Je suis reparti en Argentine ! Bientôt le nouveau blog ...
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samedi 1 août 2009

Piscinas calientes y jugo de caña ... hummm

Bienvenidos a Baños, la ciudad de la caña* y de las thermas (ooooh, caliente !)

J'ai enlevé le pantalon-moumoute, le sur-pantalon, les deux polaires, la cagoule intégrale et la veste d'hiver pour respirer un peu. Direction Baños de Agua Santa, belle petite station thermale au pied du volcan Tungurahua, qui se fait très régulièrement menaçant.
Il fait plus chaud mais plus humide, il pleut un peu tous les jours et les nuages gorgés d'eau sont notre plafond quotidien.

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Arrgh ! j'allais oublier de raconter le trajet en bus !!! Allez un petit rewind, même si ce n'est pas le plus mémorable, mais chaque trajet en bus mérite d'être raconté. Tiens et si je filmais le prochain ? Même avec un son inaudible, ça pourrait valoir le coup, j'y penserai.

Donc à Latacunga, on attend le bus dans la rue et non au terminal, un jour il faudra qu'ils m'expliquent pourquoi ils s'amusent souvent à s'arrêter à deux ou trois rues du terminal, un truc m'échappe.
Comme d'habitude, les "assistants" des bus sont les êtres les plus stressés au monde : ils descendent du bus en marche et crient sur le trottoir le nom de la destination : "QUITO, AMBATO, BANOS, GUAYAQUIL, CUENCA !". Au moins ça nous simplifie la tâche à nous voyageurs qui ne sommes jamais certains de tout comprendre ni d'être au bon endroit.
Et leur but est clair : nous faire monter dans leur bus plutôt que dans celui du concurrent, et réaliser l'arrêt le plus court possible. Malgré ces bonnes raisons, je suis toujours étonné du décalage entre leur stress et la tranquillité des Equatoriens en général.
Donc on met le sac en soute, pas le temps de l'accrocher avec un cable, et on monte. Comme d'habitude je m'assieds du côté de la soute où se trouve mon sac, pour passer la tête à chaque arrêt et être prêt à bondir si un vilain-pas-beau voulait l'emporter à l'un des multiples arrêts. Jusqu'ici pas d'alerte, ce sera sûrement différent dans d'autres pays.

Le bus se met en route, et tout de suite c'est le défilé des vendeurs : bonbons, glaces ("Helados, heladitos !"), boissons, petits plats cuisinés à base de maïs et viande habilement stockés dans des petits sachets en plastique jaune. Imagine qu'en France un vendeur entre dans un bus avec son auto-cuiseur rempli de pot-au-feu, ou encore avec sa machine à kebab. Eh bien c'est pas loin d'être pareil, ici ils ne reculent devant rien pour proposer tout ce qui peut nous faire saliver.

Quelquefois c'est ton voisin qui se mute soudainement en vendeur : un voyageur local tout à fait banal s'installe à côté de toi au départ, reste tranquille au moins 30 minutes, et soudainement (on se demande quel est le déclic ?) sort un paquet d'un vieux sac plastique, se lève, s'adresse à tout le bus, et glisse trois bonbons dans la main de chacun en espérant qu'on lui donnera quelques centavos à la place. Tout le monde joue le jeu pour lui faciliter la tâche en acceptant de prendre les bonbons dans la main, sans pour autant lui acheter après ... sauf quelques passagers et le novice que je suis qui refuse les bonbons et lui impose un exercice de mémoire ("celui-là il a refusé les bonbons ou il les a gardés et me doit donc de l'argent ?").

Une jeune fille entrée avec son lapin dans la main gauche, un plat cuisiné non-fermé-fourchette-plantée dans la main droite, fait sa mutation à son tour. Elle avait aussi un vieux sac plastique avec des bonbons à vendre ! C'est ce que j'appelle ne pas voyager pratique mais être vraiment très habile. Elle sort un laïus de 5 minutes au moins avant de vendre ses modestes bonbons. Plus de la moitié des passagers l'écoute respectueusement alors qu'ils en ont vu des milliers comme elle.

Mais le vrai clou du spectacle commence maintenant : costume-cravate, au cou un badge-qui-fait-sérieux, un cahier plastifié rempli de coupures de magazine. Je comprends vaguement au début de son intervention qu'il parle de chirurgie esthétique, il nous montre une photo de Michael J. (paix à son nez) et de Sylvester Stallone. Je ne comprends rien, il ne fait quand même pas la pub pour ses opérations esthétiques dans un bus ?!

Puis il change de sujet mais toujours dans le domaine médical, photos de stars internationales ou locales toujours à l'appui. Ca va de l'intestin à la peau en passant par la tête ... mais qu'est-ce qu'il vend ?!? Quand un vendeur monte pour vendre à manger, il recule poliment et attend de pouvoir reconquérir l'attention du bus, provoquant quelquefois un rire général à cause du décalage entre son discours médical et le nouveau vendeur.

Et enfin, au bout de 30 minutes de discours et d'efforts oratoires pour prouver sa crédibilité, il sort enfin l'objet à vendre : un livret sur les plantes médicinales ! Tout s'explique, il nous persuadait que les plantes naturelles nous donneraient sûrement un plus beau nez que Michael J., ben oui vu sous cet angle c'est évident ! Ca se vend comme des petits pains, il jubile. Et quand il sort finalement du bus, j'assiste à une petite scène de vie comme j'aimerais en capter tous les jours : il fait un signe au ciel, suivi d'un signe de croix qui veut dire : "Gracias mi amigo Jesus, grâce à toi j'ai bien vendu aujourd'hui". Il fait quelques mètres, s'assoit lourdement devant un étal à brochettes, et s'éponge abondamment le visage et le cou, exténué mais le sentiment du travail bien fait.
Autant j'avais un peu décroché de son discours, faute de comprendre, autant ces 5 secondes de vraie-vie-avec-des-morceaux-dedans m'ont donné ce que j'attends de ce voyage. Vivement le prochain trajet ...

Nous arrivons à Baños, et là je sens qu'une nouvelle dolce vita de quelques jours va démarrer, comme à Puerto Lopez. Bon c'est très touristique, mais pas seulement des touristes occidentaux, des équatoriens aussi et à mes yeux ça change beaucoup de choses.
Beaucoup d'hôtels, ce qui les rend très peu chers, beaucoup de cafés, restaurants, cybercafés (le nouvel emblème omniprésent et peu esthétique de la mondialisation ? sûrement mais qu'est-ce qu'on ferait sans ...), agences qui vendent du rafting, canyoning, trek, vélo, saut, à l'élastique ...

Une fois trouvé l'hôtel qu'on nous avait recommandé, sympa et pas cher, on part pour une petite visite de la ville en se contentant des rues commerçantes, pour se donner une idée du périmètre et du dynamisme. J'attendrai les jours suivants pour me perdre dans les quartiers populaires et les rues apparemment sans intérêt.
Bien sûr on trouve une grande et élégante cathédrale, avec son couvent et son patio plein de verdure.




Et qui je croise ? Ernesto et Samir, nos 2 canadiens quittés la veille après l'ascension du Cotopaxi. C'est fou le nombre de coïncidences depuis le début de ce voyage !
Il y a eu Béné et Elise, arrivées en même temps que nous à Quito, croisées deux semaines plus tard à Latacunga dans un hôtel où nous ne dormions même pas, et retrouvées ici à Baños dans une rue excentrée.
Il y eut Josh le new-yorkais, rencontré à Puerto Lopez, et qui s'est avéré avoir rencontré Natalia plusieurs semaines auparavant à Riobamba par le couchsurfing, Natalia que nous avons rencontrée en marchant vers Quilotoa et que je recroiserai sûrement à Riobamba très bientôt.

Sans compter les têtes de voyageurs que j'ai déjà vues ailleurs, sans savoir dire où.
Ok l'Equateur n'est pas grand et les voyageurs ont más o menos les mêmes idées en tête, mais quand même !
Est-ce que ce sera pareil en septembre, quand les voyageurs-vacanciers repartiront et qu'il ne restera quasiment que les voyageurs au long cours ?

Pas besoin de se refaire les politesses avec Ernesto et Samir, on s'inscrit illico presto pour un rafting le lendemain, qui aura été bien sympa mais peu sportif, avec un guide très bon et très marrant qui nous a mis deux fois à l'eau (glacée) de force. Le genre très coooool qui écoute Bob tous les soirs et s'en roule des très gros ...

J'enchaîne l'après-midi avec mon premier saut à l'élastique, entrainé par Lydia une allemande très sympa. Le pont San Francisco surplombe la rivière de 100 mètres, et le matériel paraît dérisoire, on n`est pas fier ...
Sensation de légèreté absolue et de mort imminente pendant 2 secondes, vite interrompues par l'élastique qui m'entraîne dans un jeu de balançoire géante sous le pont, dans le vent et la pluie. Bon ça c'est fait, depuis le temps que je le voulais.

Le lendemain c'est randonnée, vers les miradors perchés en haut des murs montagneux qui surplombent la ville, dans l'espoir de voir le méchant volcan Tungurahua, qui porte le nuage comme le Péruvien porte le bonnet ... malheureusement tous les jours.
En attendant l'hypothétique dégagement du sommet, un énorme condor passe 5 mètres au-dessus de moi. Pas le temps de dégainer l'appareil. Impressionnant de beauté et de rapidité, il plane à la recherche d'une bêbête à grignoter pour l'apéro, et passe d'une montagne à l'autre en 30 secondes. On a l'air fins, nous humains, avec nos godasses de rando, nos lourds sacs-à-dos, nos heures de marche le front luisant, et nos multiples précautions pour se déplacer !
Plusieurs tournent à 300 mètres à la ronde, je n'arrive pas à en immortaliser un seul.

Dans quelle religion ils croient à la réincarnation déjà, le bouddhisme ? Bon j'attends d'être en Asie et je file illico demander à un moine s'il n'y aurait pas moyen pour la prochaine fois d'être un aigle. Parce que quand même, en fait quand on y pense, ça a l'air trop cool d'être un aigle. Hein, quand même.

Je redescends vers le Café del Cielo, restaurant panoramique 200 mètres au-dessus de Baños. Le nom du café dit tout. Je m'offre un petit moment de bonheur comme je les aime, seul à ma table dans ce resto très chouette mais très abordable, bizarrement peu rempli, un bouquin à la main, la tête collée à la baie vitrée pour savourer le spectacle.
Un chouette petit chemin de rando plus tard, j'arrive au mirador de la vierge, le quatrième mirador de la journée, toujours avec une vue plongeante sur Baños mais aussi sur le volcan qui voudrait se dépétrer du nuage qui lui sert de perruque ... mais non, toujours pas.
Descente vers Baños, je croise une procession funéraire : procession à travers toute la ville, le cercueil sur les épaules de 6 hommes, précédée d'un pick-up qui transporte une enceinte crachant une musique mélancolique, assez kitsch à mon goût, et surtout assourdissante.

Et comme si ça ne suffisait pas, je repars le soir au premier mirador, la Cruz de Bellavista, pour ce qu'ils appellent le Volcano Tour. Des chivas, camionnettes transformées en bus avec des rangées de bancs jusque sur le toit, foint 4 fois le tour de la ville vers 21h pour faire le plein de touristes et les emmener voir le mirador, pour voir de haut la ville illuminée, et soi-disant voir le volcan.
Arrivés là-haut, on n'est donc pas seuls, c'est rempli de touristes surtout équatoriens (la ville en est bondée, le vendredi est férié), la vue est belle et l'ambiance très sympa : on nous offre un petit verre de thé à l'alcool de canne, les vendeurs de brochettes sont là, et surtout on a le droit à un beau spectacle de jongleurs de feu, avec une mise en scène comique. A 23h, le spectacle est fini, on a à peine 2 minutes pour retrouver sa chiva parmi les dizaines d'autres, et redescendre en ville. Populaire et sympa.

Une grasse mat' plus tard pour cause de les-bars-étaient-chauds-cette-nuit-et-je-suis-sorti-très-tard, petit décrassage vers le zoo. A part le pont qui y mène et enjambe de superbes gorges, et l'environnement très beau, le zoo est assez tristounet et certains animaux ne sont pas très bien traités.

Tiens il serait peut-être temps d'essayer les fameuses piscines thermales. J'adore ces piscines chaudes, surtout quand elles sont extérieures et ouvertes la nuit. Ça me rappelle la Cappadoce ...
Là encore c'est familial et populaire. Un premier bain à environ 35°C, à moitié dans le noir, archi-bondé, où on se trouve tout juste une place au milieu, accroupi pour immerger tout le corps. Malgré la densité humaine, c'est amusant. Heureusement qu'il fait noir et qu'on ne voit pas la couleur de l'eau, il y a beaucoup d'enfants. C'est lavé 2 fois par jour mais bon ...
Je file au deuxième bain encore plus chaud, à 43°C, bien éclairé, convivial, moins rempli bien qu'assez petit. Pas d'enfants ici, ça doit être plus propre et la température me convient mieux, je n'aurais pas été contre 2 ou 3 degrés de plus. Hop je sors et saute dans un mini-bassin d'eau glacée. La vaaaache !!
Dans le bain je rencontre Anaïs, franco-surfo-genevo-kiteuse et voyageuse solitaire. On tape la discute un long moment pendant que nos peaux ramollissent à vue d'oeil, et on poursuit par un petit verre dans le baroù j'avais déjà passé une bonne partie de la nuit.

Le lendemain RDV est pris avec Anaïs pour aller faire la route des cascades en VTT, un peu le clou des visites à faire ici. Sur un trajet de 25 km environ, on voit beaucoup de cascades. Les premières sont jolies, mais le must est pour la fin.




La cascade Rio Pastaza s'apprécie en traversant toute la vallée sur une mini-plateforme attachée à un câble. Ça va très vite, il ne faut pas avoir le vertige, le câble s'arrête gentiment dix secondes au-dessus de la grosse cascade pour que chacun prenne sa photo, et on arrive dans un petit coin de paradis, rempli d'orchidées et d'autres fleurs.

La cascade El Pailon del Diablo est un monstre de violence, un flux d'eau énorme qui s'engouffre entre 2 rochers, dans un bruit énorme et un gros nuage d'eau. Et qui fait le rigolo en allant ramper derrière la cascade, et en posant sur le balcon le plus bas au bord-même de la cascade ? Ben c'est môa. Et qui revient trempé de la tête aux pieds ? Ben môa ôssi.

On n'a qu'une vie, rigoler un peu vaut bien de revenir trempé et de risquer la vie de son appareil photo.




En remontant, petite discussion avec de vrai artisans qui proposent des colliers, bracelets et autres objets superbes et pas très chers. Il va falloir que je fasse un peu de place dans mon sac pour arrêter de me priver.
Clairement Oscar est un homme de la nature et il aime les plantes, à tous les niveaux ...

La cascade Machay est un peu moins violente, quoique, mais plus belle. Une hauteur vertigineuse, un cadre magnifique, un vent assez fort provoqué par l'expulsion de l'eau à la base, et même une double cascade puisque l'eau rechute juste après et qu'on peut voir les deux cascades superposées d'un seul coup d'oeil. On se sent presque dans la jungle ici, on en est pas très loin d'ailleurs.
Retour en camion pour éviter 20 km de méchante remontée. Encore une journée géniale.

Pour finir ce séjour assez pluvieux mais tellement bon à Baños, des petites randonnées dans la montagne avoisinante, une ultime tentative de voir le volcan dégagé, l'invitation surprise d'un propriétaire à monter sur sa terrasse pour avoir le plus beau point de vue trouvé jusqu'ici, une longue discussion avec un vieil américain, photographe professionnel très pointu mais à la mentalité très ... américaine.

Et inauguration d'un nouveau voyage ... seul. Pas d'affinités, pas d'affinités.

J'ai fait le tour de Baños, il est temps de s'en aller pour éviter de s'ennuyer et trop courir après le temps, mais c'est encore un endroit que j'ai du mal à quitter. Est-ce que ça va être comme ça pendant un an ?!? Et qu'est-ce que ce sera quand je vais quitter un bel endroit ET un pays en même temps ? L'Equateur surtout.

J'ai beau me ménager de très nombreuses journées off pour souffler et faire des choses très matérielles (comme je disais dans le précédent post, il faudra que je raconte une journée de glande, ça fait aussi partie du voyage), c'est quand même fou tout ce que j'ai vu en 3 semaines, il faudrait que je le réalise davantage !

Ce n'est pas l'effet Tour Du Monde, c'est l'effet Equateur.

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8 commentaires:

  1. Bon, d'accord, ça s'est fait attendre, mais ça valait le coup!!! Je me retrouve pas mal dans ce que tu dis, sur le fait de quitter des endroits où tu as passé quelques jours, j'ai moi aussi bien du mal... Je quitte Buenos Aires dans 48 heures... On se voit sur la route, ok? Bye!

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  2. Un grand bonheur de te lire, c'est passionnant car très vivant. Dans le bus on s'y croirait. Bonne continuation et à très bientôt.

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  3. Alors enfin un de tes fantasmes réalisé : sauter à l'elastique. Ca fait quoi de faire du yoyo accroché à pont 100m plus haut ?
    Bon ca étant fait, je continu à suivre tes aventures.

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  4. J'ai mis 10 minutes à tout lire, sachant qu'il en faut 4 fois plus pour tout écrire, et au moins 30 pour tout structurer, et encore... 20 pour relire et corriger les fautes et la syntaxe.
    Tu viens de nous donner 2 heures de bonheur (minimum !) Merci Nico !

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  5. c'est sympa la balançoire au bout d'un pont, effrayant pendant 2 secondes mais génial. La prochaine fois avec une corde plus longue ...

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  6. mais de rien François, c'est un plaisir ! merci pour tes nombreux commentaires, tu as la plame de l'asiduité.
    Effectivement ça prend beaucoup de temps à écrire, mais je m'éclate à le faire, ça me donne des idées ...

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  7. Sympa de te lire, je rejoins d'autres commentaires, cela doit prendre un temps fou de tout écrire ! Au moins, on vit des choses "par procuration", ça a l'air chouette l'Equateur! c'est quoi le prochaine pays ?

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  8. bientôt c'est le Pérou, l'itinéraire est ici : http://nico-autourdumonde.blogspot.com/2009_04_01_archive.html
    à +

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