Je suis reparti en Argentine ! Bientôt le nouveau blog ...
__________________ENCORE ET ENCORE DES NOUVELLES VIDEOS ICI !! _______________Tour en moto à Can Pho, Prière des moines bouddhistes ...

samedi 27 février 2010

Le temps s'est arrêté à Hoi An

Je quitte ce charmant couple sud-africo-slovaco-singapourien à la terrasse d’un café à Nha Trang, et monte dans mon bus de nuit pour l’étape suivante. Je suis finalement resté deux jours à Nha Trang, lieu de plage et de fête comme on pourrait en trouver partout dans le monde, pas vraiment caractéristique du Vietnam. Ce ne sont pas les fêtes du Têt, censées bloquer le pays d’après ce qu’on m’avait dit, qui m’ont arrêté. On entend beaucoup de contre-vérités là-dessus, et il est en fait tout à fait possible de trouver un bus. Par contre les prix grimpent légèrement, bus et hôtel compris.

J’ai choisi un bus de nuit à couchettes pour ce trajet vers Hoi An. On m’a dit qu’ils étaient très corrects, et j’aimerais n’être qu’à moitié déphasé demain à l’arrivée. Mon dernier trajet de nuit remonte à l’Argentine, mes standards de confort sont donc très hauts ... et je tire une drôle de tête en entrant dans le bus : une vraie bétaillère où l’on circule difficilement entre deux rangées de couchettes superposées. L’assistant ne me laisse pas le choix et me désigne la dernière rangée. Cinq couchettes juxtaposées, au format vietnamien : la place pour poser les épaules est en option, et il faut placer ses pieds dans une sorte de boite en bout de couchette, juste assez grande pour un petit 36. Je me fais une place entre mon grand voisin allemand et mon jeune voisin anglais, plutôt frêle heureusement. Trois tours du quartier pour récupérer les derniers passagers et remplir le bus, et c’est parti pour huit heures de trajet infâme, dans une alternance de moiteur et d’aération trop forte, mais surtout sur une route défoncée qui crée des secousses permanentes. De temps en temps le corps décolle entièrement de la couchette, sauf les pieds bien sûr, tordus et calés dans la petite boîte. Le pire c’est qu’on le voit venir, la méchante secousse étant précédée de plus petites secousses annonciatrices.

Pas une seconde de sommeil, et nous arrivons à Hoi An à une heure très ingrate, quatre heures du matin. Partir à 19 heures pour arriver à 4 heures, cette compagnie de bus manque d'employés qui réfléchissent … Tout le monde sort du bus, la mine défaite, et prend son temps pour prendre son sac et se repérer sur le plan. A cette heure, il n’y a rien à attendre des hôtels, ils sont fermés. Quelques grappes de voyageurs se mettent alors à déambuler tels des fantômes dans les rues sombres, sans but précis sinon de dégoter des infos sur les hôtels sympas et pas chers. Je me mets moi-même à marcher avec mes sacs, pour éviter de comater sur le trottoir. Malgré l’obscurité, déjà je note un certain charme sur les façades, un cachet évident. Je marche 500 mètres vers la vieille ville, m’engage dans une ruelle, et tombe littéralement en arrêt. Ai-je déjà vu une rue plus belle, un endroit aussi magique ? C’est un lieu resté plusieurs siècles en arrière, et quasiment un décor de cinéma : ruelles étroites éclairées de lampions rouges, petites maisons aux façades jaunes et boiseries préservées, bâtiment somptueux mis en valeur par l’éclairage. Après avoir discuté cinq minutes avec quelques british rincés par leur soirée, je continue cinquante mètres plus loin et arrive à la rivière, traversée par un petit pont, lui-aussi éclairé de lampions de toutes les couleurs. Ces illuminations s’expliquent surtout par le Têt, le nouvel an lunaire, mais ne pourraient mieux mettre en valeur le cachet de la ville.




Le calme presque complet à cette heure ajoute à la sérénité et à la magie. Il est cinq heures, il fait encore noir, et quelques vietnamiens d’âge très mûr font leur marche matinale. De temps en temps un scooter passe, troublant à peine les lieux (j’ai toujours adoré le bruit dérisoire d’une vieille mobylette passant seule dans une rue, je ne l'explique pas sinon par l'ambiance de certains films). Je recroise un couple britannique, de purs voyageurs un peu plus âgés qui étaient dans le même bus. Ils errent comme moi dans le vieux quartier, se demandant s’il existe un hôtel pour backpackers en plein cœur de ce quartier. Nous trouvons un petit café qui n’en est pas un, quelques mini-chaises en plastique sur le trottoir, et un patron qui a la bonne idée de servir du café très tôt. Quelques jeunes locaux très matinaux viennent aussi prendre leur café, et progressivement d’autres backpackers errants viennent s’asseoir, si bien que le trottoir est rempli. Nous oublions progressivement le voyage éreintant en bus et enchaînons les cafés, discutant voyage forcément. On est bien là, on oublie presque que l’on est fatigué, on pourrait rester des heures sur ces mini-chaises en plastique inconfortables sans aller chercher son hôtel. On voudrait que le jour ne se lève pas, que la ville reste endormie et nous appartienne, que l’on fixe ce moment spécial qui précède l’aube. Mais le temps est furtif, l’aube est fuyante, le soleil qui se lève efface ce moment particulier. La magie de la nuit laisse doucement la place au charme de l’aube, puis au jour complet. La ville nous apparaît plus clairement et nous pensons doucement à chercher un hôtel. Cela aurait pu être un simple détail, voire un moment pénible à cause du sommeil impossible dans le bus qui est arrivé trop tôt, à cause du gros sac qu’on se traîne dans les rues sombres sans trop savoir où l’on va, de l’hôtel qu’il faut choisir et qui n’ouvre qu’à 7 heures. Et finalement ce fut un instant spécial, un petit bonheur simple et impromptu dont je vais me souvenir.

Je trouve un des hôtels les moins chers, on me donne une chambre moyennement propre sous les toits pour 5 $, à partager avec un jeune japonais, l’aubaine. Mais je n’ai pas encore trouvé de dortoir au Vietnam, il y en a vraiment peu. Avoir une chambre privée bien propre, avec sa salle de bains (et TV5 Monde !) est agréable de temps en temps, mais cela rend les rencontres plus difficiles : peu de backpackers et plus de « touristes classiques », personne ne traîne dans les parties communes pour discuter. Depuis Saïgon j’ai quand même rencontré des voyageurs sympas, mais plus furtivement, et presque par chance. Je veux retrouver un dortoir, avec son sommeil précaire, sa propreté juste correcte, le manque de place pour ranger son sac, les ronfleurs … Le vrai bonheur quoi, ça me manque !

Quelques heures de sommeil et je pars visiter la vieille ville, impatient de retrouver ce décor magique. Je fais la triste découverte que la plupart des petites maisons anciennes (elles le sont toutes) sont des magasins : soit de souvenirs, soit un tailleur (plusieurs centaines à Hoi An, le royaume du sur-mesure bien fait et pas cher), soit des peintures, soit des article en soie, ou des restaurants. Aucune voiture ne peut circuler, mais les motos ne se gênent pas, et les rues sont bien remplies. Le charme est donc légèrement cassé par cette sur-activité, mais la beauté de la ville est quand même là. D’ailleurs chaque magasin a une discrète et élégante enseigne en bois. Seul l’étalage de marchandises gâche un peu le visuel. Et la rue est aussi pleine de maisons très anciennes à visiter, possédées par des familles notables, ou des Assembly Hall, c’est-à-dire des temples bouddhistes, très beaux et bondés de familles vietnamiennes à cause des fêtes du Têt.




Malgré les motos qui klaxonnent et se faufilent entre les piétons, il y a une tranquillité et une douceur de vivre évidentes ici. J’arpente les rues dans tous les sens, il n’y en a que cinq ou six dans la vieille ville mais on ne s’en lasse pas. Je poursuis par le petit marché, et le long de la rivière. Des motos s’entassent sur une petite barge qui fait la traversée, malgré le petit pont un peu plus loin. Petites boutiques et petits restos proposant de la bière fraîche à un prix dérisoire, familles réunies chez elles pour le Têt, toutes portes ouvertes. Je m’assieds sur un petit banc face à la rivière, et un jeune vietnamien qui habite juste derrière vient discuter avec moi, pour le plaisir de rencontrer un étranger et de pratiquer son anglais. La conversation est simple, tourne autour de questions habituelles, mais je ne me lasse pas de cette gentillesse et de cette simplicité.

Je poursuis jusqu’au pont couvert japonais qui, encore plus que le reste de la ville, paraît sortir d’un autre temps. Magnifique pièce, ils ont même trouvé le moyen de créer un petit temple sur le pont. Sur le quai une petite fille essaie de vendre des éventails, usant de tout son charme, posant pour toutes les photos. Il serait mieux que les enfants ne travaillent pas, mais on comprend presque qu’ils les utilisent tellement ils sont plus efficaces que leurs parents, sans forcément avoir recours à la pitié mais à un sens évident du marketing. Et ces enfants apprennent l’anglais en deux temps trois mouvements, alors que de nombreux adultes employés des agences de tourisme rament méchamment, malgré leurs contacts quotidiens avec les étrangers.




Derrière le pont, une autre belle rue, pleine de boutiques d’artistes, et un ou deux temples. Je rentre à l’hôtel par des rues peu fréquentées, pour le plaisir de faire des photos de maisons plus défraîchies, de rues moins belles, à l'intérêt moins évident. Je ressors trois heures plus tard pour dîner et profiter de la ville illuminée et de ses lampions multicolores. Nuit moite sous les toits, sans air conditionné ni ventilateur, on ne peut pas tout avoir au plus bas prix …

Mon programme du lendemain est simple et limpide : flâner dans les rues à la recherche d’une ruelle ou d’un petit lieu caché. J’élargis le périmètre au quartier français, où se trouve une vieille maison à visiter. Le vieux propriétaire me fait la visite dans un assez bon français, quand il était jeune le français était obligatoire à l’école, colonisation oblige. Il me montre ce qui ressemble à une énorme table en bois massif, mais est en fait un lit. Il y dort toujours, sans matelas, à même le bois. Il n’y a pas beaucoup à voir mais la maison est magnifique. Il me montre des photos d’époque de Hoi An, et a un vrai plaisir à parler français, avec cette ultra-politesse typique des asiatiques.

Le long de la rivière, un vieux édenté pose dans sa petite barque, attendant un petit billet en retour. Il a bien compris l’intérêt photographique qu’il représente pour les touristes, dans ce Vietnam qui change vite mais garde quand même ses images traditionnelles.




Le soir, je m’avale goulûment des pâtisseries à tomber par terre, en guise de dîner, face à la rivière. Les (bons) desserts ne sont pas fréquents dans les pays en développement, qui se concentrent sur les plats principaux, et j’ai comme un manque à combler. Je me balade le long de la rivière et suis attiré par une sorte de foire au bout du quai. J’entre, créant la curiosité des vietnamiens puisque je suis le seul étranger dans cette fête locale. C’est une fête de nouvel an, avec podium de concours de chansons, et petits stands proposant de tourner la roue de la fortune. C’est très kitsch mais très amusant à voir. Le concours de chant sur la grande scène ne déplace pas les foules, tout le monde regarde poliment, assis sur sa chaise.

Retour à l’hôtel, après avoir négocié une location de moto pour le lendemain. Je donne rendez-vous au loueur à 6 heures du matin, je veux absolument échapper aux foules. Je pousse le vice jusqu’à me lever à 4h30, pour revoir la vieille ville dans le noir, dans toute sa quiétude, et ressentir à nouveau le coup de cœur que j’ai eu en descendant du bus. J’arrive un poil trop tard, il y a déjà quelques scooters et le jour se lève doucement. Des backpackers errent en se demandant où sont les hôtels, les locaux font leur marche matinale. Mais la magie reste là, intacte.

Je retourne à ce fameux vrai-faux café qui ouvre astucieusement à 5 heures, et retrouve les mêmes locaux qui sirotent leur café et regardent les rares scooters passer. J’attends que le jour se lève, et retourne près de l’hôtel pour prendre ma moto. Souvent la magie ne reprend pas lorsqu’on essaie de recréer un moment spécial, mais là je ne regrette pas de m’être levé aussi tôt.




Je croise Caroline et ses copines qui descendent tout juste du bus. C’est une irlandaise rencontrée à Dalat que je croise partout. A chaque étape j’arrive deux ou trois jours avant elle, je la croise dans les 10 minutes qui suivent sa descente du bus, avec son sac à dos, mais moi je pars le lendemain. Scénario immuable depuis Dalat. Je lui donne mes bons plans et vais prendre ma moto. Son propriétaire ne me demande aucune garantie, même pas mon passeport ni l’hôtel où je réside, juste de payer tout de suite. Evidemment il n’y a aucun risque qu’un backpacker la loue pour la voler, mais en cas d’accident ce backpacker pourrait faire en sorte de disparaître. Mais non, confiance absolue. Je découvre que ce n’est pas un scooter mais une moto manuelle, malgré sa promesse. Enfin c’est plus simple que je ne croyais, et j’accepte. Je prends de vagues renseignements pour aller au temple de My Son, à 50 kilomètres tout de même, et je me lance dans la campagne, heureux comme tout de goûter à l’expérience immanquable au Vietnam, et si tôt au petit matin.

C’est bizarre, je dépasse tout le monde ! Soit je n’ai pas conscience des dangers, soit tous les vietnamiens roulent sur des épaves. En tout cas le trafic très léger me permet de me faire aux habitudes locales de conduite. Je me mets vite à klaxonner tous ceux que je dépasse, au cas où ils tourneraient à gauche sans prévenir. Nécessité absolue, que l’on comprend vite. Je relativise donc le comportement agressif de certains chauffeurs qui ont le pouce en permanence sur le klaxon, c’est d'utilité publique. La route était censée être facile, à gauche après 10 kilomètres et à droite après 15, mais c’est évidemment plus ambigu, et il n’y a qu’un panneau en 50 kilomètres, que je rate forcément. Donc je m’arrête quasiment à chaque carrefour, et immanquablement un vietnamien vient me voir pour m’aider, ou faire de grands signes de loin pour me montrer la direction puisqu’ils savent où je vais. Je n’ai même pas besoin de demander mon chemin, on me le donne. L’un m’aide même à redémarrer ma moto au comportement un peu lunatique. Des anges ces vietnamiens !

Sur ma route, quasiment tous les vietnamiens me regardent l’air étonné ou amusé, les occidentaux qui s’aventurent sur une moto sans chauffeur sont peu nombreux, tous effrayés par le trafic et les (non-)règles de circulation. Alors qu’en fait c’est assez simple, et même très fair-play à part les voitures, camions et bus.

Je m’enfonce plus loin dans la nature, traversant des petits villages. Je m’arrête peu pour prendre des photos, parce que je veux arriver très tôt à My Son, et parce que la photogénie n’est pas toujours flagrante. Les maisons notamment sont simples et fonctionnelles, sans architecture particulière. Mais cela reste le Vietnam, avec son bazar propre aux pays pauvres, et quelques images traditionnelles toujours bien présentes : les femmes au fameux chapeau conique, les rizières labourées par les buffles ou semées par les paysans courbés, l’eau brune partout, les bananiers. Tout cela mélangé avec la modernité des habits occidentaux pour les jeunes, motos et téléphones portables. Et un bon-vivre évident dans ces campagnes, par contraste avec la folie des grandes villes.

J’arrive finalement à My Son. C’est un des plus vastes et surtout un des plus vieux sites archéologiques du Vietnam, un ancien centre religieux du Champa, royaume de culture hindouiste établi dans le Centre du Vietnam à partir du deuxième siècle après JC. C’est un temple dans le même style que celui mondialement connu d’Angkor Wat, merveille du monde (patience, patience, j’y arrive …). Mais en beaucoup plus petit, et sur le site seul un carré a résisté au temps, le reste n’est que ruines. J’ai réussi mon coup, le site est quasiment vide, les visiteurs se comptent sur les doigts d’une main. Calme absolu, sérénité des ruines plongées dans les montagnes vertes, le lieu est impressionnant et change un peu des temples bouddhistes, que j’ai déjà trop visités. J’ai le temps de faire le tour trois fois, de prendre des photos sous tous les angles, et le site se remplit de touristes venus en tour organisé. Juste le bon moment pour repartir, après avoir vu une danse traditionnelle vraiment très belle, si l‘on oublie le côté « attraction pour touristes ».



C’était vraiment une bonne idée de partir si tôt pour éviter les bus. On peut reprocher beaucoup de choses aux guides comme le Lonely Planet ou le Guide du Routard, notamment leurs recommandations discutables sur les hôtels et les restaurants, et leurs prix à côté de la plaque, mais ils rendent un grand service pour toutes les visites, donnant des petits conseils qui permettent d’optimiser, éviter les pièges, en profiter au maximum en évitant les options trop chères des tours organisés.

Je reprends la route sur ma moto, avec un plaisir inchangé de traverser la campagne mais dans un trafic beaucoup plus lourd, qui m’oblige à être très concentré et à klaxonner frénétiquement comme les locaux (vu que je n’ai pas encore trouvé le frein, c’est ballot). Les villes que je traverse grossissent, le trafic devient vraiment imposant, mais je confirme mes premières impressions. Et à chaque fois que je m’arrête pour chercher du regard un hypothétique panneau, je me retourne et vois une vietnamienne me faire des grands signes pour me montrer la direction d’Hoi An. L'une était à au moins 100 mètres de moi, mais une seconde lui a suffi pour penser que je cherchais Hoi An et spontanément me faire des signes. Ou des enfants se rapprochent de ma moto et répètent « Hello, hello ! ». Peut-on se sentir mieux accueilli ?

J’observe une pêche au courant électrique, dans une petite mare boueuse. Tout le monde est amusé de me voir arrêté, spectateur. Le principal pêcheur plonge deux longues tiges dans l’eau, envoie une impulsion électrique. Un pêcheur lance une anguille ou un serpent dans ma direction pour rigoler, mais trop court pour m'atteindre.




J’arrive sur une autoroute, il faut malheureusement tourner à gauche. Chauffeur sage qui penserais à t’arrêter sagement devant le stop, et à attendre un créneau pour tourner en sécurité, tu peux rapatrier tous tes biens et refaire ta vie, ici sur la ligne de stop, parce que tu n’en bougeras plus ! Non la seule solution c’est de s’engager à gauche à contresens, d’abord en longeant le trottoir encombré puis progressivement au milieu de la route, en défiant la marée de motos qui fond sur toi. Et petit à petit ces motos passent derrière toi, dégageant un peu d’espace pour se décaler vers la bonne voie. Mais si une voiture ou un bus arrivent, panique ! Eux ne feront aucun effort et t’assassineront de leur klaxon, voire de leur pare-choc si tu ne bouges vraiment pas. Des sans-pitié que j’ai peu croisés pour l’instant mais qui m’ont souvent fait sursauter sur la moto.

J’arrive à Hoi An, en demandant mon chemin aux motos à côté de moi tout en roulant, et vais me poser un peu à l’hôtel. Il n’est que midi, je ne pensais pas rentrer si tôt. Par pure chance j’entends parler d’un autre site à visiter, de l’autre côté de Hoi An. Je pars vers la plage de Cua Dai. La roue est pleine à craquer, surtout des jeunes en vacances partant draguer à la plage. Il ne fait pas très beau, de loin la plage ne m’inspire pas plus que ça (après les plages australiennes, mes standards se sont élevés), je continue donc sur une sorte d’autoroute quasi-déserte qui longe la plage interminable de China Beach. Je fais de vagues arrêts devant des bouts de plage, mais le temps est vraiment gris. Je sors de temps en temps de l’autoroute pour prendre une rue parallèle traversant les villages, puis j'y reviens parce que l’issue est hypothétique. Sur l’autoroute, tout en roulant au maximum du scooter, je suis abordé par deux femmes qui me demandent où je vais. J’ai une vague idée, Marble Mountain, mais je hausse les épaules pour dire que je ne sais pas trop. Malgré le bruit des moteurs et du vent, elles crient "Marble Mountain" et me font signe de les suivre. Ca sent l’intention commerciale mais ça reste gentiment amené, donc je suis. On entre dans Marble Mountain, un village au pied de la principale montagne de marbre, où s’alignent les magasins de marbre. Elles me proposent le parking gratuit devant leur magasin, m’indiquent un restaurant local à côté, où j’avale un plat de noodles. J’ai les pieds dans les détritus, mais c’est bon et c’est l’expérience locale. Je pars visiter Marble Mountain, avec la promesse de visiter le magasin au retour. J’ai bien précisé « visiter » mais je sais déjà à quelle réaction je dois m’attendre quand je refuserai d’acheter une babiole kitsch en marbre.

Je monte donc les innombrables marches, et visite une succession de temples, bouddhas géants, grottes, tours absolument magnifiques. C’est archi-bondé, des familles vietnamiennes surtout, mais c’est impressionnant. Après chaque petit temple ou petite grotte nichée dans le recoin de la montagne, je crois avoir tout vu et il y a toujours quelque chose de plus. Et la vue sur les environs, depuis les deux petits sommets, est magnifique. Plusieurs autres petites montagnes de marbre autour, la ville de Danang, la plage de China Beach et la mer de Chine, de vraies grandes montagnes au loin, les petites maisons qui s’agglutinent cent mètres plus bas, la grande ville de Danang … Depuis l’un des points de vue, un jeune vietnamien me demande de le prendre en photo, sans vouloir pour autant récupérer la photo mais juste pour le plaisir de me le demander, à moi occidental. C’est vrai que je suis un des seuls parmi toutes ces familles vietnamiennes, et je suis beaucoup regardé et interpellé par de gentils « Hello, where are you from ? ».




Je finis par redescendre de la montagne, fais ma visite obligée du magasin de marbre, en trouvant divers arguments moyennement convaincants pour refuser d’acheter (« C’est trop lourd pour mon sac, j’ai déjà beaucoup de colliers, non ça j’aime pas … », mouais pas terrible hein ?). La vendeuse tire la tête mais ne m’agresse pas plus que ça, et je m’en vais. Je reprends l’autoroute presque déserte, balayée par le vent et le sable, à fond, et j’arrive à Hoi An où je vais me poser dans un petit café face à la rivière. J’y rencontre un français sympa mais un peu lourd, j’accepte quand même d’aller manger le soir avec lui. Un petit tour dans les rues étroites de Hoi An, pour vérifier que je suis définitivement habitué à la circulation en ville, et je vais rendre la moto. Le propriétaire ne dit presque rien (« ça y est fini ?) et me laisse garer la moto sans plus prêter attention.

Un peu de repos à l’hôtel et je ressors pour retrouver Jonathan, le français qui donne l’impression d’être toujours bourré tellement il en fait des tonnes. Nous nous asseyons dans un endroit sympa, une dizaine de tables alignées avec chacun leur mini-resto en bout de table. Jonathan réussit à faire fuir quatre québécois sympathiques qui étaient attablés à côté, puis quatre anglais tout aussi sympathiques attablés de l’autre côté. Je prends quand même quelques bières avec lui pour discuter un peu, et décide de rentrer à l’hôtel, ma fatigue latente tendant à s’aggraver de jour en jour.




Je dois aussi me lever tôt le lendemain pour prendre mon bus pour l’étape suivante, déjà malheureusement. Je n’ai pris qu’un visa d’un mois, à cause des échos négatifs que j’avais entendus sur le Vietnam, et qui se révèlent tout à fait faux, pour l’instant en tout cas. Il faut donc que j’avance. Hoi An est toute petite, la vieille ville en tout cas, mais je pourrais y traîner des jours et des jours, tellement je m’y sens bien, et tellement la première vision que j’en ai eue était magique, un matin à 4 heures et malgré le difficile trajet en bus. Hoi An est un endroit de rêve, la première ville qui m’ait clouée sur place.

Allez, je te dis encore Chúc Mừng Năm Mới 2010, puisque c’est placardé partout !
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10 commentaires:

  1. Salut le barbu !!! tu te lèves de plus en plus tôt pour découvrir des sites merveilleux, donc plus de temps pour se raser. Qu'importe, la barbe te vas bien. merci encore pour ce merveilleux voyage au vietnam, nous sentons les odeurs, goûtons les saveurs et nos yeux ne savent plus où regarder. Photos magnifiques, et récits toujours aussi captivants au son d'une musique que nous connaissons bien maintenant et dont on ne se lasse pas. Notre rendez-vous du samedi soir est toujours là et nous l'apprécions beaucoup.
    bonne route Nicolas et à samedi prochain pour d'autres aventures! Maminou

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  2. Yo Nico,

    Picasa est un peu long ce matin, je n'aurai donc pas l'occasion de commenter la barbe ni les photos.

    En revanche, qu'est devenu l'ours solitaire que je conaissais jurer devant l'éternité de la peau des ronfleurs et accompagnants pas assez transparents ? Je ne sais pas qui tu es, mais sort de ce corps, il n'est pas tien :-)

    Bon allez, encore un lundi matin tout foiré (déjà 10h.) mais toujours pas déçu du voyage. Je pense que je vais changer officiellement les horaires du bureau de 8h30 à 12h30 13h30 18h30 sauf le lundi à 10h30 ... C'est l'effet RTT !

    bises,
    Bru

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  3. Bonjour Nico,
    Il est vrai que ça prend du temps de tout suivre, de tout lire & de tout regarder. Il est fait allusion à tes photos & comme j'avais un peu de temps, j'ai été y faire un saut, mais j'avoue faire le choix habituellement, de plutôt lire les textes que d'aller voir les images, & pourtant l'un complète si bien l'autre ! Je m'en rends compte aujourd'hui comme à chaque fois, mais bon... on fait c'qu'on peut !
    En tous cas, je continue de te tirer mon chapeau de prendre toi, le temps de partager par ce biais, tes aventures autour du monde, si si !!!
    Aller, à bientôt sur la toile ! Bonne route à toi.

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  4. salut nico !
    apparemment le charme de l'Asie agit sur toi ,qui goute le calme des petits matins brumeux ,la vie qui s'éveille ... le tout avant l'effervescence bruyante de la journée...Tes photos des temples perdus dans une verdure luxuriante ,le sourire et la gentillesse des gens ,mais aussi cette capacité à être plein plein plein(ça grouille de monde !) dans un tout petit endroit sans s'enerver ,c' est vraiment bien ce mélange typiquement asiatique que je retrouve dans tes récits! Apparemment ,tu as du mal à retrouver des dortoirs communs ...pas trés étonnant si tu considére la pudeur des asiatiques ,si?(je ne parle pas de certains asiatiques ...;) )En tout cas ,continue à nous envoyer tes textes ,on ne s'en lasse pas et comme un certain lecteur du lundi matin,moi non plus je ne rate pas le rendez vous !!
    la suite,la suite.....

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  5. @Maminou :
    Je suis trè souvent barbu en fait, mais pas trop sinon on me prend pour un israëlien.
    Samedi soir ? Ah pour d'autres c'est lundi matin, moi je ne calcule pas trop.
    Bizz et merci

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  6. @Burns :
    T'as pas loupé 1 ou 2 mots dans ta phrase ? Parce que j'arrive pas à la comprendre : qu'est-ce que je jurais devant l'éternité ? Et c'est qui les accompagnants pas assez transparents ? Sois plus clair RRRRémy !
    Explique un poil et continue à foirer tes lundis matins, t'es sur la bonne voie ...
    biz & @ +

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  7. @Céline :
    Oh te r'vlà toi ! je viens de te quitter sur l'article précédent. T'as rêvé de quoi ce coup-ci ?
    T'as raison, les textes sont toujorus mieux que les images, c'est vrai pour tout. D'ailleurs moi je n'ai pas eu le temps de regarder un seul de mes albums depuis le début ! J'essaie de lire un article de temps en temps, la larme à l'oeil en réalisant enfin à quel point ce moment était énorme.
    Et le temps commence vraiment à me manquer, j'ai un retard de malade qui devient dur à combler.
    Allez, encore des bises !

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  8. @Fabienne :
    Difficile de rester insensible, même si je devine que le Vietnam a dû être incomparablement plus magique il y a 10, 20, 30 ans. A vrai dire j'attends encore mieux du Laos et du Cambodge.
    Sinon niveau dortoir, ça va je me suis rattrapé depuis (le blog est très en retard), ça fait du bien même si ça pénalise le sommeil !
    Merci & @ +

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  9. yes ! Merci frangin pour ton nouvel article, j'aimerais tellement être à ta place.
    Tiens, la prochaine fois que tu loues une moto ou autre chose, prends le en photo, je (on?) pourrais encore mieux me rendre compte du côté "exotique" de tes récits. :) Ici rien de bien spécial à part que dame nature s'amuse à nous faire croire que l'hiver est (déjà!) fini. Si c'est le cas on aura été chanceux, seulement 3 ou 4 déneigements dans tout l'hiver pour retirer la neige des rues. Il fait 1° et ma veste est ouverte dès que je marche en ville.

    A++ et 'tention à toi.

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  10. @Romain :
    Yep je me suis rendu compte après que j'avais oublié de prendre une photo de moi en moto !
    Je suis repassé dans l'hémisphère nord, et à Hanoi on est censé être en hiver, mais il fait 30°C facile ...
    A +

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