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jeudi 20 mai 2010

Cuisine et cure de français à Chiang Mai

Je quitte le quartier backpacker de Bangkok en début de soirée, et je ne résiste pas à la tentation d’un taxi climatisé.  Par principe ce n'est pas trop dans mes habitudes, mais la fournaise est vraiment pénible. Direction la gare de Bangkok, pour un trajet de nuit vers Chiang Mai, la deuxième ville du pays, la plus culturelle par réputation et beaucoup plus relax que Bangkok. J’ai une joie presque bête et enfantine à prendre un train, parce que je n’ai pas eu l’occasion d’en prendre en plus de 10 mois de voyage, et qu’une nuit en train a toujours un petit quelque chose de spécial, indéfinissable. Contrairement au bus, on peut vraiment dormir, on peut se balader. J’entre dans mon Wagon 2nd Class Sleeper, avec ventilo mais sans clim, et là malgré l’énorme différence de prix j’ai peut-être fait une erreur, parce que le train va rester immobilisé en gare pendant plus de deux heures, sans explication du personnel, et la température est monstrueuse. En plus mon lit est en haut, et le ventilo juste à côté de moi ne m’envoie quasiment aucun air frais. Intenable … J’en profite quand même pour prendre des photos des Thaïs sagement assis sur le quai d’en face, attendant leur train très en retard et utilisant tout ce qu’ils peuvent comme éventail.




A minuit le train démarre enfin, et après quelques minutes de secousses, j’arrive à m’endormir et passe une nuit étonnamment bonne. Au réveil il reste encore de nombreuses heures avant d’arriver, c'est l’occasion d’admirer le paysage dans le wagon quasiment vide, de nombreux voyageurs ayant migré vers les wagons avec clim’. Je remarque que même en son coeur la Thaïlande est un pays très développé. On m’avait prévenu. Ah j’ai parlé trop vite, lors d'un arrêt des femmes montent avec des paniers pleins de nourriture à vendre. De l'Equateur à la Thaïlande, des scènes identiques ...

On arrive enfin à Chiang Mai vers 14h, je monte dans un « taxi-remorque » avec d’autres backpackers, et je choisis la guesthouse qui me paraît la plus conviviale. Gagné, ça grouille de gens, le petit coin pour backpackers. En fait de dortoir, on me donne une chambre double à partager, pour 2 €. Encore moins cher ça existe ? Au moment de partir découvrir la ville, je rencontre Elise et Damien, qui voyagent depuis déjà 1 an et encore pour 6 mois, et leur pote François qui n’arrive que pour ses vacances mais avec du saucisson. Plaisir intense et inattendu. S’ajoutent bientôt Raphaël, Pierre un belge, Eva une allemande qui parle un peu français, et deux suisses francophones. Bref ça ne parle que français et ça fait du bien. Sauf pour la pauvre anglaise Sophie qui se sent perdue malgré nos efforts pour parler anglais. On dîne tous sur un étal de nourriture thaï, sur le trottoir. En Thaïlande plus qu’ailleurs, je ne vois pas l’intérêt de manger dans un restaurant, la nourriture est la même et deux à trois fois plus chère. Puis direction le Freedom, un bar reggae tenu par un thaï rasta au moins aussi stone qu’il est sympa, pour une petite soirée sur la terrasse en bois, agrandissant le cercle chaque heure pour tous les gens qui arrivent.

Le lendemain je pars visiter quelques temples en ville avec François, il faut dire que Chiang Mai en compte presque 300, donc malgré mon overdose j’en trouve encore quelques-uns qui m’impressionnent. Surtout nous montons dans un taxi-remorque pour aller visiter Doi Suthep, perché sur une montagne qui domine la ville. C’est très touristique, du tourisme local surtout, le temple est plein de vendeurs de toute sorte qui font leur beurre de la ferveur bouddhiste. Le temple n’est pas remarquable à mon goût, bien qu’il brille beaucoup. Au centre les gens tournent autour d’une stupa dorée or en tenant une fleur les mains jointes devant leur front, apparemment une spécificité du bouddhisme thaï, que je n’avais jamais vue ailleurs. Je vois avec amusement un occidental ventru s’adonner à ce rituel en suivant une petite thaï, apparemment sa copine qui l’a initié et instamment prié de faire comme elle. A moins qu’il ait décidé de se convertir au bouddhisme, cela m’amuse beaucoup, et j’ai déjà vu cette scène plusieurs fois, la dernière en date à Bangkok. Mais surtout, pas besoin d’aller dans un temple, et pas forcément en Thaïlande, pour voir cet attelage récurrent d’une jeune thaï avec un occidental bien plus vieux ou pas très attirant …




De ce temple on a au moins une belle vue plongeante sur la ville et il fait plus frais, enfin un peu moins étouffant. Des étudiants sillonnent les allées pour proposer un sondage aux étrangers, visant à savoir si les événements politiques liés aux Chemises Rouges ont un impact sur la fréquentation touristique. Personnellement je ne regrette pas d’être quand même venu, puisque je suis passé à Bangkok juste au bon moment, et que le reste du pays ne connaît aucun problème.

Nous redescendons en ville, avalons vite fait un pad thaï dans un resto local, et l’après-midi se passe vite, entre cybercafé à un prix dérisoire (0,40 € de l’heure !), massage exquis et petit tour en ville. Malheureusement je me rends compte que Chiang Mai, malgré sa réputation de ville culturelle et son ambiance relax, n’a quand même pas grand-chose à offrir sinon ses temples. Ah si, les guesthouses et agences proposent de nombreuses activités comme les cours de cuisine thaï, les cours de massage, les treks dans les montagnes proches, les soins aux éléphants … mais elles sont toutes facturées très cher, des prix sans relation avec le coût de la vie en Thaïlande. Et je ne suis toujours pas très chaud pour partir en trek, mon pied n’étant pas encore bien remis. Donc déception rapide sur cette ville, confirmée par d’autres voyageurs.

Je reviens à la guesthouse, grouillante de vie à l’heure de l’apéro, et je retrouve tout le petit groupe. On a perdu les deux suisses mais on a gagné Natalia, parigo-colombienne ou colombo-parisienne. Le scénario de la soirée est immuable : dîner sur le trottoir devant un étal, et squat de la mini-terrasse en bois du bar reggae, accueillis par le patron toujours stone, rafraîchis par les bières thaï et les cocktails, et endoloris par les longues heures assis par terre. Beaucoup de monde qui dort à la Family Guesthouse, de nouvelles têtes bien sûr mais toujours un seul cercle. A part dasn le voyage, y a t-il une seule autre situation où les gens se mélangent aussi facilement ?

Le lendemain matin, quasiment tout le monde est parti vers diverses destinations. Je repars courageusement pour un petit tour en ville sous la fournaise. Je parle de la chaleur intenable depuis Vientiane, au Laos, mais il faut savoir que cette saison sèche, qui précède l’arrivée de la mousson, est la plus chaude depuis 15 ans. Et selon l’expression, il n’y a que trois saisons en Thaïlande : chaude, très chaude, et trop chaude. Cela me fait un peu regretter d’être venu en Asie du Sud-Est à cette période, parce qu’en plus d’être sous la fournaise, on perd l’essentiel de la beauté du paysage, et de nombreux treks perdent de leur intérêt. Par contre il y a beaucoup moins de moustiques, argument qui ne me laisse pas insensible, vu que je suis l’une de leurs proies préférées.

J’atterris encore dans un temple, et assiste un moment à une cérémonie bouddhiste, avec des moines qui chantent et une vieille dame qui paraît être le centre d’intérêt. Je me promène surtout autour du temple et de la stupa blanche, et je découvre de nombreux principes de sagesse sur des écriteaux accrochés aux arbres, comme je l’avais déjà vu hier dans un autre temple.




Je rentre doucement à la guesthouse, la bouteille d’eau dans une main et la serviette dans l’autre. L’après-midi se passe doucement, entre écriture peu inspirée du blog et glandouille. Le soir je retrouve Natalia et Gianna, l’américaine qui partage sa chambre. Soirée tranquille entre dîner sur l'étal habituel et discussions houblonnées, affalés sur les matelas de la guesthouse. Pas de bar reggae pour une fois.

Lever tôt le lendemain, Natalia et moi nous sommes inscrits pour un cours de cuisine thaï. On vient nous chercher avec quelques anglais de la guesthouse et trois autres voyageurs, et le camion nous emmène d’abord au marché pour une explication des différents produits de base. Le marché est magnifique, à la fois exotique pour nos yeux d’occidentaux et parfaitement propre et organisé. Pour ce qui nous intéresse directement, on trouve des pâtes à curry déjà prêtes, on voit la fabrication du lait de coco, les innombrables sauces qui font toute la particularité de la cuisine asiatique. Et côté viande, des têtes de cochons, des brochettes, des choses indéfinissables … et des criquets, des cafards, et autres insectes repoussants. Je me suis toujours dit que je devais essayer mais je n’ai pas encore sauté le pas.




Le camion nous emmène ensuite vers la ferme bio, en pleine campagne. Un endroit magnifique, bien qu’aussi brûlant qu’en ville. Et une belle machinerie commerciale, avec trois petits bâtiments permettant d’accueillir autant de groupes simultanément, avec un petit espace de cuisine fonctionnel pour chaque élève. Et dehors un potager bio, avec quasiment tous les légumes et herbes utilisés pour les leçons. On nous explique tout (pas de bol nous sommes tombés sur la seule prof qui parle un anglais horrible), on nous fait sentir, et on passe rapidement aux travaux pratiques. Chacun a choisi quatre plats et un dessert, prévus pour être mangés dans la foulée. On commence par un curry, vert, rouge ou jaune. Piler les herbes dégage des senteurs incroyables. Ça va très vite à faire finalement, rien de compliqué. Pour la suite j’ai choisi la soupe au poulet et lait de coco, encore un régal qui actionne méchamment le réflexe de Pavlov, puis le poulet au basilic. Voilà trois plats qui embaument, nous avons enfin le droit de goûter tout ça. Ajoutés au riz collant et au riz vapeur, forcément on a le ventre explosé, et sous la fournaise de midi, on n’en mène pas large. Après la sieste avec les fourmis, on reprend le cours avec le dessert, pour moi le fameux « sticky rice mango », un régal d’une simplicité bête et méchante. On ne résiste pas à manger le dessert, malgré les trois vrais plats mangés juste avant la sieste. Et on attaque le dernier plat, j’ai choisi le fameux pad thaï, à base de noodles. On repart chacun avec notre dernier plat dans un sac plastique, et un livre de recettes avec tous les plats. Reste à trouver les mêmes ingrédients en France, pas gagné …




De retour en ville, je vais m’incruster avec Natalia et Gianna dans la piscine d’une guesthouse, sur les conseils de Phil, un quarantenaire canadien rencontré au cours de cuisine. La piscine est abritée du soleil, ultra-fraîche, c’est un bonheur AB-SO-LU. On rencontre par la même occasion Mike, le copain de Phil, le bon gars avec sa longue natte, que l’on imagine bien traverser le Canada au volant d’un énorme truck.

Le ventre encore plein et le corps temporairement rafraîchi, le sourire aux lèvres, nous partons vers le temple de Wat Sisuphan. A Chiang Mai, plusieurs temples proposent des retraites pour apprendre la méditation de 2 jusqu’à 21 jours. Ici c’est une simple introduction d’une heure à la méditation, précédée d’une session de discussion avec un moine. Depuis le Laos, j’ai souvent eu des petites conversations avec des moines et novices, pour en savoir plus sur leur vie et leurs principes, mais à chaque fois je suis tombé sur des jeunes qui ne passaient qu’un court moment de leur existence comme novices, et voulaient surtout pratiquer leur anglais. J’étais disposé à leur rendre ce service, mais la discussion restait très terre-à-terre et ça en devenait lassant.

Ici nous avons droit à une discussion de fond, avec un moine jeune mais très réfléchi, qui parle un anglais correct. De nos simples questions sur certains de leurs préceptes, comme l’interdiction de toucher les femmes, il en vient à parler du karma, de ce qui provoque la création du karma. Pour bien comprendre il aurait fallu déjà avoir des bases, et passer des heures à discuter.

S’ensuit l’introduction à la méditation, dans le temple même. Il s’agit simplement de se concentrer sur une chose, qui a du sens ou pas, jusqu’à ce qu’on continue à la voir même les yeux fermés. Ou de se concentrer sur sa propre position, assise, couchée ou debout. Se concentrer sans penser à rien, une façon d’exercer l’esprit. Pour ceux comme moi qui cumulent deux handicaps, avoir les jambes raides comme un piquet et l’esprit qui divague toujours d’une idée à l’autre, c’est pas gagné … Et le lien de cause à effet entre la technique et l’objectif de sagesse et sérénité m’échappe largement, il faut probablement des années. Mais au moins j’ai vu ce que c’est, et j'éviterai de me lancer dans une session de deux ou trois jours … sauf si un jour je deviens souple, sur un malentendu.

Nous rentrons à la guesthouse en traversant quartiers populaires et marché de nuit avec ses étals, et goûtons enfin à notre pad thaï cuisiné dans la journée. Pas facile de manger avec des baguettes dans un sac plastique … Mike et Phil sont là aussi, profitant de l’ambiance animée et jeune de la guesthouse, et ne nous laissent pas payer une seule de nos bières. Comme si la journée n’avait pas été assez pleine, nous filons tous au bar reggae, saluons le patron toujours en harmonie avec la nature et Bob M., et venons agrandir le cercle déjà bien grand sur la petite terrasse en bois. Mike et Phil continuent d’arroser sans que nous puissions y redire quelque chose, et la soirée se passe comme d’habitude, comme sur un petit nuage animé au milieu d’un quartier endormi.




Le lendemain, je décolle enfin de Chiang Mai, ville qui me plaît bien peu mais où j’ai rencontré plein de gens sympas. Peut-être faut-il y passer un long moment pour la cerner ? Avec Natalia, je pars vers les montagnes, espérant y trouver un peu de fraîcheur. On peut toujours rêver …
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2 commentaires:

  1. Salut Nico
    Superbe ton récit. J'espère que ton voyage ne sera pas trop perturbé par les émeutes et que tu pourras reprendre ton avion sans problème. C'est pas gagné! Bonne route vers les montagnes.
    A la prochaine !

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  2. @Maminou :
    Non ça va, aucune conséquence, la vie continue. Reste plus qu'à espérer que ça ne dégénère pas d'ici mi-juin ...
    biz

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