Je suis reparti en Argentine ! Bientôt le nouveau blog ...
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dimanche 9 mai 2010

Encore des temples … mais les temples d’Angkor !

Je quitte Battambang tôt le matin, en boîtant à cause de mon accident la veille. Les bandages se multiplient et je suis bon à expliquer 10 fois pas jour que j’ai eu un accident de scooter, enfin deux ! Le bus m’amène vers le port tout près de là, j’ai choisi un voyage en bateau réputé très beau pour rejoindre ma dernière étape cambodgienne, et pas la moindre, Siem Reap. Pas la moindre parce qu’à côté se trouve la 8ème merveille du monde …

Je monte dans la longue pirogue, avec quelques autres voyageurs et beaucoup de cambodgiens. Le bateau est bien plein, il y a juste la place de s’asseoir et peu de place pour les jambes, pendant 8 heures ça promet bien du plaisir … Je m’attendais à des conditions de confort rustiques, mais pas à être aussi serré, vu le prix du voyage bien supérieur au bus, et plus long. Mais la clé d’un voyage riche en souvenirs et en images fortes, c’est d’éviter les déplacements trop faciles, et de brader le confort contre un itinéraire inédit. Le vrai voyage c’est d’y aller, pas d’arriver …

La pirogue bien chargée démarre, et je découvre tout de suite une vie sur la rivière que j’ignorais, même en ville. Bien sûr les habitants qui habitent sur les rives s’y baignent et s’y lavent, rien de nouveau. Mais je vois aussi des cambodgiens vivre dans de petites pirogues, à peine 5 ou 10 mètres carrés tout en longueur. Tous les 20 mètres on voit ces petits tuyaux bleus qui plongent pour pomper l’eau brunâtre, on sait qu’ils font bouillir l’eau mais ça reste effrayant.




La pirogue avance lentement et prudemment, l’eau est très basse en cette fin de saison sèche. Au bout de deux heures, la rivière se fait plus étroite, les rives moins hautes et dénuées de toute maison, nous sommes en pleine campagne mais ne pouvons rien voir des environs. Il y a juste quelques pêcheurs sur les bords, avec un matériel de fortune mais beaucoup d’adresse. Le bateau progresse très difficilement, à la limite de l’échouage. Au bout de cinq heures nous faisons enfin un premier arrêt, au confluent de deux rivières. Endroit très spécial, très sale, où l’on confond la terre ferme et l’eau, les maisons entièrement sur pilotis et celles accrochées à un bout de rive. La petite boutique où nous accostons vend juste de quoi grignoter et boire, et les toilettes sont un simple trou dans le sol, au-dessus de la rivière. Sachant que non loin de là, des locaux utilisent probablement l’eau pour se laver, faire leur lessive. Deux jours plus tard, je verrai justement un reportage sur TV5 Monde à propos des conditions d’hygiène autour du lac Tonlé Sap, précisément là où je me trouve. De nombreux cambodgiens n’auraient pas de vraies toilettes parce qu’ils ont toujours vécu sans, et n’en ressentent pas le besoin.

Ravitaillés, dégourdis, et les fesses désendolories, nous repartons sur la pirogue. Nous arrivons à un premier village flottant mais encore attaché à la rive. Les maisons sont très correctes et flottent grâce à uns structure de bambous et de grosses citernes immergées. Elles sont toutes reliées entre elles, et donnent l’impression d’une vie paisible qui perdurera longtemps, parce que ses habitants ont toujours vécu comme cela et ne veulent rien changer, malgré les petits inconvénients évidents. Partout sur les « balcons d’entrée » et dans les pièces principales, des hamacs qui se balancent frénétiquement, premier symbole d’une vie tranquille.




Nous déchargeons un certain nombre de passagers cambodgiens et leurs marchandises diverses, et continuons le voyage, un peu plus légers et espacés. La rivière s’élargit beaucoup, devenant un fleuve puis un lac immense, le Tonlé Sap. En plein milieu du lac, seulement ponctué par quelques filets de pêche, le moteur a des ratés, cale plusieurs fois, mais le conducteur fait des réparations de fortune et nous repartons. Nous arrivons à un autre village flottant, celui-là en plein milieu du lac, avec des maisons toutes indépendantes les unes des autres, formant des rues et des boulevards plus ou moins anarchiques.




Nous sortons du lac, et la pirogue engageons dans un canal qui paraît tracé artificiellement. La circulation est difficile, nous croisons des dizaines de pirogues qui emmènent les touristes vers le village flottant sur le lac. Et comme le niveau de l’eau est très bas, toutes les pirogues veulent passer au milieu. Nous les frôlons donc en sens inverse, et sommes arrosés par les hélices qui affleurent et font gicler une eau horriblement brune et épaisse. En plus de cette circulation fluviale, les maisons sur pilotis se font de plus en plus nombreuses, rendant le trafic très compliqué. Notre conducteur, apparemment impatient d’arriver après neuf heures de voyage, tente un dépassement en force … pas de chance il y a avait un banc de sable au milieu et nous nous retrouvons échoués en plein milieu, l’air fins, laissant repasser devant nous le bateau de touristes japonais hilares (tiens, ils n’ont même pas pris de photos à ce moment, bizarre non ?). Nous finissons par arriver à destination, enfin, et sommes littéralement abordés par de nombreux chauffeurs de tuk-tuk, qui sautent sauvagement sur la pirogue avant même qu’elle ait touché le pont, dans le but d’attraper un client. Le genre « d’agression » que je déteste, mais le chauffeur qui me choisit comme proie est tout gentil et me propose le prix incroyable de 1 $ alors que nous sommes loin de la ville. Il serait indécent et même stupide de discuter ce prix, puisque je m’attendais à payer au moins 5 $, voire à être racketté étant donné notre dépendance complète. Leur stratégie est simple : essayer de nous emmener dans une guesthouse qui leur paiera une commission, et nous proposer leur service pour la visite obligée autour de Siem Reap : les temples d’Angkor. Des courses d’une journée, très lucratives.

Pour 1 $, je ne partage même pas mon tuk-tuk avec l’allemand sympa que j’ai rencontré sur la pirogue, et nous nous suivons dans deux tuk-tuks différents, histoire de satisfaire les deux chauffeurs qui nous ont abordé. Et finalement nous n’allons même pas dans la même guesthouse, parce que sa priorité est de trouver une guesthouse pas chère, alors que la mienne est d’être près du centre à cause de mon pied mal en point, entre autres blessures. Une fois installé dans une guesthouse correcte mais sans intérêt, je pars refaire le plein à la pharmacie, puis un rapide tour du centre. On ne m’avait pas menti, Siem Reap est très touristique, le centre est en fait réduit à trois ou quatres blocs où s’alignent les restaurants et bars branchés et occidentalisés. Aucun intérêt culturel donc mais ce n’est pas désagréable de temps en temps de se retrouver dans ce genre d’endroit, pour se faire un peu plaisir en tout confort. Aligner uniquement des lieux touristiques et occidentalisés enlèverait tout sens au voyage ; aligner uniquement des lieux hors des sentiers battus, au confort spartiate, serait un peu dur et lassant. Dans un long voyage, on ne fait pas que voyager, on vit aussi, donc il ne faut pas renier ce que l’on est, un occidental qui aime se faire plaisir.

Le jour suivant est entièrement paresseux, passant d’un bar cozy à un restaurant recommandé pour écrire le blog, reposer mon pied douloureux et surtout potasser ce qui va occuper l’essentiel de mon séjour ici : la visite des temples d’Angkor. J’embauche Vey, mon très sympa chauffeur de tuk-tuk de la veille, et nous convenons de partir à 5h le lendemain pour assister au lever de soleil sur le temple le plus connu et peut-être le plus majestueux : Angkor Wat. Le lendemain il est là à l’heure, et sur sa moto on se retrouve dans un trafic impressionnant pour une heure si matinale. Les temples d’Angkor sont quand même la huitième merveille du monde, ils drainent un public énorme (groupes d'asiatiques surtout), et le lever de soleil à Angkor Wat est un classique absolu. Une fois déchargé de 40 lourds dollars pour trois jours de visite, un prix astronomique pour l’Asie du Sud-Est, j’arrive avec mon chauffeur à Angkor Wat, au milieu d’une foule énorme qui se presse pour trouver un bon angle de vue avant le moment fatidique du premier rayon. Les tours du temple sont devant nous, les lueurs naissantes du soleil juste à gauche, la photo serait parfaite s’il n’y avait des centaines de silhouettes aux vêtements voyants devant moi, rendant difficile le cadrage d’une bonne photo en évitant ces tâches humaines disgracieuses dans un cadre si grandiose. Et le soleil apparaît enfin, me laissant un peu sur ma fin sur la magie habituellement attendue d’un lever de soleil dans un endroit spécial.
Lieu mythique n°9 atteint.




Pour battre le lever de soleil sur l’île de Pâques il y a quelques mois, il faudra repasser. Enfin bon je l’ai fait. Vey m’a concocté un petit itinéraire sympa, et me propose de ne pas visiter Angkor Wat aujourd’hui, mais de filer à Angkor Thom à quelques kilomètres de là. C’est le deuxième site le plus réputé, d’un style différent, comprenant plusieurs temples, bassins, terrasses. A cette heure-là il y a encore peu de monde, et je commence par le Bayon, splendide avec ses visages ronds sculptés dans la pierre et ses différentes tours.




Je fais le tour du site, avec notamment le Baphuon restauré par une équipe française, me balade seul sur de petits chemins dans les arbres, jette un coup d’œil à une grande cérémonie qui draine de nombreux moines, et retrouve Vey qui m’emmène à une série de petits temples tous très différents, pour finir au célèbre Ta Prohm, un temple envahi par la végétation et qui a notamment servi de décor au film Tomb Raider. Des arbres énormes ont poussé sur la pierre, fragilisant les édifices pour finalement en devenir le soutien. Quand les temples d’Angkor avaient été découverts, le plan de restauration avait judicieusement décidé de laisser ce temple dans cet état d’envahissement, pour ne pas risquer son effondrement, ce qui donne maintenant un site magique, qui donne presque l’impression d’être un décor en carton-pâte.




Malgré la chaleur écrasante à midi, et les demandes incessantes des locaux, adultes et enfants, qui essaient de vendre quelque chose, j’ai le courage d’en faire un de plus, le Banteay Srei, quasiment vide de touristes et vraiment très beau. Vey me ramène en ville, et m’aide à déménager mon sac vers une autre guesthouse beaucoup plus sympa, avec plein de gens, un bar en terrasse, tout ce qui peut rendre un séjour très sympa. Je glandouille donc toute l’après-midi, et le soir je retrouve Jola que j’avais quittée il y a dix jours à Kep après Rabbit Island. Je ne la suis pas avec sa copine hollandaise, je ne suis pas vraiment en état de sortir et de bouger.

Les trois jours suivants sont consacrés à ne quasiment rien faire, sinon bouquiner alternativement le Lonely Planet et un vrai bon bouquin enfin déniché, boire des shakes au bar de la guesthouse, essayer des petits restos sympas … et filer à la clinique pour soigner mon pied qui fait une petite infection (sûrement par jalousie envers l’autre pied qui avait fait la sienne une semaine avant).

Le dernier jour … revoilà Fiona. Elle sort d’une nuit de bus, mais je l’embarque pour aller visiter les temples que je n’ai pas encore vus. Mon pied est encore très douloureux, mais tant pis, pas question de rater ça. J’embauche Cobra, un chauffeur de tuk-tuk bien sympa que je connais depuis trois jours et qui traîne toujours dans la guesthouse. Nous commençons par le majestueux Angkor Wat, le plus célèbre de tous. Effectivement impressionnant mais peut-être pas le plus beau de tous. En milieu de matinée les touristes se font moins nombreux, la plupart le visitent à 6 heures après le lever de soleil.




On poursuit avec le Preah Khan, à quelques kilomètres de là et hors des principaux itinéraires touristiques. Ce temple est une succession de portes, plus ou moins en ruines. Nous y sommes presque seuls et par chance la pluie se met à tomber, ce qui nous permet de nous livrer à de petites expériences photographiques, entre pierre et pluie, silhouettes et noir et blanc.




Un petit effort supplémentaire pour visiter Ta Som et Pré Rup, encore très différents, et retour à la guesthouse sous un temps humide. Après-midi tranquille à trier les photos, et petite soirée au bar à discuter avec des français. Le lendemain on me prend à froid à 6h30, alors que mon bus part normalement à 7h30 pour Phnom Penh. J’ai choisi d’y retourner pour voler vers Bangkok et obtenir un visa plus long.

Je quitte donc le Cambodge, tout juste le jour où mon visa expire, après un mois à l’avoir parcouru. J’en retiendrai surtout la grande gentillesse des gens, la beauté de leurs villages et maisons traditionnelles, l’horreur de ce qu’ils ont vécu il n’y a pas si longtemps avec les Khmers Rouges, de belles balades à deux-roues rythmées par les Hello et les sourires, de belles plages et de splendides îles. J’ai évidemment aimé les temples mais ils ne m'ont pas marqué plus que ça. Finalement j’ai été comblé par de petites choses simples, notamment à Kratie et Kom Pong Cham alors que ces étapes étaient presque anecdotiques. Je n’ai quand même pas été charmé autant qu’au Laos, peut-être à cause de l’absence de paysages particuliers, et d’une certaine redondance justement avec le Laos.

Enfin je ne regrette pas d’avoir ajouté le pays khmer à mon itinéraire, et je le recommande vraiment. Maintenant je vole vers le chaudron rouge de Bangkok pour visiter mon dernier pays, la Thaïlande !
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10 commentaires:

  1. Bonjour Nico
    Je suis morose en lisant que bientôt ton voyage arrive à sa fin.... Eh oui il va falloir atterir ! Profites bien de ta dernière destination la thaillande et donne nous encore beaucoup de plaisir avec tes écrits et tes photos.
    Bon courage avec tous tes bobos.
    A bientôt

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  2. c'est marrant, l'asie ne m'attirait pas spécialement avant la lecture de tes récits, et maintenant que choisir entre l'Amérique du Sud et l'Asie ?
    Très belles photos noir et blanc.
    Bonne continuation en Thailande.

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  3. Quelle étape de nouveau,
    j'ose tout juste imaginer la grande époque de ce site, la ruche que ça devait être et l'importance de ses reines ... Que de pierres, que de travail, de labeurs, de sacrifices, j'imagine que ça devait être une sacrée puissance, jusqu'à ce que les monstres plantes arrivent en tout cas ! Chouette sujet de SF, non ?
    Bises
    Bru

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  4. @Maminou :
    Je ne suis pas "morose", mais ca me fait bizarre de voir que tout ca se termine, je m'y prepare doucement. Les premiers mois paraissent etre dans une vie anterieure ...
    Plus qu'un bobo et il se porte pas mal !
    bisous

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  5. @Jerem :
    Pas comparable, l'Asie est plus facile, l'AmSud fait plus vibrer. Pas de choix possible. Pour les photos N/B, il etait temps que j'y pense !
    @ +

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  6. @Burns :
    yep, avant c'etait de veritables cites, avec plein de maisons en bois autour pour le peuple. Angkor etait la plus grande cite au monde !
    Effectivement avec un peu de doc historique, ca pourrait faire l'objet d'un roman ...
    @+

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  7. Hello !
    Je confirme que ta photo noir et blanc est très belle et selon moi, tu as choisis la meilleure de toutes celle de ton album !
    Ici le printemps est en avance par rapport aux autres années (ou lire plutôt : cette année il existe) et je suis supposé me faire faire un tour de ville et prendre des clichés de québec différents :) Reste à prendre le temps pour ça

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  8. Bonjour Nico,

    après presque 2 semaines sans internet, on prend enfin un peu le temps de lire tes billets.

    Toujours aussi intéressant, et tes photos sont très belles !
    Bon courage pour la Thaïlande, l'actualité a l'air assez tendue en ce moment.

    Bises
    Eva

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  9. @Rom' :
    yep je l'adore cette photo, j'ai meme eu un cri de satisfaction quand je l'ai shootee !

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  10. @Eva :
    desole, moi je n'ai vraiment pas le temps de lire votre blog !
    oui c'est tres tendu a Bangkok, mais seulement dans le centre. Ailleurs dans le pays, il ne se passe rien.
    bonne route !

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