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mardi 13 avril 2010

Ratanakiri ... a vu, et pis est parti

Je quitte le paradis de Don Det au petit matin, direction la frontière avec le Cambodge. Dans le bus je retrouve Rachel et Vince, et le boulet danois. Coïncidence, puisque je ne les ai pas croisés en 5 jours à Don Det. Au poste frontière, comme on pouvait s’y attendre, les douaniers cambodgiens nous rackettent de frais imaginaires pour arrondir leurs fins de mois, en nous donnant des explications honteusement cyniques. Vince essaie de discuter, de dire qu’il n’est pas dupe, et se voit répondre illico qu’il peut retourner au Laos. Comme je savais qu’il ne servait à rien de discuter, et que j’ai glissé le dernier dollar dans mon passeport, j’ai le droit à un bienvenue chaleureux en français et à un chewing-gum, va comprendre …

Enfin, me voilà au Cambodge, 11ème pays de mon voyage. Nous attendons un temps interminable à la frontière, et le bus reprend sa route jusqu’à Stung Treng, où je descends avec un couple de français et un bruxellois, tandis que l’essentiel des voyageurs poursuit rapidement vers les principales villes du pays. Notre but à tous les quatre est de rejoindre la ville de Ban Lung, dans la province de Ratanakiri, au nord-est du pays. C’est une région réputée pour ses treks dans la jungle, en plus d'un lac et de quelques cascades … Après avoir traversé le marché crasseux et écrasé de chaleur, fait connaissance avec la monnaie locale, et mangé-poireauté dans une guesthouse, nous attrapons un bus pour Ban Lung, déjà plein de locaux qui nous regardent monter avec beaucoup de curiosité. Nos sacs sont entassés au milieu de l’allée, créant un parcours d’obstacles pour atteindre nos places. Et le reste de l’allée est occupé par des locaux sur de petits tabourets en plastique. Aussi pourri soit le bus, on est contents d’avoir un vrai siège.




C’est parti pour trois heures trente de trajet, sur une route de terre qui secoue un peu mais surtout dégage une poussière incroyable, poussière qui s’insinue à l’intérieur du bus. Le paysage est bien sûr le même qu’au Laos, alternance de végétation anarchique et de terres brûlées pour gagner en surface cultivable. Les maisons traditionnelles diffèrent un peu, sont toutes en bois mais sans bambou, et sont toujours perchées sur des piliers pour éviter les inondations pendant la mousson. On passe devant toute une série de maisons identiques et régulièrement espacées, ressemblant à de grosses cabines de plage peintes en blanc. Après renseignement, ce sont des maisons attribuées par loterie aux anciens soldats ayant combattu les Khmers Rouges, pour repeupler des zones trop désertes.

Après avoir mangé notre quota de poussière dans le bus, et admiré le magnifique éclairage intérieur multicolore, nous arrivons en début de soirée à Ban Lung, où nous attend le gérant d’une guesthouse et quatre motos qui nous y emmènent. Une chambre double très correcte et propre à 3 $, ça s’apprécie. Je la partage avec Matthieu le bruxellois, ce qui la ramène à donc 1,5 $ chacun.

Première constatation frappante : de nombreux cambodgiens parlent un très bon anglais. Une fois que le gérant nous a fait le couplet sur ses treks organisés, dans un anglais parfait, c’est sa petite fille d’environ 6 ans qui prend notre commande au restaurant, dans un bon anglais et avec un aplomb impressionnant, ne répétant pas des phrases apprises par cœur. Une future pro du tourisme … Nous allons rapidement nous coucher, au bruit inévitable du ventilateur.

Le lendemain, je décide avec Benjamin et Chloé de louer un scooter, pour aller visiter le village d’une minorité ethnique et son cimetière très particulier. Matthieu ne peut pas venir, une belle chute en vélo lui ayant amoché le coude deux jours auparavant. Le temps d’avaler une soupe de noodles en guise de petit-déj’, et d’observer un présentoir à clopes « Alain Delon, the taste of France », nous louons nos scooters, faisons le tour de quelques agences proposant des treks, et nous mettons en route vers le nord. On nous avait promis une route difficile, nous sommes servis. C’est une route en terre plus ou moins tassée et stabilisée, avec des trous partout, une poussière monstrueuse vole en permanence, surtout lorsqu’une voiture nous croise à toute vitesse sans se soucier de nous, nous plongeant dans un nuage aveuglant et asphyxiant. Par moment, c’est même extrêmement glissant et ça nous donne des frayeurs, lorsque la terre est plus abondante et pas tassée. J’ai la chance d’être seul sur mon scooter, mais Chloé est assise derrière Benjamin, pas très heureuse pour le coup.

Nous arrivons au village de Cachon, et provoquons toujours plus de regards étonnés, ou simplement souriants. Les Cambodgiens sont visiblement contents de voir des étrangers, voire bouche bée lorsqu’ils vivent hors d’une zone touristique, et je n’ai pas fini d’en faire l’expérience. Cachon est au bord d’une très large rivière, laissant de grands bancs de sable découverts. Comme partout, des gens se lavent dans la rivière, les hommes en short et les femmes en sarong. Trois enfants arrivent et nous regardent assez fixement, ils n’ont pas dû voir beaucoup d’étrangers avant nous.

Nous trouvons un premier cimetière, mais un panneau nous demande de ne pas entrer ni de prendre des photos, pour respecter leurs croyances. Et le cimetière de Tampoen, le plus réputé, est également fermé au public. Coup de chance, nous croisons une moto conduite par un cambodgien, avec un occidental assis derrière. Le cambodgien est donc forcément un guide, nous les rattrapons et il nous propose de les suivre pour visiter le seul et unique cimetière accessible dans les environs, avec son client du jour, un jeune bruxellois très sympa. Commence une superbe virée sur un chemin de terre qui s’enfonce profondément dans la nature, loin du village de Cachon. Nous traversons deux petits villages, passons de vieux ponts inquiétants voire de simples planches en bois au-dessus de l’eau, et au bout de 30 minutes au milieu de nulle part, nous arrivons au bord de la rivière. C’est l’occasion d’enlever en partie l’énorme couche de poussière qui colle à notre peau et à nos vêtements. Nous prenons une petite pirogue instable pour la traverser, et de l’autre côté nous sommes accueillis par des villageois, surtout des enfants en train de se baigner joyeusement dans la rivière et deux ou trois adultes qui se lavent. Tous nous regardent fixement, pas habitués et intrigués.




Avec notre nouveau guide, nous partons explorer le cimetière, aussi surprenant qu’on nous l’avait prédit. Autour des tombes on trouve des statues en bois représentant le défunt, avec tous ses outils de la vie quotidienne : machette, téléphone portable (hé oui, même ici on en trouve), … Des pieds de buffle pendent au bout d’une ficelle, ils ont été coupés AVANT le sacrifice du buffle qui accompagne chaque enterrement, charmant. Et toutes sortes de décorations rustiques autour de la tombe. Le guide explique que les proches doivent venir pleurer le défunt pendant un an, suite à quoi ils s’arrêtent parce que l’esprit est censé s’être réincarné dans un nouvel être, après un passage obligé par l’enfer.




Nous visitons ensuite le village, impressionnant de pauvreté. Les familles sont très nombreuses, les enfants sont partout, et ils nous regardent comme des bêtes curieuses, en souriant mais en restant à distance. D’après le guide, le village a fait venir un instituteur pour faire l’école aux enfants, mais il est paresseux et refuse de faire quoi que ce soit. Tous les habitants sont sous leur maison, à l’ombre, sur des hamacs ou allongés sur une sorte d’estrade.




Nous poussons un peu plus loin, pour apercevoir une immense plaine de rizières asséchées, plantée ça et là de cabanes sur piliers. La montagne en face est supposée maudite, causant une chaleur insupportable et fatale à son sommet. Nous retraversons le village et la rivière en pirogue, et repartons à Cachon sur nos scooters par ce chemin, magnifique si l’on oublie les nombreuses terres brûlées. A Cachon le bruxellois et son guide repartent vers Ban Lung, et nous finissons par faire de même. A nouveau une heure et demie sur cette route de terre infâme, à essayer de respirer et voir devant soi, à croiser de gros 4x4 qui ne se soucient pas de nous. Ca me paraît d’ailleurs une constante dans les pays pauvres : sur la route, c’est la loi du plus fort ou du plus gros, les deux–roues doivent s’écarter rapidement pour laisser passer les gros véhicules, qui prennent peu de précautions pour les doubler ou les croiser. Je n’oublierai pas le taxi qui m’a quasiment envoyé au fossé au Vietnam …

Arrivés à Ban Lung, nous filons directement à Boeng Yeak Laom, un lac dans un cratère de volcan. Endroit magnifique, calme, serein, qui attire tous les locaux pour se rafraîchir. Et c’est quasiment propre, assez rare pour le souligner. Une douche serait difficilement venue à bout de notre couche de poussière, il n’y a que le lac pour se remettre du périple à moto.




Retour à l’hôtel où nous retrouvons Matthieu, et nous croisons un groupe de français qui revient du trek organisé par l’hôtel. L’organisation était moyenne, ce n’est pas un problème puisqu’il y a d’autres offres réputées en ville. Mais surtout ils nous expliquent que le trek a peu d’intérêt en ce moment, parce que tout est sec et grillé, alors qu'en principe c’est  une vraie jungle, humide et périlleuse comme il se doit. Benjamin et Chloé ne sont plus partants pour le faire, et je me range vite à cet avis. En deux temps trois mouvements, nous passons de la recherche d’infos sur le trek … à la réservation d’un billet de bus pour s’en aller. Il y a bien quelques cascades dans le coin, mais nous avons tous eu notre lot de cascades dans le voyage, et la sécheresse ne promet pas de fantastiques débits d’eau.

Après quelques bières sur un bout de trottoir avec les trekkeurs, un resto et une mauvaise nuit sur un lit dur, nous partons très tôt le matin vers l’arrêt de bus, en moto avec tous nos sacs, pour quitter prématurément Ban Lung et la province de Ratanakiri. Dans un tour du monde, il n’est pas facile de trouver le meilleur climat dans chaque pays, mais visiter l’Asie juste avant la mousson n’est peut-être pas la meilleure chose, tant la sécheresse se fait sentir et enlève leur beauté aux paysages et aux rizières. Et cette année la sécheresse est vraiment méchante, le Mékong n’a jamais été aussi bas. Le détour par Ratanakiri a pris du temps et de l’argent pour pas grand-chose, mais j’ai quand même fait une belle balade en scooter, et je sais où revenir la prochaine fois, plus tard dans l’année.

On se donne rendez-vous un peu plus bas, au bord du Mékong décidément omniprésent …
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7 commentaires:

  1. Salut nico, tu avances dans ton voyage et moi je vais le reprendre depuis le départ !

    Je regarde l'emission pekin Express de M6 ( bon on ne rigole pas !) et le tracé ressemble au tien ; le voici :

    Étape 1 : Perdus dans la jungle (Lago Agrio - Quito - Banos)

    Étape 2 : La glace des volcans (Banos - Riobamba - Cuenca)

    Étape 3 : Sous le soleil des tropiques (Cuenca - Machala - Guayaquil)

    Étape 4 : L'enfer des mines (Humberstone - Calama - Rio Grande)

    Étape 5 : Dans le désert le plus aride du monde (Désert d?Atacama - Antofogasta)

    Étape 6 : Des mystères de l?île de Pâques au charme légendaire de Valparaiso (La Serena - Valparaiso - Santiago)

    Étape 7 : La route des vignobles (Uspalata - Mendoza - Cordoba)

    Étape 8 : Les Gauchos de la pampa (Alta Gracia - Monte Buey - San Antonio de Areco)

    Étape 9 : Sur un air de tango (San Antonio de Areco - Buenos Aires - Tigre)

    Étape 10 : Les baleines de Patagonie (Puerto Madryn - Bahia Bustamente - Los Antigos)

    Étape 11 : La glace avant le feu (Perito Moreno (Ville) - Glacier Perito Moreno - Rio Gallegos)

    Étape 12 : La finale du bout du monde (Terre de Feu)

    alors j'ai relu tes premières pages ;-) voilà c'était mon clin d'oeil sud américain

    Ciao !
    Vianney

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  2. Un petit tour et puis s'en va.. :)

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  3. Et à moins que je sois passé trop vite sur les photos, on t'a toujours pas vu sur ton scooter ! :D

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  4. je suis pressée de te voir rentrer, mon gros koala. a bientot heloïse

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  5. @Vianney:
    mouais, Pekin Express, l'antithèse du voyage à tous les niveaux. Ceci dit, jétais tombé sur l'épisode du Salar de Uyuni, depuis un hôtel, et j'étais bien content de le voir ...
    merci & @ +

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  6. @Rom' :
    t'es allé trop vite ! Sapa ...

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  7. @Héloïse :
    euh moi j'ai pas trop envie de me voir rentrer ! mais je suis pressé de te revoir, ma petite crevette ;-)
    gros bisous

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