Je suis reparti en Argentine ! Bientôt le nouveau blog ...
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samedi 10 avril 2010

4000 îles, 1 hamac, et moi

8 heures du mat’ à Pakse, je me retrouve dans le même mini-van que Rachel et Vince … et ma chère ex-coloc-boulet danoise, sans s’être concertés. Enfin c’était prévisible, puisque descendant vers le sud du Laos puis le Cambodge, la prochaine étape est évidente, incontournable. C’est Si Phan Don, autrement dit les 4000 îles. Sur 50 kilomètres, le Mekong s’élargit pour mieux laisser affleurer 4000 îles au milieu de son lit. De vraies îles, il n’y en a pas 4000, mais si l’on compte tous les îlots seulement peuplés par un peu de sable et de végétation, on avoisine probablement 4000.

Au bout de trois heures dans le van, genoux sévèrement calés contre le siège de devant, nous arrivons à Nakasang au bord du Mekong, et embarquons sur une petite pirogue instable. Dix minutes de traversée entre les îlots sauvages et très verts, et nous arrivons à Don Det, l’île qui a la préférence des backpackers au petit budget, alors que Don Khon, l’île voisine au sud, est un niveau au-dessus pour le confort et les prix. Don Det n’est traversée que par deux étroits chemins, l’un sur la rive « sunrise », l’autre sur la rive « sunset ». On ne peut circuler qu’à pied ou à vélo, et un scooter passe de temps à autre. Je me mets en recherche d’une guesthouse, pas très difficile puisqu’il y en a un nombre incalculable. Toute la rive « sunrise » est un alignement de bungalows rustiques et petits restaurants, de moins en moins rapprochés à mesure que l’on descend vers le sud, et intercalés par les maisons traditionnelles des locaux. Très touristique à première vue, sauf que le calme est parfait, la chaleur aidant, que l’on ne se fait pas racoler, et qu’il règne définitivement un petit goût de paradis.




Pour éviter de trop marcher avec mon sac sous le soleil, je prends rapidement une chambre dans une guesthouse, une simple maison qui ne surplombe même pas la rivière. A 3,5 $ la nuit, on n’est pas obligé de trouver la perfection tout de suite. Je me fais un petit resto familial qui surplombe le Mekong très lent. La famille vit là, assise ou allongée par terre, dans 4 m² à l’entrée du restaurant, l’image classique de la pauvreté laotienne. Je me balade un peu sur le côté « sunrise », et je retrouve Augustin, un espagnol que je croise partout depuis le nord du Laos. Je le rejoins pour une partie de pétanque contre un allemand et un hollandais qui étudient à Singapour. Nous perdons (normal, le terrain était mauvais) et devons payer la bière dans leur guesthouse. L’occasion pour moi de découvrir une guesthouse sympa, côté coucher de soleil, avec bungalow presque sur la rivière et salle de bains particulière (enfin, salle de bains … il faut le dire vite), au même prix. Je débarque donc le lendemain matin avec mon sac, et prends le bungalow d’Augustin qui part pour le Cambodge.




Après avoir testé le crasseux mais confortable hamac, je pars avec Roland et Roderick, l’allemand et le hollandais, pour une petite virée à vélo. Nous descendons toute l’île de Don Det par le côté sunrise, traversons l’ancien pont français qui a gardé toute sa classe, et arrivons sur Don Khon après avoir payé le péage-racket. Nous sortons du village principal et roulons sur un chemin caillouteux à travers les rizières asséchées vers la cascade Li Phi. Belle cascade qui traverse un univers de roches déchiquetées, curiosité géologique dans cet univers d’îlots sableux et verts.




Nous retournons vers le « centre », au nord de Don Khon, passons devant quelques anciennes villas françaises, soit dévastées soit rénovées en hôtel, et nous basculons du côté sunrise pour une balade magnifique. Nous traversons un village modeste, qui ne compte aucune guesthouse pour touriste mais que des habitations traditionnelles et pauvres. On sent déjà la différence avec Don Det et Don Khon, les habitants sont légèrement plus curieux à notre passage et les enfants ravis de dire « sabaydiii », certains nous tapant dans la main. Leurs maisons étant surélevées par des piliers, ils passent toute leur journée en-dessous, sur des hamacs souvent, pour se cacher du soleil et profiter d’un peu d’air. Nous passons devant d’anciens murs bâtis par les français dans la rivière pour canaliser les troncs d’arbre, et nous enfonçons dans la partie plus sauvage de l’île.
Il fait une chaleur de bête, nous sommes maintenant seuls sur le chemin. Le Mékong est de plus en plus immobile, complètement stagnant à certains endroits pour le bonheur des buffles qui pataugent jusqu’au cou.




Nous dévalons le chemin un peu pentu et très caillouteux sur nos vélos de fillette, passons des petits ponts en bois, et traversons un hameau d’une pauvreté impressionnante, les habitants ont l’air encore plus curieux en nous voyant passer. Finalement nous arrivons à la pointe sud de l’île, dans un petit village toujours aussi pauvre, et le traversons jusqu’au bout à la recherche d’un petit resto familial qui aurait vue sur le Mekong. Nous le trouvons, et découvrons un paysage étonnant. Au sud de Don Khon, le Mekong est très large, parsemé de rochers et de bois mort, quasiment immobile et plaqué par un soleil encore plus impitoyable. A 500 mètres, sur l’autre rive, c’est le Cambodge. Paysage impressionnant.




Nous accusons le coup sous le cagnard, mais l’eau est très stagnante et la baignade peu attirante. Le temps de faire marcher le commerce local et le petit resto familial, avec les enfants se baladant tout nus au milieu des canards et poulets, nous reprenons les vélos et repartons en sens inverse, à travers le hameau très pauvre et oublié du tourisme, le chemin désert, le petit village et ses enfants, et le village plus touristique au nord de Don Khon. Des palmiers, peu de touristes, de belles photos, et un bien-être indescriptible. Un tour en vélo que je referai à l’identique trois jours plus tard, tant la sensation y est spéciale.

Nous retraversons Don Det jusqu’à la guesthouse, et je décide de pousser la balade plus loin, malgré les poignets endoloris par la position peu ergonomique du guidon-fillette. Je descends le côté sunset pour trouver la connexion avec le côté sunrise, et découvre un côté beaucoup plus sauvage, composé presque uniquement d’habitations traditionnelles, habitées par des familles ne vivant pas du tourisme, entre le Mékong et les rizières asséchées à perte de vue.




Je fais un petit resto avec Roland et Roderick, et nous ne trouvons pas grand-chose à faire. Les 2 ou 3 cafés un peu plus « cool » sont vides, même celui qui propose des « happy shakes » (au secours c’est l’effet Vang Vieng qui s’amorce !). Retour à la guesthouse, pour tchatcher avec la fille de la vieille patronne, qui passe sa douzième heure de la journée dans son hamac à regarder des comédies thaï terriblement kitsch. Et je vais m’endormir dans mon hamac, avant de me réfugier dans mon bungalow pour échapper aux moustiques. Le lendemain Roland et Roderick s’en vont. Dans la guesthouse il reste encore l’italienne Marianna que je connais un peu. J’entame trois jours de farniente, suivant un rythme quasi-immuable :

aller de mon lit au Mékong pour nager et profiter du calme du petit matin ;

petit-déjeuner d’un gâteau de riz à la noix de coco et d’un shake à l’ananas ;

passer deux ou trois heures dans mon hamac pour gérer mes photos, écrire, ou lire le Lonely Planet du Cambodge ;

me balader à pied ou en vélo sur les petits chemins autour de Don Det ;

taper dans la main des enfants à vélo ;

me trouver un petit resto simple pour déjeuner ;

acheter ma troisième bouteille d’eau de la journée ;

retrouver mon hamac pour lire un petit roman en français trouvé dans la guesthouse ;

boire un énième shake à l’ananas ou menthe et noix de coco ;

nager dans le Mékong dans la torpeur de l’après-midi ou pendant le coucher de soleil ;

nager jusqu’à l’îlot d’en face, m’asseoir dans l’eau pendant trente minutes et laisser les petits poissons tâter de quoi je suis fait ;

prendre la même photo pour la cinquième fois parce qu’elle est vraiment belle ... et que j’ai oublié que je l’avais déjà prise ;

observer le pêcheur qui lance ses filets depuis sa pirogue ;

dîner tranquillement au restaurant de la guesthouse ;

tchatcher avec la fille de la patronne, habituée à sa vie de farniente mais qui n’est pas contre un peu de divertissement ;

me réinstaller dans mon hamac dans l’obscurité, pour regarder un film sur mon notebook ;

imiter la petite fille qui vend des samoussas, pour transformer sa gentille insistance commerciale en un grand rire ;

… ;




Un matin je me décide à partir le lendemain et j'achète mon ticket de bus … pour changer d’avis le soir même parce que j’ai trouvé un nouveau livre en français et que j’ai besoin d’une nouvelle journée dans mon hamac crasseux.

Je finis quand même par m’en aller le surlendemain, un peu à regret parce que je quitte un petit paradis. C’est un peu touristique, mais le rythme de vie y est encore plus lent que dans tout le Laos, et on est cerné de tous côtés par le majestueux Mekong. Je quitte donc un paradis, et le Laos en même temps, qui est un petit paradis en lui-même. Ce pays est mon coup de cœur absolu dans ce voyage, je n’y ai trouvé aucun défaut. Ses habitants ont une mentalité exemplaire, ils sont gentils et chaleureux sans excès, sincères. Ils ne sont pas motivés par l’argent des étrangers alors qu’ils auraient des raisons de l’être. Ils fixent leur prix et ne veulent pas discuter, quitte à ne pas vendre ou à garder leur guesthouse vide. Ils gardent leur rythme de vie très lent et sans stress, et refusent de le changer pour gagner quelques kips de plus. Ils restent apparemment lucides sur les risques du développement touristiques, et stoïques quand ils en voient quelques mauvais effets.

Il faut espérer qu’ils restent comme cela, même s'il faut aussi qu’ils résorbent une part de leur pauvreté. Lorsque je vois Luang Prabang, perle de l’Asie forcément touristique mais tout de même préservée, Muang Ngoi et les 4000 îles qui restent paisibles malgré les nombreux restaurants et guesthouses, je me dis que c'est possible

Le pays n’est pas grand, et sortir des sentiers battus pas toujours évident, mais je suis quand même passé à côté de certaines belles choses. Il faut donc revenir vite, avant que ce pays ne change. J’ai enlevé l’Inde et le Népal, pour les remplacer par le Laos et le Cambodge, et le but de ce changement de programme était entre autres de voir tout de suite des pays encore authentiques. Pour le Laos, c’est zéro faute, le Cambodge ne devrait pas décevoir non plus …

Je quitte donc le paradis de Don Det au petit matin, après un grand hug avec Mama et sa fille qui tiennent la guesthouse. Sur le chemin la petite fille aux samoussas accourt pour me dire « Bye bye ». Je ne lui ai peut-être pas acheté beaucoup de samoussas, mais on a bien ri à chaque fois que je suis passé devant. Je monte dans la pirogue bien chargée en backpackers et bagages, et nous regagnons la rive à Nakasang, petite ville pleine d’agitation commerciale. Nous montons dans le bus, et direction la frontière avec le Cambodge.

Sabaydiii !
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6 commentaires:

  1. Merci Nico pour cette nième belle page et les photos qui l'accompagnent. Il y a de très beaux arbres!
    Les enfants sont beaux, souriants, attachants et ne paraisssent pas malheureux. Et pourtant on se demande ce qu'ils peuvent faire pour occuper leurs journées.Tout est paisible et je pense qu'il n'y a aucun souci à se faire du côté sécurité.A très bientôt au Cambodge!

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  2. Salut Nicot'che,

    Encore une page qui se tourne, encore un nouveau chapitre qui s'ouvre. Chouette bilan que tu fais du Laos. Je ne cache en revanche pas ma surprise quant à sa place sur le podium, ..., devant l'Argentine ?!? C'est assez bleuffant, non pas que le Laos ait l'air moche, mais à mois de n'avoir pas prêté correctement attention, je n'y ai rien trouvé de "Remarquable", "grandiose" ni "mythique".
    Si je comprends bien, le charme d'un endroit serait inversément lié à son attrait touristique ? Un peu comme on dit des filles : trop bonnes & trop connes ?!?
    En tout cas bien je suis content de savoir qu'il reste des endroits où la société de consommation n'a pas encore prise ... C'est terrible, ch'uis en train de virer coco moi ou quoi ?

    De nouveau supers photos, j'adore le pécheur et son filet lancé vers ton objectif (dommage que tu n'aies pas cadré la barque avec) et la petite fille au fond de la pirogue, et pis les autres aussi ...

    @+ biloute
    Bru

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  3. Hello frangin !
    Je ne serai pas bavard cette fois-ci. simplement te dire que ce récit accompagne bien tes photos. Je veux y être !!!!!
    Snif.

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  4. @Maminou :
    Ils ne font quasiment rien, ils dorment dans leur petit commerce, dans un hamac ...
    bises

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  5. @Burns :
    aucune comparaison possible entre le Laos et l'Argentine. Mais le Laos apporte une vrai sensation de bien-être, c'est souvent plus important qu'un magnifique site touristique. Et j'ai raté pas mal de choses aussi, il faudra revenir ...
    @ +

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  6. @Romain :
    en général quand j'écris, je me sers des photos pour me souvenir de ce que j'ai fait dans l'ordre chronologique, alors forcément ...
    @ +

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