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dimanche 29 août 2010

Digestion 2

Deux mois que je suis rentré, je suis toujours dans la phase d’atterrissage (la piste a-t-elle une fin ?). Pour prolonger le plaisir, encore deux-trois réflexions que m’ont suscitées le voyage.

Le voyage au long cours donne un autre rapport au temps. On a un an devant soi, un an rien que pour soi, sans contraintes sinon de tenir un budget, avec la possibilité de changer l’itinéraire selon les envies et les conseils. Je me répète sans cesse mais un an de voyage a duré comme deux ans, tellement les semaines étaient denses, remplies de découvertes. Pendant une visite, une activité, une balade en ville, une randonnée, chaque heure était remplie de surprises, de « wooow », de plaisirs simples. En général le temps passe vite lorsqu’on s’amuse, et lentement lorsqu’on s’ennuie. Là c’est l’inverse. Evidemment ça m’a fait bizarre de me retrouver à la fin et de repenser à ces temps lointains où ce voyage n’était encore qu’une envie, un vague projet. Donc en un sens je pourrais dire que le temps est passé vite, mais non, pas si vite.
Et si le voyage au long cours était le meilleur moyen de lutter contre la fuite du temps ? Je ne suis pas loin de le penser sérieusement.

Une chose m’a frappé pendant le voyage, c'est la différence fondamentale quant à l’appréhension du risque dans la vie quotidienne, entre les pays riches et ceux moins développés ou carrément pauvres. Il ne faut pas un recul énorme pour se rendre compte que les sociétés riches sont les sociétés du zéro-risque. On n’accepte plus les différents risques de la vie, et comme on en a les moyens, on paie pour (prétendre d’) éliminer ces risques. Pas un drame domestique ou de la route sans qu’on nous ponde une nouvelle loi, pas un JT sans qu’on nous parle d’un niveau d’alerte orange sur les orages ou la canicule ou l’ozone, etc … Nous passons notre vie à appliquer des réglementations qui ont pour ambition, louable à la base mais pas très réaliste, d’éliminer les risques et d’éviter les drames.
J’avais beau savoir déjà avant que cette politique du zéro-risque est poussée trop loin et insensée, voyager plusieurs mois dans des pays pauvres me l’a montré de façon encore plus éclatante. Les habitants de ces pays vivent avec l’acceptation du risque, avec le sens de la fatalité. Il suffit de prendre un bus au Pérou ou en Bolivie, sur une route de montagne escarpée, avec le vide à un mètre du pneu déchiré, avec un chauffeur qui conduit très vite malgré le danger aberrant, il suffit de voir chaque passager faire le signe de croix avant ce trajet en bus, pour comprendre que leur vie ne tient à pas grand-chose et qu’ils l’acceptent. Il suffit de voir les conditions de circulation en Asie, avec une concentration incroyable de scooters, quelquefois 3 ou 4 personnes sur le même scooter, souvent des enfants très jeunes sur le scooter, avec la loi du plus gros pour seul code de la route.
Quand on se retrouve dans cette culture du risque, il y a quelque chose de rafraîchissant, ON SE SENT VIVRE.


Sans rapport aucun, j’ai découvert à quel point le marketing touristique est fort et peut se montrer vicieux. Ma route a été jalonnée de fausses attractions, de faux endroits à-voir-absolument. Le marketing touristique a besoin de créer des noms qui frappent la curiosité, pour avoir quelque chose de concret à vendre. Les exemples sont innombrables, et heureusement je n’en ai gardé que peu en mémoire. En voilà un quand même : en Nouvelle-Zélande, à la pointe de l’île du nord, se trouve un bel endroit appelé Bay of Islands. Comme son nom l’indique, c’est une magnifique baie avec de nombreuses îles. Beaucoup d’activités sont proposées, comme les kiwis savent si bien le faire, et notamment du bateau, à moteur ou à voile, pour visiter la baie. En soi ce descriptif suffit largement à justifier un petit séjour dans ce coin. Mais non ça n’a pas suffi, ils avaient besoin d’un centre d’intérêt plus concret, sur les brochures ils ne veulent pas juste dire « Venez vous balader entre les îles, c’est tout mignon ! ». Un gros malin a vu que sur la pointe d’une de ces îles, un rocher au bord de l’eau comporte un beau trou, créé par l’érosion et le travail de la mer. Alors ils l’ont appelé très officiellement « Hole in the rock » et vendent des tours en bateau ultra-rapide (et ultra-cher) dont l’objectif principal est d’aller voir ce Hole in the Rock. « Voilà voilààà, il était beau le trou ! » doivent se dire les pauvres pigeons qui sont tombés dans le panneau.
En route on trouve d’autres exemples à la pelle, et cela demande un peu de flair pour les débusquer, le guide de voyage n’étant pas toujours un allié indéfectible …


Toujours sans rapport, je me rends compte que j’ai oublié un tas de choses, sur ma vie ici, sur des petites choses toutes bêtes dans la vie de mes amis, des choses qui étaient ancrées dans mon cerveau avant de partir. J’ai maintenant clairement une mémoire avant et une mémoire après voyage. C’est encore plus vrai pour les nouvelles de France apprises pendant le voyage. J’avais beau en réclamer, être content d’en recevoir, elles ne faisaient qu’un court séjour dans mon esprit. Aujourd’hui donc je redécouvre de nombreuses choses : « Ah oui un tel est parti dans telle ville, une telle a eu un enfant, ah oui tu fais telle activité … ».
Le cerveau était trop occupé au voyage, dans une vie différente. Je n’étais pas juste en voyage, le voyage était en moi. Un égoïsme involontaire, de circonstance, et salutaire. Comme c’est bon de ne s’occuper que de soi …
De même depuis le retour, je retrouve mes petites habitudes, qui étaient pourtant solidement ancrées mais que j’ai oubliées. J’en conclus que ce tour d’un an était plus qu’un moment dans une vie, c’était une autre vie, bien que temporaire.


C’est tout pour maintenant, et peut-être c’est tout pour ce blog. Là tout de suite, plus grand-chose à dire. Sauf si des dizaines de commentaires me supplient : « Steuplééé, encoooore ! Raconte encore un truuuuc !! » (on peut toujours rêver), alors je réfléchirai très fort pour trouver encore des petites réflexions.


Prochain blog, prochain voyage …



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