Je suis reparti en Argentine ! Bientôt le nouveau blog ...
__________________ENCORE ET ENCORE DES NOUVELLES VIDEOS ICI !! _______________Tour en moto à Can Pho, Prière des moines bouddhistes ...

vendredi 23 octobre 2009

Argentina, estoy aqua !!!

Par un beau matin ensoleillé, je quitte enfin San Pedro de Atacama, même si cette pause fut loin d’être pénible, mais plus longue que prévu, la faute aux deux compagnies de bus qui ne proposent un voyage vers Salta que trois fois par semaine, et comme par hasard le même jour à la même heure. Se distinguer et offrir un service différent ne viendrait à l’esprit d’aucune des deux compagnies …

Le but est donc Salta, dans le nord-ouest de l’Argentine. Depuis que j’attends d’atteindre ce pays, depuis que j’en entends beaucoup de bien de tous les voyageurs, ça y est le moment est enfin venu.

Par un heureux hasard je retrouve Elise et Damien, croisés à Sucre quelque temps avant. En fait c’est surtout bizarre que l’on ait réussi à ne pas se croiser dans le microcosme touristico-désertique de San Pedro. Les coïncidences continuent et ne s’arrêteront pas. Dans mon hôtel à San Pedro, un couple franco-australien s’était mis à discuter avec un suisse de leurs expériences de voyage, et venant à raconter une anecdote, il se sont finalement reconnus et se sont rappelé qu’ils s’étaient rencontrés deux ans auparavant lors d’un passage de douane au VietNam !

Le trajet en bus démarre, immédiatement interrompu au bout de trois minutes par le passage au poste-frontière chilien à la sortie de San Pedro. Formalité vite remplie sauf pour ceux qui ont perdu le petit fameux papier délivré à l’entrée dans le pays, papier qui ne sert à rien sauf justement à être perdu et à créer des problèmes. La douane, ça vous gagne …

A mon grand bonheur, le bus reprend la fameuse route prise pour quitter la Bolivie, cette immense descente des hauts plateaux jusqu'au désert. Nous passons près du poste frontière bolivien et le longeons, pour suivre une route magique, en bordure du Sud-Lipez, cet endroit magique traversé en 4x4 trois jours avant. Le spectacle reprend de plus belle : le décor est un patchwork de couleurs entre brun foncé, brun clair, orange, rouge, jaune, et blanc. A cette explosion de couleurs se superposent les matières, entre sable, cailloux et rochers. Les longues pentes parfaitement lisses ajoutent une touche de noblesse au décor. Aridité absolue et absence de vie, contraste entre l’effet de magie et d’attraction d'une part, et le danger si l’on est pas dans un véhicule sûr. Nous traversons cet endroit invivable dans le confort d’un bus moderne sur une route asphaltée. Trois jours avant, la précarité était beaucoup plus forte en 4x4, la panne ou la crevaison guettaient.




Comme si l’éblouissement n’était pas encore à son comble, vient s’ajouter au décor une lagune bleue turquoise, puis une bleue pâle, encerclée par un anneau blanc de sel. Puis deux lagunes mitoyennes, une bleue foncée comme la mer, une bleu-vert pâle. Qu’est-ce qui explique qu’elles soient voisines et si contrastées ? De temps en temps une couleur vient s’ajouter au patchwork récurrent, comme ici un vert diffus. Ou à la beauté salée d’une lagune succède une longue plaine caillouteuse et vide, monocolore.

Là des rochers éparpillés au milieu de nulle part, comme des météorites posées en douceur. Ou comme un gros besoin lâché par un énorme mammouth volant extra-terrestre. C’est juste une hypothèse, on ne peut pas savoir en fait.
Quelques minutes après je me rends compte que les montagnes se sont espacées et éloignées. Le bus quitte progressivement et imperceptiblement ce lieu unique, cadeau de la nature qui paraît illustrer la formation de la Terre. Et souvenir inoubliable, impression indélébile sur ma rétine.




Comme le paysage se banalise légèrement, je vais prendre quelques instants pour laisser refroidir mon appareil photo et manger une chip, et je reviens (ça prend longtemps de manger une chip, parce qu’il faut bien la mâcher sinon ça coince dans la gorge et ça fait mal).

Le passage de la frontière est un peu pénible, il faut faire la queue dans un petit bureau perdu au milieu de cette immensité, et les fonctionnaires argentins sont peu nombreux, bien que dotés d’un redoutable coup de tampon. L’arrêt dure plus d’une heure pour faire passer tout le bus. Si au moins ça se justifiait par une fouille au corps, mais non même pas, alors à quoi bon ! Encore heureux que notre bus soit arrivé le premier, les deux autres ne sont pas prêts de repartir.

C’est reparti, et un long moment plus tard, le bus s’engage dans une belle montée en lacets sinueux, qui pose quelques problèmes aux camions. C’est net, nous franchissons la Cordillière, à près de 5000 mètres d’altitude. Ce passage est aussi la promesse de découvrir un nouveau paysage de l’autre côté, de nouvelles formes, de nouvelles couleurs, une nouvelle végétation, et un nouvel environnement humain puisque nous approchons des premières villes argentines.

Arrivés au sommet, je démarre un bad trip d’une heure : sueurs froides, mal de tête, mal au ventre, froid soudain. Ceci pendant toute la descente, aussi sinueuse que la montée, et bien après encore. Mon voisin ne s’en rend pas compte mais je suis tout près de colorer et malodorer son pantalon. J’hésite aussi à demander au chauffeur de s’arrêter, ce qui fait toujours hésiter quand le bus est rempli de plusieurs dizaines de voyageurs. Ben alors quoi, c’est ma chip qui était avariée ? Le mal des hauteurs me parait peu probable, étant donné que je vis entre 3000 et 5000 mètres d’altitude depuis plusieurs semaines, et que les symptômes ne correspondent pas. Et le bad trip finit par s’arrêter, beaucoup plus lentement qu’il n'avait démarré.

Le bus quitte les montagnes sombres et massives et entre dans un environnement plus urbain. Il a beau faire noir, je perçois tout de suite la différence avec les trajets en bus dans les pays précédents : tout est plus aménagé, plus propre. J’ai presque l’impression de faire un banal trajet en bus en France.

Nous arrivons finalement à Salta, je suis presque frais comme un gardon malgré le bad trip subi une heure avant et les 10 à 11 heures de bus. Il faudra s’y faire, les trajets en bus en Argentine avoisinent même plutôt les 20 heures, le plus souvent. Je quitte Elise et Damien, et m’engouffre dans un taxi. Par réflexe je demande avant le prix de la course, en indiquant l’adresse de mon hôtel, le chauffeur me donne un montant « mas o menos », ce que je trouve bizarre. Mais je me rends compte qu’il a un compteur ! Détail matériel stupide mais que je trouve presque incroyable, après trois mois où les taxis étaient souvent cabossés et pratiquaient des prix à la tête du client (ou du gringo).

Le taxi ne me promène pas mais va au plus court et me dépose devant mon hôtel, et me salue très gentiment. Encore là je suis presque surpris de cette politesse (même si la Bolivie avait largement remonté le niveau, mais trop peu longtemps). J’entre dans le petit hôtel pour backpackers et la belle jeune fille me demande en souriant "como estas", en guise de bonjour. En à peine une heure, tout ce que l’on m’avait dit sur la chaleur des argentins se vérifie, je suis en plein paradis.

Bon, il faut payer les nuits d’avance, et j’ai très peu d’argent argentin.
« Tu peux aller en chercher au distributeur avant minuit. » (en espagnol dans le texte)
- C’est pas un peu dangereux de retirer de l’argent à cette heure ?
- Ben non pourquoi ?
- Euh, eh ben, parce que ça fait trois mois que je suis sur mes gardes pour retirer de l’argent, même en plein jour.
- … (regard poli mais incompréhensif de la charmante réceptionniste)
- … (regard perplexe de ma part, ne comprenant pas en quoi ma question est bizarre)
Mon réflexe sécuritaire, comme celui du taxi, s’avère encore être à côté de la plaque, j’ai l’impression d’avoir changé de continent, pour le meilleur.

Je pars donc en ville à pas d’heure, enfin c’est ce que je crois, et j’arrive au bout d’une dizaine de blocs sur la belle place centrale, pleine de monde sur les trottoirs, sur les terrasses. Il est près de minuit et les restaurants sont quasiment pleins. La ville est effervescente, les gens sont élégants, les terrasses largement étalées. Malgré l’heure et bien que je me sois calé avec des cochonneries sucrées, c’est le moment de tester une autre grande réputation de l’Argentine : la viande. Je me commande donc une belle pièce de bœuf et un verre de rouge dans un restaurant à deux pas de la place, et n’en reviens pas de voir à quel point mon serveur est affable, poli, souriant, et s’intéresse à qui je suis, d’où je viens. J’avais beau être prévenu, je dois me pincer pour y croire.

Retour à l’hôtel pour une nuit réparatrice, dans le dortoir je fais connaissance avec Alan un anglais très sympa qui parle un français très correct. Le dortoir est moite, le ventilateur fait un bruit d’enfer, ça promet encore un grand sommeil …




Le lendemain j’entame mon petit tour de ville, une bonne pièce de viande dans le ventre. La place est calme et belle, entourée de plusieurs rues piétonnes. Les rues ne sont pas particulièrement belles mais on trouve quelques vieilles maisons stylées et défraichies. Comme dans la grande majorité des villes, il y a un mirador. Ici il est haut perché sur une colline qui domine la ville. Ma fainéantise du jour me pousse à monter par le téléphérique, et là je vois une jeune argentine qui se balade avec un thermos et une sorte de mug à la forme particulière. Etrange, c’est à creuser, je sens qu’il y a quelquechose à découvrir …

La colline est assez triste sauf son sommet, coiffé de la station du téléphérique et de pelouses vertes, et d’un petit système de cascades artificielles. La vue est magnifique même si Salta est plate et sans grand centre d’intérêt à admirer. Il y a du monde, c’est touristique et familial, il y a même un couple de mariés qui vient prendre ses photos. Et je vois une famille avec son thermos et le fameux mug à la forme particulière, mais un seul pour les cinq. Ils versent une larmichette d’eau chaude toutes les deux minutes dans le mug, et se le passent pour boire à l’aide d’une sorte de paille en métal. Je comprends que je suis là devant un point culturel fort, mais je ne sais pas ce que c’est. A creuser.




Redescente par les centaines de marches, au coucher de soleil. J’arrive dans un parc d’ados-bécoteurs et continue par des quartiers résidentiels. Je continue à sentir cette impression de tranquillité, je ne me demande pas une minute si ce quartier est sûr, alors que je me le suis demandé pendant trois mois dans les pays précédents, et à raison.
Je rentre à l’hôtel par des quartiers sans intérêt, mais là est justement … l’intérêt. Ce soir il y a parilla (barbecue en espagnol dans le texte) et musique live à l’hôtel … à 23h. On est vraiment à l’heure espagnole ici.

Avec Alan nous nous incrustons à une table, et faisons la connaissance de trois australiens et de Angela, espagnole assez énergique. Bien sûr elle ne parle pas anglais (c’est rare chez les espagnols, pires que les français !), mais fait des efforts énormes pour parler à un rythme … tout juste compréhensible pour nous. Je capte un mot sur trois et m’arrange pour reconstituer les phrases entières.

Parilla énorme, le bœuf est à tomber, sur fond de musique argentine et de danse traditionnelle par un petit groupe. On ne va pas rester là-dessus, la moitié des backpackers de l’hôtel veut sortir en boite, ça tombe bien il est 2 heures, l’heure parfaite (enfin un peu tôt quand même …). Répartis dans une escorte de taxis, direction la calle Balcarce. Une rue de la soif comme j’en ai rarement vu : il est plus de 2 heures du matin et la rue est noire de monde, assis aux terrasses ou debout au milieu. Il est même difficile d’avancer sans se perdre les uns et les autres. La boite fut commerciale, mais la nuit fut longue et déshydratante, au son du reggaeton. Tu ne connais pas le reggaeton ? eh bien sois-en heureux ! C’est comment dire, une sorte de techno aux sonorités latino, avec à l’appui une boite à rythme bloquée sur le même programme quelque soit le morceau. Il faut y mettre du sien et se persuader qu’on est content de danser là-dessus …

Sortis vers 6 heures, Angela et moi tombons d’accord pour rentrer à pied malgré la distance. Marcher dans une ville en pleine nuit est un bonheur qui ne se gâche pas, même à cette heure et avec la fatigue (le reggaeton résonne encore dans nos veines, il va être dur à calmer celui-là). Wayne, un australien de mon dortoir, est obligé de nous suivre, il ne sait pas où il est !

J’ai été plus ou moins privé de ce bonheur de marcher en pleine nuit, dans un certain nombre de villes des pays précédents, et je goûte enfin mon plaisir de le faire sans 1 seconde d’appréhension. Je ne me lasse pas de cette impression de posséder les lieux, d’être CHEZ SOI, quand je marche seul dans les rues pendant que la ville dort. A un détail près, c'est qu'ici à Salta, même à 6 heures du mat’ et hors du centre, il y a encore du monde sur les trottoirs.

45 minutes de marche et de conversation tant bien que mal en espagnol avec Angela, avec le pauvre Wayne qui essaie de suivre (entre l’anglais de Wayne et l’espagnol d’Angela, j’ai dû faire un choix très difficile …). Puis entrée dans l’hôtel, ouverture discrète de la porte du dortoir, salutation cordiale à Alan qui se lève quand je me couche, escalade technique et très élégante pour atteindre mon lit superposé, et écrasement facial latéral sur l’oreiller, dans la position d’une otarie amputée de ses petites pattes.

Quelques heures plus tard, je suis de retour sur la Plaza, toujours très tranquille sous le soleil éclatant, je suis devant une énième pièce de viande et Angela qui fait des efforts surhumains pour parler « doucement » pendant que je fais des efforts surhumains pour la comprendre et éviter de répondre « si » alors qu’elle me posait une question ouverte. Je comprends la moitié mais elle est très sympa, ça compense.




L’énorme pièce de viande laisse bizarrement la place pour une glace tout aussi énorme, et je pars à la recherche d’une agence qui vendrait des billets d’avion, pendant qu’Angela part à son tour au sommet du mirador.

C’est un jour férié, et je re-découvre une spécificité des pays riches, que j’avais oubliée depuis longtemps : quand c’est férié, ben c’est férié, tout est fermé ! Sauf la Plaza centrale, la ville est quasi-déserte. D’où l’avantage des pays pauvres traversés auparavant, enfin quand on voyage : un dimanche ça ne veut rien dire, un jour férié ça n’existe pas, on trouve toujours ce qu’on veut partout. Là c’est un retour à la réalité assez direct : on ne peut rien faire.

Retour à l’hôtel et glande prolongée jusqu’à la cena servie à l’hôtel, pas avant 23 heures bien sûr, avec un couple de français, Angela, Alan … Après une nouvelle nuit courte de quatre heures (merci le wifi et le blog, là je touche à mes limites), je fais rapidement mon sac et file prendre un avion (tiens ça faisait longtemps) pour …

… mon lieu mythique n°4. Viva Argentina !!
-
-

11 commentaires:

  1. Chip avarié et aussi parfumé avec des herbes interdites, , masticage insuffisant !! Ton estomac ne supporte pas, tu transpires à grosses gouttes, la descente en bus est pénible, tu viens de t'endormir profondément... Ton esprit s'évade, tu rêves... d'un paradis.

    Est ce que l'argentine est comme dans ton rêve ?

    RépondreSupprimer
  2. assez lyrique aujourd'hui!! enfin jusqu'au besoin de mammouth quoi... Et avec la motivation supplémentaire, ton espagnol s'améliore-t-il rapidement? lol

    RépondreSupprimer
  3. @Philippe :
    Complètement ! Je le connais encore mal, mais pour l'instant ce pays a zéro faute.

    RépondreSupprimer
  4. @Fred :
    dans la technique littéraire qui m'est propre, ça s'appelle une rupture, ou encore une tentative de déstabilisation du bloglecteur.
    Mon espagnol s'améliore, mais ici l'accent est particulier, les [ye] sont remplacés par des [che], faut s'y faire !

    RépondreSupprimer
  5. Hello Nico,
    Elles sont superbes tes photos, c'est sympa, ca fait rêver... Je pense souvent à toi
    Juste pour la nouvelle, je vais être Papa d'une petite fille au mois de Mars...
    Bonne route
    Frantz

    RépondreSupprimer
  6. Hé mon nico, on ne peux pas voir les photos de l'argentine, picasa dit que ce n'est pas ouvert au public, suis deg!
    Sinon ah oui....tu me manques!
    des bises
    milimoulin

    RépondreSupprimer
  7. @Frantz :
    Oui j'ai vu ca sur FB, bravo !
    Avec ce que tu sais faire en photo, je te conseille vraiment de venr en AmSud, c'est juste magnifique, les villes et les paysages.
    Merci & @ +

    RépondreSupprimer
  8. @Milimoulin :
    merci pour l'info, ca y est c'est corrigé !
    mais toi aussi tu me manques ! (enfin je reve surtout de Scarlett, tu as créé ta propre concurrence ...)
    plein de bises !

    RépondreSupprimer
  9. Hola Nico,

    Salta sounds wonderful. Your stories about asking the taxi driver how much it was going to cost, and whether it was safe to withdraw money made me laugh. I´m looking forward to a change of country I think. Although I believe we are going to go to the Jungle first. Did you make it there?
    How´s the Spanish going anyways? From your description of your conversations with Angela...not well?
    ciao chico,
    xoxoxo

    RépondreSupprimer
  10. Pis ces photos toutes plus jolies les unes que les autres, pfffiou....
    Je suis à la bourre dans tes aventures Nico ; j'essaie laborieusement de rattraper mon retard en fonction du temps dont je dispose, mais tu voyages à un tel rythme !!!
    Bref, tout ça pour expliquer l'absence de commentaires, forcément décallés pour toi qui doit te trouver... eeuuh... je n'sais où !!
    Aller, bises en tous cas & à bientôt sur la tooooile !!!

    RépondreSupprimer
  11. @Céline :
    t'en es à cet article-là ? en effet t'as du retard ! et je me disais aussi que j'avais pas eu de commentaires de toi depuis un certain temps ... je voyage à un tel rythme ? humm je ne sais pas, je paresse de plus en plus dans chaque endroit, mais encore trop vite. Et là en Patagonie, où c'est plus beau qu'ailleurs, j'accélère, va comprendre ...
    bizzz

    RépondreSupprimer

Merci d'utiliser l'option Nom/URL et non Anonyme, pour renseigner ton nom ;-)