « Phi Phi !» des locaux qui veulent se frayer un chemin en vélo, Steffi et moi trouvons une chambre basique à un prix abordable, c’est un soulagement au vu des prix pratiqués sur l’île. Une fois installés, on file voir la plage opposée au port. Koh Phi Phi est la carte postale parfaite parce que c’est un isthme de sable qui relie deux rochers immenses. Dans le village il y a donc deux plages distantes de 100 mètres à peine, surplombés par des rochers remplis de végétation. Mais aujourd’hui la carte postale n’est pas évidente. On attendra le soleil pour voir l’eau d’une couleur magique.

Après un dîner rapide au marché local, où même là les prix du continent sont multipliés au moins par deux, on fait un petit tour nocturne sur la plage, conquise par les bars qui rivalisent en lumières et en spectacles de feu. Le spectacle classique de l’ultra-tourisme … Et je vais m’écraser dans mon lit, après 40 heures sans sommeil.

Le lendemain, après avoir difficilement trouvé un petit-déjeuner à prix abordable, direction le port pour une journée de snorkeling. Nous avons réservé le tour classique d’une journée, qui fait le tour des îles voisines et des sites de snorkeling. Entassés à douze dans une pirogue, on commence par le petit arrêt obligé sur la plage aux singes, pour leur donner des bananes du bout des doigts. On continue vers un premier site de snorkeling. Evidemment ça ne vaut pas la vraie plongée, activité reine sur les îles, mais même avec un simple tuba, les poissons et le corail sont magnifiques. Au bruit assourdissant du moteur, on navigue vers Bamboo Island, plage splendide aux eaux turquoises et sable fin pour déjeuner.




On enchaîne un ou deux sites de snorkeling, pour terminer par le clou de la journée, une petite marche sur Phi Phi Leh pour arriver sur Maya Bay, la fameuse plage où a été tournée le film The Beach. Difficile de la reconnaître puisqu’elle avait été trafiquée au montage, avec un rocher supplémentaire pour donner l’impression qu’elle est quasiment fermée. Alors qu’en réalité elle est largement ouverte sur la mer. Mais cet endroit reste splendide, la plage est coincée entre de gigantesques rochers. Manquent encore les eaux turquoises, à cause du temps couvert, arrrgh !




Retour sur Phi Phi Don, où nous passons la soirée avec un jeune couple néo-zélandais, découvrant des pittoresques bars de plage et luttant contre la fatigue d’une longue journée sur la pirogue. Le lendemain nous prenons notre courage et notre bouteille d’eau pour monter au point de vue qui domine le village Ao Ton Sai et le fameux isthme. La montée est courte mais riche en transpiration, et en haut la récompense est bien là. La vision de l’île parfaite, la carte postale que l’on avait dans un coin de notre mémoire, la couleur magique de l’eau, l’isthme de sable presque trop beau pour être vrai qui relie deux plages arrondies, les rochers majestueux qui dominent le tout, et le soleil enfin éclatant.




Sur ce point de vue, on trouve une photo montrant le triste spectacle juste après le tsunami. Bien sûr il ne reste presque plus aucune trace de la catastrophe, sauf quelques débris dans les zones de vie locale, cachées derrière les ruelles touristiques. Et de nombreux restaurants affichent leurs propres photos, remerciant tous les touristes qui étaient là et ont aidé à la reconstruction.

Nous redescendons et marchons une demi-heure le long de la côte, longeant les bungalows cachés dans les arbres, jusqu’à Long Beach, bien plus belle que les plages principales et très calme en cette saison basse. Une après-midi de vrai farniente comme je n’en ai pas eue depuis longtemps, entre lecture et baignade dans les eaux chaudes couleur turquoise. De retour au village, je prends une initiation gratuite à la plongée dans une micro-piscine, histoire d’avoir une première sensation avant de dépenser des fortunes. A l’horizon de mon voyage pointe Koh Tao, ultra-réputée pour ses sites de plongée … On retrouve le couple néo-zélandais dans un petit restaurant de plage, mais la soirée se fait finalement très courte.

Dès le lendemain, nous quittons Koh Phi Phi, en ayant peut-être manqué quelques beaux coins isolés, mais je reste sur ma faim par rapport à sa réputation, et je veux avancer. Les jours sont comptés, je suis bien obligé d’y penser et de calculer. Direction une autre île très réputée, Koh Lanta, située à une heure de bateau. Les rabatteurs des guesthouses n’attendent pas gentiment que l’on débarque sur Koh Lanta, ils sont déjà à l’œuvre dans les rues de Koh Phi Phi, démarchant toute personne qui se balade avec ses bagages. Ils proposent tous des hôtels sympas avec piscine, en bord de mer bien sûr, à des prix deux à trois fois inférieurs à ceux de la saison haute. Ce n’était pas calculé, mais je me rends compte que je n’aurais pas pu voyager longtemps dans les îles si j’étais venu après la mousson et non avant. Je subis peut-être la chaleur écrasante depuis trois mois, mais il y a des avantages. Nous avons donc l’embarras du choix, quatre dépliants plus beaux les uns que les autres en main, avec l’assurance de ne payer que 5$ la nuit chacun.

Arrivés à Koh Lanta, nous sommes bien sûr pris en charge par l’hôtel que nous avons choisi. Changement total de décor, Koh Lanta est une île beaucoup plus grande, avec des routes larges et des voitures, et surtout une vraie vie locale. Et l’exploitation touristique paraît plus faible ici, malgré les innombrables panneaux indiquant les resorts cachés au bout des chemins. Installés dans notre petit bungalow avec TV et frigo (un luxe), nous pouvons profiter des lieux et surtout de la belle piscine devant la plage, et nous rendre compte que la plage n’est pas terrible. Enfin à ce prix-là, difficile de tout avoir, j’ai rarement eu autant de confort pendant mon voyage. Nous rencontrons Mickaël et Aurélie, un couple français qui rentre de trois ans passés en Nouvelle-Zélande. Nous partons marcher le long de la route, sans but précis mais pour découvrir les alentours, et sommes embarqués dans le tuk-tuk de trois femmes hilares qui vont vers le marché. La première impression en arrivant à Koh Lanta, c’est de voir combien la communauté musulmane est présente, et peut-être même majoritaire. On voit de nombreuses femmes voilées, même de très jeunes filles le sont, et l’on voit régulièrement des niqab. Déjà à Koh Phi Phi j’avais été frappé par le nombre de femmes voilées, mais c’était sans comparaison avec Koh Lanta. C’est toujours surprenant lorsque l’on n’a pas visité des pays comme la Malaisie et l’Indonésie, et que l’on a encore une image classique de l’Asie, associée au bouddhisme. Mais islam et bouddhisme semblent cohabiter paisiblement, et on ne sent aucune barrière, même avec les étrangers aux tenues légères.

On arrive donc au marché, et là on ne résiste pas, on goûte à tout ce qui se présente, fruits exotiques, pâtisseries encore jamais vues ailleurs en Thaïlande (et visiblement liées à la culture musulmane). On ne sent pas sur une île touristique, l’ambiance est très détendue et les gens souriants. Nos trois femmes hilares nous attendent dans leur « side-tük-tük », on repart vers notre hôtel. C’est amusant de voir qu’en Amérique du Sud et en Asie, chaque ville a ses propres engins originaux en guise de taxi, souvent basés sur une mobylette mais presque toujours différents. D’une ville à une autre, quelquefois peu éloignées, on trouve des mototaxis ou tük-tüks différents, mais tous strictement identiques à l’intérieur d’une même ville.




Onze mois de voyage m’ont habitué à ce que rien ne soit jamais désintéressé, et surtout pas les propositions de transport, et pourtant là elles ne nous demandent rien, alors on leur paie l’essence spontanément et avec plaisir. La journée se termine tranquillement entre piscine, dégustation du pad thaï acheté au marché pour presque rien, et un petit Uno pour réveiller le cerveau bercé par tant de douceur de vivre.

Le lendemain, on négocie sèchement le prix des scooters avec le patron taciturne de l’hôtel qui nous prend pour des cons, et on part explorer l’île. Premier arrêt au centre de l’île, dans un resto qui donne un point de vue magique sur la côte est, avec de nombreuses îles au large, de la verdure partout, et une eau bleue à se noyer les yeux. On savait que notre plage sur la côte ouest n’était vraiment pas la meilleure, mais là le contraste est raide.




On descend vers la vieille ville Ban Lanta. On se retrouve dans un petit village épargné du tourisme, endormi au bord de l’eau, aux maisons chinoises en bois plus authentiques les unes que les autres, un calme et une sérénité absolus. On visite d’abord Hammock House, le magasin le plus réputé en Thaïlande pour ses hamacs. Il y en a de toutes les sortes, toutes les couleurs, dans une superbe boutique en bois. C’est tentant mais ça risque de peser très lourd dans mon sac, et je ne vois pas bien où l’attacher chez moi (ou bien ai-je déjà oublié à quoi ressemble mon appart’ ?).

On se balade sur la très longue jetée, puis sur le petit marché du dimanche, encore plus charmant que celui de la veille. Là encore on goûte à tout, on essaie de se faire expliquer ce qui est devant nos yeux mais à peine une personne sur vingt baragouine quelques mots donc il faut prendre des risques, heureux … ou pas. On repart sur la magnifique route côtière vers le sud, qui se termine par un hôtel un peu désert avec des bungalows perchés dans les arbres. On ne peut malheureusement pas faire le tour complet par le sud, il n’y a plus de route, donc retour vers le nord en longeant les plages splendides, en jetant un coup d’œil au bleu magique de la mer, en admirant aux îles au large. Un petit arrêt pour Mickaël et Aurélie devant une maison qui propose des treks en éléphant, pour se rendre compte qu’ils ne paraissent pas très bien traités, donc on repart et on s’arrête devant l’Ecole des Singes, qui propose un spectacle très cher et apparemment attrape-touristes, donc on repart et on s’arrête pour une petite balade au milieu de la mangrove, un milieu étonnant bien qu’assez boueux. Les tours en kayak proposés dans la mangrove puis sur les îles sont tentants mais encore une fois très chers malgré l’énorme remise de basse saison. En Thaïlande je ne comprends décidément pas l’écart entre le coût moyen de la vie et le prix des tours organisés, même lorsqu’ils manquent cruellement de clients.

On fait le tour de l’île par le nord, on traverse la ville principale, on profite du 7 Eleven (la drogue du touriste en Thaïlande, le petit lien avec le confort occidental). Après un court arrêt à l’hôtel, je repars seul au restaurant Time for Lime, réputé pour ses cours de cuisine. C’est un endroit très cozy et plein de bon goût au bord de la plage, tenu par des expatriés. Je profite du wifi, de la margarita au lemongrass, du coucher de soleil, de l’excellente cuisine fusion avec Mickaël, Aurélie et Steffi qui m’ont rejoints, et passe une soirée juste idyllique grâce à la classe de ce lieu. Dans les pays pauvres, on mange local pour le dépaysement et soigner le portefeuille, mais on cherche aussi les lieux spéciaux tenus par des expatriés pour se sentir vraiment bien. On ne renie pas ses origines et ses goûts …




Le lendemain est une journée tranquille, entre petit-déj’ dans une pâtisserie française décevante, piscine, balade sur la longue plage, mon gros bouquin enfin fini, un peu d’écriture, et une soirée relax au bar voisin. Le surlendemain … aussi. Je renonce à reprendre un scooter, les yeux peut-être trop fixés sur mon budget de fin de voyage, et je glandouille tranquillement à l’hôtel, profitant un peu de TV5 Monde (pour me réacclimater progressivement !) et faisant exploser ma stat’ des cafards écrasés.

Je quitte Koh Lanta le surlendemain et quitte Steffi. Mon objectif n’est pas des plus réjouissants : aller jusqu’à la frontière malaisienne pour obtenir 15 jours de plus sur mon visa. L’assurance d’au moins une journée complète en bus ! J’avais prévu de m’en rapprocher en visitant Koh Tarutao ou Koh Lipe, mais en cette basse saison on m’a dissuadé d’aller m’enterrer sur ces îles. Tiens voilà une réflexion que je me faisais récemment, il y a un inconvénient à voyager seul, on fait souvent des choix moins audacieux, on ne sort que modérément des chemins battus, par peur que ce soit compliqué ou de se retrouver vraiment seul. Ou peut-être faut-il plus d’un long voyage pour passer ce cap et tout oser ?
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