Je suis reparti en Argentine ! Bientôt le nouveau blog ...
__________________ENCORE ET ENCORE DES NOUVELLES VIDEOS ICI !! _______________Tour en moto à Can Pho, Prière des moines bouddhistes ...

vendredi 28 août 2009

Siempre en Peru, voy al sur ...

¡ Hola los chicos y las chicas !
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Petit rafraîchissement de mémoire : dans l'épisode précédent je m'apprêtais à quitter Mancora et ses surfers blonds. Mais trois heures avant le bus de nuit, alerte au tsunarista ! Probablement un séisme souterrain de type sandwich, heureusement les pom-pilules furent rapides sur le coup et le sinistre rapidement maîtrisé ... jusqu'au lendemain.
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Je monte donc dans mon bus pour une nouvelle nuit blanche et torride : le bus est déjà bondé de locaux, l'atmosphère est chaude et moite, et la mollesse des fauteuils trahit leur âge. Direction Chiclayo, une ville dynamique mais qui présente peu d'intérêt. L'intérêt réel se trouve aux alentours ... j'y viens.
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Arrivée donc à 6 heures du mat', immédiatement harcelé par plusieurs taxis. Comme à mon habitude, je leur impose la loi cruelle mais saine du "si-tu-me-proposes-je-te-choisis-pas" suivie de la deuxième loi inévitable et radicale du "si-t'insistes-je-t'envoie-paître-beaucoup-moins-gentiment".
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Pour une fois je localise à la fois le terminal de bus et le centre-ville sur mon plan, je pars donc à pied à travers la ville aux aurores, chargé de mes deux sacs. L'hotel sympa et pas cher que j'avais repéré dans mon guide est la proie des grues qui l'ont rongé de l'intérieur, je vais pour une fois me choisir un hôtel plus cher et confortable, la sensation de la perturbation gastrique naissante étant pour beaucoup dans ce choix.
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Après quelques heures de récupération, je me lance dans un petit tour de la ville pour voir s'il n'y aurait pas quand même un petit intérêt. Je passe de mercado en mercado, ils ressemblent à ceux que j'ai vus depuis le début du voyage, tout en étant différents. Chaque marché a ses petites spécificités, son propre foutoir, ses propres couleurs.
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Le premier est consacré aux fruits et légumes, coiffeurs, serruriers, coiffeurs, jus de fruits ... Le deuxième est plus moderne et moins authentique : des vêtements et du matériel informatique. C'est amusant de voir que dans beaucoup de pays pauvres, les commerces identiques se regroupent par zones, vendent exactement les mêmes produits aux mêmes prix. Impossible pour eux de se démarquer, il leur faut aborder le client pour vendre. En Equateur c'était les magasins de téléphonie mobile, un tous les 5 mètres avec la même enseigne, à se demander comment ils vivent, ou si les équatoriens s'achètent un portable tous les mois. Au Pérou ce sont les pharmacies, il y en a à tous les coins de rue, et imposantes en plus. Pourtant la médecine douce par les herbes est très prisée, mais elles pullulent.
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Puis direction le Mercado Modelo, le plus beau : un marché énorme qui ressemble à un souk arabe en plus organisé, un vrai labyrinthe où l'on se perd avec plaisir. On y trouve de tout par secteurs, et le secteur le plus intéressant est celui des herbes, avec vrais et faux shamans, et produits miracle ... ou pas. Il y a une vraie culture des herbes médicinales, sûrement plus bénéfiques que nos médicaments chimiques à condition d'être bien renseigné. A venir un petit tour live du marché ...
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En déambulant dans la ville, je remarque que je suis le seul gringo. Pas un autre visage blanc. Cela me confirme que Chiclayo est peu réputée, mais c'est assez agréable d'être le seul étranger.
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Le véritable intérêt se trouve à quelques kilomètres de là, à Lumbayecque, qui compte deux des plus beaux musées du Pérou. Le premier est le Museo Tumbas Reales de Sipan, consacré à une découverte archéologique majeure : la tombe du Seigneur de Sipan, un sanguinaire qui arrachait le coeur des ennemis pour le presser et en boire le sang. Il a été enterré avec toutes ses femmes et sa suite, on imagine tout ce petit monde ravi d'être zigouillé pour assurer la synchronisation de l'enterrement ... Le musée est vraiment étonnant, les pièces de la culture Moche sont magnifiques.
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Le deuxième musée regroupe toutes les trouvailles d'un archéologue allemand, là encore des objets de guerre, des parures, et des objets du quotidien qui nous plongent facilement dans la culture Moche, avec un peu d'imagination.
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Je poursuis ma petite excursion, chargé de mon fidèle sac et de ma tourista, vers Tucume, où l'on peut voir d'anciennes pyramides Moche ou Inca, qui ont été sévèrement attaquées par l'érosion et la pluie et ressemblent plus à de mini-montagnes de terre. On peut juste s'amuser à monter au sommet, en crapahutant le long des lignes de ruissellement, pour profiter d'une belle vue, et voir les autres pyramides au loin. C´est comme les terrils dans ch´Nord, on en voit tout autour de soi, mais c´est plus beau.
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Je repars à Chiclayo dans un collectivo, une sorte de taxi banalisé, qui attend d'être plein pour partir pour une direction prédéterminée. Après un rapide changement d'hotel pour gagner 20 soles sans perdre en confort, mais aussi après une nuit au bruit des marteaux-piqueurs, je quitte rapidement Chiclayo pour Trujillo, où je suis accueilli par un couchsurfer. Bon pour une première expérience de couchsurfing je suis mal tombé : mon hôte est un brin calculateur, essaie d'égayer sa morne vie en accueillant des étrangers toutes les semaines pour son propre plaisir. Il cherche surtout à se faire payer des restos et à approvisionner ses copines en mâles occidentaux. En même temps comme il m'avait contacté sans que je ne demande rien, j'aurais dû me méfier.
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Trujillo est une belle ville de style colonial, avec de superbes façades et la plus belle Plaza de Armas que j'ai vue jusqu'ici : une belle cathédrale comme d'habitude et des bâtiments autour qui rivalisent de beauté, mélangeant style espagnol et subtiles nuances arabisantes. Au milieu de la place, une statue imposante ajoute au prestige du lieu. Elle est interdite au stationnement la journée, ce qui est rare dans ce pays à la circulation débridée et dangereuse. La nuit la beauté de la place est encore décuplée.
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Le premier attrait est le site de Chan Chan, qui regroupe un palais et deux "huacas" (pyramides) de la culture Chimu. Cette culture fut un jour renversée par les Incas, eux-mêmes défaits par les espagnols peu de temps après. Le palais est en constante restauration, et proprement sublime : place énorme ornée de frises sur les murs, tombe du seigneur qui a fait construire ce palais, bassin où l'on sacrifiait hommes, femmes et même enfants quand la lune venait s'y reflêter ... impressionnant.
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Pour varier les plaisirs je poursuis vers Huanchaco, petite station balnéaire très prisée par les surfeurs et les pêcheurs. En dégustant un délicieux ceviche (poisson cuit dans le citron), j'observe les surfeurs qui tentent de dompter les grosses déferlantes, et les pêcheurs sur leurs uniques bateaux de bambou bravant les mêmes vagues pour aller plus au large.
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J'ai toujours a-do-ré être seul à la terrasse d'un restaurant, dans une station balnéaire un peu vide en basse saison. Ça ne s'explique pas, c'est comme ça, c'est en MÔAAA.
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Le lendemain, je pars visiter la Huaca de la Luna avec Maria, slovaque qui termine son voyage de plusieurs mois. Elle est aussi en couchsurfing, son hôte est l'amie de mon hôte ... et elle s'y sent à peine mieux que moi. Décidément le couchsurfing à Trujillo, c'est pas ça ...
_La Huaca de la Luna est donc une pyramide au pied d'une montagne, de loin elle ressemble aussi à un gros rocher érodé mais à l'intérieur le travail de restauration a fait ressortir des choses magnifiques : des fresques murales notamment, l'endroit précis où étaient sacrifiés les ennemis, et une immense salle cérémoniale avec des fresques bien conservées. La pyramide compte de nombreux étages, chacun ayant été comblé et condamné par la génération qui superposait le sien.
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Après un petit tour en ville, Maria et moi décidons de prendre le bus du soir pour ne plus subir l'hospitalité très ambigüe de nos hôtes respectifs.

En fin d'après-midi j'attends le retour d'Abrahan, mon hôte, dans son quartier assez "chaud". Je vois un mauvais regard vers mon appareil photo, et dans la seconde qui suit je sens une main dans ma poche gauche qui arrache mon porte-monnaie. Je suis trop surpris pour avoir le temps d'empêcher le pickpocket mais j'essaie de l'attraper, deux ou trois complices s'interposent en me tenant les bras. Ma rage instantanée les fait reculer, le pickpocket se met à courir et je le course sur plusieurs centaines de mètres. Mais je manque d'entraînement à la course, et mon sac qui ballotte dans le dos ne me facilite pas la tâche.
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Un des complices qui s'était déjà interposé court aussi juste derrière moi et essaie de me faire un croche-pattes. Pas assez pour me faire tomber et à la vue de mon visage il reprend un peu de distance. Le pickpocket toujours à vue traverse une avenue à gros trafic, je le suis mais arrivé sur le trottoir il disparait subitement. Pas moyen de voir où il est passé. Je me retourne et je vois le fameux complice à quelques mètres de moi, en train de téléphoner, je l'empoigne violemment et hurle qu'il me rende mon argent. Ce faux-cul dit que ce n'est pas lui alors qu'il est le principal complice, je l'empoigne de plus en plus violemment, un autre complice essaie encore de s'interposer mais recule devant ma fureur. La rue entière doit m'entendre puisqu'un policier arrive rapidement, et comprend rapidement ce qui s'est passé malgré mon espagnol très limité. S'ensuit un tour en voiture pour essayer de voir le pickpocket, trois heures au poste où je dois expliquer moi-même aux policiers qu'ils doivent regarder dans le portable du complice arrêté. Ce salaud joue les parfaits innocents et je ne comprends pas pourquoi les policiers sont aussi tendres avec lui, alors qu'une pression plus forte aurait abouti à plus de renseignements.
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Je rate donc mon bus, et repart avec une semi-promesse des policiers de retrouver une partie du larcin : de l'argent, le billet de bus, et une clé USB assez chère. Pas la fin du monde donc, je n'ai pas perdu mes papiers ni l'importante somme d'argent que j'avais retirée l'après-midi. Mais beaucoup d'adrénaline et de frustration.
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Les policiers avaient l'air d'être honnêtes et de travailler sérieusement sur mon cas, mais tout le monde m'a assuré que je ne devais rien attendre d'eux, qu'ils se serviraient de toute façon s'ils retrouvaient quelque chose. En conclusion : il fallait que ça arrive, je peux maintenant dire "ça c'est fait". Mon principal regret est de ne pas avoir abîmé la petite face de faux-cul du complice, avant que le policier n'arrive. Le prochain, s'il y a, paiera pour deux.
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Le lendemain j'entame une négociation serrée pour obtenir gratuitement un nouveau billet de bus, et j'obtiens gain de cause malgré mon mauvais espagnol. Je termine ce mauvais séjour par une petite après-midi de visite dans le centre-ville sécurisé, et je pars soulagé vers Huaraz, accompagné de Robin, un canadien aussi accueilli chez Abrahan, et tout aussi agacé de cet accueil ambigu, après seulement une journée.
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Ouf, les mauvais moments aussi ont une fin, et l'étape suivante s'annonce à la fois plus calme et plus belle.
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¡ Hasta luego !
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samedi 22 août 2009

¡ Adios Ecuador, hola Peru !

¡ Hola el Peru, hola los surforosos !


Me voilà déjà dans le deuxième pays du voyage, le Pérou.
Je me demande déjà si je n'aurais pas dû réduire encore plus la liste des pays à visiter, pour passer un mois et demi voire deux mois dans chacun. Un mois c'est court, même si mon arrivée à Quito me parait déjà loin.

J'hésite à quitter Vilcabamba, d'autant que Josh vient d'arriver, mais les gens avec qui j'ai passé les derniers jours sont partis ou partent. Et l'hôtel vient de se renouveler, avec son lot de nouveaux backpackers qu'on a envie de rencontrer. C'est un peu comme dans "Les Bronzés" : "Hé regarde, y a les nouveaux qui arrivent ! Waouh t'as vu celle-là ? Allez on reste encore une semaine !". Mais le temps passe et je ne dois pas négliger les belles choses qui m'attendent.

Départ donc de Vilcabamba à l'arrache, après trois heures de sommeil, pour partager un taxi avec Caroline et Sarah vers Loja, dernière grande ville au sud de l'Equateur. Bien sûr je n'ai vérifié aucun horaire de bus, ni même la durée du voyage, avant de partir. Non ce serait trop simple et trop bien organisé pour moi. J'ai donc 3 heures devant moi pour visiter Loja, ville sans grand intérêt. C'est l'occasion de changer mes dollars en Nuevo Soles, histoire de ne pas galérer une fois la frontière franchie.

Léger rafraichissement capillaire dans le marché (50 cents de dollar pour un petit coup de rasoir, vous connaissez mieux ?), rapide tour à la Poste pour éviter le décalage entre les cartes postales et les tampons, petite discussion avec un couple de Français purs vadrouilleurs qui m'ont repéré grâce à mon sac Quechua (j'ai eu beau essayer de varier les sources d'équipement, difficile de ne pas en avoir du tout), petit tour rapide de la ville pour se convaincre qu'effectivement il n'y a rien à voir, et petit stress pour trouver un taxi libre sous la pluie. J'ai aussi abîmé mon beau Panama sous la pluie, je suis vert.

Mais me voilà dans le bus pour Sullana, première grande ville péruvienne sur la route. Le vrai objectif est Mancora, pure station balnéaire ultra-touristique et une des rares où la mer soit chaude, pleine d'hotels, restaurants, bars et plages. Je viens y chercher mon graal, pas le surf non, mais le kitesurf. En fait apprendre le kitesurf, parce qu'ici les prix sont parmi les plus bas au monde, enfin moins exhorbitants pour être précis.

Dans le bus je ne sais même pas si je pourrai arriver jusqu'à Mancora à une heure correcte, où si je devrai passer une nuit à Sullana, ville dont je ne sais rien sinon qu'elle est "sinistre et sale". Très engageant. L'organisation je te dis, la clé du succès de mon voyage !

Depuis Loja, le paysage change rapidement, enfin dès que je me décide à ouvrir un oeil. La route est maintenant sillonée de magnifiques baobabs et d'autres arbres ressemblants. Moins grands qu'à Madagascar les baobabs, mais très beaux quand même. Une première barrière annonce l'imminent passage de frontière, à Macara.

Je n'ai jamais eu de passage douanier aussi facile : le bus nous dépose avant un pont, on va soi-même au bureau de sortie de l'Equateur, on traverse le pont, on va soi-même et sans sollicitation au bureau d'entrée dans le Pérou où je suis accueilli par des moustiques aggressifs et un douanier souriant qui tente des mots de bienvenue en français. Maintenant je sais qu'il existe des douaniers souriants et sympas, au moins un dans le monde. Ma grande découverte culturelle du jour.

Et la route se poursuit en bonne compagnie, Katharina une jeune allemande en volontariat qui doit repasser la frontière tous les trois mois pour renouveler son visa. Je me rends vite compte que je devrai rester une nuit à Sullana, elle a une adresse à me donner, c'est bon à prendre.

Arrivé à Sullana, ville sinistre tout-comme-on-m'avait-dit, je saute dans un mototaxi pour aller à l'hôtel et surveille qu'il ne m'emmène pas n'importe où. Il est connu que certains mototaxis appellent un ami qui tend une embuscade et dévalise le client du mototaxi. Ce n'est pas une légende, ça arrive (souvent ?) dans certaines villes d'Equateur et du Pérou. Bonne pioche, celui-là est un bon. Et l'hôtel est, euh ... bon là tout de suite je n'ai pas trop le choix.

Je me contente d'un rapide tour en ville pour trouver un cybercafé lugubre à souhait et retourne rapidement dans ma chambre d'hôtel, avec le vacarme du voisin qui parle trè fort au téléphone, télé à fond, porte et fenêtre ouvertes. Le lendemain matin, je repars en ville pour changer de l'argent et enfiler un petit-déjeuner, j'ai la chance de tomber sur un patron de café très sympa, qui a beaucoup voyagé et affiche ses photos sur les murs du café, Arc de Triomphe et Pyramide du Louvre entre autres. Il me donne beaucoup de conseils et m'emmène même dans un bon bureau de change pour m'éviter les arnaques. Puis passe le relais à un de ses clients qui me donne toutes ses coordonnées, des conseils sur mon itinéraire et la gastronomie, et me confirme le danger des mototaxis : essayer de débusquer les dangereux, ne jamais en choisir un qui a des portes ... Bon, les multiples messages alarmistes vus sur le Web sur la sécurité n'étaient peut-être pas tous écrits par des occidentaux frileux, il y avait du vrai.

Finalement cette étape forcée et improvisée devient agréable grâce à ces deux rencontres coup sur coup. Direction une compagnie de bus non loin de là. Grosse sécurité pour accéder au bus, pour les personnes et les bagages. Un vigile nous indique la porte du bus, et passe négligemment son détecteur dans le dos de certains passagers, quand ils ont le dos tourné. Au moins cette fois-ci je n'aurai pas à surveiller ce qui sort de la soute à chaque arrêt.

Le paysage est magnifique, complètement différent : de chaque côté des rizières plates bordées de palmiers, dégageant des nuances de vert.
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Ma voisine essaie gentiment de m'expliquer différentes choses, mais son odeur corporelle corsée me pousse à regarder par la fenêtre. Et surtout elle me confirme ce que j'avais commencé à cerner hier à l'hôtel : je ne comprends RIEN de ce que disent les péruviens ! La différence avec les équatoriens, même ceux du sud, est flagrante : ils parlent très vite et mangent leurs mots, voire même prononcent des sons différents pour certaines lettres. Je commençais à m'améliorer en espagnol mais là je retombe au sixième sous-sol !

Le paysage de rizières magnifiques continue, ponctué par des braquements très pauvres en bord de route. Puis c'est le désert, de cailloux et de poussière, qui me fait penser à celui de la frontière USA-Mexique. Je ne l'ai jamais vue moi-même mais je repense au film Babel, avec sa scène dramatique dans le désert (penser à revoir Babel ; si une chose me manque vraiment ici, c'est le cinéma ; c'est dur de passer de trois ou quatre films par semaine au néant).

Quelques collines ou petites montagnes ponctuent ce désert, là un champ d'ordures, puis finalement les foreuses de pétrole et leur picorement incessant, de plus en plus nombreuses mais solitaires, éparpillées.
De grands condors noirs tournent toujours au-dessus de ces déserts, même en ville. Les voir se poser sur le toit d'un garage est presque glaçant, on se rend mieux compte de leur taille. Ou amusant si on pense à Lucky Luke.




Puis finalement je vois l'océan, qui contraste brutalement avec le désert omniprésent sur la côte. Et on arrive à Mancora, qui est pire que prévue : une succession de bars, hôtels, boutiques de souvenirs, tout ceci peuplé d'occidentaux blonds au look de surfers, avec les dernières sapes à la mode et une planche sous le bras. J'ai cherché l'enfer touristique, je l'ai trouvé. Mais c'est encore la basse saison, en y regardant bien c'est encore paisible. Pour l'authenticité péruvienne on repassera, mais c'est une bonne variation dans mon voyage, climatique et culturelle. Et encore une fois c'est dans un but précis : prendre mon pied en kitesurf.

Je fais l'erreur de refuser les mototaxis et me mets à errer avec mes 20 kgs entre la rue principale et la plage (il n'y a rien d'autre !). J'ai l'air fin sur la plage, à transpirer avec mes sacs, mon pantalon et mes chaussures de randonnée qui s'enfoncent dans le sable, à la recherche d'un hôtel correct et pas cher, sans la moindre adresse.

Mais ma chance ne me quitte pas, on m'indique l'auberge de jeunesse La Posada légèrement à l'écart de la route, dans les palmiers, pour 15 Soles (moins de 4 €). La chambre est rustique, la douche commune et froide, mais c'est beau, calme, convivial, il y a même une piscine et le wifi. Et le regard de cerbère de la patronne, tout ne peut pas être parfait ... Je fais connaissance de Mei, voyageuse britannique en solo, dont je partage la chambre (si je peux appeler ainsi les quatre murs avec un toit et deux lits défraîchis).

Je fonce vers l'école de kitesurf pour prendre des infos, essayer de négocier, et m'inscrire. Comme prévu ça coûte les yeux de la tête, mais deux fois moins qu'en France ou ailleurs. Tant pis. Una vida, tengo solamente una vida. La première soirée se passe avec tous les copains blonds et anglo-saxons de Mei, dans l'auberge de jeunesse. Je pensais avoir un bon niveau d'anglais, mais là je suis largué.
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Et quatre jours s'enchaînent à l'identique, rythmés par un lever matinal et embué, un petit-déj' face à l'océan, une bonne partie de la journée prise par le kitesurf, et une soirée à choisir le bon bar.
Tous les matins on part, une dizaine avec les intructeurs, sur une plage déserte à une heure au sud, dans un complexe pétrolier. Au large les plateformes pétrolières qui pullulent comme des champignons, de temps en temps des baleines qui sautent. Au bord un lion de mer qui montre sa tête hors de l'eau, un autre qui préfère se laisser manger par les rapaces, et une sorte de pingouin tout fin qui se dandine la tête haute sur la plage, au milieu des dizaines de petits crabes oranges qui courent partout et plongent dans leur trou dès qu'on approche. "Hé les crabes, on est là pour faire du kite, pas pour vous manger !" Ils veulent rien savoir les crabes, têtus ils plongent dans le sable.

Et le vent constant, fort, qui gonfle ma voile et me fait peur la première fois qu'on l'attache à mon harnais. Deux heures à se laisser traîner dans l'eau et à s'écraser, le lendemain deux heures à essayer de monter debout sur ma planche, et le surlendemain deux heures à se dresser facilement debout mais sans réussir à démarrer. Voilà ce qu'on appelle un stage de kitesurf rapide, kiffant et frustrant. Mais passé avec John, péruvien anglophone et vraie bête de kitesurf, et Bronia, de Manchester, qui se débrouille pas mal non plus.
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Et alors que revoilà ... Anaïs, la franco-surfo-genevo-kiteuse croisée à Baños. Les coïncidences continuent, sauf que la croiser dans un spot de surf et kitesurf n'en est pas vraiment une. Un "léger" problème financier enfin réglé (j'ai oublié mon code de carte bancaire, c'est ballot !), je décide rapidement de m'en aller, je n'ai aucune raison de rester ici.
Jamais trop tard pour faire des rencontres, je m'enfile un dernier ceviche avec un français et une londonienne francophone qui vit à Lima, qui viennent d'arriver à La Posada, deux heures avant de prendre le bus de nuit. Bus dont je vois descendre ... Florian et Damien, dont j'ai partagé la chambre et les treks à Vilcabamba, qui reviennent de Baños !
Coïncidences : 7 points ; Liechstentein : 1 point ; San Marin : 0 point.

La suite s'annonce plus culturelle et réellement péruvienne, plus rythmée, et aussi un peu française ... à suivre ;-)
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lundi 17 août 2009

¡ Hola los viejos !

Le voyage se poursuit, la fin approche ... meuuuh non, pas la vraie fin, seulement la fin de l'Equateur ! Enfin c'est quand même une mauvaise nouvelle, parce que l'Equateur est une vraie révélation pour moi ... not the last hopefully.

Pour finir en beauté, direction Vilcabamba, mignonne petite ville située près de la frontière péruvienne, et connue pour ... ses vieux ! Eh oui, cette petite ville en apparence anodine compte plusieurs centenaires, ce qui est beaucoup pour sa faible population. Patrimoine génétique, qualité de l'eau (pour la première fois je bois de l'eau du robinet non traitée et ma réserve de médocs n'a pas diminué) ... les explications sont nombreuses. Ces centenaires sont difficilement visibles, sinon à la sortie de la messe dominicale.

Mais alors tu te demandes ce que je fais là ?!? Une étude en vue de lancer une nouvelle carrière dans la gériatrie ? Merci non, pas pour moi. En plus d'avoir des centenaires, Vilcabamba est aussi une belle petite ville au milieu d'un environnement magnifique, des montagnes, des vallées, le Parc National Podocarpus. C'est un endroit absolument parfait pour trekker. Et elle se trouve plus ou moins sur la route du Pérou, depuis Cuenca. Alors pourquoi se priver ...
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Après un long trajet en bus, toujours animé par des paysages magnifiques qui évoluent doucement (finis les carrés multicolores jusqu'aux sommets mais beaucoup de verdure), sous une chaleur écrasante et au rythme des travaux qui bloquent la route, mais avec peu de vendeurs et sans anecdotes, j'arrive à l'arrache dans l'obscurité, sans avoir réservé d'hôtel comme d'habitude.

Mais je trouve, pas vraiment par hasard, un hotel de rêve en haut de la colline avec une vue à couper le souffle sur Vilcabamba et les montagnes environnantes. Tu ajoutes à ça un confort très au-dessus de tout ce que j'ai vu jusqu'ici, une piscine, un centre de massage, des douches énormes et bouillantes en pierre grise même dans les dortoirs, un restaurant en terrasse avec cette même vue panoramique aussi belle de jour que de nuit et une cuisine excellente, un petit-déjeuner à volonté, des gérants allemands plus soucieux du bien-être de leurs clients que de leur profit.
Il y a surtout un dossier exclusif de cartes et d'explications de tous les treks aux alentours, sans guide donc, avec carte panoramique et panneaux installés sur la route pour indiquer le départ des sentiers.
Tout ça au prix de ... eh bien grosso modo le même prix que les hôtels essayés jusqu'ici en Equateur. Le rêve ! Encore un endroit qui sent la dolce vita, le Pérou attendra.

Seul petit bémol, on attend parler de possibles agressions sur les chemins de randonnée. La dernière remonte à deux semaines, et l'annonce de la fermeture puis de la réouverture du chemin concerné ne suffit pas vraiment à nous rassurer, tout le monde prend des renseignements. Le gérant nous dit qu'il suffit d'emmener peu d'argent, et de le donner en cas d'embuscade. Oui enfin la seule perte de mon appareil photo, un gros investissement avant le départ, me rendrait inconsolable. Donc on évitera ce sentier-là.

La clientèle est internationale, un mélange de familles et de backpackers. C'est bien sûr ces derniers qui m'intéressent, le choix du dortoir est maintenant un critère-clé pour faire encore plus de belles rencontres, tant pis pour le confort et les envies de grasse mat'.
On commence par une américaine, un israélien et une allemande (comme disait Patrick à Cuenca, les allemands sont partout, pas faux). Rhaaa pas de chance, tous ceux que je rencontre au premier petit-déjeuner sont sur le départ.
Ils sont vite remplacés par Damien et Florian, qui viennent de Rennes. Ca fait du bien de parler français de temps en temps, ça détend. Ils me suivent pour un petit tour en ville, pour s'envoyer un petit almuerzo à 2 $, repérer les lieux et les vieux, et enchaîner sur une petite randonnée sur les hauteurs de Vilcabamba.

On découvre un petit quartier bucolique bien caché, et la marque grandissante de l'implantation du 3ème âge fortuné américain. On croise trois chevaux affolés qui dévalent le chemin, poussés vers l'écurie par un pick-up sportivement conduit par des locaux hilares mais peu soucieux de la psychologie chevaline. Scène que je reverrai en ville.
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Et on termine par un vrai beau chemin de randonnée, aux couleurs de savane grâce au soleil couchant. Un avant-goût des plus grands treks aux alentours.


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La vue sur Vilcabamba illuminée nous attend, l'excellent restaurant aussi, et éventuellement la piscine si le soleil a bien voulu chauffer l'eau. Le bar aussi nous attend avec ses cocktails au Pisco, mais malheureusement très calme tous les soirs. Heureusement que les rennais sortent une bouteille de vin chilien ...

Le lendemain direction le Parc National Podocarpus, avec José, guide professionnel mais qui ne répond au téléphone que quand il a besoin d'argent, et Roos et Peter, couple flamand de Gand qui aura largement contribué à rendre ce séjour très sympa. Le trek dure six heures à un rythme soutenu, d'abord sur un sentier découvert puis au milieu d'une forêt luxuriante. On voit que la selva* n'est pas loin.

On croise Galvino, un vieil équatorien, machette à la main et guidant deux autres équatoriens montés sur des chevaux. Il parle un très bon français malgré l'accent, il a étudié à Grenoble en 1965 et s'en souvient comme si c'était hier. Il nous propose de passer le voir chez lui quand on veut ... ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.

Les fleurs les plus belles se succèdent, souvent butinées par des papillons magnifiques, ainsi que les fleurs de bananier, arbres parasités par ce qui ressemble à de longs cheveux gris. On voit également des villas perdues au milieu de la montagne, bâties par des suisse, israëlien et américain avides de solitude.

On ne traîne pas, on avance même vite, mais le guide ne rate pas une occasion de s'arrêter pour donner le nom d'une fleur, d'un arbre, d'un animal. Devant nous, un pivert est tout juste visible entre deux feuilles, en train de cogner contre le tronc.
C'est un des plus beaux treks que j'ai jamais faits. D'ailleurs à la fin le guide nous explique qu'il part trois mois à Quito pour étudier plus à fond la faune et la flore. Ah bon, il a encore quelquechose à apprendre ?
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Et l'hôtel nous tend les bras. Dans mon dortoir, les rennais malchanceux doivent laisser à la place ... à deux rennaises, Caroline et Sarah. C'est un gros week-end, lundi est jour de fête nationale, l'hôtel se remplit d'un coup, comme Vilcabamba d'ailleurs. Je passe la soirée avec Roos et Peter, oh c'est grosse ambiance au bar ce soir, il y a au moins ... 10 personnes !

Le lendemain, journée off, quand même égayée par une visite chez Galvino, qui nous accueille les bras ouverts derrière son portail marqué Grenoble, avec eau de vie de raisin, café fait avec ses propres grains, pain, fromage. Lui seul parle français, encore très bien, mais sa femme et sa belle-fille comprennent tout sans oser se mêler à cette discussion masculine et francophone. Voilà encore une très belle rencontre que je n'oublierai pas. Quand on a la chance d'être invité chez des locaux, il faut sauter sur l'occasion.

Avant de retrouver Roos et Peter, Caroline et Sarah, je m'offre LE massage intégral visage et corps suivi d'un REIKI (médecine non conventionnelle japonaise, basée sur des soins énergétiques par imposition des mains). J'en sors tout détendu malgré les poings de la masseuse qui ont damé mon dos. Ce soir le bar a toujours comme meilleurs clients les gérants allemands eux-mêmes ... bon allez moi un peu aussi.

Alors que ... revoilà Josh ! Le new-yorkais, qui croise et recroise ma route plus du tout par hasard, est finalement arrivé à Vilcabamba alors qu'à l'origine il avait de l'avance sur moi. Plus "journées off" que lui, tu meurs. En attendant de le retrouver le soir au restaurant de mon hôtel, pour lui montrer qu'il n'a pas choisi le bon, je dis au revoir à Roos et Peter qui doivent retourner à Cuenca pour travailler. Gand n'est pas loin de Lille, ce ne sera peut-être pas une rencontre éphémère.

Josh me rejoint le soir avec Sarah et Caroline, et n'en revient pas de la beauté de l'hôtel. Nous passons une petite soirée sympa resto-cocktails-pingpong-billard, poursuivie pour moi par une longue veillée sur ma drogue favorite, j'ai nommé mon PC+WIFI, pour t'abreuver toi petit bloglecteur en photos.

J'ai aussi prévu de partager un taxi tôt le lendemain pour Loja, départ d'un trajet en bus vers le Pérou. Et si je faisais l'effort de lire mon guide du Pérou pour savoir où je vais et comment, ce serait pas une bonne idée ? Allez va pour une prolongation entre 2 et 3 heures, avec un réveil vers 6 heures pour faire mon sac, régler la chambre, et autres formalités qu'il aurait été trop simple de régler à l'avance.

Enfin ça me force à décoller efficacement le lendemain, pour partager un petit trajet nauséeux mais sympa avec Sarah et Caroline, et finalement quitter ce cher Equateur pour le Pérou.

¡ Hasta pronto Ecuador !

Me encantas mucho. Regresaré, verdad ...
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lundi 10 août 2009

Cuenca, ciudad muy bonita

¡ Buenas tardes !

Me voilà à Cuenca, ma septième étape déjà en Equateur.

Première mission lorsqu'on arrive dans une ville, au terminal de bus : se trouver un hôtel. Comme d'habitude, le terminal est loin du centre, ou tout simplement on ne sait pas trop où l'on est, tout le monde prétend que le centre est inatteignable à pied (un peu marseillais sur les bords, les taxis équatoriens) , et pas moyen de trouver une carte, donc il faut se résoudre à prendre un taxi et faire baisser le prix forcément gonflé. J'avais prévu d'utiliser le réseau de Couchsurfing pour me faire inviter chez un(e) local(e), mais jusqu'ici je n'ai pas trop essayé.

Avec Patrick, allemand au tempérament très peace et amateur d'expériences interdites, croisé la veille à Alausi et recroisé dans le bus, direction la première adresse que j'ai notée : fantôme, l'hôtel n'existe pas, à moins qu'on puisse dormir dans un salon de toilettage pour chien mais je suis facilement allergique aux poils, c'est vraiment trop dommage !

Un gérant d'hôtel à l'affût nous repère et nous propose son adresse, ça tombe bien c'est la deuxième que j'avais sélectionnée. On accepte donc mais ... hé oh, ce serait trop te demander de nous emmener dans ta voiture au lieu de nous laisser marcher et galérer avec nos sacs ? Bon OK c'est à deux blocs d'ici, mais hein, bon !

Déjà cette petite rue donne un bel aperçu de Cuenca : vieilles maisons, certaines simples mais belles sans étage, d'autres au style colonial qui me donnent une envie immédiate et irrépressible de mitrailler avec mon appareil photo. L'hôtel n'est pas spécialement beau mais la chambre qu'on nous donne a un petit cachet : vieux parquet, du bois partout, de beaux lits. Le parfait style colonial.

Sac déposé, registre signé, on file dans le centre pour éteindre cette faim quasi-criminelle qui nous torture. Nous devions être fatigués parce qu'il nous a fallu une demi-heure pour trouver un pauvre fast-food près de la place principale, alors que les jours suivants nous prouveront qu'il y a beaucoup de choix à Cuenca, comme ailleurs en fait : petits restaurants familiaux proposant un almuerzo (formule typique soupe + plat du midi) pour 1,50 $, ou restaurants plus modernes et racés cherchant à tenter les incorrigibles occidentaux que nous sommes.
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Comme d'habitude, le Parque Central est magnifique, plein de végétation, et face à une cathédrale majestueuse, qui pour une fois ne ressemble pas aux autres : la partie basse est en briques, le haut est blanc et bleu, un peu à la mode grecque. Je n'ai pas l'explication artistique ou historique de ce style, partout où je passe je me contente du plaisir des yeux.




Grand bonheur, un patron de café m'annonce qu'il y a du wifi gratuit sur la place, il suffit de s'asseoir sur un banc et de faire attention aux voleurs. Ah bon il y a des voleurs ici ? Je ne les ai pas sentis ou vus, je me sens dans une ville assez aisée et stylée. Plus je passe de temps en Equateur, moins je me méfie, déambulant à toute heure du jour ou de la nuit, avec des objets de valeur sur moi. Et là on est en plein jour, avec Patrick nous sommes deux gars pas franchement chétifs. Donc booof !

NDVQECB*= au moment où j'écris ces mots, j'ai déjà quitté Cuenca, je discute avec un couple flamand qui travaille quelques mois à Cuenca, et ils m'apprennent que les risques étaient vraiment importants, surtout quand on affiche trop un PC ou un appareil photo. Que des drogués et gens dans le besoin trainent dans le quartier, n'hésitant pas à suivre des étrangers et à les dévaliser deux rues plus loin. Saperlipopette, mon opération des yeux en avril n'aurait pas marché ? Je n'y verrais en fait rien, aveuglé par la matrice ? Bon il vaut mieux l'apprendre après et avoir apprécié la ville, marché à toute heure dans les rues pour chercher un resto sympa et prendre des photos de nuit.


Cuenca est une grande et belle ville coloniale, avec ses superbes maisons, ses noms de rues élégamment écrits sur des carreaux blancs, et comme ailleurs ses belles places, églises et cathédrales. J'ai envie de photo-mitrailler ces maisons coloniales, leurs portes en bois, leurs balcons ... Je sens que je vais rester quelques jours pour fouiner, me faire plaisir, sentir l'air de la ville.

Dés le premier soir, je retrouve Josh le new-yorkais rencontré à Puerto Lopez. Pas de chance, ses yeux lui font des misères et laissent croire qu'il a trop abusé de la nature locale. Rendez-vous est repris pour le lendemain en espérant qu'il aille mieux. En attendant, la noche caliente de Cuenca nous tend les bras, avec sa promesse ambivalente de je-me-fais-plaisir-cette-nuit suivi par j'ai-trop-mal-aux-cheveux-ce-matin.

Et qu'est-ce qu'on fait le lendemain pour se sortir de cette torpeur post-bebiendo ? On monte au mirador de Turi pour profiter d'une belle vue sur Cuenca, et pour marcher une heure au lieu de cinq minutes au retour, à cause d'une envie irrépressible d'innover sur l'itinéraire. Mais on ne regrette pas ces problèmes d'orientation, qui nous ont permis d'errer à travers des quartiers résidentiels banals, de constater toujours plus d'enceintes agressives autour des maisons, et d'avoir une longue discussion sur la sécurité, la politique de la peur, etc ...

Le lendemain ne sera pas beaucoup plus productif, si ce n'est une visite à une vraie STAR. J'ai nommé Alberto Pulla, la référence absolue parmi les fabricants de chapeaux Panama. Il a fabriqué le chapeau d'Indiana Jones, excusez du peu, et a été nommé meilleur artisan du monde.
C'est maintenant un vieil homme, muet, qui se fait comprendre par signes, qui officie dans sa petite boutique au 1er étage d'un magasin sans allure, et voit passer le monde entier. Il a appris son métier de son père à l'âge de 6 ans, et en a probablement environ 70 aujourd'hui. Ses chapeaux vont de 40 à 600 $, selon le type normal, semi-fino, fino ou super-fino. Un chapeau à 600 $ prend plusieurs mois à fabriquer !




La tentation est forte de s'en acheter un, parce que cela donne une vraie classe, mais ce n'est pas donné et je n'ai pas l'habitude de porter un chapeau. Je reviendrai l'essayer une deuxième fois pour être sûr. Et finalement ... je me balade fièrement avec mon panama blanc en ville, sûr d'avoir adopté un élément important de la culture sud-américaine.
Alberto Pulla a immortalisé de sa signature le fond de mon chapeau, et je me balade maintenant tout fier, attirant beaucoup plus de regards des équatoriens, interloqués de voir un étranger adopter un de leurs emblèmes.
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Finalement Patrick s'en va, c'est la fin de son tour du monde, il hésite à rentrer en Allemagne ou en Nouvelle-Zélande. Ben oui quoi, c'est pas facile de choisir !
Mais Josh reste, alors qu'il est à Cuenca depuis déjà de longs jours. C'est vraiment un slow traveller, il prend encore plus son temps que moi. En même temps quand tu es en tour du monde illimité, jusqu'à-plus-d'argent, t'es pas pressé ...

Nous partons pour une virée en VTT dans une belle et interminable vallée, et le long des rivières en pleine ville, pour se dégourdir un peu. Josh roule comme un fou dans les rues, démentant la vision sage que j'avais de lui jusqu'ici.
Le lendemain est une journée consacrée aux musées, histoire d'aller se coucher moins bête. Moi qui ne suis pas très porté sur les musées, là j'en ai pris plein les yeux : un musée des arts aborigènes qui expose des objets magnifiques et bien expliqués, un mini-musée du panama qui permet de voir des artisans en action, et un superbe musée d'art moderne dans un ancien couvent.




Et des soirées dépaysantes tous les soirs dans les bars de la calle Larga, à discuter avec une allemande, un hollandais, une américaine, un italien, et j'en passe ... On parle espagnol, anglais, français, allemand, le cerveau switche en permanence et n'arrive plus à suivre, c'est là que ça devient bon.

Au bout de 5 jours, je suis en pleine tergiversation pour savoir si j'attends Natalia et Alex qui arrivent 3 jours après, ou si j'avance vers la prochaine étape pleine de promesses : Vilcabamba.
Le lendemain je suis dans le bus, j'ai pris la décision raisonnable mais frustrante de progresser et de me priver d'une dernière soirée avec Natalia et Alex.
Comme dit Michel Onfray dans "La théorie du voyage", mon voyage est une suite de sédentarités temporaires. Le compromis est permanent entre prendre son temps pour "sentir" les endroits, et avancer pour voir de belles choses et éviter d'en rater. Pour l'instant je me tiens à ma règle fixée dès le début : prendre mon temps et ne pas courir. Mais au moment où la sortie d'Equateur s'approche, il est dur de ne pas faire de bilan et de ne pas penser aux endroits dont me parlent de nombreux voyageurs et que je n'ai pas vus.
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Allez ... buenas noches les petits.
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*Note du voyageur qui écrit ce blog
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mardi 4 août 2009

Alausi, terminus !

¡ Hola los chicos y las chicas !
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Je quitte la touristique mais charmante ville de Baños pour descendre un peu vers le sud. Le bus, pour une fois peu divertissant, m'éloigne de l'humidité permanente pour me donner un peu de soleil et m'amener à Riobamba.

Arrivé à Riobamba, je ne cerne pas tout de suite ce qui m'amène là, et après ... non plus. Riobamba est une ville assez dynamique, mais bruyante et sans intérêt. Une ou deux belles places, deux ou trois belles églises comme on en a déjà vu des dizaines ailleurs, trois ou quatre belles façades à photographier, et c'est tout. En une heure on a fait le tour. Mais c'est l'étape choisie par de nombreux voyageurs pour prendre le train pittoresque qui doit nous mener en plusieurs heures à El Nariz del Diablo (la Narine du Diable), assis sur le toit pour mieux voir le paysage magnifique.

Le problème, c'est qu'il n'est plus possible de s'asseoir sur le toit à cause d'un grave accident survenu cette année, et que le train ne part plus de Riobamba mais d'Alausi, tout près de la narine du diable, et seulement trois jours dans la semaine ! Mais des informations contradictoires circulent et personne ne sait vraiment ce qu'il en est.

La chance monstrueuse qui me suit depuis que j'ai commencé à préparer ce voyage (ce serait trop long à détailler, mais tout roule dans le bon sens sans effort, les obstacles s'effacent d'eux-mêmes) est encore avec moi aujourd'hui : je rencontre à la sortie du bus un couple espagnol très sympa, pressé d'avoir toutes les bonnes infos sur le train. Ils font tout le boulot de discussion pour moi à la gare, pour pouvoir réserver les billets de train depuis Riobamba, sans faire la queue dès 7h le lendemain à Alausi, alors que c'est théoriquement impossible. L'employé accepte finalement de faire trois réservations, pour le couple et moi. Le lendemain je n'aurai qu'à présenter ma réservation, alors que de nombreux voyageurs auront échoué devant moi. La journée commence bien.

En attendant de partir pour Alausi le lendemain, je profite de cet arrêt à Riobamba pour retrouver Natalia, rencontrée deux semaines auparavant à Quilotoa avec Alex. J'ai le droit à une petite visite guidée de la ville et surtout de l'université privée et très select où elle travaille : je suis scié par le luxe et le bon goût du bâtiment. Natalialle me fait rencontrer un de ses amis français qui s'avère être ... Thomas que j'ai rencontré dans le bus de Puerto Loez à Guayaquil ! Lui-même est surpris de me voir là avec Natalia, les coïncidences continuent ...
Forcément, soirée très cool dans un petit resto, et arrosée dans le bar El VIP (ben oui quoi, faut donner leur chance aux produits locaux).

Le lendemain, après trois heures de sommeil et une douleur corporellement très haut placée qui me donne l'impression de porter mon sac à dos avec la tête, j'attrape un bus très matinal pour arriver à l'heure à Alausi, au bout d'un trajet sans vendeurs ni anecdotes croustillantes (oh hé, ça fait deux fois là qu'il ne se passe rien dans le bus, c'est quoi le problème ?) mais dans un paysage saisissant, le long de la voie ferrée maintenant inutile. Malgré les secousses du bus et les vitres passablement embuées (c'est systématique ici, caliente caliente ...), je mitraille littéralement le paysage.

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Deux heures plus tard j'arrive comme une fleur pour retirer mon billet dans la petite et jolie gare d'Alausi, devant des voyageurs qui sont arrivés bien plus tôt voire la veille, mais quand même trop tard pour avoir une place, et sont donc venus pour rien à Alausi. Ils vont donc repartir illico par le premier bus, dégoûtés.
Ben oui quoi, parce que je le vaux bien, haaan (mouvement de tête pour faire voler mes cheveux trop courts) !

Josh, le new-yorkais que je reverrai bientôt, a essayé de prendre le train trois fois sans succès ... sachant que le train ne fonctionne que tous les 2 ou 3 jours, et qu'il ne faut pas rester à Alausi entre temps (à moins d'avoir 1000 photos à traiter, 3 posts à écrire sur son blog, 48 heures de sommeil à récupérer, toutes ses fringues à laver, et son sac à dos à recoudre).

Le temps de trouver un hôtel insignifiant tenu par une femme au regard de cerbère qui ferme la grille à clé derrière moi, 4 $ la nuit et la douche froide au fond de la cour, je dépose mon sac et pars prendre le fameux train. Alausi est une toute petite mais jolie ville, peuplée de nombreux indiens Quechua, en tenue traditionnelle bien sûr, et qui vit essentiellement grâce aux voyageurs venus prendre le fameux train (ou pas).




En fait de train, c'est plutôt un bus, pas bien grand, posé sur des rails. Le train d'origine avec sa vieille locomotive, et ses toits de wagon accueillants pour nos postérieurs, n'est plus là. La voie ferrée consiste en deux simples rails qui passent en pleine rue, et que l'on ne distingue que lorsqu'on les enjambe.

Le train démarre, sort de la ville, et s'engouffre illico dans la vallée, dans un décor à couper le souffle. La pente devient rapidement trop forte, et la vallée trop encaissée, pour que la voie puisse dessiner des virages. Les ingénieurs ont donc imaginé un système astucieux de marches avant et arrière à faible vitesse. Pour ceux qui font du snowboard, c'est la fameuse technique de la feuille morte. Tellement simple mais il fallait y penser.
Si ce n'était ce wagon unique et peu authentique, j'aurais l'impression d'être dans un Lucky Luke, profitant de la construction de la voie ferrée vers l'ouest, avec les bandits qui lancent des rochers au fond des canyons pour stopper le train.

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Nous faisons une première pause, tout le monde descend sur les rails pour prendre une belle photo, puis on arrive à la jolie gare de Sibambe et enfin au fameux Nez du Diable : une montagne moyenne qui ressemble un peu à un nez, et que les locaux d'autrefois disaient impossible à gravir par un humain, d'où le Nez du Diable.
Mouais, mouais, mouais ... c'est celaaaa oui.
Ce n'est pas franchement saisissant, on sent l'habileté marketing derrière tout ça, mais peu importe, toute la descente a été un vrai paradis pour les yeux. La remontée aussi donc, bien qu'une partie m'ait échappé, rapport aux 3 heures de sommeil.

J'ai l'après-midi et la soirée devant moi pour me balader un peu et me reposer dans ma chambre désuète à 4 $, dans cette paisible ville qui redevient 100% équatorienne dès que le train s'arrête. C'est agréable de se sentir presque le seul étranger dans un patelin peinard, dans un hôtel qui ne ressemble à rien, le temps d'une nuit.

Le sentiment du programme bien accompli, et avec un peu de pitié pour ceux qui restent dans l'espoir d'attraper un hypothétique billet deux jours plus tard, je peux reprendre un bus pour Cuenca, pour 5 longues heures de trajet. Mais les 2 premières heures se font encore dans un paysage montagneux incroyablement coloré, encore plus beau qu'à Alausi. Là encore je mitraille, profitant des rares arrêts et des changements de vitesse d'un bus peu rempli et calme (troisième fois consécutive, rhaaa c'est pénible un petit peu !) pour essayer de stabiliser ma prise de vue. C'est juste à ba-ver.


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Et les deux dernières heures me permettent de rencontrer Patrick, allemand très peace qui termine juste son tour du monde d'un an. Cette nouvelle étape à Cuenca, déjà chaudement recommandée par tout le monde, s'annonce très bien.

¡ Hasta pronto !
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samedi 1 août 2009

Piscinas calientes y jugo de caña ... hummm

Bienvenidos a Baños, la ciudad de la caña* y de las thermas (ooooh, caliente !)

J'ai enlevé le pantalon-moumoute, le sur-pantalon, les deux polaires, la cagoule intégrale et la veste d'hiver pour respirer un peu. Direction Baños de Agua Santa, belle petite station thermale au pied du volcan Tungurahua, qui se fait très régulièrement menaçant.
Il fait plus chaud mais plus humide, il pleut un peu tous les jours et les nuages gorgés d'eau sont notre plafond quotidien.

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Arrgh ! j'allais oublier de raconter le trajet en bus !!! Allez un petit rewind, même si ce n'est pas le plus mémorable, mais chaque trajet en bus mérite d'être raconté. Tiens et si je filmais le prochain ? Même avec un son inaudible, ça pourrait valoir le coup, j'y penserai.

Donc à Latacunga, on attend le bus dans la rue et non au terminal, un jour il faudra qu'ils m'expliquent pourquoi ils s'amusent souvent à s'arrêter à deux ou trois rues du terminal, un truc m'échappe.
Comme d'habitude, les "assistants" des bus sont les êtres les plus stressés au monde : ils descendent du bus en marche et crient sur le trottoir le nom de la destination : "QUITO, AMBATO, BANOS, GUAYAQUIL, CUENCA !". Au moins ça nous simplifie la tâche à nous voyageurs qui ne sommes jamais certains de tout comprendre ni d'être au bon endroit.
Et leur but est clair : nous faire monter dans leur bus plutôt que dans celui du concurrent, et réaliser l'arrêt le plus court possible. Malgré ces bonnes raisons, je suis toujours étonné du décalage entre leur stress et la tranquillité des Equatoriens en général.
Donc on met le sac en soute, pas le temps de l'accrocher avec un cable, et on monte. Comme d'habitude je m'assieds du côté de la soute où se trouve mon sac, pour passer la tête à chaque arrêt et être prêt à bondir si un vilain-pas-beau voulait l'emporter à l'un des multiples arrêts. Jusqu'ici pas d'alerte, ce sera sûrement différent dans d'autres pays.

Le bus se met en route, et tout de suite c'est le défilé des vendeurs : bonbons, glaces ("Helados, heladitos !"), boissons, petits plats cuisinés à base de maïs et viande habilement stockés dans des petits sachets en plastique jaune. Imagine qu'en France un vendeur entre dans un bus avec son auto-cuiseur rempli de pot-au-feu, ou encore avec sa machine à kebab. Eh bien c'est pas loin d'être pareil, ici ils ne reculent devant rien pour proposer tout ce qui peut nous faire saliver.

Quelquefois c'est ton voisin qui se mute soudainement en vendeur : un voyageur local tout à fait banal s'installe à côté de toi au départ, reste tranquille au moins 30 minutes, et soudainement (on se demande quel est le déclic ?) sort un paquet d'un vieux sac plastique, se lève, s'adresse à tout le bus, et glisse trois bonbons dans la main de chacun en espérant qu'on lui donnera quelques centavos à la place. Tout le monde joue le jeu pour lui faciliter la tâche en acceptant de prendre les bonbons dans la main, sans pour autant lui acheter après ... sauf quelques passagers et le novice que je suis qui refuse les bonbons et lui impose un exercice de mémoire ("celui-là il a refusé les bonbons ou il les a gardés et me doit donc de l'argent ?").

Une jeune fille entrée avec son lapin dans la main gauche, un plat cuisiné non-fermé-fourchette-plantée dans la main droite, fait sa mutation à son tour. Elle avait aussi un vieux sac plastique avec des bonbons à vendre ! C'est ce que j'appelle ne pas voyager pratique mais être vraiment très habile. Elle sort un laïus de 5 minutes au moins avant de vendre ses modestes bonbons. Plus de la moitié des passagers l'écoute respectueusement alors qu'ils en ont vu des milliers comme elle.

Mais le vrai clou du spectacle commence maintenant : costume-cravate, au cou un badge-qui-fait-sérieux, un cahier plastifié rempli de coupures de magazine. Je comprends vaguement au début de son intervention qu'il parle de chirurgie esthétique, il nous montre une photo de Michael J. (paix à son nez) et de Sylvester Stallone. Je ne comprends rien, il ne fait quand même pas la pub pour ses opérations esthétiques dans un bus ?!

Puis il change de sujet mais toujours dans le domaine médical, photos de stars internationales ou locales toujours à l'appui. Ca va de l'intestin à la peau en passant par la tête ... mais qu'est-ce qu'il vend ?!? Quand un vendeur monte pour vendre à manger, il recule poliment et attend de pouvoir reconquérir l'attention du bus, provoquant quelquefois un rire général à cause du décalage entre son discours médical et le nouveau vendeur.

Et enfin, au bout de 30 minutes de discours et d'efforts oratoires pour prouver sa crédibilité, il sort enfin l'objet à vendre : un livret sur les plantes médicinales ! Tout s'explique, il nous persuadait que les plantes naturelles nous donneraient sûrement un plus beau nez que Michael J., ben oui vu sous cet angle c'est évident ! Ca se vend comme des petits pains, il jubile. Et quand il sort finalement du bus, j'assiste à une petite scène de vie comme j'aimerais en capter tous les jours : il fait un signe au ciel, suivi d'un signe de croix qui veut dire : "Gracias mi amigo Jesus, grâce à toi j'ai bien vendu aujourd'hui". Il fait quelques mètres, s'assoit lourdement devant un étal à brochettes, et s'éponge abondamment le visage et le cou, exténué mais le sentiment du travail bien fait.
Autant j'avais un peu décroché de son discours, faute de comprendre, autant ces 5 secondes de vraie-vie-avec-des-morceaux-dedans m'ont donné ce que j'attends de ce voyage. Vivement le prochain trajet ...

Nous arrivons à Baños, et là je sens qu'une nouvelle dolce vita de quelques jours va démarrer, comme à Puerto Lopez. Bon c'est très touristique, mais pas seulement des touristes occidentaux, des équatoriens aussi et à mes yeux ça change beaucoup de choses.
Beaucoup d'hôtels, ce qui les rend très peu chers, beaucoup de cafés, restaurants, cybercafés (le nouvel emblème omniprésent et peu esthétique de la mondialisation ? sûrement mais qu'est-ce qu'on ferait sans ...), agences qui vendent du rafting, canyoning, trek, vélo, saut, à l'élastique ...

Une fois trouvé l'hôtel qu'on nous avait recommandé, sympa et pas cher, on part pour une petite visite de la ville en se contentant des rues commerçantes, pour se donner une idée du périmètre et du dynamisme. J'attendrai les jours suivants pour me perdre dans les quartiers populaires et les rues apparemment sans intérêt.
Bien sûr on trouve une grande et élégante cathédrale, avec son couvent et son patio plein de verdure.




Et qui je croise ? Ernesto et Samir, nos 2 canadiens quittés la veille après l'ascension du Cotopaxi. C'est fou le nombre de coïncidences depuis le début de ce voyage !
Il y a eu Béné et Elise, arrivées en même temps que nous à Quito, croisées deux semaines plus tard à Latacunga dans un hôtel où nous ne dormions même pas, et retrouvées ici à Baños dans une rue excentrée.
Il y eut Josh le new-yorkais, rencontré à Puerto Lopez, et qui s'est avéré avoir rencontré Natalia plusieurs semaines auparavant à Riobamba par le couchsurfing, Natalia que nous avons rencontrée en marchant vers Quilotoa et que je recroiserai sûrement à Riobamba très bientôt.

Sans compter les têtes de voyageurs que j'ai déjà vues ailleurs, sans savoir dire où.
Ok l'Equateur n'est pas grand et les voyageurs ont más o menos les mêmes idées en tête, mais quand même !
Est-ce que ce sera pareil en septembre, quand les voyageurs-vacanciers repartiront et qu'il ne restera quasiment que les voyageurs au long cours ?

Pas besoin de se refaire les politesses avec Ernesto et Samir, on s'inscrit illico presto pour un rafting le lendemain, qui aura été bien sympa mais peu sportif, avec un guide très bon et très marrant qui nous a mis deux fois à l'eau (glacée) de force. Le genre très coooool qui écoute Bob tous les soirs et s'en roule des très gros ...

J'enchaîne l'après-midi avec mon premier saut à l'élastique, entrainé par Lydia une allemande très sympa. Le pont San Francisco surplombe la rivière de 100 mètres, et le matériel paraît dérisoire, on n`est pas fier ...
Sensation de légèreté absolue et de mort imminente pendant 2 secondes, vite interrompues par l'élastique qui m'entraîne dans un jeu de balançoire géante sous le pont, dans le vent et la pluie. Bon ça c'est fait, depuis le temps que je le voulais.

Le lendemain c'est randonnée, vers les miradors perchés en haut des murs montagneux qui surplombent la ville, dans l'espoir de voir le méchant volcan Tungurahua, qui porte le nuage comme le Péruvien porte le bonnet ... malheureusement tous les jours.
En attendant l'hypothétique dégagement du sommet, un énorme condor passe 5 mètres au-dessus de moi. Pas le temps de dégainer l'appareil. Impressionnant de beauté et de rapidité, il plane à la recherche d'une bêbête à grignoter pour l'apéro, et passe d'une montagne à l'autre en 30 secondes. On a l'air fins, nous humains, avec nos godasses de rando, nos lourds sacs-à-dos, nos heures de marche le front luisant, et nos multiples précautions pour se déplacer !
Plusieurs tournent à 300 mètres à la ronde, je n'arrive pas à en immortaliser un seul.

Dans quelle religion ils croient à la réincarnation déjà, le bouddhisme ? Bon j'attends d'être en Asie et je file illico demander à un moine s'il n'y aurait pas moyen pour la prochaine fois d'être un aigle. Parce que quand même, en fait quand on y pense, ça a l'air trop cool d'être un aigle. Hein, quand même.

Je redescends vers le Café del Cielo, restaurant panoramique 200 mètres au-dessus de Baños. Le nom du café dit tout. Je m'offre un petit moment de bonheur comme je les aime, seul à ma table dans ce resto très chouette mais très abordable, bizarrement peu rempli, un bouquin à la main, la tête collée à la baie vitrée pour savourer le spectacle.
Un chouette petit chemin de rando plus tard, j'arrive au mirador de la vierge, le quatrième mirador de la journée, toujours avec une vue plongeante sur Baños mais aussi sur le volcan qui voudrait se dépétrer du nuage qui lui sert de perruque ... mais non, toujours pas.
Descente vers Baños, je croise une procession funéraire : procession à travers toute la ville, le cercueil sur les épaules de 6 hommes, précédée d'un pick-up qui transporte une enceinte crachant une musique mélancolique, assez kitsch à mon goût, et surtout assourdissante.

Et comme si ça ne suffisait pas, je repars le soir au premier mirador, la Cruz de Bellavista, pour ce qu'ils appellent le Volcano Tour. Des chivas, camionnettes transformées en bus avec des rangées de bancs jusque sur le toit, foint 4 fois le tour de la ville vers 21h pour faire le plein de touristes et les emmener voir le mirador, pour voir de haut la ville illuminée, et soi-disant voir le volcan.
Arrivés là-haut, on n'est donc pas seuls, c'est rempli de touristes surtout équatoriens (la ville en est bondée, le vendredi est férié), la vue est belle et l'ambiance très sympa : on nous offre un petit verre de thé à l'alcool de canne, les vendeurs de brochettes sont là, et surtout on a le droit à un beau spectacle de jongleurs de feu, avec une mise en scène comique. A 23h, le spectacle est fini, on a à peine 2 minutes pour retrouver sa chiva parmi les dizaines d'autres, et redescendre en ville. Populaire et sympa.

Une grasse mat' plus tard pour cause de les-bars-étaient-chauds-cette-nuit-et-je-suis-sorti-très-tard, petit décrassage vers le zoo. A part le pont qui y mène et enjambe de superbes gorges, et l'environnement très beau, le zoo est assez tristounet et certains animaux ne sont pas très bien traités.

Tiens il serait peut-être temps d'essayer les fameuses piscines thermales. J'adore ces piscines chaudes, surtout quand elles sont extérieures et ouvertes la nuit. Ça me rappelle la Cappadoce ...
Là encore c'est familial et populaire. Un premier bain à environ 35°C, à moitié dans le noir, archi-bondé, où on se trouve tout juste une place au milieu, accroupi pour immerger tout le corps. Malgré la densité humaine, c'est amusant. Heureusement qu'il fait noir et qu'on ne voit pas la couleur de l'eau, il y a beaucoup d'enfants. C'est lavé 2 fois par jour mais bon ...
Je file au deuxième bain encore plus chaud, à 43°C, bien éclairé, convivial, moins rempli bien qu'assez petit. Pas d'enfants ici, ça doit être plus propre et la température me convient mieux, je n'aurais pas été contre 2 ou 3 degrés de plus. Hop je sors et saute dans un mini-bassin d'eau glacée. La vaaaache !!
Dans le bain je rencontre Anaïs, franco-surfo-genevo-kiteuse et voyageuse solitaire. On tape la discute un long moment pendant que nos peaux ramollissent à vue d'oeil, et on poursuit par un petit verre dans le baroù j'avais déjà passé une bonne partie de la nuit.

Le lendemain RDV est pris avec Anaïs pour aller faire la route des cascades en VTT, un peu le clou des visites à faire ici. Sur un trajet de 25 km environ, on voit beaucoup de cascades. Les premières sont jolies, mais le must est pour la fin.




La cascade Rio Pastaza s'apprécie en traversant toute la vallée sur une mini-plateforme attachée à un câble. Ça va très vite, il ne faut pas avoir le vertige, le câble s'arrête gentiment dix secondes au-dessus de la grosse cascade pour que chacun prenne sa photo, et on arrive dans un petit coin de paradis, rempli d'orchidées et d'autres fleurs.

La cascade El Pailon del Diablo est un monstre de violence, un flux d'eau énorme qui s'engouffre entre 2 rochers, dans un bruit énorme et un gros nuage d'eau. Et qui fait le rigolo en allant ramper derrière la cascade, et en posant sur le balcon le plus bas au bord-même de la cascade ? Ben c'est môa. Et qui revient trempé de la tête aux pieds ? Ben môa ôssi.

On n'a qu'une vie, rigoler un peu vaut bien de revenir trempé et de risquer la vie de son appareil photo.




En remontant, petite discussion avec de vrai artisans qui proposent des colliers, bracelets et autres objets superbes et pas très chers. Il va falloir que je fasse un peu de place dans mon sac pour arrêter de me priver.
Clairement Oscar est un homme de la nature et il aime les plantes, à tous les niveaux ...

La cascade Machay est un peu moins violente, quoique, mais plus belle. Une hauteur vertigineuse, un cadre magnifique, un vent assez fort provoqué par l'expulsion de l'eau à la base, et même une double cascade puisque l'eau rechute juste après et qu'on peut voir les deux cascades superposées d'un seul coup d'oeil. On se sent presque dans la jungle ici, on en est pas très loin d'ailleurs.
Retour en camion pour éviter 20 km de méchante remontée. Encore une journée géniale.

Pour finir ce séjour assez pluvieux mais tellement bon à Baños, des petites randonnées dans la montagne avoisinante, une ultime tentative de voir le volcan dégagé, l'invitation surprise d'un propriétaire à monter sur sa terrasse pour avoir le plus beau point de vue trouvé jusqu'ici, une longue discussion avec un vieil américain, photographe professionnel très pointu mais à la mentalité très ... américaine.

Et inauguration d'un nouveau voyage ... seul. Pas d'affinités, pas d'affinités.

J'ai fait le tour de Baños, il est temps de s'en aller pour éviter de s'ennuyer et trop courir après le temps, mais c'est encore un endroit que j'ai du mal à quitter. Est-ce que ça va être comme ça pendant un an ?!? Et qu'est-ce que ce sera quand je vais quitter un bel endroit ET un pays en même temps ? L'Equateur surtout.

J'ai beau me ménager de très nombreuses journées off pour souffler et faire des choses très matérielles (comme je disais dans le précédent post, il faudra que je raconte une journée de glande, ça fait aussi partie du voyage), c'est quand même fou tout ce que j'ai vu en 3 semaines, il faudrait que je le réalise davantage !

Ce n'est pas l'effet Tour Du Monde, c'est l'effet Equateur.

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