Je suis reparti en Argentine ! Bientôt le nouveau blog ...
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mardi 12 janvier 2010

Last days in NZ, very cool days

Nous quittons Lake Tekapo et son décor magique, et roulons vers Christchurch pour rendre le van, après une longue séance nettoyage et remise à niveaux dans une station service. Christchurch est la principale ville de South Island, c’est une petite Angleterre en NZ : beaucoup de verdure, architecture victorienne, calme et paix sous ce soleil d’été.

Une fois le van rendu, nous nous installons dans le YHA dans un des plus beaux quartiers, devant le Botanic Garden et le Arts Centre. YHA est cette chaîne de backpackers hostels complètement commerciale, soi-disant hospitalière mais surtout lucrative, qui m’avait sérieusement énervé à Auckland. Mais dans deux jours c’est le réveillon du Nouvel An, tout est plein ou presque, et Gabriela doit nous y rejoindre. Pour passer le Nouvel An, c’est quand même mieux de se retrouver entre amis de voyage.

Le temps de s’installer dans le grand dortoir et de faire une lessive d’urgence, je fais un petit tour en ville : très calme, sûrement parce que c’est les vacances d’été, plutôt agréable mais sans intérêt évident, extrêmement propre comme toutes les villes en NZ. Soirée tranquille et un peu anonyme à l’hôtel, on rencontre de tout comme dans un YMCA : jeunes et vieux voyageurs, familles … Comme je l’avais déjà remarqué en Amérique du Sud, l’attitude des gens à la réception d’un hôtel pour backpackers influe directement sur le comportement des voyageurs qui y passent : s’ils sont hospitaliers, sincèrement gentils, avec une démarche pas trop commerciale, les voyageurs se parleront facilement entre eux ; à l’inverse les voyageurs resteront chacun dans leur bulle. A quelques exceptions près bien sûr. Ici personne ne se parle ou presque, et on croise même quelques cas spéciaux ... voire sociaux.

Le lendemain Gabriela arrive à son tour, je ne compte plus le nombre de fois que nous nous sommes retrouvés, par hasard ou non, ça devient une habitude. C’est l’occasion de se cuisiner un bon gros dîner, comme si on était à la maison. Paul, un britannique du genre voyageur philosophe ultra-zen et pas matérialiste pour un sou, nous accompagne et c’est l’occasion d’une soirée tranquille et dense en conversations, hors du mouvement perpétuel du voyage. Tranquille si j’oublie la compagnie tardive d’un jeune allemand sympa mais mentalement un peu agité, qui s’est fait refouler par sa famille d’accueil et n’a apparemment pas compris pourquoi …

Le dernier jour de cette année, qui restera pour moi un gros virage, est encore assez tranquille, entre cybercafé pour mettre à jour le blog et les photos, énième balade en ville pour découvrir un coin sympa insoupçonné. En début de soirée, par miracle, l’hôtel se vide et nous avons l’immense cuisine quasiment pour nous trois, pour nous faire plaisir en cuisinant comme à la maison, avant de sortir pour fêter le nouvel an. Nous rejoignons Cathedral Square, la place principale censée être très animée. Effectivement elle est remplie de monde, grâce au concert qui y est donné. Concert de simili-rock familial et ultra-mou (encore un peu moins d’énergie et c’était la léthargie), un enthousiasme contenu lorsque sonne minuit (nous sommes les seuls à déboucher une bouteille, ayant échappés au contrôle des sacs). Histoire de fêter ça un peu plus, nous poussons jusqu’à une ruelle pleine de bars, mais tout ferme à 2 heures. Nuit du Nouvel-An très calme donc … mais cette nuit-là a-t-elle vraiment une importance ?



Christchurch est donc une ville agréable mais peu excitante, et pourtant nous sommes obligés d’y rester quatre nuits, c’est la contrainte posée par tous les hôtels. Il faut donc occuper le 1er janvier comme on peut, entre longues stations assises à l’arrêt de tramway en face de l’hôtel (quand je trouve un wifi gratuit, je suis prêt à m’installer n’importe où), et balade dans le superbe Botanic Garden, sous un soleil écrasant. Dernière soirée tranquille à l’hôtel, petite bouffe avec Gabriela et Iñigo, demain chacun reprend la route de son côté. Gabriela part voir les baleines à Kaikoura, qui sera une étape prochaine pour moi, et Iñigo vole vers Auckland puis vers Fiji. Il est possible que je les recroise en Asie …



J’ai dix jours à occuper avant de partir en Australie, je vais graviter autour de Christchurch et me reposer, retrouver un rythme de voyage plus lent. Le 2 janvier au matin, après avoir été réveillé par les nombreux voyageurs indélicats du dortoir, je vais attraper mon bus pour Akaroa, au cœur de Banks Peninsula, à une heure de Christchurch. Akaroa est réputée pour être un village français. C’est là qu’a abordé au 19ème siècle un équipage mené par l’explorateur d’Urville. Trop tard, les anglais étaient arrivés juste avant et avaient planté leur drapeau sur la Nouvelle-Zélande. Pour un peu elle aurait pu être française … mais ces explorateurs sont quand même restés là pour faire leur vie.

La route est magnifique, les montagnes se soulèvent doucement puis franchement, toutes en formes ondulantes. Nous passons le long d’un lac, franchissons un col, et découvrons l’intérieur de Banks Peninsula, une splendide cuvette bordée de ces mêmes montagnes vertes et douces. Même depuis ce col il est difficile de bien cerner la forme de toute la péninsule, j’ai vu une photo aérienne il y a quelques jours, c’est d’une beauté rarement vue.



Nous descendons dans la baie et arrivons à Akaroa. Le caractère français du village est évident : les noms de rues fleurent bon le vieux français, plusieurs commerces arborent le drapeau tricolore, les hôtels et lodges sont dans le même ton. Mais je découvrirai vite que pour le reste, Akaroa n’a plus rien de français. Je choisis un charmant petit hôtel pour backpackers appelé Chez la Mer. Il est tenu par des américains qui ont refait leur vie ici (la NZ est pleine d’occidentaux qui ont fait ce choix), ils sont aussi francophones que je suis danseuse-étoile. Je sens vite que je vais me sentir bien ici, dans cette petite maison qui fleure bon les vacances, avec son petit salon cozy squatté par quelques jeunes voyageurs qui se sont enracinés ici et glandouillent paisiblement.

Avant de glandouiller moi aussi, je file sur la jetée principale pour une activité que j’attendais depuis un moment : nager avec les dauphins. La baie en regorge, mais avec une exclusivité : ce sont les dauphins Hector, les plus petits au monde (1,5 m maximum), et on ne les trouve qu’ici, même pas ailleurs en NZ. Equipés de nos combinaisons intégrales très seyantes, nous sautons dans le bateau et partons à la recherche d’ailerons qui dépassent … ils apparaissent vite. Tous à l’eau, ça gèle ! Et nous attendons qu’ils veuillent bien s’intéresser à nous et s’approcher. Pour cela il faut se montrer dignes d’attention, nous chantons comme des débiles des airs improbables dans notre tuba plongé dans l’eau. Le pilote du bateau découvre que je frappe des petits cailloux pour les attirer, ça l’énerve un peu de voir que je connais le truc parce qu’il comptait n’en donner qu’à une seule personne. C’est Iñigo, qui m’a précédé d’un jour, qui m’a donné le conseil, et je ne vais pas me priver puisque ça marche à la perfection !



Lorsqu’un groupe de dauphins arrive enfin dans notre zone, ils ont une sérieuse tendance à venir tourner autour de moi. Nous n’avons pas le droit de les toucher, leur peau est très sensible, mais je frappe mes cailloux frénétiquement sous l’eau, jusqu’à la crampe, et un ou deux tournent à toute vitesse à un mètre de moi. L’eau est très sombre et ils vont vite, c’est difficile de distinguer parfaitement leur forme, mais ce moment est magique. Nous restons 45 minutes dans l’eau froide, chantant toujours comme des débiles dans notre tuba, mais ils ne viennent plus. Nous remontons dans le bateau, transis de froid mais contents d’avoir vécu cette expérience. Je passe la soirée à l’hôtel, tranquille peinard dans le petit salon cozy.

L’inconvénient de ces petits hôtels charmants et qui ont tout pour plaire, c’est qu’on y glandouille beaucoup. Je parle d'inconvénient mais c’est de ça que j’ai envie en ce moment, alors … Le lendemain je me bouge quand même un peu, j’emprunte un des vélos pour monter sur la Summit Road, route qui sillonne sur le sommet et permet d’avoir une vue magnifique des deux côtés, à l’intérieur de la péninsule et côté Pacifique. J’ai sur-estimé la qualité du vélo et sous-estimé la pente, je sue tout ce que je peux et abandonne à la moitié, avec quand même une petite vue sur Akaroa. Je redescends en à peine dix minutes ce que j’ai monté en deux heures, je fais un détour par le cimetière français, où reposent tous les explorateurs qui se sont installés ici, et m’installe devant une jetée pour bouquiner. Six mois que je suis parti et c’est seulement le deuxième livre que je lis, petit en plus ! Manque de temps, toujours quelque chose à faire (blog, gestion des photos, recherche d’infos …), voilà comment je me prive tristement de cette source de rêve complémentaire au voyage !

Le soir le coucher de soleil nous offre un feu d’artifice de couleurs, c’est l’occasion d’une belle séance de photos sur la jetée, à côté d’une famille qui s’offre des plongeons nocturnes dans l’eau froide.



Le lendemain est une journée courte, je dois prendre le bus l’après-midi pour rentrer à Christchurch-l’ennuyeuse. Je serais bien resté plus longtemps dans ce petit paradis, mais je ne savais pas à quel point il serait bon d’y rester, et j'ai tout réservé pour les nuits suivantes. Mon budget explose déjà assez en NZ, je vais éviter de payer des nuits d’hôtel non utilisées … J’ai quand même quelques heures devant moi, et puisque le vélo était un échec la veille, je pars à pied vers le sommet, par un chemin un peu raide mais splendide, très vert et avec une vue permanente sur la baie pour peu qu’on se retourne.



J’arrive vite au sommet, et la vue de l’autre côté est encore plus belle. Exceptées une ou deux fermes, le paysage est vierge, le vallon descend vers l’Océan Pacifique très paisible aujourd’hui. Je n’ai pas le temps de faire la boucle sur la crête, je redescends par le même chemin mais trouve un beau détour par la Tree Crop Farm, petite ferme touristique cachée au creux d’un vallon boisé. Le chemin m’offre une alternance de paysages en à peine une heure de descente, je ne croise presque personne. Retour forcé à l’hôtel pour prendre mon sac rapide et une douche sur l’épaule, ou l’inverse, et je file à l’arrêt de bus.

Deux jours utilitaires à Christchurch, entre wifi à l’arrêt de tramway, recherche d’une couturière pour retouche urgente, envoi d’un colis en France pour m’alléger de fringues trop chaudes et encombrantes, farniente dans la verdue du Botanic Garden, et soirées anonymes dans le YHA toujours aussi impersonnel.

Mon étape suivante s’annonce aussi délicieuse qu’Akaroa. C’est Kaikoura, à 2 heures 30 au nord de Christchurch. C’est aussi une péninsule, mais sa forme est absolument l’inverse d’Akaroa, c’est une majestueuse avancée dans la mer, et c’est aussi une superbe réserve de vie sauvage : baleines, dauphins, albatros, phoques à fourrure. J’ai retenu la leçon d’Akaroa, j’ai réservé quatre nuits dans un petit hôtel qui promet.

Après avoir croisé une pervenche au chapeau de cowboy, et des musiciens péruviens qui reprennent Abba à la flûte de paon (les mêmes qu’à Paris mais avec du matériel Bose en plein air !!), je monte donc dans le bus pour 2h30 de route dans de beaux paysages, collines aux courbes ondulantes, couvertes d’herbe jaune et de pins verts. Et je débarque dans un petit patelin tranquille, avec seulement une rue commerçante mais des quartiers résidentiels très étalés et paisibles, en bordure de l’océan ou en haut de la falaise. Kaikoura est blottie entre la falaise et l’océan sur la partie nord de la péninsule. Dix petites minutes de marche et j’arrive à l’hôtel, qui tient toutes ses promesses : c’est l’ancien bureau de poste, transformé avec beaucoup de goût en un hôtel pour backpackers. Il est tenu par un jeune couple de Manchester qui a bourlingué et connaît donc bien les besoins des backpackers, on dirait une grande maison familiale de vacances, et effectivement plusieurs voyageurs se paient du bon temps dans les canapés ou sur les coussins dans le coin. Une ambiance comme je n’en avais pas retrouvé depuis longtemps.



Après une première bonne nuit dans l’annexe de l’ancienne Poste, un choix difficile se présente à moi :
- voir les baleines en bateau ;
- voir les baleines en avion ;
- nager avec les dauphins (pas les mêmes qu’à Akaroa, et l’eau est plus claire) ;
- nager avec les phoques ;
- faire du kayak au milieu des phoques ;
- piloter un avion (véridique !) ;
- sauter d'un avion ;
- et d’autres possibilités …

La vie est dure, pleine de choix impossibles. Là c’est surtout le budget qui m’oblige à choisir, il explose depuis que je suis en NZ. Après moults conseils de Mark et Ruth, j’opte pour la nage avec les phoques. Une fois équipés de combinaisons intégrales peu flatteuses pour les formes (on voit encore les steaks énormes que j’ai mangés en Argentine), nous montons dans le zodiac vers le bout de la péninsule, une zone rocheuse où les phoques sont nombreux à se prélasser au soleil. Tout le monde à l’eau froide, avec masques et tubas, et nous furetons sous l’eau à la recherche des phoques. Le guide est aussi à l’eau, assis sur une planche, il nous indique les queues qui dépassent. On se retrouve vite à quelques mètres d’un phoque qui batifole sous l’eau, pour chasser ou jouer. On nous avait dit qu’ils étaient assez curieux, pas tellement en fait. Ils n’hésitent pas à nager près de nous, chasser un peu même, mais se contentent de nous regarder coin de l’œil. Yeux énormes et impressionnants par ailleurs. On nous a recommandé de ne pas les toucher, sous risque de se faire mordre. Je vois les dents de l’un en train de chasser … je vais me tenir à la recommandation.



Les phoques sont difficiles à suivre, ils virevoltent dans tous les sens à une vitesse impressionnante, le spectacle est magique. L’un d’eux est joueur, il me fonce dessus et m’évite de justesse, en me frôlant. Je me retourne pour le suivre des yeux mais il a déjà disparu. Quand nous n’en voyons plus sous l’eau, nous sortons régulièrement la tête à la surface comme des périscopes, cherchant les queues noires qui tournoient lascivement. Je me place à un endroit stratégique, au passage obligé des phoques qui quittent les rochers pour nager. Sous l’eau les vagues nous malmènent, les rochers coupants entament la combinaison déjà usée. Soudain je vois quatre phoques devant moi, tous à la verticale la tête en bas comme des nageuses synchronisées, scrutant les fonds à la recherche de nourriture comme des tours de contrôle, me surveillant quand même du coin de l’œil, au cas où je serais un peu trop téméraire. Au bout d’une heure il faut sortir de l’eau, et rentrer au petit port de plaisance de South Bay, dans une mer assez agitée. C'est un souvenir É-NOOOR-ME.

Je termine la journée tranquillement entre la plage et le salon de l’hôtel, et la soirée au pub avec Mark, Ruth, Debbie et Andy, entre autres. Un jour que je suis là et je me sens déjà chez moi. Au retour vers l’hôtel nous nous arrêtons pour observer le ciel, il est impressionnant alors que nous sommes au niveau de la mer. On peut voir la Voie Lactée à la perfection, et la lune orange sort de l’océan. Un lever de lune presque plus beau qu'un lever de soleil …

Le lendemain je suis décidé à retenter le grand saut dans les airs, mon deuxième saut en chute libre après mon baptême à Cordoba en Argentine. Le ciel est bleu immaculé, mais le vent souffle fort, c’est impossible. En lot de consolation je pars faire le tour de la péninsule à pied, en principe trois heures de marche mais cinq dans mon cas, tant le panorama est superbe, l’endroit unique. Je commence le long de la plage, longeant les lieux historiques où se sont installés les premiers pionniers. J’arrive à la colonie de phoques, moins nombreuse que celle où j’ai nagée, mais celle-là réside sur une petite plage de galets, on peut donc les approcher à quelques mètres pendant qu’ils se prélassent au soleil. Mais ne surtout pas approcher, sur terre ils se sentent beaucoup plus vulnérables parce que très lents, donc ils mordent facilement. Je monte sur la falaise pour poursuivre la marche, face à l’océan blanchi par la houle. Le vent souffle très fort, j’arrive à peine à prendre une photo stable. La vue sur les criques en contrebas, et sur l’intérieur de la péninsule de l’autre côté, est juste magique.



C’était une île il y a quelques millions d’années, mais c’est devenu une péninsule avec les différents dépôts de sédiments. On peut distinguer ces différents dépôts, qui forment des plateaux de différentes hauteurs. Le tout varie entre le vert et le jaune de l’herbe, les pins parsemés, dans des pentes douces et ondulantes. En voyant une photo aérienne, j’avais cru qu’il y avait un golf au milieu. Mais non la nature est bien préservée en NZ, et elle affiche souvent des formes toutes en douceur.

Tout en mitraillant, j’arrive à South Bay, sur l’autre face de la péninsule. Là-aussi les contrastes verts et jaunes viennent relever les teintes de l’océan, qui oscille entre le bleu nuit et le bleu vert. Et après un petit chemin bucolique qui traverse d’une baie à l’autre, je reviens à Kaikoura et m’offre quelques heures de « hang around » (traductible ici par glandouille) à l’hôtel, bercé par les playlists subtilement composées par Mark, qui décidément sait y faire pour mener un hôtel backpackers.

Je rencontre un jeune français qui se fait un tour du monde express, et voyage seul en voiture en NZ. Et aussi Theresa, une jeune allemande bien sympathique qui travaille à Wellington, et insiste pour qu’on entame et finisse sa bouteille de Chardonnay. Je ne dis pas non mais je la préviens qu’elle va le payer de mes ronflements puisqu’elle est dans le même dortoir ! Dortoir qui se vide tous les matins et se remplit à nouveau toutes les après-midis, les voyageurs sont tous de passage, je suis le seul à m’incruster. Le pinard aidant, les discussions passent d’un sujet à l’autre. Theresa est un peu lassée de croiser autant d’allemands, c’est vrai que leur nombre est impressionnant. La moitié d’anglo-saxons surtout british, un tiers d’allemands, et le reste varié, c’est à peu près la composition des voyageurs en NZ.

J’avais déjà remarqué à Paihia, dans la Bay of Islands dans le nord de North Island, que les voyageurs en NZ sont assez différents de ceux que j’ai rencontrés en Amérique du Sud. Pas seulement par la proportion de chaque nationalité représentée, mais par leur profil : âge, façon de voyager, comportement social. Ici aussi les voyageurs sont essentiellement européens, mais ce ne sont pas les mêmes. Beaucoup d’anglo-saxons, c’est logique, mais surtout beaucoup plus jeunes, qui cherchent à travailler grâce au visa Working Holidays. Et qui recherchent un « easy travelling », coupant très peu avec leur mode de vie habituel, cherchant surtout des paysages et des activités divertissantes, mais peu de découverte culturelle. En Amérique du Sud, j’avais été frappé de voir que la majorité des américains que je rencontrais ne collaient pas avec les clichés habituels, ils étaient beaucoup plus ouverts au monde extérieur et, détail anecdotique mais significatif, le problème d’obésité rampante aux US était très peu visible chez eux. Etaient-ils issus d’une minorité bien au-dessus de l’américain moyen, en quête de découverte culturelle dans des pays pauvres mais dotés d’une âme profonde ?

Pour corroborer ma thèse, à Paihia j’avais justement remarqué un détail frappant : 9 filles sur 10 (toutes jeunes) avaient une silhouette plus que ronde, quelque soit le pays occidental dont elles venaient (bizarrement les garçons non, je n‘ai pas l’explication et c’est un autre sujet). Le lien entre le mode de vie d’un occidental et ses choix de voyage m’a soudain paru plus évident. Ceux qui choisissent l’Amérique du Sud (exemple parmi d’autres), malgré sa précarité généralisée, son confort aléatoire, ses arnaques, la question omniprésente de la sécurité, sont à la recherche d’une immersion culturelle profonde et pas seulement de belles plages. Loin de moi l’idée de dénigrer ceux qui choisissent les pays « faciles » comme la NZ, on ne peut pas généraliser, et les paramètres qui dirigent le choix d’une destination sont multiples, en premier lieu la magie d’une terre lointaine. Et on aurait tort de se priver de visiter des pays grandioses comme la NZ, l’Australie, les Etats-Unis, le Canada, les pays de l’Europe de l’ouest, sous prétexte qu’ils sont riches et que leur âme s’est en partie dissoute dans le capitalisme et la vie "moderne".

Mais pour moi c’est cet « easy travelling » en NZ qui manque de sel, et m’empêche d’être vraiment charmé, malgré toutes les belles choses que j’ai vues. Dans un voyage de cette longueur, collectionner les paysages et les belles photos ne saurait suffire. Theresa a aussi entendu des voyageurs se plaindre des allemands en NZ, supposés pas sympas. Je suis un peu étonné, tous ceux que j’ai rencontrés depuis six mois sont plutôt cools. Mais en y repensant, parmi ceux croisés en NZ, il y en avait de très jeunes, pas encore « décrottés ». Et à leur âge, on comprend l’envie d’aller dans des pays sûrs (ils n'ont rien compris, quand on a peu de thunes c’est en Amérique du Sud ou en Asie qu’il faut aller !). Pour ma part je trouve les rencontres légèrement moins faciles ici qu’en Amérique du Sud, de nombreux voyageurs ne sont pas très ouverts, ou sont entre amis et ne « calculent » personne. c'est un petit détail qui vient étayer ma thèse sur le profil des voyageurs d’un continent à un autre …

C’est bon, je t’ai bien endormi et soûlé avec ma thèse du voyageur qu’est-pas-le-même-selon-le-pays-où-on-le-voit-alors-qu’il-vient-du-même-pays ? Alors je peux reprendre le récit de la soirée … ben non elle est terminée ! Le temps de raconter tout ça, on a fini la bouteille de Chardonnay, et même le tiers de bouteille que nous a donné un couple. Donc on va se coucher, et je vais me concentrer très fort pour ne pas ronfler après tout ce que j’ai bu.

Pas de hang over le lendemain, ça devait être du bon vin. Et apparemment je n’ai pas ronflé, l’honneur est sauf. Malheureusement Theresa est de transit, comme tous les autres voyageurs. Elle repart déjà sur North Island. Dans cet hôtel ne s’incrustent que les trois anglais et écossais qui font le ménage pour avoir un lit gratuit. Mais tous très sympas, en plus de Mark et Ruth. Des têtes qu’on revoit tous les jours, dans un hôtel qui invite à la paresse, voilà les ingrédients qui permettent de se sentir chez soi.

La bonne nouvelle du matin, c’est que le temps est parfait, ciel bleu et pas trop de vent. La première idée qui me vient, c’est donc de faire ce fameux skydive, me dropper d’un avion, pour une chute libre beaucoup plus longue qu’en Argentine et au-dessus d’un décor de fou. Un jeune hollandais rasta vient me chercher et me conduit à l’aérodrome, où je fais la connaissance de Henk, autre hollandais qui assure les sauts. Toute la journée il enchaîne les sauts en tandem avec les clients, et garde la même énergie sincère, le même grain de folie qui fait qu’on se marre bien avant de sauter. Aujourd’hui je saute de 13000 pieds (plus de 4000 mètres), contre 9000 en Argentine. cinquante secondes de chute libre contre à peine trente, ça s’annonce très fort. Quelques instructions, petite interview pour la vidéo, et c’est parti dans le tout petit monoplace pour au moins vingt minutes de vol en cercle. C’est la première récompense pour le prix chèrement payé, le décor est magique en-dessous : la pénisule qui s’avance dans l’océan, le patchwork de champs verts et jaunes, et les montagnes tout autour, dont l’une porte encore la trace de la neige tombée la veille.

Petite interview en vol, pour vérifier que je suis toujours confiant, et le frisson peut commencer : la porte s’ouvre, créant un bruit et un vent impressionnant dans l’habitacle. Je pose les pieds sur la marche à l’extérieur, et à peine le temps de dire ouf que c’est le grand plongeon. Comme la première fois, je ne comprends rien pendant les premières secondes, on tourne dans tous les sens, la violence du saut prend à froid. Puis on se stabilise et je peux apprécier les longues secondes de chute libre et admirer la sol qui se rapproche à grande vitesse. Je suis littéralement gelé, et j’ai presque du mal à respirer, mais la sensation d’extrême est grandiose.



C’est toujours trop court, les cinquante secondes passent comme vingt, Henk déclenche le parachute pour terminer par un beau vol, au bord de l’océan. Il me laisse même diriger le parachute et on atterrit rapidement sur l’aérodrome. Que c’était court et cher, mais que c’était bon. Je prends le virus, l’idée de suivre un stage pour sauter seul commence à germer …



Une clermontoise vient d’arriver à l’hôtel et fait son baptême juste après moi, je rencontre bien peu de français en NZ mais cette fois c’est moi qui quitte l’hôtel, enfin le lendemain. Ce qui lui laisse le temps de me donner quelques conseils sur l’Australie. Le soir c’est concert de reggae dans un pub en ville, j’y vais avec Mark, Ruth, Debbie, Andy et quelques têtes que je connais vaguement (toujours cette impression d’être chez soi, après 3 jours). Le groupe Mad Faces est juste awesome, tout le monde est déchaîné dans le bar, ça me rappelle un concert magique à Bariloche en Argentine, au bord du lac. Paradoxalement, le mieux dans un long voyage, ce sont justement les petits instants de vie et non de voyage, le plaisir de s’installer dans un endroit et d’y VIVRE. Quelques jours suffisent, mais je n’ai pas encore trouvé le temps de rester plus de dix jours sans trop bouger, juste en appréciant paresseusement l’endroit. Retour du concert, discussions de tout et de rien autour du frigo avec Debbie et Andy, et direction le pieu. Comme chaque soir en me couchant, je découvre les nouvelles têtes sur les oreillers, arrivées dans l’après-midi et qui feront leur sac de bonne heure, pendant que je prendrai du rab’ sous les draps. J’aurai juste l’occasion de dire good morning et ils disparaîtront déjà. Ce fameux mouvement perpétuel de check-in et check-out qui rythme le voyage …

Le lendemain, avant de prendre le bus qui me ramène à Christchurch (où j’ai déjà malheureusement tout réservé), j’ai le temps de retourner sur la falaise, pour quelques magnifiques photos de la péninsule en traversant un petit quartier résidentiel qui a des allures de paradis. La NZ est pleine d’endroits calmes avec une vue magnifique, où l’on pourrait s’installer quelque temps et ne rien faire.



Après le visionnage du saut de Debbie et du mien (ben oui, malgré le prix on n’a pas résisté à acheter le DVD), j’apprends que Mark et Ruth terminent une année de gestion de cet hôtel et rentrent en Angleterre, en fait ils ne sont pas propriétaires et ont juste tenté l’expérience un an. Cela donne des idées mais les opportunités sont rares. Je quitte ce petit monde qui m’a permis de me regonfler à bloc et je prends le bus pour Christchurch, dans une ambiance de dimanche soir orageux.

Je m’installe cette fois-ci dans un hôtel backpackers plus coquet mais excentré et à la moyenne d’âge plutôt plombée, pour profiter du wifi gratuit ! Un miracle de trouver ça en NZ, je ne pensais pas que ça existait. Un jour pluvieux et utilitaire à Christchurch, avec quand même la visite de la serre tropicale du Botanic Garden (décidément mon endroit préféré à Christchurch), de l’Arts Centre et de la Christchurch Arts Gallery, et une nuit forcée dans le YHA toujours impersonnel, où je commence à avoir mes habitudes.

Pour terminer en beauté je loue une voiture le dernier jour, et je repars à Akaroa pour sillonner la fameuse Summit Road et me balader en toute liberté dans les baies. Sept heures de conduite solitaires et de pur plaisir, m'arrêtant tous les cent mètres pour prendre une photo. La route domine toute la péninsule Banks, la vue est juste incroyable. Je descends de l'autre côté, côté Pacifique, dans Pigeons Bay. Je m'aventure dans des petits chemins qui mènent à des fermes isolés au décor fantastique, je remonte et redescends dans la baie suivante, remonte sur Summit Road, redescends dans Le Bons Bay, tourne dans tous les sens, m'arrête tout le temps sur des routes sinuueuses. Et je redescends vers Akaroa, pour jeter un dernier coup d'oeil à ce petit paradis où j'avais passé deux jours. Je rentre à Chrischurch en faisant un détour par Governor's Bay et Lyttelton, toujours dans ce décor de montagnes jaunies et plantées de pins. J'ai mis du temps à apprécier la Nouvelle-Zélande (bien que je n'ai pas trouvé le moindre endroit qui ne soit pas beau), mais je pars sur une excellente note, avec l'envie de revenir pour mieux la visiter et la cerner.

Retour à l'hôtel pour une nuit longue en wifi et courte en sommeil. C’est l’occasion de tout mettre à jour et de préparer mon arrivée dans le pays voisin, un autre riche pays anglo-saxon du bout du monde, immense celui-là. Allez, on se fait un petit vol vers l'ouest et on se retrouve chez les kangourous !
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10 commentaires:

  1. Hello Nico, très bel article ! Je ne sais pas si c'est parce que tu as eu plus de temps pour le rédiger, mais c'est celui que j'ai préféré jusqu'à présent. Tes anecdotes forcent le sourire et tes réflexions sont intéressantes.
    En tout cas, ton TDM me confirme que la NZ et l'Argentine ont bien leur place en haut de ma short-list "voyages".
    Bonne continuation, @++

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  2. "le mieux dans un long voyage, c’est justement les petits instants de vie et non de voyage, le plaisir de s’installer dans un endroit et d’y VIVRE" : je garde ça en mémoire !

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  3. Et une étape de plus, une ! J'aime bcp également tes réflexions sur le voyage, merci de nous les partager

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  4. @Paul :
    L'Argentine surtout, elle est à la hauteur de la Bolivie ! La NZ est quand même très en-dessous, et la culture n'a rien d'étonnant (où sont les maoris ?). Mais je l'ai mal visitée, et n'ai commencé à la cerner qu'à la fin. Il faudra que je revienne ...
    Merci pour l'article, il reflète sûrement le plaisir que j'ai eu à Akaroa et Kaikoura. Mais quand même je crois que j'étais plus inspiré, notamment pour décrire les paysages. Merci & @ +
    P.S : j'ai pensé à toi récemment en lisant les pbs de l'Eurostar sur google news, allez courage, plus que 4 ans chez EH ...

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  5. @François :
    Paradoxal n'est-il pas ? C'est un conseil adressé aux voyageurs trop rapides. Moi aussi je vais encore trop vite d'ailleurs ...
    @ +

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  6. @Rom' :
    yep, décrire des paysages est un peu répétitif à force, ça change un peu ...
    @ +

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  7. Salut vieux baroudeux,
    j'aime par principe cultiver l'originalité, mais j'arrive trop tard et dois me résigner à confirmer : Excellent post, des détails savoureux, de la réflexion, et nom de Dieu, quelles photos !
    J'apprécie aussi particulièrement ta réflexion sur le temps passé à chaque endroit : là réside je pense toute la difficulté d'organiser un voyage : on se frustre à ne pas tout voir, et on perd le temps de bien mâcher. je n'y ai pas la solution : même sur un voyage d'un an tu vas trop vite, alors imagine le dur retour à la réalité avec 3 semaines en Août ...
    Quoiqu'il en soit, je te rejoins parfaitement et repense à un détail que j'avais réalisé en voyageant : s'avoir s'arrêter. C'est amusant même 30 minutes devant un paysage, j'aurai du mal à vendre le principe, mais ça permet incroyablement de réaliser et d'apprécier.
    On dit des enfants qu'il est important qu'ils s'ennuient régulièrement : ça force l'imagination et le développement de soi, malgré un environnement de sur-consommation et de pré-maché. En fin de compte, je pense que c'est aussi important pour les "grands" ...
    Take care
    Bru from Picardia ... Forza

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  8. @Burns :
    ben merci ! attends de voir les photos de Kaikoura, pas encore chargées ...
    Que puis-je ajouter à ce que tu écris ? ben rien, t'as tout dit ! Le dilemme permanent entre la nécessité de prendre sont temps et la peur de passer à côté de certaines choses, surtout dans les pays lointains où l'on aura du mal à revenir.
    Et pas seulement s'arrêter 1 semaine de plus dans un pays ou 1 jour de plus dans une ville, mais aussi 30 minutes devant un paysage. Je me rends compte que je ne le fais pas si souvent.
    Merci @ +, et au plaisir de lire tes commentaires toujours aussi riches !

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  9. Coucou Nico,

    J'ai trotté un moment derrière toi avant de te rattraper, mais comme tu as su t'arrêter un moment, j'ai pu de mon côté parcourir les quelques milliers de kilomètres virtuels qui nous séparaient !!

    Parlant de ça, je me faisais la réflexion qu'une des caractéristique que je te découvrais était la sur-activité, mais ça a été déjà largement commenté, et par toi & par d'autres. C'est bien en effet, de savoir se poser. Ca permet aussi de se retrouver 'soi' ; on ne se perd jamais vraiment, mais bon-sang, qu'est-ce qu'on peut s'oublier parfois !!

    J'ai le sentiment que, si tu as trouvé la Nouvelle Zélande très belle (& c'est indéniable, y'a qu'à voir les photos !!), ce doit être un pays dans lequel tu te sens culturellement moins proche, & donc moins "dans ton élément". On n'a pas l'impression que tu en ais moins profité - et peut-être au contraire, tu sembles avoir pris plus le temps de "prendre ton temps" -, mais les récits sont moins exaltés, les descriptions plus objectives mais aussi moins passionnées...
    Affaire à suivre donc, sur la manière dont tu vivras la suite des évenements... En tous cas, nous on est là en haleine, à te regarder courir le monde ; vivement l'Australiiiiiiie !!!

    Bise bise.

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  10. @Céline :
    hey ! justement je pensais à toi récemment, je me disais que ça faisait bien longtemps que t'avais pas écrit de commentaire. Mais j'ai bien compris ton rythme de lecture, par spasme ponctuel et boulimique ;-)
    Oui, la sur-activité. J'ai du mal à ne "rien" faire, et en voyage c'est encore plus difficile tant le choix est monstrueux tous les jours. Mais je te rassure, je suis assez souvent perdu dans mes pensées, en voyage ou pas, pour ne pas me perdre !
    Pour la NZ c'est tout à fait ça : moins passionné, sauf à la fin. Ce pays a souffert de la comparaison avec l'Amérique du Sud, et d'un mauvais choix de voyage. Et je traversais une période de lassitude, marre d'une certaine routine. Surtout je ne me suis pas assez senti dans un AUTRE élément, il y a trop de facilité et peu d'inattendu dans un pays riche. Mais j'y reviendrai, j'espère, et je la verrai sous un autre oeil. Pour l'Australie, ce sera plus court que prévu, alors vivement l'Asie !!!
    Bises
    P.S : merci, j'aime bien les longs commentaires !!

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